Autant les Américains nous manquent quand ils ne sont pas là, autant si c’est pour revenir et nous défoncer le marché comme ils l’ont fait hier, on préférerait quand même qu’ils restent à la maison pour fêter Martin Luther King. Toujours est-il qu’ils ont pris la décision de venir quand même et de se réchauffer la cuisine de la semaine dernière. À savoir : les taux qui foutent les jetons, l’inflation qui fout les jetons et le Nasdaq qui se fait défoncer, parce que soyons clair, c’est tout de la merde et que l’on serait quand même mieux avec des actions bien défensives qui ne foutent rien depuis des années mais qui paient un dividende. Bref, pour faire simple ; hier c’était : tous aux abris !

L’Audio du 19 janvier 2022

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L’inflation, les taux, les taux, l’inflation, l’inflation, les taux

On ne va pas se perdre en conjectures et y aller par quatre chemins, on va aller droit au but et ne pas perdre de temps : les gens ont peur de l’inflation et donc, du fait que la FED pourrait bien monter les taux de 0.5% en mars.

Il faut d’ailleurs reconnaître que c’est étonnant, parce que les membres de la FED sont en « black period » et n’ont rien le droit de dire avant jeudi prochain APRÈS le FOMC Meeting et pourtant, le marché « SAIT » déjà ce qu’ils vont faire en mars. Tout en sachant que personne ne sait ce qu’ils vont faire ou dire en janvier ou en février. Mais non, nous, nous sommes dans la De Lorean de Retour Vers le Futur et on sait déjà ce qui va se passer en mars – sauf que pour les deux mois d’avant, on n’avait pas assez d’énergie nucléaire pour aller vérifier.

Donc, hier quand on se chauffe avec ce genre d’histoire, que l’on se dit que la FED va monter les taux 4 fois en 2022 dont une fois à coup de 0.5%, on ne peut pas vivre une « belle journée ». C’est alors à ce moment très précis que l’on s’est souvenu que lorsque l’inflation galope à ce point, tout le secteur tech devient instantanément has been ! Les voitures électriques, c’est de la daube. Les smartphones, c’est nul. Les ordinateurs, la blockchain, les semi-conducteurs, la vente en ligne, le streaming. Tout. Tout ce qui a façonné nos vies depuis 25 ans est devenu de la grosse daube bien pathétique qui ne fonctionnera jamais – on est tellement mieux dans une librairie à chercher une cabine téléphonique pour appeler sa moitié et lui dire qu’on sera en retard parce qu’UBER n’existe pas et que le vidéo-club d’à côté est fermé.

Quoi qu’il en soit, hier on n’a pas attendu d’en savoir plus. On a tiré d’abord et posé des questions ensuite. Un peu comme la police genevoise quand ils voient une trottinette électrique sur un trottoir. La tech et le Nasdaq se sont fait déglinguer propre en ordre et on s’est soudainement rendu compte que le Nasdaq Composite, celui que l’on ne regarde JAMAIS, venait de casser sa moyenne mobile des 200 jours à la baisse.

Comme si on avait besoin de ça. Du coup, tout le monde a ressorti ses livres d’histoire et s’est aperçu que lorsque le Nasdaq Composite casse la moyenne mobile des 200 jours à la baisse, la semaine qui suit n’est pas bonne. Le mois qui suit n’est souvent pas bon… La suite est moins grave. Mais ça on s’en fout, parce que nous on n’investit pas à 12 mois ou à 3 ans, mais plutôt à 12 minutes ou maximum une semaine. Et puis c’était pas tout…

Graphique du Nasdaq Composite – Source : Tradingview.com

Inflation pétrolière

Alors que nous étions en mode « on va tous mourir à cause du Nasdaq » et « on va tous mourir à cause que les taux ils vont monter de 0.5% en mars », on s’est EN PLUS rendu compte que le baril continuait de monter, monter et monter encore. Entre les rebelles de je-ne-sais-pas-où qui foutent le bordel autour des pipelines et le pipeline de Kirkuk-Ceyhan qui est en panne, on a vu le baril se rapprocher de plus en en plus des 90$. Et pour être franc, ça n’est pas tant le fait que le pétrole monte qui nous fait peur, mais plutôt le fait que l’on vient de se rendre compte que le pétrole – quand il monte – à la capacité de pousser l’inflation à la hausse.

IL ne faudra pas dire que je ne vous l’avais pas écrit celui-là. Mais quoi qu’il en soit, la prise de conscience est venue hier et on s’est rendu compte que si le baril continuait à monter massivement, on allait le sentir passer à la pompe. Et que quand vous vous retrouvez seul devant la pompe avec pour seule arme, votre carte de crédit, vous prenez soudainement conscience de ce que représente l’inflation. Surtout quand vous comprenez que vous n’irez pas plus loin avec une essence qui ne vous apporte pas grand-chose de plus qu’il y a 6 mois.

En résumé, si l’on doit revenir sur la journée d’hier, en dehors du fait que Microsoft va s’offrir Activision et Call of Duty pour la modique somme de 69 milliards, l’ambiance aura été pourrie, morose et pas loin d’une bonne vieille panique qui se déclencherait lorsque plus personne ne croit plus en rien et que l’on a la confirmation que le krach est là, qu’il est parmi nous. Et ce avec la même conviction que la FED va monter les taux de 0.5% en mars. Si on est toujours vivants.

