Des questionnements, des interrogations et un volume maigrelet pour continuer de s’enfoncer dans un été qui semble plus bizarre que jamais.

L’Audio du 16 août 2021

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Records à la chaîne

Que ce soit le Dow Jones ou que ce soit le S&P500, les indices américains sont en folie et ne semblent pas vouloir arrêter de battre des records. Ce ne sont pas des hausses stratosphériques, mais des hausses qui suffisent pour battre des records. Les volumes sont absents et l’intérêt n’est pas non plus fabuleux. On se concentre sur deux-trois titres, sur quelques sujets et cela suffit pour occuper nos journées. Suffit pour battre des records.

La semaine dernière le Nasdaq et le Semi-conducteur Index semblaient marquer le pas et au fond de moi, j’avais l’impression que quelque chose se tramait. Alors que les autres indices battaient de records aidés par l’impatience de voir arriver le dernier stimulus en date pour pousser les titres de l’infrastructure, les indices technologiques semblaient ne plus pouvoir aller en avant. Étaient-ils en train de nous préparer la lente glissade que nous attendons tellement depuis des mois – glissade qui est mise en avant dans un article sur deux dans le médias financiers – mais finalement, en toute fin de semaine dernière, le rebond de ces deux indices me faisait tourner la tête et me demander si nous n’étions pas finalement au début d’une nouvelle accélération haussière pour cette fin d’été. Je dois dire qu’il n’est pas simple d’avoir une vision un peu plus long terme actuellement.

Même en Europe

Toujours est-il que les records tombent. Même en Europe, le DAX est dans une hausse permanente et le CAC40 n’est plus qu’à quelques encablures de son record de l’an 2000. 6944.77, retenez bien ce chiffre, c’est le niveau que le CAC40 doit franchir pour toucher les plus hauts de tous les temps. Niveau que le Roi Macron doit scruter attentivement afin de pouvoir rouler les mécaniques au 20 heures de TF1. Imaginez, amener l’indice national au plus haut de tous les temps au milieu d’une crise économique et sociale monstrueuse, il aura de quoi faire le malin. Avec ça et l’arrivée de Messi, ça devrait lui suffire pour être réélu en mai, juste quand ses concitoyens ressortiront de confinement.

La Suisse est également au plus haut de tous les temps. Le SMI semble ne plus pouvoir s’arrêter. Bon nombre de ses composants sont dans une configuration que je qualifierais de « tendance haussière explosive ». La force relative de la hausse est impressionnante et le paradis économique que la Suisse offre à l’air de payer. Ça paye tellement bien que l’on se demande même comment ça pourrait baisser un jour. Tout va tellement trop bien que la marche en avant est inexorable.

Mais… Oui, parce qu’il y a toujours un mais

Mais, parce qu’il y a toujours un mais, on peut quand même se demander à quel moment on va tourner la veste. Soit, aujourd’hui nous sommes dans un bull market permanent qui ne veut plus s’arrêter, mais il y a quand même deux-trois choses qui semblent se présenter comme des dangers imminents, bien que pour l’instant, personne ne veut le voir ou même en tenir compte.

Tout d’abord il y a le COVID, alors oui, je sais, on sait depuis longtemps que le marché s’en moque comme de son premier stop-loss, mais disons que les chiffres sont mauvais et que quoi que l’on veuille bien en penser, vaccin ou pas vaccin, les données sont de pire en pire et l’automne pourrait être très très moche à nouveau. Pour le moment les marchés s’en tamponnent et ça à l’air d’être un « non-event » notoire, mais que se passerait-il si on commençait vraiment à flipper à nouveau. Est-ce que nos politiciens magiques seraient capables de nous reconfiner ET de nous trouver un nouveau stimulus bricolé avec des bout de ficelles au fonds de leurs hémicycles et de leurs bureaux avec des dorures un peu partout ? Je pose juste la question.

