J’avoue que je ne me lasserai jamais de lire les nouvelles financières dans ce bas monde. La première fois que j’ai ouvert le Wall Street Journal c’était surtout pour frimer et pour faire « genre », je suis un banquier. Et puis après je me suis rendu compte que la plupart des banquiers ne le lisait jamais ou alors c’était juste pour dissimuler le magazine de voitures de sports qui était caché à l’intérieur. Mais au-delà de ces considérations d’image, je ne cesse d’être impressionné par la qualité des nouvelles que l’on trouve dans le journal et la vitesse à laquelle on tourne la veste. Là depuis hier, c’est « les inquiétudes au niveau de la valorisation » qui foutent la trouille.

L’Audio du 23 février 2021

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« Survalorisation » c’estquoi ce terme barbare ?

Hier le terme à la mode c’était donc « Survalorisation ». Selon le dictionnaire ; une survalorisation c’est : « l’Octroi d’une survaleur là où elle n’est pas méritée ou inappropriée ». Mais pour être franc avec vous, il faudrait déjà savoir ce qu’est la valeur correcte d’une chose pour estimer qu’elle soit « Survalorisée ». Prenez le Bitcoin. Oui, encore lui. Hier il s’est fait défoncer de 17% à un certain moment de la journée parce que les gens étaient inquiets de sa survalorisation. Admettons. Je rappelle pour mémoire qu’il y a encore trois jours on disait que le Bitcoin ne pourrait plus jamais baisser parce que c’était une nouvelle magie de la finance et que ça ne peut que monter plus haut et que c’est la solution contre l’inflation, la dévaluation du dollar, la perte des cheveux, l’obésité et le retour de l’être aimé, sans compter que l’être de lumière de la finance en 2021 – Elon Musk – trouve que c’est cool. Si l’on se base sur les fondamentaux précités que l’on mettait en avant pour le Bitcoin il y a encore trois jours, on peut largement supposer que ce n’était pas du tout surévalué. Pourtant, malgré la saine correction de 17% d’hier – déclenchée par ladite surévaluation, il y a encore plein de gens qui disent que ça vaut 250’000 minimum… Sur base de quoi, je n’en sais rien et je m’en fous comme de mon premier Wall Street Journal, parce que pour moi ça reste des ligne de code qui ne représentent que dalle et dire que ça vaut 50’000 -100’000 ou un milliard ne veut pas dire grand-chose à mes yeux.

Sachez néanmoins, chers amis et chers lecteurs que si le Bitcoin a baissé hier, c’est que les vendeurs étaient plus nombreux à être convaincus que c’était surévalué. Grand bien leur fasse. Mais à côté de la surévaluation du Bitcoin, on a aussi estimé qu’Apple était surévalué, que Peloton, Tesla, Moderna et plein d’autres boîtes technos étaient surévaluées. En ce qui concerne Tesla, on peut déjà se dire que c’est logique, puisque depuis ce week-end on sait qu’ils gagnent plus de fric avec le Bitcoin qu’en vendant des voitures. On peut donc assez logiquement se dire qu’à l’avenir, chaque fois que le Bitcoin va se faire défoncer, Tesla va se faire exploser dans tous les sens et vice-et-versa. Par contre quand on regarde le chart de Tesla, il a ENFIN une sale gueule, la moyenne mobile des 50 jours s’est faite atomiser et dans monde normal, je dirais qu’on est au début d’un mouvement qui pourrait faire bobo. Et qui pourrait rendre hyper-heureux Michael Burry, qui n’arrête pas de faire du marketing à la télé.

Graphique de Tesla – Source : Tradingview.com

La trouille, ça ne se commande pas

Quoi qu’il en soit, la journée d’hier aura donc été placée sous le signe de la trouille. On commence à se dire que c’est pas bon marché, que le recovery n’est pas « monstre impressionnant », que les stimulus ont de plus en plus de peine à faire de l’effet au marché (même psychologiquement), sans compter que les rendements du 10 ans et du 30 ans sont en hausse perpétuelle et que vous ne pouvez plus ouvrir un journal sans tomber sur le mot « INFLATION » suivit du terme « on va tous mourir dans d’atroces souffrances ». Il n’y avait donc pas de quoi danser tout nu sur la table en s’arrosant de champagne très très cher hier soir.

Néanmoins, il est tout de même hyper-intéressant d’analyser la mentalité de « l’homo-investorus » qui passe sa journée à flipper au sujet de l’inflation et de la survalorisation. Qui ensuite passe son temps à vendre des indices et des actions qui « a priori » étaient encore qualifiées de « trop cool » lors des dernières publications trimestrielles. Mais qui, dans le même temps s’excite comme une gamine de 14 ans à un concert de Patrick Bruel en 1989 parce qu’il y a un SPAC qui s’appelle Churchill Capital qui est en train de fusionner avec LA marque de voiture électrique qui va concurrencer Telsa : LUCID Motors. Churchill a explosé de 19% hier sur l’annonce et se reprenait 30% dans les dents after close. Il faut avoir l’estomac bien accroché pour faire du trading en ce moment. À côté de nous, les pilotes de la patrouille acrobatique des Blue Angels sont des amateurs. Pour la défense d’une valorisation juste et honnête du deal, il faudra quand même reconnaître que Churchill Capital a quand même pris 400% depuis le 8 janvier.

