Hier nous étions dans deux mondes parallèles. À ma droite l’Europe qui était contente parce qu’Omicron est presque mort et qui prenait les profits parce qu’il y avait des tensions en Ukraine – ben oui, faut bien des justifications – et à ma gauche, les USA qui étaient contents parce que Pfizer a trouvé la nouvelle martingale pour les vaccins, puisqu’avec la troisième dose, on peut régler le cas d’Omicron. Et puis, pendant que l’on s’agite dans tous les sens, il y a l’inflation qui est là, tapie dans l’ombre, prête à bondir. Mais ça on s’en fout, on se garde le sujet pour la semaine prochaine.

L’Audio du 9 décembre 2021

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L’Europe dans le rouge

Forcément, quand tu viens d’exploser pendant plus de deux jours, il ne fallait pas trop se poser de questions sur la suite. Il fallait vendre, prendre les profits et se barrer en week-end à Deauville un peu plus tôt que prévu. Sauf que pour vendre le marché alors que le monde entier était en train de célébrer la victoire de l’intelligence humaine contre un virus bas de plafond qui a le QI d’une star de la téléréalité, il fallait trouver des arguments. Alors on a cherché.

On a cherché et puis on a trouvé. Les tensions Ukrainiennes feraient l’affaire. Après tout personne n’est capable de placer l’Ukraine sur une carte sans se gourer, ça fait des mois que ça dure et personne n’est capable d’expliquer les raisons du conflit, des tensions ou même de la problématique de base – mis à part Macron qui gesticule avec ses petits bras (et ses Rafales) sur la place rouge en menaçant Poutine de représailles et de lui envoyer la Légion Etrangère – donc le thème de l’Ukraine a pleinement justifié le fait de vendre la France et l’Allemagne. La Suisse s’en est mieux sortie, mais termine avec un reversal au plus haut de tous les temps qui fout les jetons. Pourtant Parmelin n’est plus Président des Helvètes et Cassis pense que l’on est toujours unis face à la pandémie – encore un qui vit à Disneyland – il n’y a donc pas de quoi s’inquiéter, même si ce reversal sur le SMI me fout les poils.

Les USA  et le viagra

On connait tous les effets du viagra. Tout au moins on en a tous entendu parler. Ou alors on a un ami qui a un cousin qui a entendu parler de quelqu’un qui en avait utilisé. Une fois. Eh bien pour le moment c’est les indices boursiers qui sont tellement chargés au Viagra que la DEA est en train d’enquêter pour voir s’il n’y pas eu d’ordonnances illégales. Hier les bourses américaines terminaient en hausse. Le Dow Jones légèrement, le S&P un peu plus et le Nasdaq, c’est lui qui avait reçu le reste de la tablette et qui a tout pris d’un coup. Globalement on adore toujours la tech et dès qu’il faut célébrer la hausse, tout le monde se jette dessus.

Même si hier c’était une « value » qui motivait les troupes. Et la « value » en question c’était la même qui produisait le Viagra et qui luttait contre le virus tel un chevalier en armure qui rentrerait dans la grotte du dragon sans peur et sans reproche. Pfizer a donc parlé hier et a annoncé que si l’on prenait trois doses, le variant Omicron serait rayé de la surface de la Terre et si ça n’est pas de la surface de la Terre, ça sera de la surface de l’écouvillon de votre prochain test antigénique qui vous donnera le droit (pendant 12 minutes) de rentrer dans une boulangerie pour acheter du pain.

Cette annonce, faite par le géant bleu a rassuré (encore une fois) tout le marché. Les intervenants ont adoré le fait qu’après avoir testé 39 personnes contaminées au variant, dix jours après son apparition, Pfizer puisse avec une quasi-certitude, annoncer que trois doses puis éventuellement un booster après, tout le monde devrait être capable de lutter contre un variant qui ne met pas en péril leur vie, puisque jusqu’à nouvel ordre, sur toutes les personnes contaminées au variant Omicron, aucune n’est décédée et les symptômes sont toujours « légers ». C’est donc comme si tu envoyais un peloton de Navy Seals surentraînés a tuer pour aller contrôler les billets dans le bus TPG : ça ne servirait pas à grand-chose. Déjà que les contrôleurs des TPG ne servent pas à grand-chose.

On ne va pas polémiquer sur le sujet, les débats sont largement assez intenses sur Facebook, mais disons qu’on est en train de s’exciter pour une troisième dose comme les groupies de Patrick Bruel s’excitent quand elles apprennent qu’il cherche une masseuse bénévole pour ce soir, alors que le variant en question pose à peu près autant de risque qu’une gueule de bois au champagne. Mais bon, on comprend que Pfizer a encore des stocks de vaccins à écouler et que ça serait ballot de gâcher. La société pharmaceutique va donc demander l’approbation de tout cela et rendre disponible le nouveau super-vaccin anti-Omicron dès le mois de mars, pour autant que les types de la FDA qui sont à leur botte, leur donnent l’approbation rapidement.

