Depuis le temps que je navigue dans les eaux troubles de la finance, ça n’est pas la première fois que je vois des journées comme ça. Des journées qui commencent avec du sang sur les murs, des journées qui commencent avec l’impression que l’on va tous mourir et des journées qui voient les traders européens rentrer à la maison, profondément déprimés. Mais surtout des journées où les Américains ont soigneusement guetté le départ des Européens à la maison avant de tourner la veste, de changer d’avis et de mettre les gaz.

L’Audio du 11 janvier 2022

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WTF ?

On ne va pas y aller par quatre chemins, on va aller droit au but : hier on a regardé la photo dans l’autre sens et finalement, ça n’était pas si mal. Sans compter que l’on a eu droit aux commentaires de Jamie Dimon qui était plutôt constructifs, droit aussi aux commentaires du stratégiste de Jamie Dimon qui conseille d’acheter sur faiblesse – quelle coïncidence quand même que le mec il parle juste après son CEO pour dire qu’il est d’accord avec lui – et puis il y a aussi le rendement du 10 ans qui marque le pas et les gens qui commencent à se dire que, FINALEMENT PEUT-ÊTRE, on aurait déjà « pricé » la hausse des taux.

D’ailleurs hier soir, en direct de l’Olympe, Jamie Dimon a estimé qu’il pourrait y avoir plus de hausse des taux que prévu – en gros, plus que quatre – sur le coup, son stratégiste a renchèri en disant que la croissance économique pouvait LARGEMENT supporter plus de quatre hausses des taux – et puis le patron de JP Morgan a clairement expliqué que si la FED faisait tout juste, il y aurait pas mal de volatilité mais qu’à la fin on aurait un « soft landing » et que tout allait bien se passer. Une belle fin d’année en mode Hollywood avec les gentils qui gagnent à la fin. En tous les cas, la FED devra se passer de Richard Clarida qui a filé son sac hier. Le Vice Président de la FED a démissionné, démission qui fait suite aux scandales des investissements qu’il aurait fait en profitant de son statut de Vice-Président de la FED.

On ne sait pas s’il touchera sa retraite et s’il aura une Rolex en partant, mais disons que vu ce qu’il a gagné en deux ans en faisant du trading, il peut envisager de s’acheter une maison avec vue sur la mer à Hawaï et envisager une diète à base de langouste pour le reste de sa vie. En revanche, si la FED a besoin d’aide pour affiner sa stratégie pour ne PAS trop bousculer les marchés, Jamie Dimon est à disposition pour aider, on peut le trouver assis juste à la droite de Dieu.

Le rendement du dix ans et le vent qui tourne

En dehors du coaching du patron de JP Morgan, nous avons également eu droit au rendement du 10 ans qui cessait de monter, ce qui faisait se demander aux intervenants s’ils n’avaient pas « UN POIL » trop anticipé la hausse des taux. Et puis ça tombait bien, parce que le Nasdaq était juste sur des supports importants. Supports importants qui correspondaient plus ou moins à une baisse de 10% sur le Nasdaq depuis les plus hauts de tous les temps affichés à la mi-novembre de l’an passé. Et on ne pouvait donc pas imaginer laisser baisser le Nasdaq encore un peu plus et le faire entrer dans la zone que l’on qualifie de « zone de correction ».

Il aura donc suffi d’un double top sur le rendement du 10 ans, d’une baisse de 10% sur le Nasdaq (ou presque) et de quelques paroles bien sentie d’un des Rois du Monde, pour que le marché tourne la veste comme un politicien qui voit que son candidat préféré est en train de perdre du terrain dans les sondages. Ou que le variant Omicron ne prend pas la direction qui était prévue au début de la 22ème version des mesures sanitaires qu’il avait mis en place il y a trois semaines et qu’il fallait trouver un bouc émissaire pour expliquer que ça n’est pas sa faute.

En conclusion, le Nasdaq a repris 2.7% depuis les plus bas, c’est le plus gros retournement, le plus gros comeback que l’on ait pu voir depuis 2 ans sur l’indice technologique. Le Bitcoin n’a pas lâché les supports (pour l’instant) et n’a toujours pas déclenché sa figure de tête-épaules (pour l’instant) et la tech a même fini en hausse, laissant pas mal d’intervenants estomaqués par la violence du retournement.

Omicron 2.0

Autrement on a évidemment fait le point sur Omicron. Les contaminations sont toujours de plus en plus fortes et certains gouvernements sont au bord de la panique, parce qu’il y a trop de gens en quarantaine et que l’on a peur que l’économie ralentisse et que l’inflation explose si trop de monde se retrouve enfermé entre la cuisine et le salon pendant deux semaines. On est même en train d’envisager la réduction des quarantaines puisque soudainement le variant n’est plus aussi grave et la santé des gens est tout de même moins importante que la santé de l’économie.

