Le problème, quand on a des semaines chargées en résultats comme celle que nous vivons, c’est que l’on n’ose plus rien faire EN ATTENDANT les publications. Et comme les grosses publications que l’on attendait se pointent après la clôture, du coup on ne fait rien pendant la journée.

L’Audio du 28 avril 2021

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Et ensuite ?

Et puis APRÈS la clôture, on ne fait rien parce que c’est JUSTEMENT après la clôture et c’est l’heure de rentrer à la maison. OU, autrement dit : de passer du salon à la cuisine. On ne fait rien aussi parce que demain y a aussi plein de chiffres après la clôture et que l’on ne va rien oser faire en attendant. Si ce n’est traiter les sociétés qui ont publié la veille… après la clôture.

Tenez, je n’invente rien ! Lundi soir Tesla a publié ses chiffres et hier on s’est principalement excité sur Tesla. Sur ses trades en Bitcoin, sur les baskets d’Elon Musk,, sur le fait qu’ils n’ont pas donné de « guidance » pour les ventes de voitures pour les prochains mois, sur le fait qu’ils ont de la peine à trouver des pièces de rechange, tout comme moi j’avais de la peine à trouver des super-chargers quand j’ai testé la Tesla X. Et aussi sur le fait qu’ils avaient de la pression sur les marges. Pour faire simple, le titre a perdu 4% pendant que le Dow Jones, le S&P500 et le Nasdaq ne faisaient rien – sans oublier qu’en Europe on faisait pareil.

Oui, parce que tu comprends, on attendait les chiffres de Microsoft. Google et AMD après la clôture justement. Et puis aujourd’hui, on va se marrer, parce qu’une fois qu’on aura fermé les marchés, il y aura Apple et Facebook. Une autre raison de ne rien faire en attendant.

Au moins il nous restera Microsoft,Google et AMD à traiter en attendant.

Bilan d’après-clôture

Après avoir attendu toute la journée. Et même tard le soir pour les Européens, nous avons enfin eu des réponses. À partir de là, il y a deux solutions :

La solution ultra-résumée ou la solution ultra-psychologique se basant sur le best of des théories de Sigmund Freud…

En version courte, ça donne : TOUT ÉTAIT MIEUX QUE LES ATTENTES ET LES ANALYSTES SE SONT ENCORE UNE FOIS COMPLÈTEMENT VAUTRÉS DANS LEURS PRÉVISIONS.

Sauf qu’en version torturée psychologiquement, ça se rapproche plutôt de :

Microsoft a publié des chiffres nettement au-dessus des attentes. Les revenus étaient spectaculaires et Azure, leur division « cloud » est en hausse de 50%. Ils ont gagné 2.03$ par action, contre 1.40$ l’an passé sur le même trimestre. Les stars de la finance attendaient 1.78$ par action. Grosso modo, on peut dire que c’était pas mal et que si vous étiez le patron de la société vous vous seriez estimé plutôt content de vos employés et heureux de voir que vos clients tournent à plein régime avec vos produits. Sauf qu’à Wall Street on ne pense pas comme ça.

À Wall Street on espérait que Microsoft BATTRAIT les attentes, mais plus. Je ne plaisante pas. Il y a des analystes qui ont déclaré hier soir que – JE CITE : « les chiffres étaient bons, meilleurs que les attentes, mais on aurait pu espérer qu’ils fassent un peu plus que meilleurs que les attentes ». Pour faire simple, Microsoft a fait mieux que les attentes, mais on aurait quand même préféré qu’ils fassent PLUS que mieux que les attentes.

En résumé, on appelle ça des insatisfaits perpétuels. Mais comme à la fin c’est quand même eux qui font la pluie et le beau temps, le titre perdait 2.6% « after close ». Mais ils ne perdait pas 2.6% parce que les chiffres n’étaient pas bons, mais juste parce qu’ils auraient quand même pu faire mieux que mieux et qu’en plus comme ça faisait trois séances que l’on clôturait au plus haut de tous les temps, fallait bien prendre les profits, puisqu’on savait AVANT que ça serait bon, sauf qu’on n’avait pas anticipé que ça serait aussi bon tout en n’étant pas complètement satisfait du fait que ça aurait pu être meilleur. Comme Google par exemple.

On s’incline devant Google et on leur baise les pieds

Du côté de Google, c’était pas pareil. C’était pas pareil parce que c’était différent et que EUX ne se sont pas contentés de faire « mieux que les attentes », ils ont tout simplement pulvérisé les attentes à tel point que certains analystes sont retournés au bureau hier soir tard, juste pour voir s’ils avaient analysé la bonne société et si par hasard, il n’y avait pas deux Alphabets coté en bourse et qu’ils s’étaient gourés de société.

Il fallait donc bien se rendre à l’évidence : chez Google, ils sont trop forts. C’est ou ça, ou Wall Street n’a rien compris à ce qu’ils font et du coup ils analysent et prévoient à côté de la plaque. Un peu comme les risk-managers du Crédit Suisse.