Bon, vu la vitesse de contamination, d’ici mars on l’aura tous eu, le variant Omicron. Mais je dis ça, je dis rien.

Youpie Pfizer, plus besoin de se moucher

En résumé, tout le monde il est beau, tout le monde il est content parce que Super Pfizer a encore frappé et trouvé un vaccin en mois temps qu’il n’en faut à Biden pour se faire faire une coloscopie et en encore moins de temps qu’il n’en faut à la Suisse pour comprendre qui est cet Ignacio Cassis dont on n’a jamais entendu parler. La nouvelle de Pfizer n’aura néanmoins pas permis à Wall Street de retourner au plus haut de tous les temps, mais on est content de savoir que l’on peut lutter contre la pandémie avec un produit chimique miracle qui a fait ses preuves. En tous les cas, si cette pandémie doit nous avoir appris quelque chose, c’est que jusqu’à maintenant on a toujours été franchement nuls, puisqu’il nous fallait des années pour développer un vaccin alors que maintenant en trois jours on trouve des solutions, le tout en se permettant de partir en week-end pour aller à la pêche. À ce rythme-là, une bonne panoplie du petit chimiste et dans 6 mois c’est une classe de deuxième enfantine qui trouve le vaccin contre le cancer.

Bref, à la fin les USA terminent en hausse et pas l’Europe. Enfin, sauf la Suisse, mais comme elle est pas dans l’Europe, on s’en fout.

L’Asie

Ce matin l’Asie est partagée. Le Nikkei est en baisse de 0.5% mais après un rallye 3.5% sur deux jours, on ne peut pas lui en vouloir. La Chine et Hong Kong sont en hausse de 1% alors qu’Evergrande est à peu près aussi vivant et dynamique qu’une truite posée au milieu du désert, mais visiblement, tout le monde s’en fout. On s’en fout tellement que ça donne l’impression que même si elle faisait faillite, il n’y aurait aucune conséquence. Ce qui est intéressant, c’est que – pour le moment – personne ne parle de l’inflation. Mais ça ne devrait plus tarder.

En effet, demain il y aura les chiffres du CPI américain juste avant le week-end et juste avant le meeting de la FED qui aura lieu la semaine prochaine. Autant vous dire que si les chiffres en question sont forts ET QUE L’ON SAIT qu’Omicron c’était du pipeau, on n’a pas fini de rigoler vendredi et lundi prochain. Parce que soudainement l’inflation, qui était tapie dans l’ombre attendant que quelqu’un passe devant sa caverne avec un petit pot de beurre dans les mains pour lui arracher la tête, pourrait bien se rappeler à notre bon souvenir et faire les gros titres de la presse qui va devoir se souvenir qu’il n’y a pas qu’Omicron dans la vie et que Powell n’est plus une colombe.

Pendant ce temps, le pétrole continue sa remontée, lentement mais sûrement et puis l’or, le Bitcoin et la panse de brebis ne font plus rien depuis trois jours. Pourtant, en ce qui concerne le Bitcoin, ça n’est pas les targets délirants qui manquent. En trois minutes de recherche, ce matin j’ai trouvé 75’000$ à court terme et 300’000 dans les deux ans. Et encore n’ai pas pris le temps de chercher plus loin.

Les nouvelles du jour

Pour les nouvelles du jour, on notera la spéculation Porsche/Volkswagen qui reprend, Tesla qui vend bien en Chine, mais qui perd des parts de marchés. Il y a aussi GameStop qui annonce une perte mais des revenus mieux qu’attendus, bien que ça soit toujours trop cher. Il y aussi les prix des légumes en Chine qui ont explosé de 30% rien qu’en novembre, ça va sûrement bien se terminer.

Certains experts commencent à douter de la crédibilité  de la FED alors que l’on se prépare à assister au quatrième tournage de veste de Powell la semaine prochaine. C’est bien beau, mais comme il vient d’être réélu, va falloir attendre 4 ans pour le virer, à moins que le nouveau Président de dans 3 ans accélère le processus. Autrement il y a plein d’articles sur les vaccins dans tous les sens, mais en conclusion ça ressemble à un joli bordel et chacun offre une stratégie « spéciale » Omicron alors que de plus en plus de voix s’élèvent pour dire que ça ne sert à rien de se battre contre des moulins à vent, il suffit de demander à Don Quichotte.

Les chiffres du jour

Côté chiffres, il y aura le Trade Balance en Allemagne et les Jobless Claims aux USA. On va aussi s’échauffer sur l’inflation pour demain et puis ça sera tout. Les futures sont indiqués en légère baisse à New York, mais l’Europe devrait ouvrir dans le vert.

Je vous souhaite une très belle journée et je vous retrouve demain à la même heure et au même endroit.

Thomas Veillet

Investir.ch

“I know what you’re thinking ‘Did he fire six shots or only five?”
― Clint Eastwood