Vu que l’on se tape complètement de ce qui se passe au sujet du COVID depuis que l’on a intégré qu’Omicron c’est du pipeau et tant que l’on n’a pas une autre lettre de l’alphabet grec qui est utilisée pour qualifier un autre variant potentiellement tueur et qui nous confinerait définitivement pour les 14 prochains mois, le marché a décidé de s’intéresser à l’inflation et a tout ce qui va avec. Et ce, depuis vendredi jusqu’à la fin du discours de Madame Lagarde jeudi après-midi.

L’Audio du 13 décembre 2021

Télécharger le podcast

L’inflation au plus haut

Donc, le thème de la semaine sera clairement celui de l’inflation. Vendredi dernier les chiffres étaient explosifs, au plus haut depuis plus de 40 ans selon la manière dont on les interprète et même si certaines voix s’élèvent pour dire que l’on n’a pas encore complètement intégré la baisse du pétrole et que ça ira mieux demain. Les chiffres de vendredi sont un terrain propice pour que Monsieur Powell prenne un ton un peu plus agressif dès mercredi soir. Mais visiblement, peu importe. Le marché est entré en mode « visionnaire » et il sait, il savait et il saura. En gros, la surprise de vendredi n’en était pas une et les intervenants « s’attendaient » à des chiffres aussi forts.

C’est vous dire si on est fort.

Justement.

Les marchés européens se donc méfiés et ont terminé en baisse alors que les marchés US ont trouvé que les chiffres étaient super-forts et impressionnants et que les plus pauvres allaient encore s’en prendre plein les dents, mais qu’en fait on s’en fichait, parce qu’on savait déjà que ça serait fort et que comme on a tout anticipé et que l’on se rend compte clairement que «ça ne peut pas vraiment être pire», le S&P500 a tout de même terminé au plus haut de tous les temps. Et ça n’est pas fini parce que les « experts » nous disent que le marché – donc vous et moi – avons déjà anticipé TROIS hausses de taux pour l’année prochaine.

Alors vous, je ne sais pas, mais moi je n’ai rien anticipé du tout et j’ai tendance à croire que ce que je vois. Bref, toujours est-il que la fin de semaine aura été spectaculaire et plutôt inattendue pour moi. Moi qui n’ai rien anticipé du tout et qui ai tendance à être un poil méfiant sur nos capacités d’anticipations.

Rendez-vous de la semaine

Quoi qu’il en soit, nous allons nous concentrer sur la semaine à venir. Pour le moment le sujet COVID est derrière nous et plus personne ne semble n’en avoir rien à faire. Enfin, mis à part nos chers politiciens qui ne ratent pas une occasion d’encourager la vaccination ou de prédire une cinquième vague à faire tomber par terre les chaussettes – mais par contre, aucun d’entre eux ne parle du manque de lits dans les hôpitaux et du fait que LEURS restrictions budgétaires ont mis à terre un système de santé plus que précaire dans certains pays. Non, c’est bien plus simple de jouer les Oracles à la télé et de se présenter comme des experts venus nous sauver…

Pendant que les Parmelins, les Bersets, les Johnsons et les Vérans nous distillent la bonne parole au sujet des variants et des règles anti-covid QUI NE S’APPLIQUENT PAS À EUX, BIEN SÛR, nous allons nous concentrer sur les réunions des banques centrales de la semaine. Dès demain la FED se réunira pour deux jours et Powell communiquera mercredi soir et jeudi, il y aura Madame Lagarde qui nous parlera de son tapering à elle et de son inflation à elle. Autant vous dire que cette semaine sera placée sous le signe de l’inflation et de ce que vont en faire les banques centrales.

Mais ce qui est important, c’est que nous, les investisseurs, on a déjà TOUT anticipé. Comme d’habitude. Des visionnaires, je vous dis.

