PLUS-JAMAIS-FAIBLES. Depuis le temps que l’on attendait ce marché parfait qui ne fait que monter, il était temps qu’il arrive. Après les doutes de mercredi, la journée de trading en mode « essorage » sur Coinbase et les hésitations sur la technologie, sans oublier la mort de Madoff, les marchés ont retrouvé toute leur rationalité. Rationalité basée sur des fondamentaux solides et des chiffres économiques qui nous montrent que tout va bien, tout va même trop bien. Suis pas loin de penser qu’on va flipper à cause de l’inflation dans trois jours, mais pour l’instant nous sommes en mode PLUS-JAMAIS-FAIBLES.

L’Audio du 16 avril 2021

Télécharger le podcast (.mp3)

Plein emploi c’est pour demain

Parlons d’abord des chiffres économiques. Les ventes de détail sont au top, tout va bien de ce côté-là. Mais là où c’était vraiment euphorique ; c’était les chiffres des Jobless Claims.

Alors pour que l’on soit bien d’accord, les « Jobless Claims », c’est les demandes d’allocations chômage. C’est une statistique publiée chaque semaine par le ministère américain du travail, qui recense les personnes demandant à bénéficier des prestations de l’assurance chômage. Il existe deux catégories de demandes de chômage : les demandes initiales, qui concernent les personnes qui déposent une demande pour la première fois, et les demandes continues, qui concernent les chômeurs qui ont déjà reçu des allocations de chômage. C’est considéré comme un important indicateur avancé de la situation de l’emploi et SURTOUT de la santé de l’économie.

Voici pour la théorie. On notera encore que l’année dernière, entre le 15 mars et le 30 avril, 28 millions de personnes se sont inscrites au chômage. Hier « Les Experts à Wall Street, sans Horacio » avaient prévu plus ou moins 700’000 demandes pour la semaine dernière. Hier soir le gouvernement américain a annoncé que les demandes étaient de 576’000. Soit 124’000 demandes de moins qu’attendues par les experts. 124’000 personnes ça veut plus ou moins dire qu’un stade de foot américain entier n’a pas besoin d’allocation chômage. Soit parce qu’ils ont trouvé un boulot, soit parce qu’ils ont commencé à dealer à Pasadena, soit parce qu’ils se sont lancé dans le trading de crypto monnaies. Mais quoi qu’il en soit, ça veut dire que l’économie cartonne, qu’elle est vraiment de retour, que tout va presque trop bien et qu’à la fin, de toute façon, c’est les Bulls qui gagnent.

Go market, go ballistic

Donc pour le reste, je ne vous fais pas un dessin ; c’est record historique sur le Dow Jones, record historique sur le S&P500, record historique sur le Nasdaq, l’ambiance était presque aussi folle qu’en Suisse quand on a appris que l’on pourrait retourner prendre l’apéro de 9h du matin à 9h du soir, pour autant que l’on ait gardé les sous-vêtements de la saison de ski, les bottes fourrées et le bonnet Crédit Suisse, bonnet très à la mode en ce moment. En Europe c’était un peu moins euphorique, il faut dire que ça engage un poil moins qu’aux USA et que nous n’en sommes pas tout à fait au même stade de la vaccination. Pendant que certains Etats américains sont en surplus de vaccins, en Europe on serait plutôt en manque, surtout que maintenant tout le monde pinaille pour choisir son vaccin, parce qu’il parait que le Pfizer il est plus cool que le Moderna et qu’il fait moins de caillots de sang que le Johnson&Johnson. Le Johnson&Johnson qui est d’ailleurs toujours suspendu parce qu’une personne est décédée sur 7 millions d’injections et que 6 sont toujours hospitalisées. Je ne suis pas expert en statistiques, mais ça me semble un tout petit peu con-con quand même. Et puis oui, le Pfizer c’est cool – sauf que le CEO vient d’annoncer hier soir que « FINALEMENT DEUX INJECTIONS, Ça ne suffit plus », il en faudra TROIS dorénavant. Oui, le CEO de Pfizer, Monsieur Bourla – ça ne s’invente pas – a décidé qu’il voulait un héliport sur son yacht, il a donc des frais, ça sera donc TROIS injections. Mais c’est toujours cool.

