On a connu des journées un peu plus marrantes que celle d’hier. Quand on regarde les mouvements des indices européens hier, on se demande bien pourquoi on a ouvert les places de bourses alors que l’ensemble de la population européenne était bien plus occupée à se diviser en deux camps par rapport à la vaccination COVID. Mais pendant que le génial Ministre de la santé français expliquait a ses compatriotes qu’ils étaient globalement débiles et que lui il était brillant, que Merkel assurait qu’elle ne ferait jamais comme le Roi de France en rendant le vaccin quasi-obligatoire, les marchés étaient ouverts et se demandaient bien pourquoi, puisque personne ne s’intéressait à eux.

L’Audio du 14 juillet 2021

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L’Europe à l’image de la météo

Source : Marketwatch.com

Si l’on commence par l’Europe, il suffit de faire une photo instantanée des indices à la clôture de ce mardi soir, 0.1% de baisse à Londres (oui, je sais Londres n’est pas en Europe, sauf quand ça nous arrange), 0.1% de baisse en Allemagne et 0.1% au Royaume de Manu, on ne va pas parler de l’Italie et de l’Espagne, parce que c’est les seuls qui bougeaient encore, surtout l’Espagne, qui plongeait de 1.3% parce que là-bas, le virus repart et que ça commence à se voir. Mais bon, bref, hier en Europe, on attendait. On attendait le début de la saison des trimestriels aux States, le CPI aux States et le témoignage de Powell aux States également. Témoignage qui devrait être l’axe central de la journée qui nous attend. Ça, ainsi que la polémique des vaccins et la météo qui devient clairement déprimante.

Alors comme on attendait sur eux, les Américains ont donné ce qu’ils avaient à donner. Tout d’abord il y avait le CPI. Le Consumer Price Index – en gros – l’inflation. Le chiffre est sorti nettement au-dessus des attentes. Dans un monde normal on aurait flippé parce que le chiffre était trop fort, mais comme depuis la semaine dernière nous sommes passés en mode « zen attitude-parce-que-l’on-sait-que-ça-ne-sera-que-transitoire », on a à peine bronché. Les experts ont analysé cela avec une attitude proche du moine bouddhiste et c’est passé comme une lettre à la poste. Oui, on a constaté que pas mal de choses ont augmenté dans nos vies, à commencer par le coût de l’énergie, mais comme la hausse du baril est AUSSI un signe de bonne santé économique, il faut savoir ce que l’on veut. Et puis il faut noter que le bois ne cesse de se péter la figure ces derniers temps et c’est un soulagement pour tous les gens qui avaient prévu de passer le week-end à acheter des planches pour construire un centre de vaccination au fond du jardin.

Donc, l’inflation, on s’en tape

Sortie officielle le premier septembre

Hier nous avons donc officialisé que l’inflation n’était plus un problème et nous avons admis que notre Dieu des Marchés à tous, Jerome Powell, va s’en occuper tout seul avec ses super-pouvoirs de patron de la FED. L’autre sujet du jour c’était les chiffres trimestriels qui commençaient à sortir. C’est JP Morgan, Goldman Sachs et Pepsi-Cola qui essuyaient les plâtres hier matin. S’il y a une seule chose que l’on doit retenir lors de ces publications, c’est que les trois compagnies étaient LARGEMENT en-dessus des attentes. Après, leur performance journalière ne reflète pas forcément cet état de fait. Ça ne le reflète pas, parce que comme d’habitude, les analystes ont trouvé quelque chose à redire à l’intérieur même des chiffres. JP Morgan a doublé ses profits, mais annoncé une baisse de ses revenus, ce qui justifiait la baisse de 1.5% en clôture – foutus revenus, chez Goldman Sachs, ils ont fait mieux sur les revenus, mieux sur les profits, augmentent leur dividende de 60%, mais on n’était pas content quand même. Il faut dire que les attentes étaient tellement basses que c’était facile de faire mieux. C’était peut-être à cause de ça que ça baissait. Le titre du géant bancaire qui sait tout mieux que tout le monde et qui plus égaux que les autres, a perdu 1.2% sur la séance.

On terminait avec Pepsi-Cola qui a fait tout juste et où personne ne trouvait rien à redire. Non seulement c’était mieux que les attentes, les profits, les revenus étaient meilleurs et EN PLUS, les prévisions pour le reste de l’année étaient fantastiques. Le concurrent de Coca terminait en hausse de 2.3% au plus haut de tous les temps. Et ça n’est d’ailleurs pas le seul à faire de même. Si les indices américains ne battaient pas de records hier soir, Apple, Microsoft et Google s’en sont chargés. Les trois membres des GAFAM’s continuent de cartonner et montrent une forme resplendissante, malgré les risques de procès et les multiples contestations par rapport à leurs tailles gigantesques. Apple a d’ailleurs annoncé qu’ils augmentaient la production d’iPhone de 20% – ça veut sûrement dire qu’ils pensent qu’ils vont les vendre.

