En lisant les nouvelles du jour, du week-end et en analysant la semaine dernière, la première chose qui vient à l’esprit ; c’est la solidité du marché. Ou alors devrais-je dire la résistance, la résilience. Jamais dans l’histoire, la haute finance internationale n’aura montré une telle capacité de ne voir et entendre que ce qui l’intéresse, mettant de côté tout ce qui pourrait desservir à cette marche en avant des bourses mondiales. Et puis en même temps, quand on regarde un peu plus loin que les deux prochaines heures, le nombre de personnes qui s’attendent à un krach tout soudain, ne cesse d’augmenter. Et c’est d’ailleurs peut-être pour ça que l’on ne baisse pas.

L’Audio du 9 août 2021

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Les Non Farm Payrolls au top

Il y a une chose que je ne pensais pas écrire en 2021 – tellement les analystes et les économistes sont faux depuis le début de l’année – c’est « comme le prévoyaient les attentes »… Oui, en effet, « comme le prévoyaient les attentes », les chiffres de l’emploi – les Non Farm Payrolls de vendredi dernier étaient excellents. 943’000 emplois créés contre 845’000 attendus par la communauté des merveilleux prédicateurs financiers. À ce stade-là, après avoir été faux sur à peu près tout depuis des semaines, 100’000 à côté, c’est presque carrément exact. Ne pinaillons pas. Donc les créations d’emplois étaient meilleures que les attentes et le taux de chômage est même tombé plus bas que prévu.

On peine à garder notre calme devant tant de bonnes nouvelles et pourtant la fin de semaine n’aura pas été non-plus explosive comme on aurait pu s’y attendre après des chiffres pareils. Il faut dire que comme beaucoup de choses ces derniers temps ; on s’y attendait et en plus les bourses n’ont plus l’air d’avoir la volonté d’aller vraiment plus haut. Les records tombent jour après jour, mais on ne peut pas dire que l’on s’envole toujours plus haut. Si on osait, on dirait que le marché est assez pataud et semble à bout de force pour vraiment accélérer à la hausse. Les recommandations de Goldman Sachs de la semaine dernière n’ont pratiquement pas eu d’écho sur les indices et pour l’instant, les traders s’apprêtent à prendre leur pause estivale et nous allons rentrer dans une période de volumes très bas qui nous mènera jusqu’à la rentrée. Rentrée durant laquelle nous allons nous attendre à voir venir le krach tant attendu et tant prévu par la communauté financière.

Krach annoncé

Pour le moment, les bourses mondiales et les investisseurs de tous bords ont tendance à regarder ce qui les intéresse et à détourner le regard quand ça ne les intéresse pas ou que cela pourrait avoir des conséquences fâcheuses pour la suite. On en veut la preuve de la presse qui salue les NFP de vendredi dernier, mais qui refuse de revenir la moindre sur les chiffres pourris de l’emplois ADP de mercredi dernier. On préfère saluer et encenser ce qui va bien. Ou mieux que de revenir sur les choses susceptibles de mal tourner. Il est d’ailleurs assez intéressant de voir que l’on ne se préoccupe plus du COVID et de ses dérives depuis des semaines et que – peu importe les conséquences de la vague de variant Delta, Lambda, Gamma ou Omega, Wall Street semble immunisé à vie des éventuelles conséquences. Après tout, à la fin les banques centrales interviendront et les gouvernements aussi. Alors pourquoi s’en soucier.

Pourtant, il y a quand même une « certaine » partie du marché qui s’inquiète du COVID, c’est le pétrole. Le Baril est la pire performance de la semaine dernière parce que tout le monde s’inquiète de la suite pour lui. En effet, on vend le baril – indicateur de bonne santé économique s’il en est – parce que si le COVID repart à l’assaut de nos hôpitaux, les gens ne vont plus sortir de chez eux, plus prendre l’avion, plus prendre le bateau et ne plus JAMAIS faire le plein de la voiture – sauf de la voiture électrique, mais là ça ne compte pas – dans cette crainte de voir la consommation pétrolière chuter drastiquement, les vendeurs sont donc de sortie et tout le monde trouve ça normal et logique. Sauf que la mauvaise nouvelle n’impacte « que » le pétrole et pas le reste de l’économie. Si les gens ne sortent plus de chez eux, il n’y a QUE le pétrole qui va en subir les foudres. Tout le reste va cartonner, soutenu par les stimulus est autres banques centrales.