En essayant de faire simple, on dira qu’ils ont annoncé un bénéfice net de 17,93 milliards de dollars, soit 26,29$ par action, pour le Q1 2021, contre un bénéfice net de 6,84 milliards de dollars, soit 9,87 dollars par action, au trimestre précédent. Les revenus sont passés de 33,7 milliards l’année précédente à 45,6 milliards. Le chiffre d’affaires a augmenté de 34 % pour atteindre 55,3 milliards.

Du côté du consensus, on avait estimé… on avait estimé… euh… pour faire simple et être gentil, on avait estimé bien moins que ça. Tellement moins que ça, que l’on ne pouvait même pas argumenter que l’on savait et qu’il fallait prendre les profits. Du coup, à la place on courait dans tous les sens en mettant ses mains sur les oreilles et en hurlant : « Oh my God, oh my God » et hier soir, le titre prenait encore 5% after close, au plus haut de tous les temps. Jusqu’au prochain trimestre. Et ils ne vendent toujours pas de smartphones, ni de voitures électriques. D’ailleurs on sait pas trop ce qu’ils vendent.

Mauvaise soirée pour Intel

La troisième techno de la soirée que l’on attendait, c’était AMD qui a fait mieux que les attentes. Ce qui est très à la mode ces derniers temps. Ce qu’il faudra cependant retenir d’AMD, c’est qu’ils se sont montrés très positifs sur les Data-Centers, là très exactement où Intel s’était montré très méfiants. On peut donc en déduire, et c’est ce que le marché a fait, que le problème des Data-Centers mentionné par Intel n’est pas LE PROBLÈME des Data-Centers, mais c’est plutôt AMD qui leur pose problème. Pour faire simple, AMD prenait 3% après la séance et on imagine qu’aujourd’hui le top management d’Intel va se réunir pour se demander qui leur a menti sur les Data-Centers. On notera encore que les chiffres de Texas Instruments ont également fait mieux que les attentes, mais ils perdaient 2.6% sur la nouvelle parce qu’on avait anticipé, tellement on est fort.

Deux mots sur l’Europe : on n’a rien fait parce qu’on attend la FED de ce soir. Oui, parce qu’au cas où vous étiez en train de faire de spéléologie depuis les 14 derniers mois, ce soir y a Powell qui va parler pour nous répéter son mantra habituel, mais en Europe, on préfère ne rien faire en attendant qu’il soit absolument certain qu’il n’a pas changé une virgule. Ou un point.

Pour le reste

En Asie ce matin on ne fait rien. On monte mais globalement on est dynamique comme des spaghettis qu’on aurait cuit pendant 8 heures à gros bouillon. Les indices montent tellement peu que l’on dirait que l’on traite au ralenti… Il y a cependant UNE EXCUSE : Ce soir il y la FED et Powell qui parlera.

L’or est à 1770$ – comme hier et le pétrole est presque à 63$. Le Bitcoin est 55’000$ et on attend impatiemment qu’il batte de nouveaux records, histoire que l’on ait un truc à dire. Et puis, pour les nouvelles du jour, ça parle surtout des chiffres de Microsoft et de Google et on se demande ce que vont nous annoncer Facebook et Apple. Perso, je parie que ça sera au-dessus des attentes, reste juste à deviner comment nos esprits torturés d’investisseurs vont prendre la chose.

On retiendra aussi que l’affaire Archegos n’en finit pas de voir l’addition se rallonger, après l’UBS hier avec sa micro-perte de 700 millions, voici que Nomura annonce une perte de 10 milliards, mais c’est bien sûr le Crédit Suisse qui conserve le maillot jaune dans l’affaire et pour ce que l’on sait, va falloir faire fort pour aller les chercher. Toujours dans le secteur bancaire, Jamie Dimon s’est montré fort mécontent du concept du télétravail et rappelle ses troupes au bureau pour le début du mois de juillet.

Des chiffres et des mots

En plus du discours de Powell, ce soir nous aurons également le premier discours de Biden devant le Congrès. On devrait donc parler de hausses d’impôts, de voitures électriques et de déambulateurs. En dehors des discours attendus, nous aurons aussi les chiffres de la consommation en Allemagne, Christine Lagarde qui parlera et les inventaires pétroliers. Mais pour être franc, le gros du business se fera ce soir quand vous, Européens serez déjà sur une terrasse, sous la pluie pour profiter de votre liberté retrouvée.

Pour le moment les futures sont dans le coma et on attendra donc les chiffres de Boeing, Shopify, Spotify, Teva et Yum Brands ! – ça, ça sera avant l’ouverture et APRÈS la clôture, ça sera le tour d’Apple, Facebook, Qualcomm, Ford, Teladoc, Logitech et eBay.

Voilà. À ce stade-là, il me reste à vous souhaiter une très belle journée et je vous retrouve demain à la même heure et au même endroit et surtout ; n’oubliez pas les paroles de Powell : « ça va bien se passer ».

Thomas Veillet

Investir.ch

“I want my children to have all the things I couldn’t afford. Then I want to move in with them.”

– Phyllis Diller