Lundi matin, dernière semaine de trading avant le mois d’août. On vient de pulvériser les plus hauts de tous les temps sur tous les indices américains alors qu’il y a une semaine jour pour jour nous étions au bord du gouffre, terrorisés par le variant Delta qui allait tout foutre en l’air. Mais heureusement, nous avons changé notre manière de « percevoir » les nouvelles et tout est rentré dans l’ordre, nous sommes dans un tout nouveau bull market tout beau tout neuf avec des records à la clé. Reste plus qu’à que les chiffres qui nous attendent cette semaine ne nous fassent pas regretter d’avoir « acheté sur faiblesse » mardi dernier.

L’Audio du 26 juillet 2021

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Du lourd

Ce matin je pourrais revenir sur cette fin de semaine en fanfare qui nous a fait atteindre des niveaux jamais vu en clôture vendredi dernier. Un Dow Jones qui terminait au-dessus des 35’000 pour la première fois de l’histoire ET EN PLUS sur base hebdomadaire. 35’000 alors que le 23 mars 2020 nous étions à peine au-dessus des 18’000. L’indice historique américain aura donc progressé de 92.5% en moins de 18 mois. Des performances qui donnent le tournis alors que rien n’est réglé et que l’économie est sous perfusion de la FED et des gouvernements.

Mais je pourrais aussi vous parler de cette fabuleuse capacité que nous avons de racheter à la moindre faiblesse. Moindre faiblesse qui fait qu’un jour il n’y aura plus de faiblesse, puisqu’on laisse à peine baisser les indices avant de racheter. La dernière correction « majeure » que nous avons vécue, correction qui s’est terminée lundi il y a une semaine, c’était moins de 3%.

On pourrait aussi parler des Banques Centrales qui viennent à la rescousse des marchés à la moindre baisse de performance ou au moindre doute qui vient planer dans l’esprit des investisseurs. La semaine dernière Powell n’a pas parlé et n’a pas fait son discours de motivation habituel basé sur le fait que l’inflation est sous contrôle et que tout va bien se passer. Mais comme il n’a rien dit, c’est Madame Lagarde qui a repris le flambeau en venant dire que la BCE serait là pour soutenir les marchés aussi longtemps qu’il faudra. Cette phrase, ce n’est pas la première fois qu’elle l’utilise, mais étonnement, la semaine dernière on l’a mieux entendue. Mieux comprise. Mieux utilisée.

En résumé, je pourrais vous raconter plein de trucs sur la semaine dernière, je pourrais revenir sur plein de sujets et des réactions qui n’ont pas toujours été très logiques, mais le résultat est là : nous sommes au plus hauts de tous les temps, on se fout totalement du COVID et de sa version Delta, on se fout de ses conséquences et de l’éventuelle possibilité de voir l’économie impactée par de nouveaux confinements ou de nouvelles vagues de contaminations. Sans compter que l’on n’a même pas pris le temps de noter que les chiffres des Jobless Claims se détérioraient depuis 2 semaines. Nous étions bien trop occupés à battre des records que personne n’a pris le temps de noter que ce chiffre, qui est principalement responsable de nos 5 derniers pourcents de hausse cette année, semble à bout de souffle, mais on s’en fout comme de l’an quarante parce que la semaine qui nous attend va être LA SEMAINE de l’année avec du lourd de chez lourd…

Médaille d’or de la publication

Donc, si j’ai bien tout compris, nous somme en mode « positive attitude ». Et il va en falloir de la positive attitude pour pouvoir avaler tout ce que l’on va nous balancer dans la figure pendant toute la semaine. Car oui, vous l’aurez compris, la semaine qui nous attend sera tout simplement une AVALANCHE de publications. Dès ce soir on va attaquer avec Logitech et Tesla, puis on enchainera mardi avec Apple, Microsoft et Google. Facebook viendra mercredi alors qu’Amazon sera là jeudi. Si les GAFAM’s et autres stars de la techno se tailleront la part du lion cette semaine, il faut noter qu’il y aura aussi du monde dans les choses un peu moins « sexy », puisque Ford, Boeing, Procter & Gamble ou encore McDo, seront également de sortie. Il va falloir se concentrer, ne pas perdre trop de temps sur chaque publication et surtout saisir rapidement comment le marché va interpréter la chose.

