La fin de semaine aura été compliquée aux USA et à voir comment ça se passe ce matin, ça risque de ne pas être mieux. Le Nasdaq en général et le SOX en particulier, continuent à nous offrir des swings dignes des meilleurs grands-huit de la planète, tout le monde se réfugie dans la « value », pendant que le secteur des transports est en grande difficulté. Pour le reste on commence à se dire que la hausse des taux risque vraiment d’être stratosphérique ces prochains temps, reste à savoir à quel moment on aura définitivement intégré la chose. Mais la semaine qui se profile nous réserve bien des surprises entre CPI et BCE, en passant par les chiffres du trimestre.

L’Audio du 11 avril 2022

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King Elon

Mais avant de parler de fondamental, de chiffres du trimestre ou de chiffres économiques, il ne faut surtout pas négliger le fait que visiblement, Elon Musk ne sait vraiment plus quoi faire de ses week-ends. Soit il avait plein de copains milliardaires Russes et il a plus le droit de les voir, donc il s’ennuie profondément. Soit sa seule vraie relation dans sa vie, en plus de ses enfants qui se prénomment tous comme un tableau noir dans une classe de physique nucléaire, c’est avec son téléphone portable et son compte Twitter.

Le roi du monde a donc passé son temps sur le petit oiseau bleu à faire des suggestions pour gagner de l’argent plus mieux bien et pour corriger ce qui ne va pas chez Twitter – selon lui – le monde de la finance et du « business » se demande encore une fois comment cet extra-terrestre a pu en arriver là, à faire de la communication corporate directement via des messages de 240 caractères aux vu et au su de tous, alors que d’habitude, le milieu à tendance à faire ça dans l’ambiance feutrée des salles de conseil d’administration où seuls les gens qui sont autorisés peuvent entrer afin de se partager parmi des informations qui seront confidentielles le temps qu’ils en profitent largement avant. Encore une fois, Musk bouscule les codes et ça ne fait pas plaisir à tout le monde.

Lithium Musk

Heureusement que le week-end ne dure que deux jours, parce que vu le nombre de tweets qu’Elon Musk a produit et vu les conséquences que cela va avoir sur certains secteurs, si ça avait été le week-end de Pâques, on en aurait jusqu’au mois de mai pour gérer les conséquences de ses tweets. Oui, parce que le CEO de Tesla ne s’est pas contenté SEULEMENT de remanier la structure opérationnelle de Twitter en plusieurs tweets, il a également mis un immense coup de pied dans le secteur du Lithium qui va commencer la semaine avec une injection d’adrénaline directement dans le muscle cardiaque.

Selon sa deuxième salve de « tweets », le lithium commence à poser un problème à Tesla et Musk laisse entendre qu’il pourrait entrer dans le business… ça risque de pousser pas mal de titres aujourd’hui, des titres qui sont actifs dans le lithium. On citera au passage Albemarle, Livent, SQM, Piedmont Lithium, Lithium Americas et Sigma Lithium. En effet, le lithium a explosé de près de 80% cette année. Et les titres sont tous déjà bien montés, mais si Musk nous laisse entendre qu’il va nous faire un truc à la Twitter, on n’a pas fini de rigoler sur le secteur. On retiendra d’ailleurs que Piedmont est déjà en relation avec Tesla – puisque la boîte à Musk achète la production de Piedmont depuis 2020 et que quand ils ont annoncé leur partenariat à l’époque, le titre avait pris 230% sur la nouvelle. On ne sait pas trop quelles sont les véritables intentions de l’homme le plus riche du monde, pour l’instant il a simplement glissé que si le prix du lithium ne revenait pas à la réalité, Tesla allait devoir s’en mêler pour « aider l’industrie ». Apparemment, le problème n’est pas la rareté, mais les processus d’extraction et de raffinage qui sont trop lents…

Semaine courte et chargée

Un chiffre qu’il faudra retenir pour le moment : l’explosion récente du prix du lithium a fait monter le prix des Tesla de 2’000$. Moi je m’en fous. Je ne roule pas en Tesla. Les tweets d’Elon Musk devraient donc être le sujet de conversation de ce lundi matin. Ça et les évènements macro-économiques qui nous attendent. Puisque la semaine sera tronquée pour cause de week-end de Pâques, il va falloir concentrer un maximum d’informations en un minimum de temps. On va d’ailleurs commencer très sérieusement demain avec les chiffres du CPI qui vont certainement bien amuser la galerie. La question sera de voir si le chiffre du mois de mars fait encore mieux que ses trois prédécesseurs et si l’on bat un nouveau record historique sur l’inflation.

On peut légitimement espérer un semblant d’amélioration, puisque le pétrole est quand même bien revenu – pour finir – et que d’autres matières premières se sont tout de même calmées en fin de mois. Mais quoi qu’il en soit, il ne faut pas non plus s’attendre à une baisse massive du chiffre du CPI et l’on va donc beaucoup parler de ça ces prochaines 48 heures. D’ailleurs en toute fin de semaine, le stratège de Bank of America estimait qu’il y avait 100% de chance d’assister à trois hausses de taux de 0.5%, trois hausses de taux consécutives de 0.5% lors des trois prochains meetings de la FED. À savoir ; le 4 mai, le 15 juin et le 27 juillet.