En attendant, on bat des records

Nous voici donc à un tournant. Les bourses montent à coup de hausses homéopathiques, poussées par des chiffres économiques interprétés de façon assez libertaires à chaque fois et pourtant, quand on sonde un peu autour de nous, tout le monde semble assez d’accord pour dire qu’à partir de début septembre c’est la saison des krachs qui recommence et cette fois, c’est sûr, on va se le prendre. Ça n’est pas dans les journaux, pas dans les médias « officiels » mais pourtant, il semble de plus en plus évident que tout le monde « sait » que l’on va baisser cet automne. C’est d’ailleurs peut-être pour cela que l’on ne baissera pas.

Pour faire simple, cette nouvelle semaine qui s’offre à nous sera probablement basée sur les mêmes éléments que les semaines précédentes, avec tout simplement moins de volume parce que les « gros » chiffres sont sortis et que tout le monde semble prêt à faire un break de fin d’été avant de retourner au charbon. Ça nous laissera le temps de voir comment évolue la pandémie et de voir si on nous remet en taule d’ici l’automne. En tous les cas, on peut parier sur le fait l’on va nous reparler d’inflation et que certains vont utiliser les chiffres de l’emploi de vendredi pour se demander si ces derniers ne sont pas l’excuse que la FED cherchait pour commencer à réduire leurs achats obligataires hebdomadaires. Il faut bien que l’on s’occupe et que l’on justifie les salaires exorbitants de certains.

Nouvelle semaine en Asie aussi

Ce matin le Japon est fermé, mais après un début de séance hésitant, Hong Kong et la Chine ont fini par prendre le parti de la hausse. Les futures américains sont indiqués en baisse de 0.2% et on sent que nous sommes en mode « wait and see ». En plus du pétrole qui est sous pression, on a l’or qui a finalement fini par se réveiller et du coup, il plonge sous les 1750$ après qu’une série de « stop-loss » se soient déclenchés à la baisse lors de la rupture des 1800$. Lui qui ne faisait rien depuis des semaines, le voici qui décide de partir au Sud. Et comme disait un « expert » ce matin : «  qui voudrait avoir de l’or dans son portefeuille quand on peut avoir des rendements » – la remarque faisait référence au rendement du 10 ans US qui est remonté de 0.10% sur les annonces de vendredi. C’est vrai que 0.10% de rendement de plus, c’est de la folie pure.

Pendant ce temps nous aurons vécu un week-end explosif sur les crypto-monnaies, puisque le Bitcoin a frisé les 45’000 avant de se replier, tout comme l’Ether qui a cassé les 3’000 avant de se redégonfler. Mais que l’on se rassure ;  les experts en analyse technique sur la crypto nous assurent que ce n’est que le début d’un nouveau cycle haussier qui se confirmera par la cassure des 45’000$ pour la star des nouvelles monnaies bizarres que l’on ne comprend pas toujours. Je dois dire que j’envie tous ces gens qui savent où l’on va et comment on y va. Moi ça fait 30 ans que je fais ça et ça fait 30 ans que j’ai des doutes, mais la nouvelle génération, elle, elle sait. Quelle chance.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, c’est désespérément calme, il y a juste un article sur deux qui est lié à l’évolution de la pandémie, pendant que l’autre article est au sujet des chiffres de l’emploi de vendredi dernier. On continue à faire la longue liste des chiffres du trimestre qui vont tomber cette semaine – on retiendra Berkshire Hathaway, BioNTech et AMC pour les plus marrants de la journée et pour le reste, c’est vraiment le mois d’août et l’extrême calme semble prendre le dessus. Sans compter que niveau chiffres économiques, ça n’est pas mieux. Mis à part les JOLTS aux USA, il va falloir attendre que la semaine se lance pour de vrai pour que l’on ait des choses à dire.

On attend toujours l’approbation du nouveau stimulus pour les infrastructures qui devrait venir dans les jours qui viennent, mais qui se fait un peu désirer et pour le reste, il va falloir prendre les choses au fur et à mesure sans se faire trop d’illusions tellement il ne semble rien se passer en ce début de semaine.

Vu l’ambiance et l’absence de cette dernière, il me reste à vous souhaiter un très beau lundi et on se retrouve mercredi pour faire le point pour ne pas gâcher trop d’encre quand il n’y a rien à dire.

Thomas Veillet

Investir.ch

“People who think they know everything are a great annoyance to those of us who do.”

Isaac Asimov