Les chiffres devraient être à l’image de ce que l’on a vécu depuis le début de la saison : meilleurs que les attentes. Ce que l’on ne sait pas, c’est comment nous allons le vivre. Il y a deux semaines nous étions en mode « il faut tout vendre les bonnes nouvelles parce qu’on le savait déjà » et la semaine dernière c’était l’inverse et nous avions retrouvé toute la candeur de notre enfance et tous les chiffres ont été interprétés comme une nouvelle absolument géniale. On l’a vu avec Twitter et SNAP. Le hic, c’est que lorsque vous regardez les graphiques de Google, Facebook, Apple et compagnie, les performances sont quasiment toutes autour des 10% depuis le début du mois de juillet. On peut dire qu’une bonne partie des « bonnes nouvelles » sont dans les prix ou alors on est vraiment à côté de la plaque. Le seul titre des GAFAM’s qui se traîne ce mois, c’est Amazon et le titre ne monte que de 6%. Le reste est en folie et c’est là que tout va se jouer.

Si les chiffres sont excellents, il va falloir qu’ils soient vraiment excellents, sinon je ne vous dis même pas comment on va nous expliquer le concept de « prise de profits parce qu’on savait déjà ». Et puis comme si ça ne suffisait pas, cette semaine il y aura aussi le meeting de la FED et là aussi, il va y avoir du lourd.

Powell et la crainte du tapering

Si la BCE a affiché son soutien à l’économie la semaine dernière, les deux jours de réunion de la banque centrale américaine aura aussi son mot à dire mercredi soir. Heureusement qu’avant le communiqué de presse de mercredi, il y a plein de chiffres qui vont nous occuper l’esprit, sinon on se serait retrouvé à tourner en rond en se rongeant les ongles de peur que Powell fasse une faute de syntaxe dans sa déclaration et que pendant deux jours on revienne dans un mode panique parce que le « tapering » sera notre préoccupation première.

Car oui, ne nous leurrons pas, si le mois dernier notre obsession aura été de savoir si l’inflation était transitoire ou pas et si la FED était capable de maitriser cette dernière – chose qui semble un peu dans les mœurs et convictions profondes depuis 10 jours – cette fois ce qui va nous intéresser principalement, c’est le fait d’en savoir plus sur le « tapering ». Pour ceux qui ont oublié le concept depuis la dernière fois que l’on a utilisé la chose, le tapering est le fait que la banque centrale va réduire ses achats obligataires qui lui permettent indirectement d’injecter du pognon dans le système. Actuellement la FED injecte 120 milliards tous les mois et on s’attend à qu’elle envisage peut-être un jour de tirer la prise progressivement pour laisser l’économie se débrouiller toute seule progressivement toujours. Il est peu probable que le « tapering » se mette en branle cet été encore, mais comme la FED devrait en parler mardi et mercredi, on s’attend en savoir un peu plus mercredi soir. Le « tapering » étant la première étape avant une hausse des taux, je vous laisse imaginer ce que le communiqué de presse de mercredi soir pourrait avoir comme effet sur le psyché des investisseurs et autres traders à haute fréquence avec une vision long terme sur le prochain quart d’heure.

L’Asie fait le grand écart  

L’Asie entame la semaine avec des directions différentes. Pendant que le Japon ouvre sa semaine en hausse pour compenser un long week-end à cause des Jeux Olympiques, la Chine et Hong Kong sont en forte baisse parce que les tensions entre la Chine et les USA continuent de peser sur les titres chinois dont plus personne ne veut à cause de l’ingérence du gouvernement chinois. La tension devient palpable et les performances dramatiques. Il va falloir envisager de se mettre d’accord un jour, sinon ça va mal se finir.

