L’or aura été un investissement relativement payant au troisième trimestre de cette année. Le dernier rapport du World Gold Council apporte des éléments de réponse.

Le cours du métal jaune a progressé de 5,3% en dollars durant le troisième trimestre avec un pic à plus de USD 2’000 durant cette période. La plupart des commentateurs pariaient alors sur une hausse plus importante mais il semblerait que la réalité du marché ait refroidi les investisseurs.

Demande

La réalité des acteurs historiques

La demande a chuté au troisième trimestre de 2020 et atteint son plus bas niveau depuis le troisième trimestre de 2019. La baisse de 10% s’explique par différents facteurs dont le principal responsable est la pandémie qui frappe la plupart des industries. La plus impactée est celle de la joaillerie dont les commandes sont frappées de plein fouet. Certes, les mesures de déconfinement ont partiellement aidé ce segment mais il n’en demeure pas moins que la baisse de 29% par rapport à 2019 est significative. Comme le montre le graphique suivant, cette demande est même inférieure de 30% à celle vécue en 2009 après la crise financière.

Les principaux marchés qui ont contribué à ce mouvement ont été principalement l’Inde et la Chine avec respectivement une baisse de 48% et 25%. Il est vrai que le prix du métal jaune a certainement influé sur la baisse des achats de métal physique.

Les banquiers centraux ont aussi une petite part de responsabilité. Avec les ventes des banques centrales turque et ouzbèke, la balance achat/vente montre un léger déficit et représente ainsi le premier solde négatif depuis le quatrième trimestre de 2010.

Finalement, le secteur de la technologie a aussi apporté sa pierre à l’édifice avec un repli de 6% de sa demande.

L’or comme investissement financier

Les investisseurs ont été fortement présents sur le marché de l’or. Ils ont augmenté fortement leur présence avec une hausse de 21% de la demande par rapport au troisième trimestre de 2019 et un volume en hausse de 63% depuis le début de cette année. Naturellement, lorsque les marchés financiers tanguent, les investisseurs achètent de l’or pour hedger leurs portefeuilles. A cela s’ajoute les taux d’intérêt très bas voire négatifs qui poussent les individus à préférer le métal jaune aux liquidités.

Cette tendance a été remarquée dans le secteur des ETF. Ces instruments ont été gourmant en or physique car ils pèsent 3’880 tonnes au troisième trimestre, un nouveau record. Signalons qu’il s’agit du huitième trimestre consécutif d’achats nets.

Les acheteurs se retrouvent dans toutes les régions géographiques, les Etats-Unis en tête avec 70% des achats. Les Européens se trouvent en deuxième position avec 20% du volume et l’Asie occupe la troisième place. La Chine domine cette région grâce à l’introduction de quatre nouveaux ETF durant la période.

L’achat de lingots et pièces n’est pas en reste. Les Chinois et les Turcs ont été les principaux acheteurs de ces produits. A l’opposé, les Thaïlandais ont été net vendeurs suite à la détérioration du marché du travail qui est fortement impacté par la baisse drastique du secteur touristique. Les ventes d’or ont été une source de liquidités pour ces investisseurs.

L’offre

La production minière

Même si plusieurs sites miniers ont rouvert, la production est en baisse de 3% par rapport au troisième trimestre de 2019. La pandémie affecte encore cette industrie qui ne peut pas produire à plein régime. La situation en Papouasie Nouvelle Guinée explique principalement cette baisse. La production à Porgera est à l’arrêt depuis avril et à pour conséquence une baisse de 40% de la production de ce pays.

L’or recyclé

Grâce à la hausse du cours de l’or, ce segment d’activité a crû de 31% durant la période. Plus de 376 tonnes d’or ont ainsi pu être vendues sur le marché, ce qui représente une hausse de 6%. Cependant, les volumes restent en deçà de ceux de 2009 et 2012.