On a aussi eu la publication des chiffres du trimestre chez Bank of America, BlackRock, Pepsi et Alcoa. Ce qu’il faut retenir, c’est que globalement, tout est meilleur que les attentes, les surprises à la hausse sont légion, Bank of America a doublé ses profits par rapport à l’an dernier et ils ont annoncé un rachat d’actions de l’ordre de 25 milliards. Mais le titre se prenait 3% dans la figure parce que vous comprenez, comme on savait avant mais qu’on n’avait pas ajusté nos attentes pour ne pas déranger les investisseurs qui n’y comprennent rien, eh bien on a vendu la nouvelle. En gros, ce trimestre sera bon. Alcoa a cartonné et quand Alcoa cartonne c’est que l’économie cartonne, mais l’impact sur les sociétés qui publieront sera surtout déterminé en fonction de l’interprétation que les génies de la finance que nous sommes feront de ces résultats et ce que l’on savait avant mais qu’on n’avait pas dit fort ou alors écrit tout en bas d’un article de rechercher en tout, mais alors tout petit caractères.

Coinbase

Et puis il y a Coinbase. Vous ne pensiez tout de même pas que je n’allais pas parler de Coinbase alors que l’on a parlé QUE de ça durant toute la semaine ? Hier Coinbase a fini en baisse de 1.6% mais tout le monde est officiellement au courant que MADAME Cathie Wood en a bourré dans tous ses fonds et a encore rajouté de la Tesla, parce que dans Tesla t’as du Bitcoin et puis c’est tout. En dehors de ça, il y a déjà un analyste de chez BTIG qui a déclaré que COINBASE était un market leader au même titre que Tesla, Snowflake et Zoom et qu’à ce titre, il estimait que Coinbase valait 500$. Pas 514 ou 497,5. Non, 500$. Vous avez remarqué comme les analystes arrivent toujours à des chiffres ronds ? C’est quand même un sacré hasard qu’avec toutes les possibilités que l’on a avec un spreadsheet excel, on tombe toujours sur un chiffre rond. Là, en l’occurrence ça nous dit que Coinbase ça vaut 500$.

Alors comme vous le savez, moi je suis là depuis un moment et j’aime bien faire des « flashbacks » juste pour montrer qu’on a eu été un peu con par le passé et que des fois, on recommence.

Petit flashback, donc…

Au début du siècle, en l’an 2000 pour être précis, nous avons vécu une période bénie des dieux de la finance qui s’appelait : « la bulle internet ». Durant cette période, tout montait. Mais absolument tout. Sauf des titres comme Nestlé ou Berkshire Hathaway parce que ce qui ne faisait pas 100% par semaine était considéré comme une grosse daube. En ce temps-là, les analystes étaient considérés comme des Dieux parce que EUX, ils savaient où allaient aller les actions qu’ils suivaient – ces actions avaient toutes des noms bizarres, certaines ont survécu et la majorité, pas… À cette époque, si tu voulais être analyste-star, il suffisait d’inventer un objectif de prix à une action – un objectif complétement débile, si possible et toute la planète finance se pâmait devant vous en disant : « Oh mais qu’il est beau, qu’il est fort et qu’il est intelligent ».

Et puis la bulle a explosé. Et les objectifs sont devenus vraiment complètement débiles, on a commencé à dire : « mais quel CONNARD cet analyste » et les banques ont demandé à leurs analystes de se calmer avec leurs prévisions ahurissantes et de se contenter de « réagir » et plus d’anticiper. Et depuis, les analystes se sont fait tout petits et se sont contenté d’acquiescer lors des publications trimestrielles et d’ajuster leurs price-target à coup de 1% pour ne pas choquer les clients et les investisseurs.

