Il y a des instants dans la vie où l’on se demande si demain sera fondamentalement différent d’hier et s’il s’est passé quelque chose récemment, qui ferait que tout pourrait changer. Que notre vie serait différente dorénavant. Juste parce que les chiffres des GAFAM’s ont été publié la semaine dernière et que plus rien ne sera jamais pareil, sans compter qu’on est en mai et qu’on est censé tout vendre.

L’Audio du 3 mai 2021

Télécharger le podcast (.mp3)

Arrêt sur image

Autant la semaine dernière semblait être une GROSSE SEMAINE sur le papier, autant celle qui nous attend est plutôt placée sous le signe de l’arrêt sur image et de la méditation. La question que l’on peut se poser à l’aube de ces cinq journées de trading, de ces cinq premières journées de trading du mois de mai ; c’est : et qu’est-ce que l’on fait maintenant ? Où va-t-on et que penser du fait que l’on est très haut, que les chiffres sont très bons – tous très bons – et que l’on le savait. Est-ce que maintenant il faut vendre la nouvelle ? Est-ce qu’il faut prendre les profits et se concentrer sur les vacances d’été et revenir en novembre pour parler finance ? Où est-ce qu’en faisant cela, nous allons rater l’explosion de la techno, du Bitcoin, de l’Ether et de Dieu-sait-quoi comme autre crypto-monnaie géniale qui aura été fabriquée dans un garage.

La semaine qui nous attend semble donc bien placée sous le signe de l’interrogation. Le gros de la troupe a publié ses chiffres trimestriels, on sait que tout est bon, tout est meilleur que les attentes et que la seule chose que l’on regarde pour mesurer la qualité des chiffres du trimestre ; c’est de COMBIEN les attentes ont été battues. Oui, car comme on l’a vu la semaine dernière, ce qui compte ça n’est pas de battre les attentes du marché. Ça, n’importe quel débile qui tient un Déli dans le New Jersey est capable de faire mieux que les analystes. Non, ce qui est important, de nos jours, c’est de COMBIEN on a fait mieux. C’est d’ailleurs ce qui a coûté sa semaine à Apple, Amazon et Microsoft. Les trois ont fait nettement, nettement, mais alors nettement mieux que les attentes, mais le marché, les analystes et la communauté des VRAIS PROS DE LA FINANCE, ont estimé que ça n’était pas assez et qu’ils auraient quand même préféré qu’ils fassent nettement mieux que ça. C’est une question de jugement, mais visiblement c’est comme ça que ça fonctionne en 2021. Il faut faire mieux que mieux et plus on humilie les analystes, mieux c’est, visiblement ils aiment se faire humilier, sinon ils ne sont pas contents.

Et alors quoi ?

Si l’on fait rapidement un petit bilan de situation, on peut se rendre compte que :

  • Les chiffres sont bons un peu partout et de beaucoup.
  • Que les chiffres économiques montrent une amélioration
  • Que le RECOVERY économique qu’on nous avait prévu est effectivement arrivé. Surtout aux USA ; mais il arrive même en Europe aussi.
  • Que le COVID recule – pas partout, mais il recule.
  • Que la FED sera toujours là pour nous soutenir et que Powell ne déroge pas de son axe de communication.
  • L’inflation sera vaincue et elle ne nous fera jamais de mal
  • Biden va créer tellement d’emplois que si ça se trouve, il va aussi en créer en Europe.
  • Bref, tout va bien.

Mais on doute quand même et il semblerait que l’on se demande si l’on n’a pas, par hasard, anticipé un peu trop de trucs et qu’à un moment où un autre, on va se retrouver à devoir « vendre la nouvelle ». C’est un peu le sentiment que la semaine dernière nous a laissé dans la bouche.

Tout va un peu trop bien et nous le savions depuis un peu trop longtemps, visionnaires que nous sommes.

