Les indices américains sont pratiquement au plus haut de tous les temps, les indices européens…idem. Rien ni personne ne semble pouvoir stopper la marche en avant des bourses mondiales. La seule chose qui semblait inquiétante ces derniers temps - l’inflation – vient d’être balayée par les chiffres des ventes de détails hier aux USA : même si les prix augmentent, les Américains s’en foutent comme de l’an 40 et veulent absolument dépenser. Les chiffres trimestriels sont canons et Goldman Sachs envisage même une hausse de 10% pour 2022. Mais avant cela, où va nous emmener le Christmas Rally ? Même si parfois les voix divergent, on dirait que la seule voie de sortie soit par le haut.

L’Audio du 17 novembre 2021

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Dépenser, dépenser, peu importe ce que ça coûte

Hier les chiffres des ventes de détail ont donc « soulagé » tout le monde. Mister Joe American semble clairement prêt à acheter n’importe quoi à n’importe quel prix, surtout parce que Noël approche et qu’ils ont tous fait 100% sur leurs portefeuilles boursiers et 1’000% sur leurs cryptos – enfin, un peu moins depuis hier puisque le secteur est en pleine correction après que le CEO de la Chine ait à nouveau tiré à boulets rouges sur les « miners ». Quoi qu’il en soit, les Américains sont prêts à dépenser et s’il faut aller chercher les marchandises dans les porte-containers au large de la Californie, ils peuvent aussi y aller à la nage.

De ce côté, tout semble donc aller pour le mieux dans le meilleur des mondes. L’inflation a déjà été repoussée au fond de la classe et la problématique des chaînes d’approvisionnement n’est plus qu’une vieille histoire que radotent de vieux traders alcooliques au fond d’un bar du Sud de la presqu’île de Manhattan. Tout va donc pour le mieux et ce n’est pas parce que toutes les marques de voitures électriques sont en train d’exploser qu’il y a des raisons de s’inquiéter. Pourtant, lorsque l’on se plonge dans la presse financière, il y a clairement deux camps qui s’affrontent. Ce n’est pas encore très clair, mais la ligne entre les Bears et les Bulls est en train de se voir de façon un peu plus évidente. Pas encore aussi bien que celle entre les pro-vax et les anti-vax qui sont à deux doigts d’en venir aux mains s’ils n’avaient pas peur d’être contaminés, mais elle se dessine quand même. 

Euphorie or not euphorie

La première question que l’on a tendance à se poser dans ce marché, c’est de savoir si l’on marche sur la tête ou pas. Et si l’euphorie est parmi nous ou pas. D’aucuns vous dirons que NON, parce que lorsque l’on regarde les données fondamentales des 8 plus grosses capitalisations boursières américaines – qui représentent à elles 8, 30% du S&P500, soit 12’000 milliards de dollars – les chiffres sont plus que raisonnables et aujourd’hui, acheter des Microsoft ou des Google se rapproche plus que jamais d’un placement de père de famille. Le camp adverse va immédiatement riposter en disant que oui, en effet, mais alors que dire de l’explosion de certaines valeurs que l’on ne peut même pas valoriser correctement puisqu’elles ne gagnent pas de pognon.

À cet instant précis, vous voyez très bien où je veux en venir, puisque Rivian et Lucid ont encore cartonné hier et qu’en ce qui concerne Rivian, la valorisation correspond à celle de Ford ET de GM misent bout à bout. Et sans parler des 156 voitures qu’ils ont vendu jusque-là, on contredira les craintes en disant qu’Amazon va acheter 100’000 véhicules à Rivian dans les 8 prochaines années. Ce qui fait 12’500 voitures par année. Avec un rabais de 30% dessus (probablement), vous avouerez quand même qu’il y a de quoi se poser des questions. En tous les cas, ça ne me donne pas envie de me rouler par terre de joie. On pourrait donc dire que l’euphorie n’est peut-être pas là partout, mais qu’elle est quand même bien présente dans certains secteurs.

Pour ou contre l’inflation ?

Si l’on va plus loin, les deux camps s’affrontent également dans le secteur de l’inflation. Bien ? Pas bien ? Les paris sont ouverts, mais il semble clair que l’on va en reparler. Ceux qui pensent que ce n’est pas un problème vont me dire que les EXCELLENTS chiffres de l’emploi et des sociétés vont compenser la hausse des prix. Hausse des prix qui d’ailleurs devrait être transitoire et sous contrôle. Les autres diront que lorsque l’inflation va vraiment commencer à faire mal, ça sera un bain de sang.

Après, on se battra sur le sujet de l’immobilier américain. Certains experts pensent que ça commence à puer et que dès que la chute sera amorcée, il ne faudra pas rester en travers du chemin et l’autre camp pense qu’il n’y a pas de soucis – un peu comme ils le pensaient en 2008. Evergrande est une question que l’on peut se poser, mais pour le moment, l’égocentrisme américain laisse le sujet de côté et tout le monde (ou presque) se sent protégé contre tout. Un peu comme après la quatrième dose de vaccin Pfizer. Euh… troisième, pardon.