Vendredi les chiffres de la confiance du consommateur version Michigan étaient catastrophiquement faibles et je sais bien que ces chiffres se rapprochent plus du Muppet Show économiques que de vrais chiffres qui tiennent la route au niveau national. Mais quand même, ils n’étaient vraiment pas bons. Quand va-t-on prendre conscience que la confiance s’érode et que la fatigue s’installe chez le consommateur. Pour ne pas dire le RAS-LE-BOL… Là aussi, je pose juste la question.

Et puis il y a l’inflation. D’un côté on nous dit que tout va bien et le gouvernement, les gouvernements, nous sortent des jolis petits chiffres bien emballés dans du papier doré et tout semble parfait, tout semble rassurant. Pourtant, sur le terrain les entreprises peinent à se fournir en matières premières, pas un jour ne se passe sans que l’on entende parler d’une compagnie qui répercute ses coûts de production en augmentation sur le client final. On peut donc se demander si l’on veut nous faire croire que l’on vit dans le monde des Télétubbies alors qu’en réalité, on est plus proche de Mad Max et le Dôme du Tonnerre. Je pose juste la question.

Pour terminer ce petit bilan du lundi matin et ma série de questions que je me pose, je voudrais savoir ce que l’on pense du fait que certains ports chinois stratégiques sont complètement fermés à cause du COVID et ce que l’on pense du fait que le prix du container qui vient d’Asie a explosé ces dernières semaines et que ça n’a pas l’air de s’améliorer. Dans ce cas aussi, doit-on continuer à penser que l’on se fout du COVID et que cela n’aura pas non plus de conséquences sur l’inflation ? Là aussi, je pose la question, juste avant de retourner me coucher, mais je la pose quand même.

L’Asie se pose aussi la question

Les bourses asiatiques étaient en baisse ce lundi après qu’une série de données chinoises ait révélé un ralentissement assez fort du moteur de la croissance mondiale. Et ce au moment même où une grande partie du monde s’efforce d’endiguer la propagation de la variante Delta du COVID-19 par des vaccinations. Ce qui n’a pas vraiment l’air de fonctionner si l’on en croit les derniers chiffres. Du côté économique chinois, les chiffres relatifs aux ventes au détail, à la production industrielle et à l’investissement urbain pour le mois de juillet ont tous manqué les prévisions, une tendance qui ne peut que s’aggraver compte tenu du récent renforcement des restrictions liées au coronavirus dans le pays, comme précédemment mentionné : la fermeture de certains ports, par exemple.

Pourtant ce matin ça n’est pas la Chine qui pèse, mais plutôt le reste. L’indice chinois est en hausse de 0.15%, pendant que Hong Kong recule de près de 1% et le Japon plonge de 2%. Ce qui est assez fascinant en Asie, c’est que c’est la Chine qui a des problèmes, mais c’est le Japon qui paie l’addition boursière.

Pour le reste, le pétrole baisse à cause des doutes sur, je cite : les éventuels ralentissements de la consommation dus au COVID » – ralentissement de la consommation qui ne seront bien sûr, uniquement centrés sur le pétrole. Ce matin le baril est à 67.42$. L’or remonte gentiment après sa récente cassée de gueule et l’on se traite à 1780$. Et puis, du côté des cryptos, c’est la fête au village. Le Bitcoin est à 47’800$ – au plus haut de ces dernières semaines – et l’Ether semble ne plus vouloir jamais baisser. À l’heure actuelle, il s’échange à 3’310$.