En conclusion, si l’on regardait la photo-finish d’hier soir ; la journée aura été chiante, mais pas pour tout le monde. Et puis on constatera surtout que l’on n’est plus trop stressé par l’inflation – il y a 3 semaines, un CPI pareil nous aurait fait disjoncter de manière irrationnelle, mais aujourd’hui tout le monde a confiance en Powell dit « le Messie » et tout le monde sait que cet après-midi, il ne va pas réécrire le discours qu’il va faire au Congrès pour exprimer son angoisse face à la hausse de l’inflation. Non, il va rester calme et pondéré. Il devrait même recommander la patience sachant que les problèmes économiques que nous sommes en train de surmonter comme des seigneurs ne vont pas se résorber en trois minutes et 12 secondes, le temps d’avaler un Big Mac. On table sur le fait que tout va bien se passer tout à l’heure et qu’il n’y a aucune raison de s’exciter plus que cela. C’est d’ailleurs ce que l’on fait ; on ne s’excite pas. Bien au contraire, on serait plus proche de l’emmerdement maximum.

Calme rester il faut

Ce matin l’ensemble des marchés asiatiques sont dans le rouge. Si l’on en croit la presse du matin, on a peur de l’inflation annoncée hier. Inflation qui est au plus haut depuis 13 ans. Les Américains semblent s’en moquer comme de la prothèse de hanche de Joe Biden, mais en Asie, on est un poil plus nerveux. Ce sera visiblement le job de Powell de calmer le jeu tout à l’heure. Sauf qu’à l’heure où Powell parlera, tout sera fermé en Asie. On reste donc assez méfiant et on peut peut-être ajouter que le fait que Bullard, patron de la FED de Saint-Louis, ait parlé hier soir en disant « qu’il serait approprié de commencer à réduire le soutien à l’économie US, étant donné la croissance du PIB et l’inflation », pourrait n’avoir que très moyennement plu aux investisseurs asiatiques qui cherchent d’abord à se rassurer. Le Nikkei est en baisse d’un quart de pourcent, le Hang Seng baisse de 0.6% et la Chine recule de 0.8%.

Pour le reste, nous avons le pétrole qui revient sur le 75$ et l’or qui monte à 1814$. Notons que si l’or monte à coup de 3 dollars par jour, d’ici un an on devrait passer les 3’000$. Ça sent bon le bull market virtuel. Du côté des Cryptos, c’est plutôt le bain de sang général, mais personne ne semble y faire attention. Ou alors je ne suis pas les bons médias, mais disons que le Bitcoin passe sous les 32’000$, en baisse de 3% et c’est celui qui va le moins mal du groupe, l’Ether est en baisse de 7%, tout comme le Dogecoin et le Cardano. Mais bon, ça doit être simplement une saine correction qui mènera à l’opportunité d’achat d’une vie. Sans aucun doute.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, Jerome Powell se taille la part du lion alors que tout le monde se demande comment est-ce qu’il va supporter le stress de l’inflation, l’intégrer au fait qu’il veut rester patient et NE PAS CHANGER de politique, continuer à soutenir, à racheter des bonds et à repousser le tapering à la fin du siècle prochain. Tous les médias y vont de leur opinion. Opinion qui sera confrontée à la réalité dans quelques heures. Autrement il y a Nassim Taleb qui continue sa croisade contre les cryptos, estimant que le Bitcoin vaut zéro et qu’il a totalement échoué comme monnaie et comme hedge contre l’inflation.

Un récent rapport d’un énorme fonds de private equity exprime ses craintes face à la forte demande de financement de la part des start-ups aux USA. Les mots « comme en l’an 2000 » peuvent résonner dans l’esprit de ceux qui était là en 2000 et surtout, ceux qui s’en souviennent encore. Jim Cramer pense que Wynn Resort est un achat à ces niveaux et pendant ce temps, le niveau des hospitalisations à cause du COVID repart à la hausse aux USA. L’an dernier, le COVID avait eu au moins la gentillesse d’attendre la fin des vacances avant de nous reconfiner, mais là tout de suite, ça à l’air un peu plus compliqué. Pour l’instant, les marchés se foutent totalement du retour du virus, mais les articles et les craintes sont de plus en plus présentent dans les médias – par contre les bourses tablent sûrement sur le fait que si tout repart en vrille, il est fort probable que les gouvernements réinjectent de l’argent, de l’argent et encore de l’argent. Reste à savoir où ils vont le trouver. Mais ça, on s’en moque comme de l’an 40, tant qu’il soutient l’économie et les bourses.

Chiffres du jour

En ce qui concerne les chiffres du jour, au-delà du témoignage de Powell, il y aura les chiffres du CPI en Espagne, la production Industrielle en Europe et les inventaires pétroliers. On continue aussi avec les chiffres du trimestre. Aujourd’hui ça sera le tour de Bank of America, Delta Airlines, Wells Fargo, Citi et BlackRock. Encore une fois, nous aurons toute l’après-midi pour laisser libre cours à notre interprétation des chiffres de ce petit groupe. On se réjouit surtout de voir la masse sous gestion de BlackRock qui devrait continuer à monter de façon exponentielle. On se demande d’ailleurs à quel moment les instances supérieures se poseront des questions à propos du concept de monopole.

Pour le moment, les futures sont en baisse de 0.2% et les mots passion et excitation, ne sont pas les premiers qui me viennent à l’esprit. Il me reste à vous souhaiter une excellente journée, quand à moi, je vous retrouve demain, à la même heure et au même endroit !

Thomas Veillet

Investir.ch

« The greatest lesson in life is to know that even fools are right sometimes. »

Winston Churchill