Le gag de la journée revient tout de même au Premier Ministre français, puisque Monsieur Casse-Couilles.. pardon, Monsieur Castex, le toutou de l’emmerdeur de l’Elysée (c’est pas moi, c’est lui qui a commencé), est revenu sur les mesures misent en place dans les écoles en France. Avant, en cas de cas contact, l’enfant devait se faire tester tous les jours et prouver trois tests négatifs pour retourner en cours – cela engorgeant massivement les centres de tests – et puis dès aujourd’hui, un auto-test suffira pour autant que les parents « jurent sur l’honneur » que le test était négatif… Un politicien qui demande à des parents de jurer qu’ils disent la vérité, c’est UBUESQUE… Ce type n’a aucune idée de ce que peut bien être la signification du mot « vérité », tellement il est entraîné à mentir depuis qu’il est né.

Bref, le variant Omicron devient plus un problème économique qu’un problème de santé publique, la bourse semble s’en taper comme de son premier stop-loss et les politiques ne savent plus quoi faire, ni quoi dire pour ne pas avoir l’air trop idiot – n’ayons pas peur des mots, ils sont complètement paumés, il suffisait de voir Poggia à la télé hier soir, le gars il arrive à nous dire que, je cite :  … «Tout est juste et tout est faux, ça dépend du moment »…

Sans commentaire.

La bonne nouvelle c’est que le CEO de Moderna nous confirme le besoin d’une 4ème dose dès l’automne et que dans la foulée, il s’attend à une hausse des ventes de vaccins pour sa boîte. C’est étonnant. Il a quand même du bol d’y voir aussi clair.

L’Asie ce matin

Ce matin le Japon rattrape le retard et perd 0.9%, la Chine est en baisse de 0.5% alors que l’on parle beaucoup du fait que les quarantaines et les confinements qui sont un poil plus strict que chez nous, commencent à faire du mal à l’économie qui « pourrait » ralentir. Hong Kong est en hausse, légère, mais en hausse quand même. Et puis on notera que le Bitcoin tient le choc et ne casse pas les supports qu’il ne doit pas casser, pendant que le pétrole calme sa hausse parce que ça se calme au Kazakhstan. Pour le moment, l’or noir est à 78.78$, pendant que l’or se traite à 1807$, en route pour les 2’400$ comme c’est prévu depuis des années. C’est juste une question de temps.

On notera encore que malgré la hausse des taux qui s’annonce et la peur de l’inflation qui nous donne des cauchemars, Take-Two rachète Zynga pour près de 13 milliards. Même à 13 milliards c’est encore en-dessous du prix de l’IPO d’il y a quelques années et les experts de Wall Street qui savent tout mieux que nous et mieux que le CEO de Take-Two, sont assez dubitatifs sur l’intérêt du deal. Take-Two perdait 15% hier soir. Bon, il est vrai que quand l’on voit le type de jeu qu’offre Zynga, on aurait plutôt envie de s’ouvrir les veines avec un couteau à beurre, plutôt que d’y jouer, mais je crains que je ne sois pas objectif sur le sujet. On peut imaginer que Take-Two a besoin d’eux pour aller jouer dans le Metavers ou une connerie du style.

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on notera que les sociétés sont en train d’emprunter massivement de l’argent – on parle de 100 milliards d’emprunts récemment – la raison est simple, ils profitent des taux bas – pendant que c’est encore le cas – pour emprunter à bas prix. Pour le reste le Président du Parlement Européen est mort cette nuit, suite à une défaillance de son système immunitaire. Le patron de Pfizer estime que « deux doses ne suffisent pas pour combattre Omicron », sans compter qu’il a commandé la dernière Porsche et la dernière Ferrari et la dernière Rolls Royce et qu’il a des frais, lui.

Autrement Powell devrait être confirmé à son poste cet après-midi et dans la foulée, il témoignera devant les instances politiques. On imagine que ses paroles seront attentivement surveillées par les instances financières, au cas où il dirait qu’il ne monte plus les taux en 2022. On notera aussi que TSMC, la boîte de semi-conducteurs qui fournit Apple a publié des chiffres canons. C’est de bonne augure pour la saison qui nous attend.

Pour le moment les futures ne font rien et l’Europe devrait ouvrir en hausse, histoire de rattraper le retard accumulé hier. Quant à moi, je vous souhaite une très belle journée, un très bon café et on se retrouve demain à la même heure avec nos masques FFP2 pour éviter de contaminer nos PC.

À demain, si vous le voulez bien.

Thomas Veillet

Investir.ch

“The secret of getting ahead is getting started.” – Mark Twain