Il est étonnant de voir comme nous sommes capables de naviguer entre positivisme et négativisme à la vitesse de la lumière. La question n’est pas de savoir si nous serons plus haut dans 12 mois, non. La QUESTION est de savoir si nous serons plus haut OU plus bas CE SOIR. Et demain est un autre jour. On a le clair sentiment que les traders ont commencé le mois en se disant que quoi qu’il arrive, ils finiraient la journée 100% CASH. La séance d’hier aura été clairement placée sous le signe de l’hésitation et on n’a pas ménagé nos efforts pour expliquer nos décisions parfois douteuses et peu convaincantes. 

L’Audio du 3 août 2021

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Tout est centré sur les chiffres du trimestre

À ma gauche, le camp des optimistes

Si vous regardez du côté de ma main gauche, vous trouverez le camp des optimistes. Bon, c’est une figure de style. Vu que sous nos contrées on lit une chronique de haut en bas, vous pouvez aussi dire qu’en haut de la page, vous avez les bullishs et en bas de la page, ceux qui sont déjà en position latérale de sécurité. Néanmoins, il me paraissait intelligent (si j’ose dire) de lister les arguments qui ont permis au marché d’entamer la journée dans le vert et de laisser croire au monde merveilleux de l’investissement, que le mois d’août commencerait à la manière d’un jeune cabri qui sautillerait dans les champs.

I comme « Il faudrait quand même qu’on vote »

Tout d’abord il y a le plan magique d’infrastructure de Biden. On sait tous qu’il va être approuvé. Il est d’ailleurs approuvé « en principe », mais ils doivent encore le voter. Le « ils » c’est les sympathiques politiciens américains qui sont en train de préparer leurs vacances du mois d’août et qui sont moyennement pressés d’en finir. Déjà qu’ils n’ont pas eu le temps de signer un nouveau moratoire empêchant les expulsions des locataires qui ne peuvent plus payer leurs loyers avant de partir en vacances. Il ne faut pas trop les stresser pour un nouveau plan de soutien économique qui va injecter des milliards et des milliards dans des nouveaux projets d’infrastructures. Des milliards dont on n’a pas encore trouvé le premier centime. Mais c’est pas grave, comme on dit : « heureusement il y a la dette ! LA DETTE ! ».

À moins que soit Danette, mais j’ai un doute, soudainement.

S comme SOX

Donc le premier point positif c’était le plan d’infrastructure qui va devrait « presque » être approuvé. La seconde bonne nouvelle c’est les semi-conducteurs qui cartonnent, qui publient des chiffres canons et qui font des commentaires canons. L’indice SOX termine au plus haut de tous les temps et casse sa résistance. Il y a cependant un point négatif, mais je vais le garder pour le paragraphe suivant. Mais retenons déjà que ça termine haut, très haut et que On Semiconductors a fait un carton ce trimestre et que le titre prenait plus de 10%

R comme « regarde-moi ça comme ces chiffres du trimestre ils sont trop bons »

Le troisième point positif, c’était les chiffres du trimestre qui continuaient de faire un strike tous azimuts. C’est d’ailleurs surtout en Europe que l’on saluait la chose. Aussi parce qu’en Europe on n’a pas eu le temps d’avoir TOUTES les mauvaises nouvelles côté USA. Mais il fallait quand même retenir que près de 90% des sociétés ont fait mieux que les attentes. Et que le mieux est en général 16% au-dessus des attentes. Alors je ne sais pas si ça change grand-chose à l’interprétation du « schmilblick » – surtout que c’est un chiffre fournit par le Crédit Suisse, ce qui met les choses en perspectives – mais disons que l’on ne peut décemment pas dire que c’est une mauvaise nouvelle.

Pour être parfaitement complet dans ce chapitre, on notera aussi que Madame Lael Brainard, économiste ET membre de la FED depuis 2014 a annoncé que selon elle, il n’y avait pas d’urgence à réduire les achats obligataires, ce qui sous-entend qu’il y a encore moins d’urgence à monter les taux.

En résumé, c’est toutes ces BONNES NOUVELLES qui permettaient à l’Europe de finir en hausse et aux USA de COMMENCER la journée en hausse. On notera encore qu’en Europe, Allianz s’est faite décimer après avoir annoncé que leurs résultats futurs pourraient être impacté par l’enquête qui est ouverte sur leurs fonds Structured Alpha funds – des fonds qui se sont fait déchirer dans la première phase de la pandémie et qui sont maintenant poursuivis en justice et sous enquête des autorités américaines. Le management d’Allianz ne peut pas dire ni combien, ni comment ça va se finir. L’action a perdu plus de 7% hier à Francfort, pesant sur le DAX et sur le moral des investisseurs. Mais je me rends compte que j’ai déjà entamé le chapitre des mauvaises nouvelles et entaché ainsi celui des bonnes nouvelles. Un peu à l’image des marchés hier.