Nouvelles du jour

La nouvelle du jour, même si ça n’a pas grand-chose à voir avec la finance, c’est la nouvelle humiliation militaire américaine. À peine quelques jours après le retrait des troupes US, les Talibans ont repris le pouvoir à Kaboul. Vous pouvez déjà rayer le pays pour vos destinations de vacances éventuelles pour les 15 prochaines années, pas sûr qu’un autre pays ait envie de retourner s’embourber là-bas. Quoi qu’il en soit l’équipe de Biden est « choquée » de voir à la vitesse avec laquelle le gouvernement mis en place par les Américains s’est fait laminer par une équipe de débiles mentaux à cheval. Dès demain la loi de la charia pourra faire son retour et on peut imaginer que les 1’000 milliards qui ont été dépensé là-bas par l’armée US auront donc officiellement servi à rien. Pathétique nouvelle défaite américaine qui n’arrive plus à rien depuis 1945. Le Président sénile a envoyé 5’000 soldats sur place pour évacuer les Américains qui étaient encore là-bas et ça ressemble furieusement à la chute de Saigon à l’époque. Ce matin des « experts » en finance tergiversent sur l’impact de ce qui se passe en Afghanistan pourrait avoir sur les marchés boursiers.

Cherchez pas trop les gars, la bonne nouvelle c’est que généralement on se fout pas mal de ce qui se passe là-bas et c’est pas en analysant le fait que Lockheed Martin a pris 880% depuis le début de la guerre en Afghanistan que l’on va pouvoir en tirer des conclusions utiles. Concentrons-nous plutôt sur le regard vide de Joe Biden, ça aura probablement plus d’impact sur les bourses à terme que l’Afghanistan. Mais une chose est sûre, en voyant les photos de ce matin, les photos du « nouveau gouvernement Afghan », on voit tout de suite qu’on affaire à une belle brochette de vainqueurs. Je ne suis pas certain qu’à 12 dans la pièce, ils arrivent à 200 de QI en les cumulant.

Pour le reste, il y a une interview dans le FT, avec le patron de Pfizer. Albert Bourla a déclaré : « Nous sommes la machine à vaccins la plus efficace ». Oui, on voit bien que ça marche du feu de Dieu. En tous cas en ce qui concerne les résultats trimestriels. Mais ça pourrait être mieux si on obligeait les vaccins et si on obligeait à répéter les injections tous les 6 mois… Je suis sûr que ça serait encore mieux…pour les trimestriels de Pfizer. On parle aussi de l’augmentation des cas de COVID et de quand est-ce que l’on atteindra le « pic » de la vague dans le Barron’s de ce week-end. Il est intéressant de voir que l’on a demandé à des analystes financiers qui couvrent généralement les marchés boursiers ou l’économie en général, de donner leurs prévisions sur la vague de contamination de l’été… Déjà les mecs ils sont faux la plupart du temps sur de l’analyse de spreadsheet excel, mais là ils pensent être juste à propos de la propagation d’un virus que personne ne comprend vraiment – sauf Emmanuel Macron, parce que n’oublions pas qu’Emmanuel est plus fort que tout le monde et que lui, il a expliqué aux scientifiques comment ça marchait – mais des analystes financiers qui donnent leur avis sur l’expansion de la pandémie, je pensais que le Barron’s valait mieux que ça. C’est un peu comme si on me demande à moi, de faire un article positif sur les voitures électriques, c’est ridicule.

Chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres du jour, il n’y aura rien. Par contre cette semaine on va quand même checker les Minutes du FOMC Meeting, les chiffres des retailers et ceux de Nvidia, mais ça sera plus tard dans la semaine. Plus tard après plus de records. À moins que l’on mette un coup de frein à la série ; ce matin les futures sont en baisse de 0.25%, mais c’est encore un peu tôt pour leur donner le moindre crédit.

Je vous souhaite un excellent lundi et un très bon début de semaine. Puisque nous sommes toujours au milieu du mois d’août où rien ne se passe et où personne ne se lâche vraiment, on repousse la prochaine chronique à mercredi matin ! Entre deux, vous pouvez toujours me retrouver sur Instagram en suivant Morningbull_World. Excellent début de semaine et à mercredi !

Thomas Veillet

Investir.ch

« He knows nothing; he thinks he knows everything – that clearly points to a political career. »

George Bernard Shaw