J’avoue qu’il n’est pas simple de trouver des superlatifs et des titres accrocheurs pour garder les gens motivés,  surtout quand vous avez les indices mondiaux qui oscillent entre 0.4% de hausse (quand ils montent) et 0.8% de baisse (quand on subit une correction MASSIVE). S’il restait le moindre doute sur le fait que nous sommes dans ce que l’on appelle communément « un marché estival », la séance d’hier aura définitivement levé le doute. Par contre, ceux qui sont restés au bureau ont quand même eu de quoi faire de longues théories sur ce qui se passe et on put ressortir grandit et tout auréolés de gloire après cette séance de folie modérée.

L’Audio du 18 août 2021

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Il y avait de quoi dire, mais pas forcément de quoi faire

Avant toutes choses, je dois vous dire que dans un monde normal, avec ce que l’on s’est pris dans les dents hier en termes de news, le marché se serait littéralement fait démonter. Sauf que l’on n’est pas dans un monde normal et qu’en plus nous sommes en plein été et donc nous avons appris à savoir raison garder et à ne pas s’énerver, il faut. En plus il faut vraiment conserver de la « munition vendeuse », vu que le monde entier est au courant du fait que l’on va se faire massacrer par le KRACH qui arrive. On n’a pas encore la date exacte, mais on peut largement dire que le monde de la finance, le monde MERVEILLEUX de la finance – pardon – le place quelque part entre le 1er septembre et le 31 octobre à 22h00.

Il est de notoriété publique qu’entre ces deux dates on va se faire massacrer, démonter, exploser et que ça sera sûrement le pire KRACH de l’histoire, puisque selon les experts nous sommes dans la pire bulle spéculative depuis l’invention du bulbe de tulipe à Amsterdam. Mais cette CERTITUDE ABSOLUE que l’on trouve couramment sur les réseaux sociaux, dans les salles de trading et dans pas mal de médias, le tout étant copieusement relayés par les experts précités, nous permet du même coup de NE PAS TROP baisser le reste de l’année, histoire de ne pas gâcher la fête le jour où ça arrivera VRAIMENT – comme on l’avait dit, comme on l’avait prédit et comme on vous l’avait dit, évidemment.

Plusieurs raisons de tirer sur le BULL

Tout ça pour vous dire qu’hier il y avait largement de quoi faire pour envoyer le marché au tapis pour le compte. En vrac nous avons eu droit au :

– COVID…

Oui, notre bon vieux compagnon de ces 18 derniers mois fait encore parler de lui. Alors que l’on commençait à croire qu’éventuellement peut-être, il y aurait une chance que les choses se normalisent, voici que la Nouvelle-Zélande a trouvé UN cas positif au virus et a décidé de verrouiller Auckland en confinement pour 7 jours. On peut se demander pourquoi ils n’ont pas discrètement exécuté la personne en question d’une balle dans la tête, ça aurait évité une fermeture totale de la ville et de faire monter le niveau de stress de Wall Street sur l’échelle de Michael Burry. Mais il n’y avait pas que ça, il y avait aussi Jerome Powell qui a reconnu que le COVID continuait de, je cite : « jeter une ombre sur l’avenir de l’économie américaine »… Houhouhouhouh… ça fout les jetons. Il paraît qu’il a dit ça dans un château hanté, que les lumières étaient éteintes et qu’il s’éclairait le visage par en-dessous pour faire « genre film d’horreur ». Mais il n’y avait pas que le COVID…

– Le ventes de détails qui montrent VRAIMENT que le pic de croissance a été atteint

Oui, hier il y avait donc les chiffres des ventes de détail et c’était pas top. C’était pas non plus la catastrophe, mais ça montre surtout que la croissance explosive dans laquelle les multiples stimulus à tiroirs nous avaient embarqués, commence à trouver ses limites et que le consommateur hésite quand même un peu à consommer comme un fou en dansant tout nu dans les supermarchés et en s’arrosant de champagne millésimés. Il semblerait que ces derniers chiffres, eux et les derniers trimestriels des compagnies comme Home Dépôt ou Wal-Mart, laissent à penser que vous, moi et les consommateurs en général sont plutôt en train de passer en mode « fourmi » et que le mode « cigale » est au bout du rouleau pour éviter de se retrouver en mode « position latérale de sécurité » si la crise venait à perdurer. Mais il n’y avait pas que les ventes de détails…