À ma droite, le camp des pessimistes

Si l’on fait abstraction de l’Europe, c’est le camp des pessimistes qui l’a emporté. Quoi qu’Allianz en a pris plein les dents quand même. Mais ne mélangeons pas indice et action, ça serait péché. Pour revenir sur côté déprimant de la séance d’hier, je ne sais pas trop par quoi commencer, je vais donc entamer la cession par ce qu’il y a de plus évident : le COVID.

C comme « variant Delta »

Hier les intervenants ont pris conscience que tout ce qui nous a fait flipper ces derniers mois durant notre période « pandémie » semble de retour : les cas « graves » en augmentation, les hospitalisations en augmentation, les surcharges hospitalières : en augmentation, l’égo d’Emmanuel Macron : en augmentation, l’utilisation des masques à tout va redevenu extrêmement populaire, sans compter que même les vaccinés sont contaminés plus ou moins comme le reste et qu’en plus Pfizer et Moderna ont augmenté les prix des vaccins – bon, ça on s’en fout les vaccins c’est pas nous qui paient. C’est le gouvernement qui paie avec nos impôts. Ah oui, ok. Donc c’est nous qui paient et du coup ça fait bien partie des mauvaises nouvelles COVID India Made in Delta.

C comme « Caramba, encore raté »

Une des autres mauvaises nouvelles du jour, c’est l’ISM Manufacturier qui était EN-DESSOUS des attentes. Comprenez que les économistes se sont vautrés dans leurs calculs – un peu comme sur à peu près tout en ce moment, d’ailleurs – et qu’en plus d’être EN-DESSOUS des attentes, l’ISM était en-dessous de celui du mois passé ! Ce qui laisserait supposer que l’économie ne serait plus aussi dynamique qu’elle le fût il y a 30 jours. Cela n’a probablement rien à voir avec le fait que la moitié de la planète est à la plage à se refiler le COVID dans les boîtes de nuit qui acceptent le QR Code de ta carte Migros en guise de passe sanitaire. Mais disons que cette « mauvaise nouvelle » d’hier pesait sur le marché, bien qu’elle soit moins grave qu’une autre mauvaise nouvelle, parce que celle-là, dans 24 heures – peut-être même moins – on va nous dire que c’est un mal pour un bien, parce que ça limite les risques côté inflation. Comme quoi dans tout malheur, il y a quelque chose de bien.

S comme « salade de mauvaises nouvelles »

Et comme il était écrit que ça allait mal finir hier, on nous a fait un « combo » de mauvaises nouvelles avec :

1) l’effondrement des rendements du 10 ans américain qui fait toujours hyper-peur mais que l’on ne sait jamais trop comment l’interpréter et comme toujours, quand on ne sait pas : on vend. Actuellement, le rendement est à 1.18%, mais hier c’était pire et si on fait de l’analyse technique là-dessus, ce truc va à 1% – purement symboliquement.

Graphique du rendement du 10 ans US – Source : Tradingview.com

2) il y a un autre membre de la FED qui a parlé. Un Monsieur cette fois. Un Monsieur qui s’appelle Christopher Waller et qui a dit plus ou moins le contraire de Lael Brainard. Comme quoi, la communication à la FED n’est pas leur point fort. Waller estime qu’il faut se magner de ralentir les achats obligataires et donc, in-extenso, se magner de remonter les taux pour freiner l’inflation qui, je le rappelle, n’est que transitoire.

3) on ajoutera encore à la liste de ce lundi médiocre ; les semi-conducteurs. Je l’ai déjà dit, l’indice a terminé au plus haut de tous les temps, mais DURANT la séance, il nous a gratifié d’un reversal qui ressemble furieusement une « shooting star », ce qui, malgré son nom poétique, n’est pas forcément une bonne nouvelle ; mais plutôt un mauvais présage ou l’occasion de faire un vœu d’avoir des puts dans son portefeuille.

4) et l’on terminera avec le pétrole qui s’est fait démonter parce qu’on avait peur d’un ralentissement de la croissance et d’une baisse d’activité en Chine. Disons que le baril était une victime collatérale de l’ambiance pourrie de cette fin de séance.

Pour faire simple, hier ça aurait pu être une bonne journée. Ça l’a d’ailleurs été en Europe. Mais à la fin on a quand même pris la décision qu’il était plus raisonnable de tout vendre en attendant demain.

Et maintenant quoi ?

Après avoir longuement listé toutes les infos revigorantes et déprimantes de la journée, on peut largement se demander ce que l’on va faire aujourd’hui. Du point de vue des futures, on semble s’accrocher au pinceau et ils sont légèrement en hausse. Par contre, en Asie tout est dans le rouge parce que, je cite : « la peur de la pandémie surpasse l’enthousiasme des chiffres trimestriels » – ce qui ferait un excellent titre de série B pour être tourné par Netflix avec une star d’Hollywood qui cherche du boulot pour payer ses impôts en retard.

