Je vous l’avais dit. Je vous l’avais dit hier que je peignais le diable sur la muraille pour « tromper » le marché et le forcer à remonter. Ça a fonctionné. À force de dire partout et tout le temps que c’est la merde et que l’on va jamais s’en sortir. Que l’inflation va nous péter à la gueule et qu’ensuite on va plonger en récession avec des taux à 6% et une croissance en chute libre. Eh bien on finit par faire peur à tout le monde et c’est là que les grands analystes et autres experts en finance et en économie arrivent pour nous « oh ben on était survendu, c’était évident ». Oui, c’est fou comme c’était évident. C’est aussi fou de voir combien on est intelligent et éclairé APRÈS !

L’Audio du 29 avril 2022

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Les supports ont tenu

La question que tout le monde se posait encore hier matin est la suivante :

« Le Nasdaq a-t-il vraiment cassé à la baisse, le S&P500 va-t-il suivre et est-ce que nous sommes en train de rentrer en Bear Market et ou est-ce que l’on va rebondir violemment sur cette zone-là parce que nous sommes survendus et qu’historiquement, on sait quand même que l’inflation c’est bon pour les actions et que même quand les taux montent, les indices finissent quand même par monter ??? »

Oui.

Bon.

D’accord, je le reconnais ; c’est une question à tiroir. Toujours est-il qu’hier matin, si vous aviez, comme-moi, passé la nuit à surfer sur le net en section finance pour essayer de vous imprégner de ce qui se dit et ce qui se pense dans le monde merveilleusement distingué et pointu de la finance mondiale, vous auriez forcément terminé votre séance de lecture à 6h30 le matin, complètement épuisé, déprimé, avec l’envie de partir vous installer sur une plage et vous lancer dans la méditation et essayer d’apprendre à être dans l’instant présent plutôt que de vous lancer dans le jeu des devinettes pour savoir si le Nasdaq serait à 10’000 dans trois semaines ou à 17’000. Parce que l’hypothèse d’imaginer le voir ne rien faire, n’est tout simplement pas imaginable. Justement.

Le tournage de veste a encore injecté 10’000 mégawatts dans le marché

Bref. Donc, hier matin la fin du monde était largement envisageable et même plutôt recommandée et on se demandait bien comment les chiffres nettement meilleurs que les attentes offerts par la société du cordialement détesté Mark Zuckerberg, allaient pouvoir faire rebondir le marché – surtout que l’ensemble de la planète finance s’était mis d’accord pour dire que ces chiffres étaient de la merde et que même si c’était mieux que les attentes. La croissance était en berne.  La pub sur internet ; c’était has been. Et puis en plus, plus personne n’allait sur Facebook, sauf pour poster ses photos de vacances ou des vidéos de chats, ce qui ne sert strictement à rien.

Et pourtant.

Et pourtant, malgré que tout le monde trouvait que les chiffres de Meta Platforms étaient minables et LARGEMENT surcotés par nos amis les investisseurs, le fait que la totalité du monde merveilleux de la finance était short sur Facebook, il a bien fallu couvrir les shorts. Et quand les shorts se mettent à poil, ça assure une ambiance de folie. Ce qui nous a donné un rebond assez spectaculaire sur les techs américaines afin que ce matin nous puissions lire les mêmes idiots qui nous promettaient la fin du monde hier encore, nous raconter que « le marché était survendu et que c’était ÉVIDENT que c’était survendu ». Alors qu’en fait, tout ça c’est grâce à moi qui ai tourné négatif et prudent hier.

Oui, parce que tout le monde sait que quand je tourne négatif et prudent, le marché remonte. Ça marche à tous les coups. Il y a aussi quand un autre coup sûr ; c’est quand je suis en vacances. En général, c’est là que les plus gros BULL MARKET prennent forme. Mais comme je ne suis plus parti en vacances depuis au moins 4 ans, ceci expliquant cela.

