Nous venons de vivre un début de semaine qui n’aura pas été des plus passionnants. Il faut dire que nous sommes à l’aube de 5 jours de trading qui promettent quelques émotions, surtout après le rebond massif de la semaine dernière. Rebond qui aura principalement été basé sur RIEN de concret, mais surtout sur les interprétations des paroles de Monsieur Powell. Hier soir, après la clôture de l’Europe, il y a eu le coup d’envoi de la course d’école de la Banque Centrale Européenne qui est partie au Portugal pour aller profiter des vins de la région et essayer de voir ce qu’ils peuvent faire au niveau des taux. Pour le reste, on se pose des questions et ne trouve pas vraiment les réponses.

L’Audio du 28 juin 2022

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Un peu plus haut ou la correction des exagérations ?

On ne trouve pas vraiment les réponses, mais on se dit quand même que l’on pourrait essayer de trouver une pierre d’achoppement pour remonter encore un peu plus haut. Même s’il faut reconnaître que ça n’est pas facile de remettre les pieds dedans avec une claque pareille. Mais comme d’habitude, c’est le premier pas qui coûte et puis, quand nous aurons rebondit de 35% on se dira qu’on a été un peu idiot d’attendre. Il faut dire que l’on est toujours plus intelligent APRÈS qu’avant. Tenez, si j’avais su, en l’an 2000, j’aurais vendu plus tôt et j’aurais racheté moins tard.

Bull

En ce mardi matin, on compte les points entre Bullish et Bearish et nous essayons de soupeser qui a le plus d’arguments pour nous enrôler dans son équipe. Du côté des Bullishs, on a quand même l’impression que certaines valeurs sont en train de faire une forme de « fond de la tasse ». Ce matin je regardais les graphiques de sociétés comme Microsoft, SAP, Airbus ou encore Apple. On a quand même l’impression que le couteau qui tombe a fini de tomber et que, concrètement, il ne peut plus aller beaucoup plus bas. On entend aussi ici et là qu’en terme de saisonnalité, nous sommes plutôt bien placés et historiquement, l’été est une plutôt bonne période pour investir. Sans compter que certaines voix commencent à s’élever pour dire que les 0.75% de hausse des taux directeurs prévus par le marché à96%, lors du meeting de la fin du mois de juillet, sont clairement exagéré et que l’on ne peut pas tabler sur le fait que la FED monte DEUX FOIS de suite les taux de 0.75%. Alors que ce genre de hausse est considérée comme « exceptionnelle et extraordinaire ».

Bear

Dans le camp des Bearishs, on a toujours aussi peur que l’inflation refuse de baisser, que le pétrole continue de monter – chose qui a été encore plus mise en avant hier, avec Goldman Sachs qui est revenu la ramener sur le sujet. La banque d’affaires américaine l’a dit et répété : le baril va à 140$ cet été. Pour rappel, je signale que l’été se termine le 21 septembre et que cela nous laisse 85 jours pour monter de 30$ – à la louche. En plus de de l’inflation qui fait peur et du fait que les Banques Centrales sont en retard (sauf la BNS) et que, du coup elles pourraient mettre l’économie en récession en montant les taux n’importe comment, il y a aussi le fait que cette semaine nous aurons les chiffres de la statistique des revenus et dépenses des ménages américains. Données sur l’inflation qui sont observées très attentivement par la FED. La peur est toujours présente dans le camp des ours et toute mauvaise nouvelle sera là pour nous rappeler que NOUS N’AVONS PAS ENCORE intégré le fait que nous POURRIONS être en récession très bientôt et que selon TOUS les spécialistes de la finance qui ont fait des hautes études, il faudrait encore allégrement baisser de 15% pour que ça soit « à peu près valable ». Sans compter que les chiffres du trimestre arrivent – et même s’ils sont bons, il n’est pas certain que cela suffise, j’en veux pour preuve Nike qui a fait mieux que les attentes hier, mais qui se faisait tout de même malmener hier soir after close.

J’y vais mais j’ai peur

Après le rebond de la semaine dernière, la tension est donc palpable des deux côtés. D’un côté on est terrorisé de rater un rebond massif qui ramasserait tout sur son passage, un peu à l’image de ce que l’on a vécu en 2020. Laissant les investisseurs frustrés et les experts venir nous dire : je vous l’avais dit !!! Et de l’autre (côté) on est terrorisé de s’en reprendre une comme celle de la semaine de la hausse des taux et de retourner tester les plus bas, si ce n’est pas pire.