Le pétrole est donc de retour à 71$. Ensuite je vais me répéter au sujet de l’or, mais il faut bien reconnaître qu’il ne fout absolument rien et que ce truc est devenu d’un ennui absolument terrifiant. On dirait la huitième saison d’une série télé quand les scénaristes ne savent même plus comment trouver une nouvelle intrigue après avoir fait survivre le héros à deux cancers, trois attaques de banque et une demi-douzaine d’accidents de voitures. Sans oublier les soins intensifs COVID dans la saison 7. En résumé : l’or ne fout rien, tout comme le Bitcoin qui stagne à 39’000 depuis 24 heures.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, il y a plein de trucs hyper-importants. Mais le premier qu’il faut retenir, c’est que juste au moment où l’on pensait que le gouvernement chinois était en train de se calmer, il y a 32 minutes ils viennent de déclarer que : « Les Jeux Vidéo était de l’OPIUM ». Bon, techniquement quand tu regardes un ado, voire un jeune adulte qui est capable regarder des vidéos de types qui jouent à des jeux vidéo toute la journée et que quand il éteint, il joue lui-même au jeu en question. Et quand tu vois qu’un joueur FIFA en ligne peut être payé comme un vrai joueur de foot qui va VRAIMENT sur le terrain, il est vrai que l’on pourrait comprendre le gouvernement chinois.

Mais ce matin c’est Tencent et Netease qui ne comprennent pas. Les deux titres se font défoncer de plus de 10% et se retrouvent à nouveau au plus bas depuis un moment. Ce qui nous amène à la conclusion évidente que le gouvernement chinois n’a pas fini de foutre le bordel. Excusez-moi pour le langage, mais après avoir cherché dans le dictionnaire des synonymes, je n’ai rien trouvé de mieux. Pour le reste des nouvelles du jour, on notera que Bill et Melinda Gates sont divorcés et que leurs avocats sont hyper-contents. Toujours au chapitre de « on n’a pas tous les mêmes soucis », on notera que Jeff Bezos n’est plus l’homme le plus riche du monde et pas parce qu’il est parti brièvement dans l’espace avec une fusée qui ressemblait à un sexe masculin, ni parce qu’il est ridicule avec son chapeau de cowboy, mais tout simplement parce qu’Amazon a perdu 7% l’autre soir. Du coup c’est Bernard Arnault qui est champion du monde parce que le E-Commerce dans les produits de luxe a cette capacité de ne jamais ralentir. On notera que, pendant qu’Arnault pèse presque 200 milliards, l’américain moyen tourne avec une fortune personnelle de 120’000 dollars et le français à 158’000 Euros. On n’est visiblement pas vraiment du même monde, on peut aller s’acheter un sac en plastique de chez Vuitton, mais on n’est pas du même monde.

Et puis nouvelle qui va remplir de joie les étudiants en finance, Goldman Sachs a finalement augmenté ses employés juniors à 110’000$ par an. La bonne nouvelle, c’est que comme ils bossent environ 160 heures par semaine, ils n’auront pas le temps de dépenser l’argent et quand ils vont se retrouver en burn-out dans 5 ans, ils auront un capital de base pour ouvrir une épicerie végane dans la banlieue riche de Philadelphie.

Chiffres du jour 

Côté chiffres du jour, nous aurons Alibaba, Conoco, Lilly, Nikola et Activision qui va sûrement aimer les commentaires du gouvernement chinois. Côté chiffres économiques, ça sera le tour du SECO en Suisse et des Factory Orders aux USA. Pas une journée de folie, mais largement de quoi commenter la Chine, les Jeux Vidéo et le E-Commerce, manquerait plus que Fauci nous dise que « le pire est devant nous » au niveau du COVID. Pardon ?

Comment ?

Ah, il l’a déjà dit ce week-end ??? Ben tout va bien alors.

Encore une chose :  si vous vous apercevez que je n’écris pas tous les jours, c’est que vu le volume des articles et l’enthousiasme de la lecture au mois d’août, nous avons décidé de réduire le nombre de publications pendant ce mois. On retrouvera le rythme habituel dès la rentrée. En attendant, je ne suis pas en vacances, vous pouvez aussi me retrouver en Podcast sur toutes les bonnes plateformes sous « morningbull live » et en vidéo, sur YouTube, sur la chaîne de Swissquote. Mais pour ce qui est de demain, je serai là !!!

Passez une excellente journée et je vous retrouve demain.

Thomas Veillet

Investir.ch

“The Optimist Invents the Airplane and the Pessimist the Parachute”