Et qu’est-ce qu’in fait maintenant ?

Tout ça pour vous dire que c’est pas facile de faire des chroniques et qu’il y a des jours, je suis fasciné par cette capacité d’oubli que nous avons. Cette force de caractère qui nous permet de ne nous intéresser uniquement à certains détails en oubliant la « big picture », tout en s’autorisant le droit d’y revenir à la première occasion pour justifier le prochain sell-off.

Si l’on fait donc le bilan, hier le marché a rebondi parce que Facebook a publié des chiffres meilleurs que les attentes, mais que ces résultats sont des résultats de merde pour de vrai. Mais que comme le marché était survendu et que tout le monde était short Facebook, il n’y avait que ça à faire. On a même carrément mis de côté le fait que l’économie américaine s’est contractée de 1.4% alors que les experts en économie attendaient quand même une croissance de 1.1%. Je crois qu’à ce sujet-là, je n’ai jamais autant lu de commentaires qui essaient de minimiser la gravité de l’info et de rassurer les gens en leur disant que c’était pas vraiment la faute de l’économie américaine, mais plutôt des importations qui étaient plus importantes que d’habitude et que tout va bien se passer ensuite !!!

MAIS QUE SURTOUT FAUT PAS NOUS POURRIR LA SEULE JOURNÉE DE HAUSSE DÉCENTE DE CES TROIS DERNIÈRES SEMAINES AVEC DES CHIFFRES ÉCONOMIQUES QUE PERSONNE NE COMPREND VRAIMENT !!!

Pas facile

Tout ça pour vous dire que pour être chroniqueur en ce moment, faut être résistant. J’ai l’impression d’être sur un terrain de football américain et que je viens de me faire piétiner par la ligne de défense de l’équipe adverse. Et qu’au moment où je me relève, les mecs repassent dans l’autre sens et me piétinent de nouveau. Sans compter qu’après la fabuleuse journée de rebond d’hier à cause que le marché il était survendu et que tout le monde le savait (sauf moi), il va falloir réussir à expliquer ce qui se passe et ce qui va se passer sur Apple et Amazon, sachant que c’était pas simple pour tout le monde hier soir et que maintenant va falloir en tirer les conclusions. Parce qu’hier soir, les deux monstres sacrés du Nasdaq ont tous deux utilisé toutes les excuses à la mode pour expliquer que l’avenir ne serait pas facile avec la guerre en Ukraine, la sortie de pandémie, la Chine qui s’enfonce dans la pandémie et l’Europe qui se prépare à y rentrer de nouveau, histoire que Pfizer puisse liquider les stocks de vaccins en injectant 9 doses à toute la planète – sachant que toute personne qui aura fait son schéma vaccinal de 9 doses aura droit à un iPhone gratuit et un abonnement chez Amazon Prime.

Oui, j’ai peu exagéré, je le conçois, mais c’est pas facile tous les matins, les chroniques.

L’Asie, le pétrole, l’or et puis c’est tout

Avant d’aller explorer les méandres des chiffres trimestriels d’Apple et d’Amazon, on va aborder rapidement le fait que le Japon est fermé, que la Chine ne fout rien et qu’Hong Kong est en baisse, parce que les futures américains sont en baisse parce que les deux géants de la tech américaine étaient en baisse after close – c’est un « spoiler alert », mais vous verrez, c’est pas si simple.