Churchill et Lucid

Pour faire simple, la nouvelle mode n’est donc plus de faire des IPO’s. Beaucoup trop long et compliqué, il suffit maintenant de fusionner avec un SPAC qui est déjà côté en bourse et BAM ! le tour est joué. Lucid est donc – comme vous le savez tous – un fabricant de voitures électriques qui est pressentit pour être le nouveau Tesla, mais en mieux. Au mois de décembre ils ont fini leur usine en Arizona et ils devraient livrer les premières voitures dans la seconde partie de 2021. Oui, parce que j’ai oublié de vous dire qu’ils n’ont pas encore vendu la première. Mais elles sont jolies par contre. Reste plus qu’à espérer que l’on puisse faire plus de 300 kilomètres avec le vent dans le dos sans recharger. Toujours est-il que le nouveau groupe «Churchill/Lucid » devrait valoir 15 milliards au début et 1’000 milliards dans trois mois, puisque c’est le tarif. La chose qui est bien, dans ce cas précis, c’est que LÀ.. y a pas de surévaluation. Même selon la définition du dictionnaire.

Alors ?

Elle est pas belle la vie ?

En Asie ce matin

Ce matin l’Asie est en hausse parce que l’inflation pourrait déclencher un rallye sur les commodities. Comme quoi on ne perd pas le nord pour trouver une nouvelle justification pour acheter. Le Japon est fermé. Hong Kong prend 1.4% et la Chine monte de 0.34%, On voit bien que c’est du rebond de classe mondiale.

Côté or, après avoir été détesté à cause du Bitcoin qui était quand même trop cool parce qu’il montait tout le temps, voici qu’il revient en odeur de sainteté et qu’il a rebondit pile-poil là où il devait. De là à dire qu’il y a un lien de cause à effet lié à la chute de la monnaie magique, il y a un pas que je ne franchirai pas, mais quand même. Et puis il y a le pétrole. Alors que ce week-end on tapait dessus pour je ne sais trop quelle raison, on s’est soudainement rendu compte que le Texas se les pelait dans le froid et que c’est pas avec des batteries de Tesla que ça allait suffire pour réchauffer l’ambiance. On s’est donc logiquement jeté sur le pétrole faisant fi de toute considération écologique – entre être dans ton salon en string pour regarder la télé et te chauffer au fioul ou regarder le petit journal avec gants et bonnet avec pour but de sauver la planète, il semblerait que les pro-Greta se posent des questions. Le baril est donc à 62.61$ et semble bien parti pour aller bien plus haut. En tous cas jusqu’à qu’un Hedge Fund Manager vienne nous dire que ça va à 300$. Après il sera temps de se poser des questions. Pour ce qui est de la monnaie du futur, là tout de suite ; ça vaut 50’000$. Manquerait plus que cette après-midi, Yellen annonce qu’elle veut réglementer le Bitcoin.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles hyper-fondamentales du marché, on retiendra que RoaringKitty a racheté des GameStop, des actions et des calls. Le titre a repris 13% sur la nouvelle et se traite autour de 46$. Il ne reste plus qu’à faire fois dix pour atteindre les 460$ et retoucher les plus hauts de tous les temps. Peut-être qu’une bonne fusion avec un SPAC quelconque pourrait régler le problème. Moi je dis ça pour aider. Par contre on notera que RoaringKitty se filme dorénavant en costard-cravate. Depuis qu’il a témoigné devant le Congrès, il a même pris la même tenue que les banquiers qu’il déteste. On notera aussi qu’hier, Mme Yellen a réitéré ses inquiétudes souvent exprimées au sujet du bitcoin, affirmant qu’il s’agit d’une forme hautement spéculative et « inefficace » de monnaie numérique qui est souvent utilisée pour des transactions illégales. Elle a sûrement dû se faire des nouveaux amis sur Facebook, parce qu’il ne faut jamais dire du mal du Bitcoin, sinon tu te fais allumer.

Autrement les USA ont donc passé le chiffre inimaginable de 500’000 morts et Biden en a profité pour répéter qu’il faut sortir masqué …blablabla et qu’il faut se faire vacciner. Bon, c’est bien joli mais en Europe, pour se faire vacciner, il vaut quand même mieux être dans un EMS. Toujours est-il que l’on voit bien que le COVID continue de nous prendre la tête et que visiblement, on n’est pas prêt de retrouver une vie normale. Personnellement je ne suis pas loin d’ouvrir un restaurant illégal dans mon salon, juste pour ne pas faire comme on nous dit de faire. Pour le reste, on s’inquiète du témoignage de Powell devant le Congrès cette semaine. Le patron de la FED doit parler ce soir et demain et vu la situation et le stress lié à l’inflation et la hausse des taux, tout le monde est en mode « attachez vos ceintures et repérez les sorties de secours ».

Côté publications trimestrielles, nous aurons encore Home Depot, Crocs et Square. Pour le moment les futures sont en hausse de 0.5% entrainés par l’Asie et le pétrole qui ne veulent pas s’arrêter de monter.

Il me reste à vous souhaiter une très belle journée en Suisse et dans le monde à notre connaissance et je vous retrouve demain à la même heure et au même endroit, moi je vais finir la rédaction de mon premier livre et faire péter le champagne.

Très bonne journée à tous.

Thomas Veillet

Investir.ch

“A camel is a horse designed by a committee.”

– Sir Alec Issigonis