La plupart des indices semblent plafonner à des altitudes qui laisseraient Killian Jornet en grande difficulté respiratoire et même l’avalanche de bonnes nouvelles de la semaine dernière ne sera pas parvenue à permettre aux indices de déclencher cette nouvelle vague haussière que l’on attend depuis des semaines. Il faut dire que l’on ne sait plus trop si l’on a déclenché un nouveau Bull Market en mars 2020 et qu’il vient tout juste fêter ses un an ou si la pandémie est considérée comme un « bug » et qu’en fait il faudrait effacer les journées de trading du 19 février au 1er avril 2020 et se dire que c’était un accident. Et que, de ce fait, nous sommes toujours dans un Bull Market Séculaire et que la pandémie n’est jamais arrivée et n’a jamais concerné le monde magique de la finance.

En résumé, on n’en sait rien. On est un peu perdu et on ne sait plus quoi faire de ces marchés, nos repères n’existent plus et fondamentalement, on aimerait croire que les arbres peuvent monter au ciel, mais comme on sait que c’est impossible, il y a toujours un doute qui nous assaille et actuellement – et surtout après la semaine que l’on vient de vivre – il nous assaille très fort.

L’Asie en vacances

Ce matin Hong Kong est sacrément dans le rouge. C’est la seconde séance consécutive de baisse à plus de 1.5%. Pourtant les futures américains sont fondamentalement orientés à la hausse et les Chinois, tout comme les Japonais sont en congé en ce lundi. Pendant ce temps l’or est toujours en mode « Has Been » – puisque le Bitcoin est à nouveau à l’approche des 60’000 et que tout le monde est à nouveau super-mégabull sur les cryptos, que l’Ether passe au-dessus des 3’000$ et qu’il devrait remplacer le Bitcoin dans les trois semaines, surtout depuis que Monsieur Charlie Munger, associé de Warren Buffet a déclaré que le Bitcoin était dégoûtant et desservait l’humanité. Rien que ça. Pendant ce temps, le baril est à 63.27$. Les qualificatifs me manquent pour qualifier ce que je ressens à propos de tout ça.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on retiendra que Madame Yellen, notre mère à tous, a déclaré que, selon elle, les multiples plans d’injection et de soutien de Monsieur Biden – et quand je parle d’injection, je ne parle pas de vaccin ou de Botox – ces plans de soutien économique ne DEVRAIENT en RIEN impacter l’inflation aux USA.

Vous noterez l’utilisation ferme et définitive du CONDITIONNEL qui spécifie très clairement qu’elle le pense, mais qu’elle n’en est même sûre. Mais en même temps, elle s’en fout parce qu’elle est fonctionnaire et que de toutes façons, elle touchera son salaire à la fin du mois. Et qu’inflation ou pas inflation, ça ne devrait pas trop lui poser de problème et qu’elle n’aura pas besoin d’aller chercher un troisième de job de serveuse pour boucler les fins de mois.

Autrement le FT revient sur l’effondrement récent des SPAC’s et du soudain désintérêt massif pour ce genre d’investissements qui étaient encore miraculeux au début de l’année et la plupart des médias financiers vous résumeront ce qui s’est dit au meeting annuel de Berkshire Hathaway, mais fondamentalement, je ne suis pas certain que cela va influencer le début de la semaine qui a l’air déjà molle et hésitante.

Les chiffres du jour

Du côté des chiffres du jour, nous aurons le Manufacturing PMI en Allemagne, l’ISM Manufacturing PMI aux USA et il y aura également notre séance de coaching hebdomadaire avec Jerome Powell en personne qui viendra nous chanter les louanges de SA politique monétaire et nous expliquer encore une fois que l’inflation n’est qu’une information et qu’à la fin, c’est la FED qui gagne.

Pour ce qui est des trimestriels, il y aura encore du monde cette semaine, mais c’est à partir de demain que « le gros de la troupe » arrivera. En attendant, les futures sont en hausse de 0.3% et on se demande bien ce qu’on va faire maintenant.

Excellente journée à tous, bon début de semaine et à demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“A woman’s mind is cleaner than a man’s: She changes it more often.”

– Oliver Herford