Il est étonnant de voir à la vitesse à laquelle nos convictions changent. Autant l’annonce de la FED mercredi soir et la réaction du marché qui a suivi aurait pu laisser dubitatif les analystes les plus aguerris – puisque la logique des bouquins de finance aurait voulu que l’on utilise la vieille formule du « hausse des taux est égale à baisse de la tech au carré, multiplié par la racine carrée du 10 ans américain » -  autant la contre-réaction d’hier avait de quoi laisser pantois le moindre chroniqueur boursier qui aurait abusé du rhum hier soir. C’est bien simple, pendant un moment j’ai cru que l’on avait changé d’équipe et que les traders de mercredi avaient été virés.

L’Audio du 17 décembre 2021

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L’Angleterre a fini première quelque part

Mais avant de revenir au marché US qui est visiblement atteint d’Alzheimer et de Parkinson EN MÊME TEMPS, faisons un rapide détour par l’Angleterre et l’Europe. Ouiiiiii, parce que cette semaine il n’y avait pas que la FED qui causait – hier il y avait aussi la Banque d’Angleterre et la Banque de Christine Lagarde – Et les Anglais ont pris tout le monde à contrepied. Ce qu’ils n’arrivent toujours pas à faire dans les grandes compétitions internationales d’ailleurs. Hier la Banque Central Britannique a donc décidé de monter les taux d’un quart de point pour « freiner » l’inflation galopante. Visiblement ils, continuent à garder leurs programmes de rachats obligataires pour soutenir l’économie, la Guinness et le salaire de Ronaldo, mais par contre, ils resserrent la vis sur les taux.

Les Anglais ont donc pris la tête dans la course à la hausse des taux dans le monde occidental. La FED avait mis en place la stratégie mercredi et le George Clooney des banquiers centraux, leur volé la vedette. Pendant que l’Angleterre faisait son tour d’honneur pour avoir marqué le premier goal, Lagarde essayait de tirer la couverture à elle. La patronne de la BCE a déclaré que SA banque continuerait à soutenir l’économie et que les rachats obligataires allaient durer encore jusqu’au printemps, quant à la hausse des taux, c’était exclu d’en parler avant 2023. Chacun son rythme finalement.

Pendant ce temps, la BNS a relevé jeudi ses prévisions d’inflation face à la poussée des prix des produits pétroliers et les tensions sur les approvisionnements, mais a aussi remonté sa prévision de croissance à 3,5% pour 2021, l’évaluant ensuite à 3% pour 2022. Comme attendu, la politique monétaire ultra-accommodante est maintenue et on garde les taux en  négatif – inchangé à -0,75%. Ça n’était pas le communiqué de presse le plus sexy de la semaine. Mais bon, en même temps, comme il n’y a que les Suisses qui écoutent, c’est pas très important.

Revirement de tendances

Pour ce qui est des USA, comme je le mentionnais plus tôt dans cette chronique ; on a vraiment eu l’impression que les mecs qui ont pris des positions mercredi soir n’étaient pas les mêmes que ceux qui ont tout vendu hier soir. Ou alors, les décisions qui ont été prises mercredi soir étaient basées sur des fakenews qu’ils avaient trouvé dans le Metavers, allez savoir. On peut donc assez facilement dire que la digestion de la FED prend plus de temps que prévu et que tout cela s’est fait en deux temps.

Tout d’abord mercredi nous avions noté que :

1) La FED fait des efforts pour réduire l’inflation

2) Que tout était bon dans le cochon comme dans l’inflation et du coup on a tout racheté – surtout les techs qui étaient frileuses depuis quelques jours.

 

Et puis jeudi on s’est soudainement souvenu que :

 

1) quand on monte les taux, c’est quand même pas bon pour les techs… et que mercredi on avait un peu oublié le concept.

2) que nous avions déjà appliqué le concept AVANT le meeting de la FED

3) qu’il serait bon d’appliquer les bonnes vieilles théories boursières qui disent que les techs n’aiment pas les taux qui montent et que l’or est une valeur refuge.

On ne pourra donc pas s’empêcher de noter que toutes les « Big techs » se sont fait avoiner entre 3 et 7%…  Un peu l’exact opposé de mercredi soir. Et même l’or est remonté à 1’800$ – pendant un moment on se serait cru en théorie, puisqu’en théorie ; tout se passe bien. En résumé, mercredi on était content parce que la FED agissait contre l’inflation et jeudi on n’était pas content parce quand les taux montent, c’est mauvais pour les actions. Sauf que visiblement, on est tellement fatigué que l’on ne peut plus gérer ces deux états de fait dans la même journée. On doit D’ABORD digérer le côté positif de la lutte anti-inflation et ensuite exécuter les actions parce que ça pose problème. On ne peut clairement plus faire deux choses à la fois. C’est comme si vous mangez une fondue au fromage le vendredi et que vous digérez le pain le samedi et le fromage le dimanche. C’est pas « monstre » pratique.