L’Asie avec un coup d’avance

Ce matin l’Asie est en hausse de 0.7% un peu partout. Il faut dire que les futures américains sont déjà en hausse de près de 0.4%, ce qui laisse supposer que les USA vont entamer la semaine en hausse avec une confiance inébranlable en leur banque centrale, ne craignant pas un seul instant les déclarations de Powell puisque, je le rappelle, nous avons déjà intégré 3 hausses de taux pour l’année prochaine. Le Japon est en hausse de 0.7%, Hong Kong de 0.5% et la Chine de 0.7%. On rappellera au passage que la faillite d’Evergrande semble chaque jour un peu plus probable, mais que chaque jour on s’en fout un peu plus.

Pour ce qui est du reste, on notera un désintérêt total du côté des crypto, le Bitcoin s’effrite lentement, l’Ether qui devait prendre 300% d’ici Noël est en train de passer sous les 4’000$. L’or n’intéresse plus personne et le pétrole est à 72.68$ – tentant encore une fois de remonter, mais visiblement on ne veut pas le laisser faire pour le moment. Il est clair qu’il serait malvenu de le voir clôturer l’année à 100$. D’abord parce que ça voudrait dire que les prévisions de certaines banques se sont réalisées et ensuite parce que si tout le monde vient nous dire que l’inflation ne reflète « pas encore » la baisse du pétrole, ça serait ballot de le voir finir l’année 25$ plus haut.

Les nouvelles du jour

Côté news du jour, autant vous dire que l’on parle d’inflation tous les deux articles et pour le reste, on surveillera l’UBS qui doit recevoir son verdict de la part de la cour d’appel de Paris dans son affaire d’aide à l’évasion fiscale pour les clients français. N’oublions jamais que pour qu’il y ait des paradis fiscaux, il faut aussi des enfers fiscaux et je crois que l’on peut dire que la France est au top de ce côté-là, mais là n’est pas le sujet. À 13h30 la première banque suisse saura ce que ça va lui coûter et il est plus que probable qu’elle ne reverra jamais les 1.1 milliards d’euros déposés en cautions auprès des autorités françaises.

Pendant ce temps, le Crédit Suisse veut avoir accès aux smartphones de ses employés : et vive l’inquisition ! On parle des téléphones privés, par des téléphones fournis par la banque -ce qu’elle ne fait pas d’ailleurs, selon la presse dominicale en tous les cas.

Autrement on parle toujours des tensions avec l’Ukraine et Biden ne cesse de menacer Poutine de représailles – il doit à chaque fois oublier qu’il l’a déjà dit – parce qu’on a quand même un peu l’impression qu’il se répète. Et puis Larry Ellison remonte au classement des hommes les plus riches du monde après l’explosion à la hausse d’Oracle vendredi dernier (+15%). Monsieur Ellison est dorénavant sur les talons de Bill Gates, pointant à la cinquième place avec 135 milliards de dollars. Je sais ça vous fait une belle jambe, mais c’est histoire de rester motivé en ce lundi matin. Et puis, comme on ne peut pas passer une journée sans parler du COVID ; on retiendra qu’une étude israélienne estime que le BOOSTER de Pfizer devrait protéger contre le variant Omicron. Variant Omicron qui détient toujours le record de zéro mort parmi les personnes contaminées.

Les chiffres du jour

Il n’y pas de chiffres macro aujourd’hui. On va se contenter de commenter l’inflation, d’anticiper ce que va dire la FED et de comptabiliser le nombre de personnes qui pensent que Powell va monter les taux mercredi soir, en janvier où en mars. Pour l’instant on se contente de voir que la semaine commence dans le vert – ce qui rassure encore un peu plus, surtout que ça serait bien que le S&P500 termine encore un peu plus haut ce soir, parce que pour le moment, il ressemble encore un peu trop à un « double top ».

Je vous souhaite un très bon début de semaine, un bon lundi, une bonne inflation et je vous dis : à demain avec j’espère un peu plus de choses à dire…bien que j’en doute.

Thomas Veillet

Investir.ch

« I finally realized that people are prisoners of their phones… that’s why it’s called a « cell » phone”

Anonymous