Personnellement, je suis et je resterai toujours un Bull convaincu. Sauf que, par moments, je me pose quand même des questions. Si je suis certain à 99% que nous serons plus haut dans 12 mois comme maintenant, je me pose quand même des questions sur la hausse actuelle et comme l’investisseur moyen de 2020 à la mémoire d’un poisson rouge, je me demande jusqu’à quand on va continuer à surfer la vague du vaccin et utiliser cette bonne nouvelle pour pousser les marchés et acheter tout et n’importe quoi en pariant sur le fait de « dans 12 mois ça sera trop cool » - tout en sachant que ces derniers temps on a péniblement réussi à conserver la même opinion pendant plus de 24 heures. Je me demande donc COMMENT, après avoir eu l’attention d’une portée de jeunes chiots, nous allons réussir à investir et monter une vraie stratégie pour parier sur les impacts de la résolution de la crise du COVID. Puisque c’est officiel, depuis lundi dernier, le COVID ne sera plus qu’un mauvais souvenir. Bientôt. Bon, d’accord, pas là tout de suite, mais bientôt. Et c’est ça qui compte. Toujours est-il que maintenant que l’on sait que l’on aura un vaccin (un jour), on semble ne plus se préoccuper de l’explosion des cas aux USA. Et partout dans le monde, mais surtout aux USA, les States qui ont cumulé 1 million de nouveaux cas en l’espace de 6 jours, sans compter New York qui a l’air de se préparer à reconfiner, le Michigan qui ferme les écoles, tout comme l’Autriche et la Grèce. Pour faire simple, il y a semble-t-il des montagnes de cash qui entrent dans le marché pour parier que « plus tard, ça sera mieux » - même si on n’a aucune idée de QUAND sera le « plus tard » en question. Et lorsque l’on vit dans le « moment présent », ça a toujours l’air d’être une sacré merde, que le COVID gagne du terrain et que les hôpitaux sont pleins à craquer, sans compter que notre liberté est réduite à peau de chagrin. La question est donc de savoir quand est-ce que le marché va cesser de vivre dans le future et à quel moment il va se prendre une décharge de 2.21 gigawatts pour revenir dans le présent ?

L’Audio du 16 novembre 2020

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En attendant, tout monte

Néanmoins, là tout de suite, on a presque l’impression que les médias financiers ont censuré les mauvaises nouvelles et que l’on se raccroche aux nouvelles positives liées au vaccin. Pfizer-BioNTech c’est les meilleurs, même que Biden il va aller leur rendre visite, Fauci est partout dans les médias en train de faire la danse de la victoire du vaccin et on s’autorise à penser dans les milieux autorisés que le vaccin de Pfizer-BioNTech sera autorisé d’ici fin novembre, sans compter que Moderna devrait communiquer ses résultats durant la semaine. Imaginez qu’ils annoncent un taux d’efficacité de 110% et qu’en plus du COVID, ça protège aussi contre le cancer – oui parce qu’aussi fou que ça puisse paraître, il y a encore d’autres maladies sur la planète – même si les médias s’en tamponnent cordialement depuis l’arrivée de Mister Covid. Donc si le vaccin de Moderna est annoncé et si les chiffres sont aussi bons ou même meilleurs que ceux de PfizerBioNTech, on va probablement – à nouveau – péter un câble comme lundi dernier. Sans compter que lorsque l’on voit les entrées d’argent frais dans le marché depuis une semaine, non seulement on se dit qu’il y a un mec quelque part qui doit avoir une imprimante à billets, mais en plus que si ça continue à ce rythme, il va falloir engager des volontaires pour vendre des actions, parce qu’il n’y aura bientôt plus rien à acheter.

Selon un rapport de Bank of America publié en fin de semaine dernière, il y a près de 45 milliards de dollars qui seraient entrés dans des ETF’s et des Fonds de placements rien que la semaine dernière. Alors autant vous dire que tant que Biden ne meurt pas du COVID, on est capable de ne même plus aborder le sujet ces prochains jours tellement on est encore euphorique sous le coup du vaccin. Euphoriques, mais confiné ou limité dans nos libertés. Mais ça n’a pas l’air de faire peur à qui que ce soit à Wall Street en ce moment, on continue de se projeter dans le futur et ce futur économique semble hyper-prometteur selon les experts de la finance.

Pile ou face

En tous les cas, à l’aube de cette semaine qui commence, on se retrouve dans un bon cas de pile ou face. Pour faire simple il suffit de se ranger du côté du vaccin, de vendre les bijoux de la grand-mère et la PlayStation du petit dernier et d’acheter des actions. N’importe lesquelles, mais de préférences celles qui se sont faites démonter la tête ces derniers mois et qui ont cotisé parce qu’on ne voyagerait plus, qu’on ne partirait plus en vacances et l’industrie aéronautique allait disparaître. Et sans oublier celles qui se sont faites allumer parce que plus personne ne ferait jamais le plein et que les pétrolières c’est pas beau parce que c’est pas ESG.

