Le secteur de la technologie comporte des caractéristiques propres qui en font un investissement rentable à long terme. Les perspectives de quelques gestionnaires de fonds réaffirment cet axiome.

Les gérants (Graeme Clark, Alison Porter et Richard Clode) du fonds Janus Henderson Horizon Global Technology Leaders sont convaincus que l’adoption plus rapide de nouvelles technologies sous l’effet de la pandémie va nécessiter de nouveaux investissements à l’avenir.

La numérisation des paiements s’est accélérée avec le remplacement des pièces et des billets, et avec la mise en ligne du commerce électronique et des transactions commerciales des entreprises aux consommateurs, des administrations aux consommateurs et entre les entreprises. Les interactions des consommateurs ont rapidement évolué vers un cadre virtuel avec un élargissement de notre thème de transition vers Internet dans des domaines tels que l’éducation, les sports en ligne, les soins de santé primaires, les achats d’épicerie et les réunions sociales, qui en étaient aux premiers stades de leur adoption avant la pandémie.

La société a délaissé les bureaux au profit du télétravail, de sorte que l’automatisation du lieu de travail est devenue de plus en plus nécessaire. Le lancement d’un vaccin va permettre l’apparition d’une «nouvelle normalité», qui s’appuiera inévitablement davantage sur la technologie.

Les 5 thèmes majeurs identifiés par les gérants
Source : Janus Henderson Investors

Par contre, «il est important de distinguer les gains à court terme des domaines dans lesquels les taux de croissance persisteront sur le long terme. Nous continuons de constater, au sein du secteur, un décalage extrême entre les valorisations et leurs normes historiques. Ce phénomène reflète la diversité croissante du secteur, mais aussi un engouement excessif à court terme qui invite à la prudence».

Chez AtonRâ, les spécialistes et le gestionnaire de fonds Christophe Magnin constatent que dans le secteur de l’IT, la pandémie a révélé des tendances qui existaient déjà. Une des plus importantes est liée à une dématérialisation de l’espace de travail. Ceci a eu plusieurs conséquences comme le renforcement de la présence du cloud. Celui-ci est tel que ce marché devrait peser plus de 300 milliards de dollars (20% de plus que prévu avant la pandémie).

Thèmes pour 2021
Source : AtonRâ

Le déploiement du cloud s’accompagne aussi par des nouveaux développements dans le secteur de la cybersécurité. Les nombreuses attaques ont fait de ce secteur un acteur incontournable non seulement pour le cloud mais dans d’autres domaines encore. Par exemple, le vieillissement de la population induit une croissance de la demande de produits autres que des logiciels tels que les caméras de surveillance et les senseurs.

La pandémie a aussi poussé les consommateurs de biens et de services à se tourner vers des solutions digitales dans des domaines tels que le e-commerce et la banque digitale. Le secteur de la fintech et des paiements mobiles voit de nouveaux acteurs qui bouleversent les infrastructures traditionnelles.

L’intelligence artificielle ne sera pas en reste en 2021. Le développement de nouvelles applications dans des secteurs tels que la bionique et la robotisation sera source de croissance des revenus des acteurs majeurs et émergents.

Finalement, une thématique qui vit une accélération est celle de l’exploration spaciale. Les enjeux sont énormes et les acteurs du secteur bénéficient de l’engouement militaire et commercial. Les applications sont diverses et touchent des domaines tels que l’exploration, la communication ou la défense.

Hyun Ho Sohn gérant du fonds Global Technology chez Fidelity relève que ce secteur est source d’innovation et intervient dans différents secteurs de l’économie. L’innovation est aussi le moteur de la croissance du secteur dont les effets se font ressentir dans la chaîne de valeur de différentes industries.

Le secteur offre des opportunités uniques grâce à l’innovation
Source : Fidelity

Le gérant constate qu’il existe encore une situation de sous-investissement dans l’infrastructure technologique et voit une opportunité à la fois dans l’infrastructure «sociale» et dans la «smart infrastructure».

La cybersécurité est aussi un thème qui préoccupe les dirigeants d’entreprise mais les acteurs sont nombreux et il est relativement difficile de dégager les leaders de demain. De plus, les titres sont relativement chers.

Hyun Ho Sohn se concentre sur des titres plus «value» dont les bilans sont riches en liquidités et dont les modèles d’affaires en font des acteurs dominants. C’est pourquoi, il donne une belle part aux grosses capitalisations du secteur pour ce début d’année. Quelques axes d’investissement comme la demande de bande passante, les «smart factories», les jeux vidéo en ligne, le cloud et les applications de back-offices illustrent les propos du gérant.

Conclusion

La question était de savoir s’il fallait encore investir dans le secteur de la technologie et la réponse est clairement oui. Pourquoi? Parce que comme le montrent les acteurs de ce secteur, l’innovation et les changements sociétaux font que la technologie s’introduit dans tous les domaines. Ce faisant, il semble difficile de croire qu’un portefeuille d’investissement puisse se passer d’une exposition  dans ce secteur. De plus, le développement de nouvelles technologies devient un souci majeur pour la plupart des gouvernements comme le décrit Tomas Gomart dans quelques chapitres de son dernier ouvrage  « Guerres invisibles » publié en 2021 aux éditions Tallandier.

Ceux qui se souviennent de l’an 2000 et de sa bulle spéculative peuvent avoir quelques craintes, surtout après l’immense performance de l’année passée. Mais il est bon de rappeler qu’actuellement le secteur comporte de nombreux acteurs de grande capitalisation qui montrent des bilans bien plus solides qu’au début du siècle. Il est illusoire de faire du «market timing» pour ce secteur comme pour tout autre. Il est préférable d’acheter régulièrement quelques fonds (ou certificats) actifs qui permettront de construire un investissement qui sera rentable à moyen et long terme.