Et puis, pendant ce temps, Madame Yellen vient nous rappeler tranquillement que si le 15 décembre on n’a pas trouvé de réponse pour le problème du plafond de la dette, les USA seront en défaut de paiement. Mais peu importe, aujourd’hui, 17 novembre 2021 l’économie est en pleine forme, les entreprises cartonnent, les gens n’ont plus besoin de travailler tellement ils gagnent de pognon en bourse et les marchés sont au plus haut de tous les temps. Mais on sent quand même qu’il y a deux-trois Bears qui grattent à la porte.

Et on ne parle même pas de politique

Pendant que l’on se flatte de la bonne santé économique de l’Occident, on retiendra quand même que les inquiétudes concernant l’escalade des tensions liées au renforcement des troupes russes à la frontière ukrainienne ont pesé sur le moral de certains investisseurs en Europe et limité la hausse des marchés. L’OTAN aurait averti qu’elle serait prête à défendre la souveraineté de l’Ukraine. Et Macron aussi. Surtout Macron, parce qu’il a reçu un costume de G.I Joe pour son anniversaire et il aimerait bien l’utiliser en chevauchant un de ses sous-marins diesel-électrique.

Et puis on peut aussi parler du sommet virtuel entre Joe Bidet et le patron de l’entreprise China SA, au cours duquel les deux parties ont signalé une stabilisation de leurs relations tendues. Toutefois, aucune percée n’a été réalisée sur les questions concernant les deux nations. Sans compter que Xi-Jinping a précisé que les USA ne devaient pas jouer avec le feu du côté de Taïwan, parce que, je cite : « qui joue avec le feu, finit par se brûler et finira en boulette de chien à la vapeur ».

Bon, d’accord, j’ai rajouté les boulettes de chien, mais le coup de se brûler avec le feu, c’est pas une fake news.

En Asie

Du côté de l’Asie, le Japon est en légère baisse, tout comme Hong Kong. La Chine en légère hausse. Le non-event d’hier entre Biden et Xi n’a pas changé la face du monde. L’or consolide, le pétrole ne fait rien et traîne autour des 80$. Pendant que les cryptos sont en mode démontage pour les raisons citées précédemment. Peut-être que l’on prend du recul sur le Bitcoin pour mieux sauter en direction des 100’000 à la fin de l’année. En tous les cas, on ne sent pas l’odeur de la passion sur les marchés ce matin. Enfin, sauf sur ceux qui vendent des caisses électriques.

Dans les nouvelles du jour Elon Musk a encore vendu pour un milliard de Tesla, Pfizer est à la recherche de l’approbation pour sa pilule anti-covid miracle qui ne sera destiné qu’à ceux qui sont déjà vaccinés – Pfizer a également accepté de distribuer largement sa pilule au travers des pays défavorisés. Fauci quand à lui estime que le vaccin Pfizer, sera un vaccin à trois doses à l’avenir et qu’il n’y a « que très peu de chances que ça aille plus loin ».. Pour être honnête, ils n’en savent foutrement rien et « très peu de chance que ça aille plus loin » c’est leur manière de le dire. Autrement Jim Cramer pense que l’inflation est en train de se calmer et que la FED applique la juste stratégie. Sur CNBC on débat pour savoir si Musk vend pour payer ses impôts ou si c’est pour autre chose. Là aussi, ils n’en savent foutrement rien.

Et puis Qualcomm annonce qu’ils vont croître sans Apple et le titre est au plus haut de tous les temps. Sans oublier que dans les quatre jours à venir, Biden va nommer le « nouveau » Président de la FED. Alors je ne sais pas si le terme « nouveau » veut déjà dire que Powell s’est virtuellement déjà fait virer, mais disons que là tout de suite, je suis presque prêt à prendre les paris pour dire que c’est Brainard qui va y aller. Sauf que si Biden va dans cette direction, ça ne sera pas simple de valider la nomination au Sénat.

Chiffres du jour

Côté chiffres du jour, il y aura Nvidia, Target et Cisco qui publieront. En ce qui concerne Nvidia, ça ne sera pas simple de sortir des chiffres qui pourront compenser l’énorme rallye de ces derniers jours. Et puis, côté macro, il y aura le CPI en Europe, les permis de construire aux USA et les toujours HILARANTS inventaires pétroliers, histoire de voir de combien de champs pétrolifères les experts se sont ratés cette semaine.

Pour le moment les futures sont inchangés et on a connu des débuts de journée plus excitants. Moi je vous retrouve demain pour de nouvelles aventures et pour voir si Rivian a enfin atteint les 200 milliards de market cap, parce qu’ils ont eu 12 commandes de plus.

Très bonne journée à tous et à demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“Whoever said money can’t buy happiness simply didn’t know where to go shopping.” —Bo Derek