Si les marchés des actions ont subi quelques vagues, ce fut moins le cas pour les obligations qui ont vécu une excellente année. Cette situation se reproduira-t-elle en 2021?

Pour comprendre comment les différents experts se positionnent, il faut d’abord voir quelle est la situation macro-économique attendue par les économistes des acteurs supranationaux comme le FMI, l’OCDE ou la Banque Mondiale.

Macro

Les perspectives du FMI présentées en octobre 2020 donnent le ton. Les spécialistes prévoient une croissance mondiale de plus de 5% avec une différence marquée entre celle des pays avancés et celle des pays émergents.

Ces chiffres tiennent évidemment compte des politiques accommodatives des banquiers centraux mais aussi d’un recul de la pandémie. Mais si tel était le cas, qu’en serait-il de l’inflation?

L’échantillon présenté ci-dessous montre les attentes du FMI à l’horizon 2022. Nous voyons que la reprise économique s’accompagnerait d’une hausse de l’inflation mais dont le niveau de fin 2022 serait encore en deçà de ce que voudraient les banquiers centraux.

Niveau d’inflation attendu pour quelques pays à fin 2022
source : FMI

Goldman Sachs suppose aussi que l’inflation restera maîtrisée, en tout cas jusqu’en 2025. Evidemment, ces chiffres changeront durant le courant de 2021 en fonction de la vitesse de la reprise et du prix des matières premières.

Finalement, n’oublions pas le taux de défauts des entreprises. La société S&P prévoit effectivement que le taux augmentera en 2021 même si les taux de refinancement resteront bas. Ainsi les prévisions sont une hausse de 9% aux Etats-Unis (vs 6,3% en 2020) et de 8% en Europe (vs 4,3% en 2020).

Perspectives

L’investisseur dont la monnaie de référence est le dollar aura été fort satisfait de la performance des marchés obligataires en 2020. Par exemple, l’indice S&P G7 Sovereign Bond a progressé de 8,45%. Toutefois la marge de manœuvre des banquiers centraux concernant le niveau des taux directeurs s’amenuise fortement. Donc quelles seront les sources de performances dans les marchés obligataires?

Les avis récoltés s’accordent parfaitement avec les vues publiées cette semaine sur Investir.ch. A savoir:

Les spécialistes américains restent chez eux dans le secteur de la dette gouvernementale. Le rendement du 10 ans américain demeure attractif et il semblerait que les investisseurs américains ne joueront pas la faiblesse du dollar contre l’euro via des positions obligataires.

Même s’il reste peu de gain en capital dans le secteur des obligations à haut rendement (High Yield), les analystes américains gardent une position dite neutre en ce qui concerne les émetteurs domestiques. Par contre, ils favorisent l’Asie. La raison est liée aux prévisions de croissance des économies asiatiques (voir les prévisions du FMI) et à la faiblesse du dollar.

Mais l’inflation reste un sujet de discussion, plus aux Etats-Unis qu’en Europe. Les prix des matières premières ont à nouveau repris une tendance haussière, surtout dans un contexte de dollar faible. C’est pourquoi les analystes conseillent les TIPS (obligations liées à l’inflation).

Parmi les analystes européens, ceux de Pictet adoptent une position neutre pour le segment US Investment-Grade (IG) mais gardent une préférence pour les obligations à haut rendement (High Yield). Ils diversifient leurs positions obligataires grâce à une surpondération dans la dette des pays émergents.

Au Crédit Suisse, les attentes sont presque les mêmes à la différence que les analystes recommandent aussi les obligations liées à l’inflation. Ils conseillent aux investisseurs de se concentrer sur les obligations d’entreprise de qualité par rapport aux obligations gouvernementales. Les obligations d’entreprise de pays émergents sont aussi recommandées. Les attentes pour 2021 sont un gain d’environ 5% pour les obligations IG et 4,4% pour le secteur HY.

Nous voyons donc que les investisseurs américains et européens reçoivent pratiquement les mêmes conseils en matière de gestion de la part obligataire.

Pour une analyse plus détaillée des différents points de vue sur les marchés obligataires en 2021, nous vous suggérons de lire les articles suivants: