Après le « drame » causé par Tesla depuis le début de la semaine, nous avons enfin trouvé un autre sujet de conversation : l’INFLATION. Je vous l’avais dit hier, ce mercredi, tout le monde attendait la publication des chiffres économiques qui seraient censés nous dire si le « spectre d’une inflation galopante » était sous contrôle ou, tout au moins, donnait des indications comme quoi c’était transitoire. Il faudra repasser. Non seulement les 6.2% d’inflation indiquée en octobre sont en-dessus des attentes, mais en plus cela montre une nette accélération par rapport au mois dernier. Et puis il faudra surtout retenir que nous sommes à un niveau d’inflation que l’on n’a plus vu depuis 30 ans.

L’Audio du 11 novembre 2021

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Biden rassure, mais tout le monde s’en tape

Alors oui, le vénérable Président Joe Biden a expliqué que les prix allaient revenir à la normale avec les mesures qu’IL AVAIT prévu de mettre en place. Mais pour être honnête, je crois que les intervenants se fichent complètement de l’avis du Président. Même si cette fois, il avait l’air réveillé lors de sa déclaration. Les marchés ont donc définitivement mis un terme à ce rallye des deux dernières semaines et se reconnectent douloureusement avec la réalité et le fait qu’aussi fou que cela puisse paraître, les arbres ne montent pas au ciel.

C’est donc le Nasdaq qui a cotisé plus que les autres, puisque le rendement du 10 ans reprenait sa place de baromètre au centre du village. Ce fameux rendement du 10 ans dont personne ne parle quand on est trop concentré sur le Metavers et les délires de performances boursières sur la première boîte de voitures électriques qui passe, mais par contre, dès que l’on arrive un peu à bout d’argument sur des titres qui ont pris 25% en deux semaines avec des valorisations et capitalisations boursières qui n’ont plus rien à voir avec la réalité, on se souvient que quand les rendements repartent à la hausse, on préfère balancer toute la tech et passer à quelque chose de plus «défensif ». Et cela jusqu’à la prochaine crise de nerfs. 

Et pan sur le Nasdaq

C’est donc le Nasdaq qui a pris la plus grosse claque hier soir et l’ensemble du marché suivait dans son sillage. On notera donc que les plus fortes baisses sont souvent à attribuer aux sociétés qui ont extrêmement bien performé ces derniers temps, on notera la plongée d’AMD et de Nvidia tout particulièrement – le concept de « prise de profits » était donc encore bien vivant. Autant dire que tout le discours d’hier était axé autour de l’inflation et même si personne n’a aucune idée d’où tout cela va aller et comme tout cela va se finir ; en voyant les 111 porte-containers qui flottent encore au large de la Californie, on peut assez facilement imaginer que nous ne sommes pas encore arrivés au bout du tunnel.

Hier soir, un analyste expliquait que si l’inflation continuait à montrer une force aussi impressionnante lors de la prochaine publication – publication qui aura lieu mi-décembre, juste avant le dernier meeting de la FED pour 2021 – la banque centrale US pourrait bien devoir accélérer son processus de tapering. Quant à une hausse des taux « fin 2022 », on peut encore une fois se poser la question du mot « fin » et le replacer par « milieu ». Pour faire simple, hier soir nous avons eu confirmation de ce que nous nous doutions depuis un moment :

L’inflation n’est pas vraiment sous contrôle et rien n’est moins sur le côté transitoire de la chose. Sans compter que l’on n’a jamais extrapolé sur la durée de ce « transitoire ».

Quoi qu’il en soit, si l’on en croit le rapport d’hier, les points qui font le plus mal, c’est l’essence, le loyer et tout ce qui est achat de nourriture. En fait, les trois trucs les plus important : la bouffe, la maison et la voiture. Essayez d’en enlever un des trois et vous verrez comme c’est marrant.

L’Europe a tout de même réussi à terminer en terrain positif, mais à leur décharge il faudra noter que le marché US a commencé à baisser à peu près au moment où les Européens fermaient boutique, dans un mouvement ultra-classique de traders américains – ce matin l’ouverture à Paris-Francfort et Zurich promet d’être rigolotte – va falloir récupérer le retard. Bref, pour faire simple, l’inflation est là et bien là et dorénavant, nous allons devoir composer avec.

Une voiture électrique sinon rien

Pendant que les économistes tergiversaient et publiaient leurs théories et autres opinions hautement philosophiques sur l’inflation. Le reste du marché s’excitait sur la thématique des voitures électriques. Tout d’abord il faudra retenir qu’après deux jours de « telenovela » sur Tesla et 20% de baisse, hier tout le monde s’est rué dessus parce que l’on pense que là tout de suite, Elon Musk a fini de faire le clown et on a réussi à dégoter une annonce qui avait été faite il y a quelques temps qui autorisait Elon Musk à vendre pour plusieurs milliards d’actions Tesla – alors nous sommes bien loin des 10% de participation dont il parlait dans son tweet du week-end – s’il obéit à ses followers, il devrait encore en vendre pas loin de 5 milliards de dollars. Mais certains experts se disent qu’il aurait peut-être déjà vendu ce qu’il voulait vendre. Ce qui, du coup, laissait la place aux acheteurs. La stratégie est un peu tirée par les cheveux, mais disons que ça aura suffi aux pro-Musk pour faire remonter le titre de plus de 4%. Tesla est d’ailleurs la plus forte hausse du Nasdaq hier. Bien qu’à ce jour, personne ne soit à même de comprendre le fonctionnement du cerveau de Musk, hier on a pris les paris sur le fait que le pire était derrière.

Et puis l’autre voiture électrique du jour, c’était Rivian qui arrivait hier en bourse. La nouvelle star du marché a donc ouvert en forte hausse et terminait la séance au-dessus des 100$ – soit 30% plus haut que son prix d’émission qui lui-même, avait été réhaussé de 50% durant le processus de souscription. Je ne vais donc pas vous refaire mon pitch sur la valorisation de la boîte – puisqu’après avoir vendu 46 voitures depuis le début de l’année, Rivian vaut déjà bien plus que la plupart des marques européennes. Alors soit, le CEO a déjà annoncé qu’a l’horizon 2030 ils seront capables de produire 1 million de voitures par année – il ne restera donc plus qu’à les vendre. Oui, parce qu’il va y avoir du monde sur le marché d’ici-là. Mais je trouve cependant admirable d’être aussi visionnaire et, alors que personne ne peut nous dire quand est-ce que la pandémie se terminera ou même quelle sera la météo la semaine prochaine, être capable de nous dire combien de voitures ils vont produire dans 9 ANS, c’est très très, mais alors très fort. Au passage Cathie Wood a dit qu’elle n’investirait pas dans Rivian parce que c’est « trop cher » comme valorisation. Et que d’ailleurs tout le secteur est trop cher.

Enfin, trop cher ou pas trop cher, Rivian a vendu 46 voitures et vaut plus cher que Volkswagen qui, je crois, en a vendu plus de 46 cette année.

L’Asie

Ce matin en Asie on nage à contre-courant et les indices sont légèrement en hausse. Sauf Hong Kong qui est encore un poil dans le rouge. En Chine on rachète le marché parce que l’on entend dire que le sell-off a été un peu exagéré sur les valeurs techs et pour le reste on est en train de peser le pour et le contre au sujet de l’inflation américaine. Pour le reste, l’or a finalement cassé à la hausse à cause de L’INFLATION… Pendant que le pétrole se faisait laminer dans l’autre sens pour l’exacte même raison qu’il était monté la veille, mais différemment.

En effet, selon les chiffres des inventaires de l’EIA hier, les stocks débordent, donc le baril a baissé fortement. Actuellement le brut se traite sur les 81.58$ – vous aurez sans doute noté que durant la séance de mardi, le pétrole était monté parce que les stocks pétroliers étaient trop faibles.

MAIS COMMENT EST-CE POSSIBLE que ça soit l’inverse maintenant ???

Eh bien c’est tout simplement que ce ne sont pas les mêmes inventaires fournis par la même boîte. Voyez-vous comme c’est simple ? Non seulement il est impossible de deviner l’état des stocks, mais en plus les résultats ne sont même pas les mêmes. C’est donc ubuesque de voir qu’avant-hier le brut montait et qu’hier ça baissait… et tout ça parce que l’on a été faux dans nos prévisions les deux fois.

Du côté crypto, le Bitcoin est allé chercher les 69’000 lors de la publication des chiffres de l’inflation et ensuite, il s’est dégonflé comme une vieille baudruche pour aller rechercher son range 60-65’000. À l’heure actuelle la crypto-monnaie est à 64’750$.

Le nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on retiendra que Disney n’a pas autant d’abonnés que prévus sur Disney+, le titre corrige de près de 5% hier after close. Beyond Meat a complètement foiré son trimestre et craint le pire pour l’avenir. Le titre plongeait de 20% after close. On notera que Valneva a également pré-vendu des doses de son vaccin à l’Europe. Vaccin qui n’est pas encore approuvé. Mais si l’on regarde le calendrier d’achat des doses, on se dit que les pives qui nous gouvernent sont bien mieux informés que nous, puisque les pré-commandes courent jusqu’en 2023. On n’a visiblement pas fini d’en parler.

Toujours du côté voitures électriques, Six constructeurs automobiles (Volvo, Ford, GM, Daimler, BYD et Jaguar Land Rover) se sont engagés à ne plus produire de voitures thermiques à l’horizon 2040. Moi je m’engage à en stocker un maximum, juste au cas où. Stocker des voitures thermiques, donc…. Il y a encore une autre boîte immobilière chinoise qui part en vrille au milieu de la crise et elle porte le doux nom de « Fantasia », comme quoi c’était prémonitoire.

Chiffres du jour

Côté chiffres du jour, nous aurons le GDP et le Trade Balance en Angleterre, le bulletin économique de la BCE, le rapport de l’OPEP et les futures qui sont inchangés pour le moment. La journée économique sera maigre et ça nous laissera le temps de digérer tous ces rapports et autres articles sur l’inflation.

Nous sommes donc le jeudi 11 novembre et nous sommes dans le monde merveilleux des voitures électriques qui dominent le monde. Il me reste à vous souhaiter une très belle journée et un bon café. Là tout de suite je retournerai bien me coucher, mais en fait je peux pas… On se revoit demain à la même heure et au même endroit pour boucler la semaine.

Que la force soit avec vous.

Thomas Veillet

Investir.ch

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