Pour ce qui est du pétrole, le baril s’envole parce que la Chine à l’air de se déconfiner et ils vont donc reconsommer – je rappelle que le pétrole avait baissé parce que l’on pensait que la Chine allait rester confinée pendant des siècles, impactant du même coup la consommation de pétrole mondiale. Mais du coup, on est passé de « des siècles » à «  trois jours ». Ce qui n’est pas pareil. Ce fût le premier coup de pouce à la hausse pour le baril. Ensuite, il y a l’Allemagne qui vient de déclarer qu’ils étaient d’accord de boycotter le pétrole russe. Du coup, ça pave royalement la route à un boycott européen du pétrole russe. On en parlait avant les élections françaises en disant que ça n’arrangeait pas l’arrogant personnage de l’Élysée  – à cause des voix – mais maintenant qu’il est réélu, il peut se lâcher et le litre d’essence est bientôt à 2.5 Euros !!! Le baril est à 105$…

Mais ne soyons pas complotiste un vendredi juste avant le week-end. Deux mots sur l’or qui remonte à 1900$ poussé par un nombre ahurissant d’articles qui disent que TOUT LE MONDE ACHÈTE DE L’OR en ce moment. Mais alors que l’on m’explique pourquoi l’once ne fout rien si tout le monde en achète !!!??? ça se passe comment ? Tout se fait au marché noir ?

A comme Apple

Passons à autre chose. Vous n’êtes pas sans ignorer qu’hier soir Apple a publié ses chiffres du trimestre. Nous allons donc essayer de ne pas nous perdre dans les méandres du monde passionnant des bilans comptables, parce que franchement, ça n’intéresse personne. Et en plus dans 37 heures 12 minutes et 37secondes on aura tout oublié et on se demandera ce que va bien pouvoir annoncer Nvidia. Il faut savoir que l’on parle plus des chiffres trimestriels d’Apple avant qu’ils les publient, qu’après. Mais trêve de circonvolutions pour tourner autour du pot ; Apple a publié un nouveau trimestre de délire. Les milliards donnent le tournis. Des chiffres meilleurs que les attentes, plus forts que le trimestre précédent. Un carton sur les iPhone et un carton sur les iPads.

En gros, encore un trimestre fantastique. Le titre a pris 5% durant la séance, puis encore 2% après la séance. Et puis le CFO a parlé et il a dit : « Les contraintes d’approvisionnement causées par les perturbations liées à COVID et les pénuries de silicium à l’échelle de l’industrie ont un impact sur notre capacité à répondre à la demande des clients pour nos produits ». Il a ajouté que la guerre en Ukraine était un challenge inattendu, que le COVID en Chine posait des problèmes. À partir de là nous sommes passé d’une douce euphorie de printemps à siroter des cocktails sur une terrasse au bord de la mer qui fait « flik, flik » en arrivant sur la plage, à une tempête d’automne qui vous glace le sang. Le titre a reperdu 4% et on est passé de plutôt content à moyennement angoissé. D’ici à que l’on revienne sur le fait que les taux vont monter et la croissance va ralentir, il n’y a qu’un pas que l’on devrait franchir d’ici l’heure du déjeuner.

A comme Amazon

Amazon, c’était pire. Eux ils ont annoncé leur première perte depuis 7 ans, ils se sont littéralement fait défoncer par leur participation en Rivian et les challenges à cause du COVID, de l’Ukraine et du fait que Musk est plus riche que Bezos. Le marché attendait un gain de 8.35$ par action et Amazon est venu avec une perte de 7.56$ par action. Présenté comme ça, ça peut donner envie de se suicider avec un couteau à beurre ou à se demander quel type de substance illégale et hallucinogène les analystes consomment régulièrement pour s’être raté à ce point… Mais il y a une explication et cette explication vient des voitures électriques.

Oui, parce qu’il se trouve qu’Amazon a une très grosse participation dans Rivian. Je ne vous explique pas qui est Rivian ? Si, je vous explique qui est Rivian. Rivian est un fabricant de SUV électrique qui est venu en bourse il y moins de 6 mois. Les premiers jours c’était la folie, le titre est monté à 180$ et la market cap à 180 milliards – comme à l’époque ils avaient produit 600 voitures, ça faisait cher la voiture. Depuis, le titre s’est fait démonter. Non. Démonter n’est pas le terme exact. Le terme exact, c’est : piétiné ! Depuis les plus haut à 180$ qui avait bien aidé les chiffres du Q3 2021 d’Amazon à aujourd’hui, le titre a perdu 84%. Amazon détient 158 millions de titres Rivian – sur le Q4 2021, ils ont annoncé un gain de près de 12 milliards sur le fabricant de voitures électriques. Depuis ça s’est transformé en gigantesque bouillon. Sur la fin du trimestre, Rivian a été évalué à 50$. Ça tombe bien, à l’heure actuelle le titre est à 32$.