Lagarde de sortie

Et puis on n’en n’aura pas terminé avec les taux de sitôt, puisque jeudi nous aurons la réunion de la BCE. La Banque Centrale Européenne devrait nous dévoiler un peu plus sa stratégie face à l’inflation qui cartonne également en Europe. On sait que Dame Lagarde n’est pas trop motivée pour monter les taux en Europe avant la fin de l’année mais les derniers chiffres en date risquent de devoir lui faire changer d’avis – peut-être – et puis ça n’est pas tout. Il ne faudra pas non plus oublier que dès cette semaine c’est le lancement officiel de la saison des chiffres trimestriels. Ça n’est pas encore la plus grosse semaine de l’année, mais disons que l’on va gentiment commencer à se chauffer sur le thème de la pression sur les marges, du coût des matières premières et ce que ces derniers ont engendré sur les chiffres de ce premier quart de l’année.

Cette semaine c’est les bancaires qui vont essuyer les plâtres et ça ne sera pas très représentatif. Surtout que l’on sait qu’à chaque fois que les banques publient, l’écart entre la réalité et les attentes des analystes se rapprochent plus du Grand Canyon que du grand écart.

L’Asie parée de rouge

Ce début de semaine semble déjà être du côté obscur de la force, puisque les indices de l’extrême est de la planète sont dans le pâté déjà tôt ce matin. Le Japon recule de 0.9%, pendant qu’Hong Kong est en plongée de 2.45% et que Shanghai ne fait pas beaucoup mieux. Il faut dire que les confinements qui s’éternisent dans la région commencent à faire douter pas mal de monde. Hier encore on apprenait la fermeture de la chaîne de production de NIO en Chine à cause du COVID. Comme quoi cette saloperie de virus n’a pas fini de nous pourrir la vie, même si, pour l’instant le monde financier semble s’en moquer comme de sa première cravate Hermès.

Le pétrole est sous pression ce matin et c’est tant mieux pour l’inflation. Le baril se traite à 95.94$ et l’or est à 1940$. Le Bitcoin est à 42’000$ et la méga-fiesta sur le sujet qui a eu lieu en fin de semaine dernière à Miami, a dû laisser plus de mal de crâne et de gueule de bois que d’envie d’acheter du Bitcoin ce lundi matin. Mais toujours est-il que la cryptomonnaie est revenue sur un support important. Support qui était une résistance auparavant. À surveiller attentivement.

Nouvelles du jour

On parle toujours et encore du Dow Jones Transportation qui continue d’avoir une sale tronche avec toutes ces compagnies qui subissent de plein fouet la hausse du pétrole et du prix du carburant, sans compter Boeing qui se fait allumer à chaque fois qu’un avion tombe en panne dans le monde. Le 757 qui s’est cassé en deux à San José au Costa Rica ce week-end, n’aide pas le secteur à retrouver la motivation, sans compter que toutes les banques d’affaires font la queue pour downgrader la plupart des titres qui compose le fameux indice des transports. Autrement la France se prépare à vivre le match retour de 2017 entre Macron et Le Pen. Et tout le monde est en train de se demander ce qu’il se passerait si les Français montrait leur ras-le-bol de ce Président arrogant et méprisant. Mais comme ça serait laisser la place à l’extrême droite, c’est mal de le dire et mal d’y penser. Macron a fait un discours hier soir pour exprimer son envie de voir le peuple se rassembler derrière lui. Un discours qui a été écrit par McKinsey pour 450’000 Euros les 1’000 caractères.

Autrement Musk encore, puisque l’on vient d’apprendre qu’il a refusé de rejoindre le board de Twitter, il veut juste être le plus gros actionnaire de la boîte et faire des tweets toute la journée pour leur expliquer comment ils doivent gérer le business.

Pour le moment, les futures sont dans le rouge et bien dans le rouge, puisque les indices américains devraient ouvrir en recul de près de 0.7% – pour l’instant. Les chiffres économiques chinois – qui montrent aussi de l’inflation et le fait que le COVID à l’air d’être hors de contrôle là-bas (comme l’inflation d’ailleurs) – sont la préoccupation principale de ce début de semaine. On parle très peu de l’Ukraine, mais on en parle surtout dans le sens que ça n’avance pas et que l’économie pourrait être coupée en deux – ça il n’y avait pas besoin d’être économiste pour le savoir, mais ça fait toujours un article de plus pour mettre dans le 20 minutes.

En ce qui me concerne, il me reste à vous souhaiter une très belle semaine et un joyeux lundi ! On se retrouve demain, comme d’habitude ! Bonne journée !

Thomas Veillet
Investir.ch

« The question isn’t who is going to let me; it’s who is going to stop me. » -Ayn Rand