–  La Chine qui continue à se battre pour les libertés individuelles

Oui, je sais, le sous-titre peut faire rire. Imaginer trouver « libertés individuelles » dans la même phrase que le mot « CHINE » est à peu près aussi imaginable que trouver les mots « victoire » – « Afghanistan » et « USA » dans la même phrase. Pourtant hier le gouvernement chinois a donc décidé de remettre une couche sur les libertés individuelles SUR INTERNET (mais pas dans la vraie vie – faut pas déconner quand même) – ils ont donc drafté un truc de fou qui fait que toutes les boîtes qui font de la collection de données privées sur le net en Chine, vont devoir repenser totalement leur façon de faire. C’est un peu comme si Facebook ne pouvait plus vous envoyer des pubs à foison chaque fois que vous prononcez un mot qui représente un produit consommable à moins de 3 mètres de votre smartphone et c’est comme si on vous permettait de surfer anonymement sur Amazon et que Bezos et ses potes ne pouvaient même pas voir sur quel produit vous vous êtes arrêtés. Autant dire que des boîtes comme Alibaba, Baidu ou Tencent ont moyennement apprécié le fait de se retrouver les pieds et les poings liés. Sans compter que protester n’est pas vraiment une option. Négocier non plus. C’est ça les libertés individuelles en Chine, elles s’arrêtent là où le gouvernement décide que ça ne vaut pas la peine d’aller plus loin. Et puis si vous allez plus loin, au début ils sifflent, après ils tirent…

Mais il n’y avait pas que la Chine qui continue à se battre pour les libertés individuelles, il ne faut pas non plus négliger que le COVID fait aussi du mal là-bas et que l’économie semble en ressentir les premiers effets. Sans oublier que si la moitié des ports sont fermés, ça va marcher beaucoup moins bien au niveau exportations. Mais ça n’est pas tout !!!!

– Il n’y a plus de rotation sectorielle !!!! HELP !!!

On sait que depuis le début de l’année, les bourses mondiales sont parvenues à monter plus haut parce que les intervenants achetaient un secteur massivement pendant qu’ils vendaient massivement un autre. Et comme ils avaient tendance à acheter plus que vendre, on tenait le coup. Sauf que le problème d’hier c’est que TOUS LES SECTEURS étaient en baisse, ce qui laisserait à penser que les gens qui vendent, vendent tout. Heureusement que c’était une vente d’été et que l’on a su ne pas paniquer, parce que sinon, susse pu être compliqué. Mais il n’y avait pas que la rotation sectorielle qui ne rotationne plus du tout…

– L’Afghanistan

Depuis trois jours on ne cesse de se demander si la fin de la guerre en Afghanistan et l’arrivée d’une tripotée d’enturbanés islamistes avec le QI d’une moule avariée au pouvoir pourrait avoir un quelconque effet sur les marchés. Pour le moment on n’a pas encore trouvé la réponse, ceci résidant partiellement dans le fait que les traders américains cherchent encore l’Afghanistan sur la carte du monde. Actuellement, ils sont pratiquement certains que ce n’est ni au Nord du Canada, ni au Sud de Cacun, mais tant qu’on est sûr de rien, ça reste un stress latent sur les marchés. Il y a une chose dont on est plutôt certain en attendant, c’est que les droits de la femme en Afghanistan ne vont probablement pas gagner le prix Nobel de la paix en 2021.

Donc… Avec tout ce tas de nouvelles bien pourries, avec Powell qui reconnaît que le COVID n’est pas top pour l’économie, en rajoutant Neel Kashkari, patron de la FED de Minneapolis qui nous dit qu’il pense qu’il faut lancer le tapering au plus vite et que les cryptos c’est de la fraude et du marketing (pour rester poli)… On baisse de 0.02% sur le DAX et de 0.7% sur le S&P500. Je dois dire que je m’attendais quand même à pire.

La grande question à laquelle il va falloir répondre ce matin est la suivante : « Avons-nous atteint les niveaux où il faut racheter sur faiblesse ? Ou faut-il attendre encore que les Talibans rachètent le PSG avec l’argent de l’opium ? »

L’Asie fait de la résistance

Il est encore un peu tôt pour savoir quelle sera la direction que nous allons prendre cet après-midi et si nous pourrons fêter un nouveau plus haut de tous les temps sur le Dow Jones avant la fin de la semaine parce qu’on se fout totalement de la Chine, du COVID, des ventes de détail, des rotations de secteurs et qu’on n’a toujours pas trouvé l’Afghanistan sur la carte du monde, mais en attendant ce matin les places de bourses asiatiques semblent faire de la résistance. Ça n’est pas vraiment un bull market, mais ça ne baisse pas. Ou plus. Un peu comme quand on stoppe une hémorragie et que l’on observe la blessure pendant 30 secondes pour voir si ça ne pisse pas ailleurs. Là tout de suite Hong Kong, Shanghai et Tokyo sont plus ou moins en hausse de 0.65%, une belle harmonie qui donne presque les larmes aux yeux.