Chapter COVID

Au moins, pendant que nous étions en train de digérer la FED, on n’a pas trop parlé du COVID. On en a parlé quand même, mais pas trop. Il y a eu le Président Biden qui est venu prendre son rôle de prédicateur et nous annoncer que « les gens qui ne seraient pas vaccinés cet hiver allaient subir les foudres de Dieu et qu’ils n’obtiendraient que MALADIE et MORT !!! ».

Bon, j’avoue que j’ai mis les foudres de Dieu en plus, mais vu le discours de l’autre grabataire, on avait l’impression qu’il était en train de prêcher. Pendant que Biden essayait de souvenir du code de son iPhone, le département de la santé US a recommandé aux gens qui veulent se faire vacciner, d’utiliser en priorité le vaccin Pfizer, puis Moderna et finalement le vaccin Johnson & Johnson s’il n’y a plus d’autre alternative. C’est assez drôle de voir que les Américains ont mis au moins au point un truc qui ressemble au « 50 millions de consommateurs »  spécial  vaccination. À moins que les gars de Pfizer et Moderna aient été plus généreux avec les étrennes aux fonctionnaires fédéraux.

Au chapitre COVID, on notera encore que cette fois c’est sûr, le variant Omicron est 70 fois plus contagieux que les autres, mais on ne sait pas vraiment s’il est plus dangereux, moins dangereux ou dangereux pareil. On va probablement attendre 8 ou 9 mois pour nous le dire, comme ça d’ici-là, Pfizer et Moderna auront pu écouler leurs stocks, parce que ce n’est pas bien de jeter. Il y a aussi une autre étude qui dit que si vous avez les symptômes suivants :

– Nez qui coule

– Maux de tête

– Fatigue

– Éternuements

– Maux de gorge

Vous pourriez être infecté et il faut immédiatement vous mettre en quarantaine. En gros, cette année ; si vous avez un rhume, vous n’avez plus le droit de sortir. Toujours est-il que toutes ces bonnes nouvelles ont fait monter Pfizer, Moderna et Johnson & Johnson, parce que même si leur vaccin c’est de la merde par rapport aux deux autres, c’est quand même mieux qu’attraper un rhume.

L’Asie

Ce matin l’Asie est en chute libre parce que les taux qui montent, c’est pas bon pour la tech. En gros c’est la réplique du tremblement de terre de Wall Street hier soir. Là tout de suite, le Nikkei est en baisse de 1.8%, quant à la Chine et Hong Kong, c’est 1% de baisse partout, balle au centre. Je ne vais pas vous faire un dessin pour expliquer la baisse plus que ça. Par contre, le pétrole tient le choc après les inventaires de la veille, l’hiver qui arrive et l’économie qui repart. Il se traite à 71.62$.

L’or a repris quelques dollars pour toucher à nouveau les 1800$, on se demande bien quelle peut être la raison de ce soudain rebond et si cela pourrait éventuellement durer. Et puis on se souvient que c’est l’or et que l’on peut se rendormir. On parle aussi des cryptos qui sont dans le coma et du fait que de plus en plus d’analystes se méfient de l’aspect technique, pendant que d’autres annoncent un année 2022 qui sera sous le signe du Moet et Chandon et des confettis pour fêter les records… Pour le moment, le Bitcoin est à 47’700$ et l’Ether est à 3’957$.

Les nouvelles du jour

Du côté nouvelles du jour, on notera que Rivian a complètement raté son trimestre – si l’on se base sur les attentes des analystes qui pariaient sur une perte de 5$ par action alors que la société annonçait une perte de 12.21$ par action… Le titre se faisait défoncer after close, mais certains experts disent que c’est pas grave, parce qu’il ne faut jamais faire d’analyse fondamentale sur une boîte qui vient à peine d’arriver en bourse. Je pense qu’il ne faut jamais en faire tout court d’ailleurs. Surtout sur une voiture électrique.

Autrement les Américains se ruent dans les pharmacies pour se faire vacciner avec le booster anti-Omicron, les pharmacies sont complètement débordées. Pendant ce temps, les Français vont refuser l’entrée aux Anglais qui voudraient venir en France pour skier. Ils s’en foutent, tout le monde sait que les Anglais vont à Verbier, avec les Parisiens qui retourneront en France avec le variant qu’ils auront chopé des Anglais en Suisse. Goldman Sachs a donné l’ordre à ses employés d’annuler toutes les Christmas Parties et le Père Noël devra se désinfecter avec du gel pour rentrer dans la cheminée. Et puis Apple a décidé de repousser le retour au travail en présentiel de manière indéfinie.

Les chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres économiques, aujourd’hui pas de banques centrales, mais l’IFO en Allemagne et le CPI en Europe. Pour le moment les futures sont légèrement dans le rouge et ce soir c’est le week-end et c’est aussi la dernière semaine avant Noël.

Passez une très belle journée, un très beau week-end, moi j’ai le rhume alors je vais rester en quarantaine pendant un mois, juste pour être certain de ne pas avoir chopé l’Omicron.

À lundi !!!

Thomas Veillet

Investir.ch

“Any fool can know. The point is to understand.”
― Albert Einstein