Il y a plein de jobs sur la planète qui sont super-intéressants. Mais pas autant que celui « d’homme le plus riche du monde ». Il faut reconnaître que c’est quand même beaucoup plus drôle d’avoir la capacité d’inverser la tendance des bourses mondiales qui sont au bord du suicide en sortant le portemonnaie et en achetant un des plus gros médias du moment. Hier soir, Elon Musk a ENCORE fait parler de lui en achetant tout simplement Twitter. Il y en a qui s’abonnent au Monde, qui lisent le Wall Street Journal tous les matins dans le métro. Puis, il a les autres, ils achètent Twitter. Musk fait partie de cette catégorie de gens qui savent se faire plaisir.

L’Audio du 26 avril 2022

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VITE !!! Va m’acheter une clinique

Lorsque j’étais jeune – oui, je le conçois, ça fait un moment – il y avait un comique français qui se moquait de la richesse des Princes Arabes en racontant l’histoire suivante :

« C’est un Roi du pétrole qui rentre dans un hôtel et il se coince le doigt dans la porte, il hurle en direction de son assistant personnel et lui dit : VITE, VA M’ACHETER UNE CLINIQUE !!! »

40 ans plus tard, l’homme le plus riche du monde est passé à un autre niveau. D’abord ça n’est plus un prince arabe qui s’achète des Lamborghini’s avec des jantes en or et un volant en diamant, c’est un texan qui se lève le matin se contente d’aller acheter Twitter. Un des plus gros réseaux social de la planète est donc passé en mains privée et l’homme le plus riche du monde est devenu en même temps le plus gros ornithologue du monde en rachetant l’oiseau bleu au nom de la liberté d’expression.

#JESUISLEROIDUMONDE

Ça faisait plusieurs jours que la rumeur trainait dans le marché. Plusieurs jours que l’on imaginait qu’il y avait quelque part, quelqu’un qui pouvait rentrer chez Cetelem, demander à voir le bonhomme en vert qui s’est roulé dans le gazon fraîchement tondu et lui emprunter 44 milliards pour s’acheter un journal. D’accord, Twitter n’est pas vraiment un journal, mais disons que Musk a réussi à faire craquer le board de l’oiseau bleu en lui offrant tellement d’argent qu’ils n’étaient plus en mesure de dire non. Le patron de Tesla s’est donc offert Twitter pour la modique somme de 44 milliards de dollars et il n’a même pas eu besoin de taper dans ses économies.

Pour ce faire, il a réussi à monter un financement pratiquement jamais vu et il va devenir le type le plus endetté de la planète avec un crédit qui va faire pâlir les mecs des impôts tellement il va pouvoir déduire sur sa déclaration fiscale à la fin de l’année. Il y a des gens qui vont chez Cembra Money Bank pour acheter une Audi S3 et il y a d’autres, ils vont voir toutes les banques d’affaires de la planète pour aller se payer Twitter. Sans compter que là où votre banquier va pinailler en regardant vos garanties et réclamer le registre des poursuites pour voir si vous devez pas 14,50 Frs à l’épicier du coin, dans le cas d’Elon Musk, ils ont fait la queue comme des bœufs qui vont à l’abattoir pour financer le caprice du patron de Tesla.

Le retournement de l’année

Au-delà du fait que Musk s’est levé un matin en se disant : « tiens, si je m’achetais Twitter » et que c’est quand même un peu plus glamour que le Washington Post que Jeff Bezos s’est acheté pour son 49ème anniversaire. Il faudra tout de même noter que le fait d’avoir fait ce take-over aura également permis au marché, à la bourse de New York, d’inverser la tendance et d’afficher un des reversals les plus impressionnants de ces 12 dernières semaines.

Alors que l’on envisageait le suicide et que l’on pensait sérieusement utiliser un couteau à beurre pour s’ouvrir les veines. Que l’on se disait que la hausse des taux, l’inflation, les paroles de Powell, la guerre en Ukraine, les chiffres du trimestre et le fait que Netflix ait perdu 200’000 abonnés allait empêcher la sortie du numéro deux de Taylor Rake et créer le désintérêt total envers les bourses mondiales. Alors que l’on se disait que la fin était proche et que le Bear Market était parmi nous et que l’on allait tous devoir manger des rats pour pouvoir finir le mois. Sans compter que les Cryptos c’était has been, que les matières premières allaient créer de l’inflation, de la stagflation, ou de la déflation – mais en tous cas un truc en « ion » et déclencher des attaques de criquets partout dans le monde, voici que le rachat de Twitter par Elon Musk aura permis au marché d’inverser la tendance avec une force qui aura motivé le plus déprimé des investisseurs à revenir dans le marché, histoire de ne pas rater le train.

La liberté d’expression

Maintenant qu’Elon Musk a mis la main au portefeuille pour se payer l’oiseau bleu le plus cher du monde. La question qui aura été en tête de gondole de la plupart des médias cette nuit, sera de savoir si le patron de Tesla va permettre à Trump de revenir sur Twitter au nom de la liberté d’expression. Oui, parce qu’en plus du fait que l’homme le plus riche du monde s’est payé une tribune pour dire ce qu’il veut, quand il veut et où il veut, c’est surtout le fait qu’il veut offrir un endroit où il n’y aura pas de censure (pas comme sur Facebook) et où tout le monde pourra s’exprimer librement et dire ce qu’il pense. On en reparlera bientôt, mais j’ai comme le sentiment que l’on n’a pas fini de rire à ce sujet.