Ailleurs le pétrole ne fait plus rien et on est presque en train de l’oublier, l’or n’arrive pas à repasser au-dessus des 1800 et de ses moyennes mobiles des 50 et des 200 jours – ce qui n’est pas forcément une bonne nouvelle – surtout qu’UBS a dit que le métal jaune pourrait baisser de 10%. Et puis du côté des cryptos, c’est prise de profits et tutti-quanti. On peut mettre ça sur le discours de Kashkari, mais pour le moment les tendances haussières sont maintenues sur les principales stars du secteur. Ça donne presque envie d’acheter sur faiblesse… NON, non, j’ai rien dit !!!

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, mis à part celles que j’ai déjà citées précédemment, on retiendra qu’en plus des rotations de secteurs, bon nombre d’investisseurs sont en train de se planquer dans des ETF’s et des Assets que l’on considère comme « défensifs » – c’est peut-être aussi pour ça que le SMI n’arrête pas de monter depuis trois mois, tout le monde se planque en Suisse. Et légalement cette fois. Et puis toujours au chapitre du « on va tous mourir cet automne », la société Palantir vient d’acheter de 50 millions de dollars en lingots d’or physiques. Quand on sait que Palantir fait dans la collection de données sensibles pour des clients encore plus sensibles (type CIA), on n’a pas besoin d’être complotiste pour se demander s’ils ne savent pas quelque chose que l’on ne sait pas, vu qu’il est peu probable que les 50 millions d’or soient prévus pour refaire les dents du management.

Et puis, il y aussi le combat des chefs qui continue. Lundi on apprenait que Michael Burry – le fameux hedgie qui était dans le Big Short et qui avait prévu les subrimes – avait acheté des wagons de puts pour jouer contre le fameux fonds de Cathie Wood, le ARKK. Et ce matin on apprend que la même Cathie Wood s’est acheté des pleines pages de presse pour dire que Burry a très bien vu les « Subprimes », mais qu’il n’a absolument rien capté à la croissance à venir dans tout ce qui est espace et innovation. On se réjouit déjà du prochain épisode. Au chapitre des milliardaires qui s’énervent, on notera aussi que Jeff Bezos hurle à la mort et poursuit la NASA en justice pour avoir attribué le droit à Space X d’aller sur la lune en premier. On comprend Bezos, il a peur que Musk construise sa résidence secondaire avec une meilleure vue sur la Mer de la tranquillité que lui ! Quoi qu’il en soit, on peut quand même trouver relativement clownesque que ces milliardaires continuent à se bagarrer pour savoir qui aura la plus grosse (fusée), sans trop savoir ce que ça va nous apporter à la fin. Il est peu probable que ça serve à quelque chose d’aller se faire des selfies sur la lune et que mis à part polluer un max à chaque décollage, ça ne changera pas grand-chose à la destinée de l’humanité.

Chiffres du jour

Côté chiffres économiques, nous allons reparler de l’inflation, mais en Europe cette fois, avec la publication du CPI et même si elle n’est plus dedans, l’Angleterre publiera également le sien. Aux USA on se concentrera tout d’abord sur les Minutes du FOMC Meeting qui, on l’espère, lèvera un peu le voile sur les intentions des membres de la FED vis-à-vis du Tapering et des taux. On peut toujours rêver.

Pour les chiffres du trimestre, ça ralentit de plus en plus, mais signalons tout de même qu’entre aujourd’hui et demain, il y aura les publications de Nvidia et d’Applied Materials qui ont le pouvoir de mettre le feu au secteur des semi-conducteurs. Pour le moment les futures sont en hausse de 0.01% – c’est dire comment on s’éclate – vu que c’est l’été, moi je vous retrouverai lundi pour une prochaine chronique tri-hebdomadaire !

Excellente fin de semaine à tous et d’ors et déjà très bon week-end.

À lundi.

Thomas Veillet

Investir.ch

« It’s amazing that the amount of news that happens in the world every day always just exactly fits the newspaper. »

Jerry Seinfeld