Oui, parce que le COVID n’est pas mort

Oui, parce qu’en plus du Nasdaq qui casse à la baisse, des rendements qui cassent à la hausse et des taux qui vont monter de 0.5% en mars, il y a aussi les gars de l’OMS qui sont venus nous faire une cession de motivation et de coaching sur la pensée positive. On sait que, depuis le début de la pandémie, chaque fois que ces andouilles ont pris la parole c’était pour nous dire que l’on va tous mourir, que l’on ne s’en sortira jamais et que le prochain virus sera bien pire que tout ce que l’on connait et que si ça se trouve, après Omicron, il y a un nouveau virus qui va arriver et tous nous transformer en Jean Castex – ce qui rendrait effectivement l’envie de mourir bien plus consistante.

Eh bien l’OMS n’a pas bougé d’un iota dans sa stratégie optimiste et teintée de joie, saupoudrée de bonheur. Hier, contestant une idée largement répandue, l’Organisation Mondiale de la Santé a déclaré que la pandémie ne prendra JAMAIS fin avec la variante Omicron, avertissant que les niveaux élevés d’infection dans le monde entraîneront probablement l’apparition de nouvelles variantes à mesure que le virus mute. Madame Van Kerkhove (responsable technique de l’OMS – c’est elle qui décide si l’OMS va jouer en 4-4-2 ou en 4-3-3) a déclaré que ce n’était pas le moment de relâcher les mesures de santé publique, telles que la réduction du port de masques et l’éloignement physique. Elle a appelé les gouvernements à renforcer ces mesures afin de mieux contrôler le virus et de prévenir les futures vagues d’infection dues à l’apparition de nouvelles variantes.

Bref, en gros, histoire de nous casser le moral une bonne fois pour toute, elle a dit qu’on n’était pas encore sorti de la merde et que ça serait bien que le monde entier s’injecte une douzaine de doses pour être sûr et qu’à la fin c’est Pfizer qui gagne. Heureusement, le marché était trop préoccupé par la hausse des taux, l’inflation et le Nasdaq qui se faisait massacrer pour noter que l’OMS nous condamnait à une nouvelle année d’atroces souffrances avec le soutien et la complicité de nos bons vieux politiciens.

L’Asie terrorisée

Ce matin l’Asie est terrorisée. Terrorisée par l’inflation, les taux et le fait que Microsoft pourrait garder les jeux d’Activision que pour ses consoles XBOX. Sony perd 13% pour fêter ça. Le Nikkei est en baisse de 3% et revient pile-poil sur les niveaux de support du canal latéral dans lequel nous sommes. Evidemment que Sony n’aide pas. Pour le reste, le Hang Seng recule de 0.5% et la Chine baisse de 0.7%.

Pour le reste, le baril est donc à 86$, comme je vous l’ai dit. Dans les 12 prochaines heures on va se souvenir qu’en dessus des 100, c’est la récession qui va nous frapper derrière la nuque. Quant aux deux stars qui sont censés nous hedger contre l’inflation : l’or et le Bitcoin, ils sont tous les deux dans le coma. L’or est à 1813$ et le Bitcoin s’accroche pour ne pas casser les 40’000 à la baisse, mais franchement, vu le désintérêt qu’il y a sur ce truc, à moins d’un tweet de Musk, on voit mal comment il va rebondir. Surtout qu’en ce moment, la tech c’est tellement nul que personne n’imagine un jour payer avec du Bitcoin, surtout quand on sera repassé au troc et que l’on aura tous un potager sur son balcon pour faire pousser des carottes.

Les nouvelles du jour

Autrement, Goldman Sachs a foiré son trimestre. Le titre perdait 7% et on commence à se dire que l’on a un peu trop anticipé de la joie et du bonheur sur les bancaires, sur l’unique fait que les taux vont monter. Maintenant il faut délivrer du concret et comme on a un peu trop anticipé, il faut donc payer les pots cassés. Il y aussi Silvio Berlusconi qui revient en politique après 3 ans d’inéligibilité. Comme quoi la connerie ne s’arrête pas avec l’âge, moi qui croyais qu’il était mort. Il faut dire que ça faisait au moins six mois que l’Italie n’avait pas vécu une crise politique et que l’on commençait à trouver le temps long.

Côté chiffres économiques, nous aurons le CPI en Angleterre et en Allemagne, ainsi que les chiffres de l’immobilier aux USA. Pour les chiffres du trimestre, nous aurons Bank of America et Morgan Stanley.. à voir la gueule du reste, ça va pas être simple. Et puis il y aura aussi ASML et Alcoa. Pour le moment, les futures sont en baisse de 0.5% et c’est pas gagné pour le rebond, la peur est parmi nous et les gens qui pariaient sur un krach sont en train de se dire qu’ils vont finir par avoir raison.

Passez une très bonne journée et on se revoit demain !

Thomas Veillet

Investir.ch

“There are no limits to what you can accomplish, except the limits you place on your own thinking.” – Brian Tracy