En tous les cas, alors qu’hier en fin de journée les bourses européennes finissaient en mode « dépression nerveuse et sandwich au Prozac » – le DAX plongeait de 1.54% et le CAC de 2% malgré la réélection du premier de la classe de Brigitte Macron – le fait que le board de Twitter ait accepté l’offre d’un vendeur de voitures, aura déclenché un rallye sur lequel on n’aurait pas parié en début de séance. En quelques minutes nous sommes passé de la peur de la hausse des taux, de l’inflation, de la guerre en Ukraine et de l’explosion des cas COVID en Chine à la canonisation d’Elon Musk, de la liberté d’expression et du rebond massif de la tech, parce que quand même : « c’est trop cool, la technologie ». Surtout quand on a la liberté d’expression.

L’Asie salue l’arrivée d’un nouveau Dieu

Ce matin l’Asie saluait la naissance d’un nouveau Dieu des médias qui, accessoirement, vend aussi des voitures électriques qui font un bruit de sèche-cheveux. Et, dans la foulée, la plupart des indices asiatiques tentent d’inverser la journée toute pourrie qu’ils avaient vécu hier. À priori le rachat de Twitter est quand même vachement plus cool et motivant que quelques millions de personnes qui vont passer les 45 prochains jours enfermés entre leur salon et leur cuisine pour stopper la plus grosse pandémie de ces 145 dernières années. À l’heure où je vous parle, le Nikkei est en hausse de 0.5%, le Hang Seng rebondit de 1.33% et la Chine récupère 0.3%. Oui, je sais, on a connu des rebonds un peu plus dynamiques, mais en même temps, Musk a racheté Twitter, pas Apple. Enfin, pas ENCORE Apple.

Pendant ce temps, on notera que le pétrole est repassé de 95$ à pratiquement 100$. La baisse de ces 48 dernières heures était vraisemblablement due au fait que comme les Chinois allaient être confinés pour les 8 prochaines années et en tous cas jusqu’à que la fondue au fromage remplace le potage de pangolin comme plat traditionnel et que, dans ce cas, ils ne consommeraient plus jamais de pétrole et allaient se remettre au vélo.

Le rebond a probablement été déclenché par le fait que vu que Musk a racheté Twitter, il allait aussi racheter l’ensemble de la production pétrolière saoudienne pour les 23 prochaines années afin permettre à Tesla de passer aux moteurs thermiques qui sont clairement plus efficaces. Bref, le rachat de Twitter a motivé tous les BULLS de la planète qui avaient envisagé de mettre fin à leurs jours très récemment. L’or s’est d’ailleurs fait déglinguer hier, parce que qui voudrait d’un safe-heaven alors que tous les milliardaires de la planète sont en train de sortir le chéquier. L’or est à 1905$ et le Bitcoin repasse au-dessus des 40’000$, parce que la tech, c’est quand même vachement chouette.

Les nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on ne va pas perdre de temps et c’est 100% au sujet de Twitter, d’ailleurs je me demande même pourquoi ce matin on ne parle pas qu’avec des Hashtags. Tous les médias du monde entier se demandent ce que Musk va faire de Twitter et les actionnaires de Tesla se demandent s’il va encore s’occuper d’eux. J’aurais tendance à dire que vu que son crédit personnel pour acheter Twitter est backé par des actions Telsa, il a intérêt à ne pas lâcher la conduite du fabricant de voitures électriques, mais dans l’immédiat on sent comme un doute. Peut-être que Bill Gates n’a pas eu complètement tort de « shorter » Tesla.

Au passage on notera que Michael Burry a quitté Twitter pour la 214ème fois en six mois. Le type qui avait vu arriver la crise des Subprimes et qui est devenu le héros de « The Big Short », estime que l’on ne l’écoute pas assez et que les marchés vont se péter la figure. Et que comme il déteste Elon Musk, Tesla et les voitures électriques, il a eu un timing d’enfer, puisque son annonce a pris place juste avant que Musk reçoive l’approbation du board de Twitter. Pour le reste, tout le monde débat sur le retour de Trump sur le réseau social de Musk et même la Maison Blanche s’est inquiétée de son éventuel retour au premier plan. D’ailleurs Biden a ordonné que l’on abatte tous les oiseaux bleus qui existent aux USA pour éviter tout problème. On retiendra encore que les chiffres de Coca étaient bons, mais tout le monde s’en fout. Et puis aussi que le DOGECOIN a explosé hier parce que tout le monde parie sur le fait que Musk va en faire la monnaie principale de Twitter.

Chiffres du jour

Pour faire simple, la journée d’hier aura été une journée Twitter, l’homme le plus riche du monde a réussi à faire rebondir les bourses mondiales à lui tout seul et, du coup, tout le monde se dit que finalement les chiffres du trimestre devraient être pas mal. On y verra plus clair ce soir avec la publication de UPS, Pepsi, 3M et GE avant l’ouverture, puis de Microsoft, Google, GM, Visa et Texas Instruments, après la clôture. Notez encore qu’en Suisse, ça sera « showtime », puisque nous aurons Novartis, UBS, Lonza, Kuehne Nagel, Temenos et surtout, la Banque Cantonale de Lucerne qui publieront !

Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.10% et on se demande si le rachat de Twitter est une #révolution et si le prochain enfant de Musk s’appellera effectivement HASHTAG ou pas. En ce qui me concerne, je vous souhaite une excellente journée, ça aura été un privilège de passer ces 9 minutes avec vous ce matin et si vous voulez me suivre sur Twitter, vu que dorénavant ça sera vraiment « the place to be », vous me trouverez sous @MorningbullLive.

Très bonne journée à tous et pas de folies, n’empruntez pas tout de suite pour racheter Facebook, Zuckerberg ne vous laissera pas faire.

À demain !

Thomas Veillet

“If life were predictable it would cease to be life, and be without flavor.”

Eleanor Roosevelt