La première moitié du premier mois de l’année 2022 est donc terminée. On pourra clairement dire que ça ne restera pas inoubliable, puisqu’à la fin on se pose pratiquement encore plus de questions que l’on ne s’en posait le 1er janvier. Avant on avait peur de l’inflation, maintenant on a TRÈS peur de l’inflation. Avant on s’attendait à 3-4 hausses des taux au maximum, maintenant on nous parle de 7 hausses de taux. Avant on pensait que les chiffres trimestriels pourraient nous sauver les fesses, mais maintenant on est persuadé que ça va être très compliqué. Si on en doute, il suffira de regarder les chiffres de JP Morgan qui ont été publié vendredi.

L’Audio du 17 janvier 2022

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L’angoisse des trimestriels

En un mot comme en cent, JP Morgan a publié des chiffres qui étaient en dessus des attentes. On peut même dire que c’était pas mal, sans compter que les financières restent très à la mode avec les hausses de taux qui s’annoncent. Pourtant, même si la banque de Jamie Dimon a fait mieux que les attentes, les analystes et autres experts en finance ne pouvaient pas faire autrement que de chercher « la petite bête » et en finance, quand on cherche, on trouve. En l’occurrence, on n’a pas trop aimé les prévisions de la banque américaine qui estimait que l’inflation et Omicron allait encore rendre les choses plus compliquées pour une reprise dans leurs activités « marchés financiers », sachant que c’était déjà le truc qui ne fonctionnait pas trop bien ce dernier trimestre, l’idée de voir l’ombre d’Omicron flotter au-dessus de Wall Street ne remplissait pas les experts de joie.

Pourtant, il faut bien reconnaître que personne n’a la moindre idée sur ce qu’il faut croire ou penser au sujet du COVID et de ses différents variants. Si vous en doutez ; regardez ce que font nos chers gouvernements, il n’y en n’a pas un pour rattraper l’autre, ils font tous des essais à tâtons et n’ont AUCUNE espèce d’idée d’où ils vont. Un jour la quarantaine c’est 10 jours, le lendemain c’est 15 puis c’est à nouveau 10, puis après c’est 5. Ensuite, les cas contacts c’est hyper-grave, 48 heures après : c’est quoi un cas contact ? Et puis les masques un coup c’est bien, un coup c’est pas bien, un coup faut du tissu, un coup du chirurgical, un coup du FFP2… La seule chose rassurante dans tout cela, c’est le fait que le COVID, ça ne soit pas Ebola, parce que sinon, avec les gouvernements de clowns que l’on a, on serait tous morts en trois semaines.

Toujours est-il que JP Morgan a osé annoncer que le reste de l’année serait « compliquée ». La sanction ne s’est pas fait attendre : 6% de baisse. Wells Fargo a surpris en bien et s’est abstenue de faire des paris sur l’avenir – ce qui semble smart, puisque le titre reprenait plus de 3%, quant à Citi qui reculait de 1.3%, on avait l’impression que tout le monde s’en foutait. La seule chose qu’il faut retenir, c’est que l’interprétation que nous allons faire des trimestriels, sera la clé des 4 prochaines semaines. Je dis les 4 prochaines semaines parce qu’ensuite on est en vacances de ski et tout le monde s’en foutra de ce qui se passe sur les marchés.

Les taux se resserrent

L’autre sujet du moment, c’est les taux d’intérêt. On sait tous que ça va se compliquer dans les semaines qui viennent, mais on ne sait pas trop de combien ça va se compliquer. Pour le moment, tout le monde y va de sa prédiction, on en est à 4 hausses pour Goldman Sachs et Deutsche Bank, 7 pour JP Morgan et le Hedge Fund Manager Bill Ackman demande à la FED de frapper vite et fort. Il aimerait voir rapidement une hausse de 0.5% pour montrer que Powell est le patron et qu’il ne va pas se laisser faire.

La question que l’on peut se poser serait de savoir si la FED est capable d’obéir à Bill Ackman lors de son prochain meeting qui se tiendra le 25 et le 26 janvier. Cela paraîtrait totalement ahurissant qu’ils décident de monter les taux aussi vite et ceci, sans avoir fini le tapering. Mais il faut avouer que vu tout ce que l’on a vu et vécu ces 24 derniers mois, il faudra s’attendre à tout. Le doute est donc parmi nous en ce début de semaine tronquée à New York, puisque l’ensemble des marchés américains seront fermés pour cause de Martin Luther King Day et sans compter qu’aucune membre de la FED ne devrait plus parler aux médias avant la conférence de presse du mercredi 26 janvier, ce qui laissera place à plein de spéculations, ainsi que plein de théorie à deux balles de la part de gens qui n’en savent pas plus que vous et moi, mais qui font semblant de savoir mieux et plus que vous.

