On ne va pas se mentir, des vendredis comme celui que l’on vient de vivre, on s’en serait LARGEMENT passé. Pas que l’on soit vraiment surpris que l’on ait enfin une baisse, mais disons que l’on aurait peut-être préféré 5 jours de baisse à 1% plutôt qu’un seul de 5%. C’est un peu la théorie du sparadrap. Vaut-il mieux enlever le sparadrap d’un seul coup au risque de s’arracher les poils ou faut-il le faire en douceur et souffrir plus longtemps ? Eh bien vendredi dernier on ne s’est pas posé la question, on l’a arraché d’un coup et ce fût le bain de sang généralisé. On espère juste que ça aura suffi et que l’on ne va pas remettre ça pour le CyberMonday qui commence ce matin.

L’Audio du 29 novembre 2021

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Cyber Monday

Sans compter que l’on sait tous que ces périodes de soldes ne sont que du « bullshit », les commerçants montent les prix AVANT pour les re-baisser le jour des soldes et nous donner l’impression que l’on fait des bonnes affaires. C’est peut-être d’ailleurs ce qui s’est passé sur les bourses mondiales, sauf que lorsque les prix baissent à cette vitesse, on achète plus volontiers des slips et des chaussettes à -50%, plutôt que des actions ou du pétrole. Au moins on sait que les slips et les chaussettes, on pourra toujours en faire quelque chose, le reste, c’est moins sûr.

Donc vendredi nous avons vécu un bain de sang comme nous n’en n’avions plus vu depuis pas mal de temps. Je n’ai pas tous les chiffres en tête, mais disons que ça n’était probablement plus arrivé avec une telle violence depuis que l’on a développé le concept des taux à zéro et des stimulus tous azimuts avec de l’argent qui vient de nulle part. Ces derniers 18 mois, nous avons appris à acheter sur faiblesse à la première occasion, les exemples de rebonds stratosphériques après 1.8% de baisse sur une semaine, ne manquent pas. C’est peut-être d’ailleurs pour ça que les indices européens ont ouvert directement en baisse de plus de 4%, sachant que sinon ça n’arriverait jamais à baisser une fois pour de bon. En tous les cas, il faut vraiment noter ces ouvertures phénoménales que nous avons vécu vendredi et retenir qu’il est hyper-rare de voir des « gaps » pareils à l’ouverture.

Ce qu’il faut faire de cette rareté est une autre discussion, mais vu l’ambiance, ça me va bien d’observer pour le moment.

Omicron

Il faut reconnaître que si l’OMS avait vraiment voulu être marrant, ils n’auraient pas appelé ce virus Omicron, mais Omacron. Ça aurait nettement plus drôle et j’aurais adoré voir la tronche du porte-parole de l’Elysée à l’annonce du baptême de cette version bodybuildée du COVID. Mais visiblement l’OMS n’a toujours aucun sens de l’humour et de la dérision et ont décidé de continuer avec l’alphabet grec, bien que cela limite le choix pour trouver des noms, surtout si on nous sort une nouvelle version du COVID tous les 6 mois. Toujours est-il que vendredi matin nous étions en mode panique et que la fin du monde était proche. Presque plus proche qu’en mars 2020. Il faut reconnaître que l’annonce du variant Sud Africain a fait flipper tout le monde et ce, nettement plus que lors de la naissance du variant delta et pendant un bref instant, on aurait dit que le dernier upgrade du COVID avait été croisé avec Ebola tellement l’ouverture était sanglante.

Encore une fois, le monde merveilleux de la finance aura su faire comme la police américaine : tirer d’abord et poser des questions ensuite. Non, parce qu’il faut tout de même être conscient du fait que vendredi matin à l’ouverture, on en savait à peu près autant sur le variant Omicron que sur la reproduction des gastéropodes en Nouvelle Guinée équatoriale, mais dans le doute on a tout vendu. Tout vendu comme si la bourse de Paris et celle de Francfort ne rouvrirait pas tant que le pass sanitaire était en vigueur. C’est-à-dire pour les 8 prochaines années. On n’a donc pas fait de prisonnier et le secteur des voyages s’est fait démolir, tout comme le secteur pétrolier. Le baril lui-même a carrément vécu une de ses pires journées depuis avril 2020 où plus personne n’en voulait parce qu’il fallait acheter une citerne pour stocker au fond du jardin et que ça n’était pas très joli à côté des des tomates et des plants de cannabis, plants de cannabis qui n’étaient là que pour des raisons décoratives et pour nettoyer la terre de ses toxines. Au paroxysme du sell-off sur le pétrole, on a presque cru un instant que dès lundi matin nous verrions les propriétaires de station-service mendier au bord de la route, nous suppliant de venir faire le plein chez eux, pendant que nous les narguerions avec nos voitures électriques…

Bref, le variant OMICRON était en train de détruire tout ce que nous avions construit comme confiance en la pharmaceutique et nous réveiller nos pires doutes sur l’avenir de l’humanité. Les confinements éventuels à venir faisaient déjà flipper tout le monde et les frontières qui se fermaient dans tous les coins du monde faisaient miroiter les perspectives d’un Noël entre le salon et la cuisine de notre appartement de 340 mètres carrés avec vue sur le lac, plutôt que dans notre chalet de Verbier. Ou alors il fallait partir tout de suite pour éviter les barrages mis en place par les milices du Conseil Fédéral dès lundi matin. Pour faire simple et pour résumer la séance de vendredi dernier : on a vendu massivement, sans savoir grand-chose au sujet de ce variant, sauf le fait qu’il se reproduisait plus vite, qu’il était plus balaise en termes de contamination et que les Demi-Dieux de l’OMS lui donnaient assez d’importance pour organiser une séance pour lui choisir un nom de scène.