En fait Amazon est devenu un Hedge Fund.

Tout ça pour dire que les chiffres n’étaient pas terribles, les perspectives ne le sont pas non plus. Les coûts sont en hausse, la croissance est ralentie par la Chine, l’inflation et la guerre en Ukraine et Amazon était en baisse de 9% et des poussières hier soir.

En conclusion

Tout ça pour vous dire que quand vous avez Apple qui est en baisse parce que l’avenir n’est pas simple. Amazon qui est en baisse, parce que l’avenir n’est pas simple et toutes les voitures électriques n’ont pas la performance de Tesla. Intel qui a raté son trimestre mais qui s’accroche à des objectifs bien plus hauts pour le prochain trimestre mais que personne ne les écoute. Et que vous avez aussi Twitter qui a annoncé des chiffres dont tout le monde se fout parce qu’ils vont se faire racheter par Musk – mais qu’ils ont quand même dit que ça fait trois ans qu’ils se sont gourés dans leur nombre d’abonnés – ils ont raison, autant tout balancer avant de disparaître. Quand vous avez tout ça, vous pouvez déjà vous demander si le rebond d’hier était vraiment justifié ou si cela ne vaudrait pas la peine de tourner la veste de Bullish à Bearish pour la huitième fois de la semaine. Surtout quand on sait que jamais les chiffres du « bearish sentiment » n’avaient été aussi hauts depuis la crise des Subprimes, moment fabuleux où le monde merveilleux de la finance s’était dit que ça pourrait être tellement cool de titriser tout et n’importe quoi pour les fourrer dans les caisses de pension.

Chiffres du jour

Côté chiffres du jour, il y en aura un wagon. Nous aurons ; en France ; le GDP, les dépenses du consommateur, le CPI et le PPI. Même chose en Europe. Il y aura aussi le GDP en Allemagne et le KOF en Suisse. Aux USA, il y aura le Michigan Consumer Confidence qui ne sert à rien mais qu’il faut quand même regarder. Du côté des chiffres du trimestre, il n’y aura rien après la clôture parce que c’est vendredi, mais avant l’ouverture nous aurons plein de monde comme Exxon, Chevron, Philipps 66, ABBVIE, Astra Zeneca, Honeywell, Lyondell, AON et Wisdom Tree. En Europe, nous aurons BASF, ENI et Safran.

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.4% – c’est un moindre mal après les chiffres d’hier, mais je crois que si l’on pouvait avoir une journée normale où il ne se passe rien, ça serait pleinement satisfaisant. Mais je crois qu’il ne faut pas rêver.

De mon côté, si vous ne savez pas quoi faire aujourd’hui, demain ce week-end ou dans les six mois qui viennent, je vous recommande d’aller voir l’interview du CEO de CBX Stock Exchange que j’ai fait moi-même personnellement avec mes mots devant la caméra. CBX Stock Exchange est une pépite genevoise qui a lancé un concept révolutionnaire que je vous laisse découvrir et qui en même temps, s’est financé par la « tokenisation » solution révolutionnaire s’il en est, pour le financement des PME’s. Je ne vous en dis pas plus et je vous laisse découvrir l’interview en scrollant down. Le titre de l’article et de la vidéo c’est :

« Une révolution dans le cannabis (et dans le financement) »

Passez un excellent vendredi et un très très bon week-end. Moi je vous retrouve lundi, comme d’habitude !!

À lundi !!!

Thomas Veillet

Investir.ch

« Life is really simple, but we insist on making it complicated. » -Confucius