On  peut parler du pétrole qui remonte au-dessus des 71$ et de l’or qui ne fait plus rien et qui ne sert plus à rien, mais LA NOUVELLE DU JOUR, c’est le Bitcoin qui explose à nouveau à la hausse et qui repart sur le chemin des 100’000 à Noël. Oui, depuis hier c’est la folie à Crypto-Land où toutes les monnaies repartent de plus belle depuis que quelqu’un a vu quelque part dans un rapport qui n’a pas été publié et qui n’est pas officiel, qu’Amazon pourrait annoncer éventuellement peut-être que dès la fin de l’année, ils accepteront les Bitcoins comme monnaie valable pour faire du shopping chez eux. Pas besoin de vous faire un dessin pour que vous compreniez ce qui se passe… Le Bitcoin a passé brièvement la barre des 39’000$ et les experts en analyse technique et en crypto-monnaies ont déjà un nouveau target depuis que le triangle descendant a été cassé à la hausse et, cet objectif est à 46’200$. Ça a le mérite d’être clair. Pendant que le Bitcoin s’envole et qu’il ne pollue plus par sa consommation d’électricité, le reste du secteur en profite également, puisque ce matin, tout est vert foncé.

Nouvelles du jour

Pour ce qui est des nouvelles du jour, on reprend un peu les mêmes et on recommence. Il y a donc le COVID et sa version Delta qui fait parler de lui, puisque le taux nouvelles infections repart à la hausse dans la région de Los Angeles, que les athlètes ont le droit d’enlever leurs masques pour faire des photos sur le podium (que de liberté) et que, pendant ce temps, les Français ont passé leur loi sur le pass sanitaire acclamant leur bien-aimé et génialissime leader au passage, pendant que l’autre moitié des non-vaccinés sont dans la rue. Pour le reste, on parle des chiffres de Tesla qui vont tomber ce soir et de ce qu’il faudra noter ; la sortie de leur pick-up monstrueusement moche et le shortage de composants électroniques qui pourraient impacter les ventes, tout comme le business en Chine qui pourrait se compliquer ces prochains temps, sachant que distribuer des models 3 sur Mars ne semble pas une option pour le moment.

Le fonds japonais Vision Fund, qui appartient à Softbank, s’est pris une claque mémorable sur DIDI, le montant de la baffe se situe autour des 4 milliards. On ne serait pas étonné que le Crédit Suisse soit impliqué dedans, c’est assez leur genre. D’ailleurs, à propos de Crédit Suisse, on notera qu’ils ont trouvé un accord avec leur histoire d’espionnage. Le dossier est bouclé et on ne sait pas encore à combien s’élèvent les compensations, ni le montant de droits qui ont été vendus à Netflix. Notons encore un article de CNBC qui liste discrètement le nombre de sociétés qui sont en train de monter les prix de leurs produits parce que les coûts de production et les matières premières prennent l’ascenseur. Alors je sais bien que l’inflation ne sera que transitoire, mais le transitoire pourrait quand même durer un peu et Jerome Powell pourrait sentir le souffle du boulet lorsqu’il passera tout près de lui.

Chiffres du jour

En ce dernier lundi de juillet, les premiers à ouvrir le feu seront les Allemands avec les chiffres de l’IFO, puis ce soir les Américains annonceront les New Home Sales. Pour ce qui est des trimestriels, nous allons attaquer la journée avec les chiffres de LVMH, LE titre qui ne semble plus jamais vouloir s’arrêter de monter et rendre Bernard Arnault encore plus riche. Et puis, mis à part ça, il y aura aussi d’autre sociétés en Europe, il faudra surveiller Philips ; Michelin et Lagardère. Aux USA il y aura Lockheed Martin, Hasbro et puis Tesla et Logitech après la clôture.

Pour l’instant les futures sont dans le rouge, en baisse de 0.5% et on a l’impression que les bisbilles entre Chinois et Américains angoissent un peu le monde de la finance. À moins que ce soit les infections au COVID ou alors le fait que Poutine ait annoncé que sa flotte pourrait frapper préventivement n’importe qui… Allez savoir. La grande question restera de savoir si cette semaine nous allons voir le verre à moitié plein, comme la semaine dernière. Ou alors allons-nous le voir à moitié vide, comme la semaine d’avant ? Les jeux sont faits, rien ne va plus.

Passez un excellent lundi et pour ceux que ça intéresse, vous pourrez nous retrouver, Marco et moi, en webinaire online en direct de chez Swissquote, ce soir à 18h. Et pour le reste, on se retrouve demain à la même heure et au même endroit.

Thomas Veillet

Investir.ch

 

“I’m sick of following my dreams, man. I’m just going to ask where they’re going and hook up with ’em later.”

 

Mitch Hedberg