Je ne sais pas si vous voyez où je veux en venir, mais quand je vois des mecs qui se tirent la bourre pour avoir « le price target le plus élevé sur Tesla » et d’autres qui viennent faire des prévisions sur 5 ans avec 4 scénarios hypothétiques différents mais tous avec des targets délirants, ou encore des analyses qui viennent te dire que, sous prétexte que la société est un market leader et que, de ce fait, ça vaut 500 balles, je m’installe dans mon canapé et je me souviens. Je me souviens de ces marchés que ne faisaient que monter, de la tech qui allait révolutionner le monde parce qu’on leur collait un point-com au cul, il y a un siècle, il y a 20 ans.

Bref, Coinbase ça vaut 500 et Tesla ça vaut 4’000

Pour le reste

Ce matin tout est dans le vert en Asie. Le vert clair. Le Japon monte de 0.15%, le Hang Seng de 0.05% et la Chine de 0.45%. Pourtant on aurait pu s’attendre à mieux avec ce qu’ils viennent d’annoncer. En effet, la croissance du pays était de 18% pour le premier trimestre. Alors oui, il y a un effet de base COVID, machin tout ça, mais quand même. 18%. Il faut dire « qu’on savait » ce n’est donc pas une surprise. Donc c’est moins drôle. L’or remonte à 1764$, mais chhhuuuttt, il faut pas le dire parce que dès qu’on le regarde, il devient timide et rebaisse. Le pétrole est à 63$ et quelques et il devrait repartir dès que l’on se rendra compte que l’économie est en train de repartir à toute vitesse et qu’on en sera vraiment sûr, ça sera jeudi prochain quand les Jobless Claims seront encore plus bas.

Pour les nouvelles du jour – le Bitcoin rebaisse à 62’000, mais je le dis pas trop fort parce qu’il faut pas dire du mal du Bitcoin et n’en parler que quand ça va bien. Il y a aussi Powell qui a parlé pour répéter ce que l’on savait déjà, mais comme c’est des mots gentils ça fait toujours plaisir. Du côté politique, Biden est à nouveau en train de se chauffer avec Poutine. Il est courageux parce que Poutine sera encore Président bien après que Biden ait terminé ses deux mandats. Toujours est-il que le Président Américain est prêt à prendre des mesures supplémentaires et adéquates si la Russie continue d’interférer dans la Démocratie Américaine. C’est marrant comme les Américains peuvent interférer dans les affaires de qui ils veulent quand ils veulent, mais l’inverse n’est pas valable.

Sur le plan de la lutte anti-covid, la société allemande Curevac pense obtenir l’approbation pour son vaccin d’ici le mois de juin et chez Pfizer, en plus de la troisième dose, on parle d’un rappel annuel. En fait, en plus de l’héliport sur le yacht, il veut aussi financer le dernier Eurocopter pour mettre dessus. Et puis pour terminer la semaine bien bullish et bien bête à cornes, on retiendra aussi que Larry Fink, le CEO de BlackRock se considère comme « extrêmement bullish » sur les marchés mondiaux.

Chiffres économiques

Côté chiffres économiques nous aurons le PPI en Suisse, le CPI en Europe, ainsi que le Trade Balance. Aux USA, il y a aura les nouvelles mises en chantier, les permis de construire et les chiffres de l’Université du Michigan sur l’état de la consommation aux USA, nous saurons enfin qui compte acheter un lave-vaisselle ou une yaourtière dans les 6 prochains mois. Pour le moment les futures sont pratiquement inchangés et à voir la météo, on se réjouit déjà des terrasse la semaine prochaine.

Dans l’intervalle, j’aimerais vous remercier d’être toujours un peu plus nombreux chaque jour à venir sur Investir.ch – ça fait plaisir. Pour le reste, on se retrouve lundi prochain ou tout à l’heure sur YouTube.

Que la force soit avec vous, excellent week-end et à lundi.

Thomas Veillet

Investir.ch

“I can resist everything except temptation.”

– Oscar Wilde