Omicron ou O my god ?

C’est avec aussi peu d’informations, aussi peu de vision et aussi peu de recul que l’on a déglingué l’ensemble des bourse mondiales en moins de temps qu’il en faut pour dire « Monsier Guy Pamalin, vous êtes beau et intelligent et je vous aime et vous respecte plus qu’un test PCR». Encore une fois on a essayé d’anticiper, de mettre la charrue avant les bœufs, de laisse la place aux bears et de montrer que nous, dans le monde de la finance on joue toujours avec un coup d’avance.

Et puis on a surtout offert un magnifique cadeau de Noël à Monsieur Bourla, CEO de Pfizer, puisque le titre de SA société a repris 6% à l’annonce de la nomination du variant Omicron en tant que nouvelle menace officielle contre l’humanité, détrônant immédiatement la coloscopie de Biden et les Marseillais contre le reste du monde. Moderna a également bien profité de la chose et si l’on était complotiste, on dirait que l’arrivée d’Omicron était sponsorisée par les deux laboratoires pharmaceutiques qui rivalisaient d’ingéniosité dans leurs communiqués de presse, garantissant un nouveau booster spécial Omicron dans les deux semaines, un booster que l’on pourra s’offrir pour Noël juste après l’injection de la troisième dose. Mais ça ne sera pas une quatrième dose, mais juste l’équivalent la crème chantilly en option sur les profiteroles au chocolat pour la fête de fin d’année du bureau – enfin, si on n’est pas confiné.

En résumé, vendredi n’aura pas été perdu pour tout le monde.

Et maintenant quoi ?

Ce lundi matin porte encore les stigmates d’Omicron et l’ensemble des marchés asiatiques sont sous pression dans le sillage du Black Friday. On craint toujours pour les voyages et le fait que l’on pourrait être empêché d’aller fêter le 31 décembre sur les plages de Dubai. Les intervenants restent partagés entre le fait que les dernières infos au sujet du variant 3.0 laissent entendre que même s’il contamine plus vite que la lumière et que l’on pourrait devoir revoir la notion de distanciation sociale en passant de 1 mètre 50 à 68 mètres, il se pourrait que les conséquences d’une contamination soit bien moins grave que n’importe quel autre modèle de COVID. Et le fait que les gouvernements du monde entier sont en train de verrouiller les frontières avec tous les pays qui ont des infections au variant Omicron… Ce qui est problématique, puisqu’il semblerait que ça soit déjà le cas à peu près partout en Europe. Même en Suisse.

Mais en Suisse c’est pas pareil parce qu’hier on a voté la loi anti-COVID et donc le variant Sud-Africain devrait s’expulser de lui-même de peur des représailles. Toujours est-il que si l’Asie est en baisse parce qu’elle n’a pas bien pu profiter de la baisse vendredi dernier, les futures sont en hausse de plus de 1%, laissant espérer un rebond un peu partout en Occident. Autrement le baril rebondit aussi, puisque l’or noir est en hausse de 4.5%. Ne parlons pas de l’or qui ne fait rien, mais les cryptos repartent aussi de plus belle. Nous ne sommes pas encore au plus haut de tous les temps sur le Bitcoin, mais ça ne saurait tarder.

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour nous sommes revenus en mars 2020, puisque 100% des nouvelles ou presque et 100% des articles des médias financiers sont à nouveau dédiés au COVID. On ne parle que de ça ce matin. Entre les vaccins qui seront prêts en janvier selon Moderna, les messages de prudence de Fauci, Boris Johnson qui resserre les boulons pour empêcher qu’Omicron passe par Londres et les angoisses des Chinois qui tentent désespérément de sauver leurs jeux olympiques d’hiver, il n’y a vraiment pas de place pour autre chose.

Pourtant la semaine sera chargée au niveau macro, hormis les chiffres de l’emploi qui seront publiés vendredi prochain, il y aura pas mal de chose à surveiller HORS COVID cette semaine. Les témoignages de Madame Yellen et de Monsieur Powell n’étant pas les moindres.

Pour l’instant, on va continuer à surveiller les indices et les nouvelles sur Omicron avant d’aller trop vite en besogne, mais là tout de suite, le CyberMonday ne ressemble pas trop au Black Friday. Mais la journée n’est pas finie.

Je vous souhaite un très bon début de semaine et je vous retrouve demain… Ici-même. Soyez forts.

Thomas Veillet

Investir.ch

“Si on t’avait foutu à la lourde chaque fois que t’as fait des conneries, t’aurais passé ta vie dehors.”

Michel Audiard