La semaine qui nous attend sera donc placée sous le signe de l’inflation, des taux et des chiffres trimestriels. Ça fait beaucoup de signes qu’il va falloir gérer. Pour le moment, les marchés européens vont pouvoir jouer les égocentriques puisqu’ils seront tout seuls à devoir prendre leurs propres décisions, sans regarder ce qui se passe New York pour le moment.

La Chine semble aller mieux, mais pour combien de temps ?

L’économie chinoise a progressé de 8,1% en 2021, mais Pékin est confronté à des pressions pour soutenir l’activité après une chute brutale au second semestre, le Parti communiste au pouvoir ayant contraint son vaste secteur immobilier à réduire une dette galopante. Sur les trois derniers mois de 2021, la croissance de la deuxième plus grande économie du monde a chuté à 4 % par rapport à l’année précédente. Nous sommes bien loin des 18.3% du premier trimestre 2021. On s’attend à que la faiblesse persiste cette année en raison de nouvelles épidémies de coronavirus et de la réduction de la dette. Cela pourrait avoir des répercussions mondiales, en déprimant la demande chinoise d’acier, de biens de consommation et d’autres importations. Toujours est-il que pour le moment Shanghai prend relativement bien la chose et se traite en hausse de 0.6% pendant qu’Hong Kong est en baisse de 0.8% et que Tokyo grimpe de près de 1%.

Les peurs sur la Chine restent palpables, surtout qu’Omicron est en train de faire son travail de sape dans la région. Et quand on connait la Chine et ses méthodes de confinement que l’on va qualifier de « radicales », on peut imaginer que ça pourrait avoir des conséquences sur le moyen terme. Des conséquences que l’on n’a pas envie de subir encore une fois en Occident.

Pour le reste, on notera que ce matin l’or est à 1818$ et que le pétrole monte toujours un peu plus. Le baril se traite à près de 84$, les 90$ sont presque à portée de main. Côté crypto on ne parle presque plus du Bitcoin et de l’Ether, par contre on parle pas mal du Dogecoin, puisque Musk a de nouveau fait parler de lui en déclarant que le Dogecoin sera accepté par Tesla. La crypto s’en envolée sur l’annonce, jusqu’à que l’on prenne le temps de lire le tweet de Musk jusqu’au bout, puisque le fantasque milliardaire a annoncé que le Dogecoin serait accepté pour les « goodies » Tesla, mais pas pour les voitures. Si vous possédez des Dogecoins, vous pourrez donc acheter des briquets Tesla ou des Quad électriques pour enfant, mais pour ce qui est du dernier Modèle S, il va falloir encore payer avec des vrais dollars.

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, il faut reconnaître que ça faisait bien longtemps que l’on n’avait plus entendu parler du Crédit Suisse et on était impatient de voir les prochains exploits que la Banque Suisse nous réservait. C’est désormais chose faite, puisque le Chairman Horta-Osorio a quitté la banque après que l’on se soit rendu compte qu’il avait un peu profité de son poste pour aller se balader à droite et à gauche pendant que tout le monde était confiné. Nous assistons donc à un nouveau coup de sac à la tête du Crédit Suisse et on se réjouit vraiment qu’ils puissent recommencer à faire de la finance et de la gestion de fortune, plutôt que la une des tabloïds. À la limite on se demande même si le Crédit Suisse ne pourrait pas se lancer dans une émission de téléréalité, une émission où il faudrait choisir le nouveau big boss au milieu d’une tripotée d’influenceurs retouchés au botox et au silicone.

Autrement on retiendra que Tesla se concentre sur l’Afrique pour obtenir les métaux nécessaires pour leurs batteries, que Djokovic arrive à Dubai après s’être fait virer d’Australie, que les Français ont validé leur pass-vaccinal avec un minimum de députés et un taux d’absentéisme qui montre bien que la politique du pays est complètement à la rue et qu’il n’y a pas un politicien pour rattraper l’autre. Il y a aussi le Barron’s qui a publié les résultats de sa « table ronde » pour 2022. En gros, il faut s’attendre à beaucoup de volatilité avec des belles opportunités pour ceux qui sauront sauter dessus. En gros, on s’attend à un ciel couvert avec de la pluie et des éclaircies qui pourraient être entrecoupées de chutes de neige, mais à la fin il se pourrait que ça monte ou que ça baisse, tout en n’excluant pas la possibilité que ça ne fasse rien.

Chiffres du jour

New York est donc fermé en ce lundi et il n’y aura pas de chiffres économiques valables, si ce n’est le CPI Italien pour ceux qui veulent vraiment s’accrocher à quelque chose. Pour le moment les futures sont en baisse de 0.2%, tout en se souvenant que les Américains sont encore en week-end.

Je vous souhaite à tous une très bonne journée, une petite journée et on se revoit demain à la même heure et au même endroit !!!

Thomas Veillet

Investir.ch

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Mario Andretti