Ou alors vous êtes dans le camp de ceux qui pensent que le COVID a encore de beaux jours devant lui, que le confinement va nous détruire l’économie plus qu’il ne l’a déjà fait et que 3’000 milliards de stimulus aux Etats-Unis, ça ne suffira jamais et qu’en plus – actuellement là tout de suite – les politiciens ont l’air bien plus occupés à se faire reluire mutuellement plutôt qu’à chercher à relancer l’économie. Dans ce cas-là, il ne vous reste plus qu’à manger des tartines d’antidépresseurs et à shorter tout ce qui vous passe sous la main, de préférence des futures et des trackers inversés qui jouent deux ou trois fois la baisse.

Pour l’instant, c’est les Bulls qui gagnent

En tous les cas, ce matin en Asie, ils ont choisi leur camp et c’est le vaccin qui l’emporte – comme depuis une semaine – les bourses asiatiques sont toutes franchement dans le vert et selon les experts c’est à cause d’un vent d’optimisme lié au vaccin. Le Nikkei monte de près de 2%, Hong Kong de 0.4% et la Chine de près de 1%. Quoi qu’il en soit, je reste impressionné de voir que cette annonce de vaccin nous permette de tenir aussi longtemps en mode euphorique, parce que quand je regarde autour de moi, c’est moyennement euphorique quand même. À voir comment se comportent les marchés dans le contexte actuel, on a l’impression que les gens qui perdent leurs jobs n’auront qu’à investir leurs indemnités chômage en bourse pour ne plus jamais avoir besoin de travailler.

L’or monte gentiment en direction des 1900$, peut-être va-t-il encore une fois tenter une sortie en direction des 1970$ – pour ce faire, il faudra que le dollar donne un coup de main. En ce qui concerne le pétrole, il est à 40.71$ et remet sa destinée entre les mains de Biden.

Nouvelles du jour

Lorsque l’on prend le temps de lire les nouvelles du jour, on se demande comment les futures peuvent être en hausse de près de 1%, mais il semblerait – encore une fois – que l’effet vaccin soit la priorité numéro une des investisseurs, sans parler de l’immense montagne de cash qui n’attend que de se précipiter en bourse. Côté nouvelles neuves, on a tout de même le FT qui fait sa première page des nouveaux records de contaminations aux USA et des conséquences que cela pourrait avoir pour l’économie – mais on s’en fout, y a un vaccin qui arrive et des montagnes de cash partout – le journal parle aussi du fait que Boris Johnson est confiné pour avoir fricoté avec un cas contact, ce qui est, bien évidemment, une super bonne nouvelle. Autrement, ce week-end il y a eu Bank of America qui a publié un rapport qui dit qu’il faut tout vendre sur « force », profiter du vaccin pour tout vendre alors que leurs stratégistes envisagent un « bear market » pour 2021 – c’est bien les seuls à envisager ça. Dire que toute la semaine dernière on nous a abreuvé de target 20% plus haut dans un an. Mais là encore, le marché s’en TAPE PARCE QU’IL Y LE VACCIN.

Ce matin la Chine a publié des chiffres économiques qui montrent que leur économie repart à toute vitesse et que si ça continue on va avoir un wagon de retard sur eux. Les retails sales étaient explosives et tout va bien du côté de la Chine, sauf chez Jack Ma, le patron d’Alibaba qui semble s’être fâché avec le gouvernement dans le cadre de son IPO de Ant. Il semblerait que ça ne soit d’ailleurs pas qu’à cause de l’IPO, mais surtout à cause du fait qu’il aurait dit du mal de Xi Jinping et ça, même si t’es milliardaire, ça ne se fait pas. Le Barron’s pense qu’il y a encore de l’espoir et qu’Intel peut revenir au premier plan et puis le journal annonce également que des fonds de pension sont en train d’accumuler des actions des fabricants de voitures électriques comme Nikola ou NIO – Nio qui s’est d’ailleurs faite massacrer de 14% après la publication de Citron Research qui pense que c’est de la daube et qu’ils vont faire face à une concurrence acharnée de Tesla et que le titre peut perdre 50%. Je rappelle que Citron Research est spécialisé dans l’identification des compagnies pourries dans le marché et s’en prennent souvent aux Chinois.

Chiffres et chiffres

Côté chiffres du trimestre, ça ralenti et on arrive au bout. Cette semaine il faudra se méfier de Walmart et de Nvidia et puis pour ce qui est des chiffres économiques du jour, il n’y aura rien mis à part Madame Lagarde qui parlera, mais pour être franc, je crois que là tout de suite, plus personne ne l’écoute tellement elle a l’air désespérée de ne pas trouver de solution et qu’elle ne veut pas positiver sur le vaccin. Elle parlera d’ailleurs tous les jours de la semaine, au moins elle justifie son salaire.

Pour le moment les futures sont en forte hausse, on se rapproche des 1% de hausse, parce que le vaccin c’est bien et que Moderna, c’est encore mieux. Nous sommes devenus complètement binaires et pour le moment tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, jusqu’à changement d’avis.

Morningbull Live – 16 novembre 2020

Je vous souhaite un très bon début de semaine et on se retrouve demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“My psychiatrist told me I was crazy and I said I want a second opinion. He said okay, you’re ugly too.”

– Rodney Dangerfield