Il faut dire que lorsque l’on regarde les nouvelles d’hier ainsi que le comportement des marchés – on se pose quand même pas mal de questions. On se demande si le 10 ans américain a fini son nettoyage ou est-ce qu’il y a encore du travail à faire. On se demande si le pétrole doit vraiment aller plus haut ou pas. Sachant que s’il va plus haut : c’est inflationniste et la Fed va DEVOIR continuer son travail de sape et que s’il va plus bas, c’est qu’il y a une destruction naturelle de la demande, que c’est moins inflationniste et que la FED pourrait changer de comportement aussi vite que la lumière. Mais en même temps, ça voudrait dire que l’on est au bord de la récession. Si ce n’est en plein dedans.

L’eau reste froide

Malgré la performance de ces derniers jours, nous sommes donc au bord de la piscine et en mettant le doigt de pied dedans, on a quand même l’impression qu’elle est encore un poil froide pour se jeter dedans sans y réfléchir auparavant. Surtout qu’en dehors du pétrole qui remonte et de l’or qui ne fout rien, il y a aussi le Bitcoin qui est en difficulté avec la zone des 20’000$. Il faut dire que ce qui devait arriver arriva et le fond Three Arrows Capital a annoncé qu’il est en défaut de paiement pour un crédit de 670 millions de dollars ce qui représente 15’000 Bitcoins. La nouvelle n’est pas une surprise, d’ailleurs il faut dire que depuis l’annonce la crypto-vedette est dans le rouge, mais seulement de 2%. Et pour être franc, il y avait de quoi s’attendre à pire.

Mais comme un malheur ne vient jamais seul dans le secteur, il faudra aussi noter que Goldman Sachs – encore eux – ont downgradé Coinbase de Neutre à SELL. Ça fait toujours plaisir à entendre. La raison, c’est la réduction des volumes et la concurrence de Binance qui vient de baisser le niveau de ses tarifs. En même temps, il fallait s’y attendre. On ne peut pas continuer à charger des frais transactionnels qui, dans le monde réel, seraient considérés comme un hold-up ou une escroquerie. Coinbase s’est donc pris ENCORE 10% dans les dents hier et se traite dorénavant en baisse de près de 90% depuis son IPO. Entre la crypto qui est en délicatesse, le pétrole qui va dans tous les sens et les doutes qui nous assaillent en permanence, ça n’est pas simple de rester serein. Enfin, sauf si vous partez en vacances vendredi soir.

L’Asie ce matin

Pour le moment, du côté du soleil levant, ça n’est pas l’euphorie. On se méfie pour toutes les raisons que j’ai citées au-dessus. À commencer par le baril qui est un peu trop haut au goût des investisseurs. Il est clair que si nous ne sommes pas à l’aise avec un baril au-dessus des 100$, que nous n’aimions pas le prix de ce week-end à 106$ – autant dire que le fait de voir le rebond de ces dernières heures ne doit pas remplir de joie les angoissés de l’investissement.

Pour le moment, Tokyo ne fait rien, Hong Kong perd 1% et la Chine ne fait rien non plus. Les futures américains sont en baisse de 0.14%, mais ne font que remonter depuis que je suis levé. Quant à l’or, il est à 1827$. Pendant ce temps le Bitcoin est à 20’700$ et l’Ether est à 1’182$. On notera aussi que le patron de Binance, Brian Shroder a déclaré qu’il restait bullish sur le secteur, qu’il avait racheté du Bitcoin à 29’000 et à 19’000 et qu’il aimait beaucoup l’Helium. Pas le gaz, la crypto.

Les nouvelles du jour

Hier il y avait Robinhood qui explosait en bourse parce qu’il y avait des rumeurs comme quoi FTX – également une place d’échange de crypto aurait été sur le point de faire un take-over sur le broker on-line américain et gratuit. Le patron de FTX, Sam Bankman-Fried, a déclaré ce matin qu’il aimait beaucoup Robinhood, qu’ils en avaient parlé, mais qu’à ce stade il n’était pas question de racheter la boîte. Après une hausse de 20% sur la rumeur, le titre s’est dégonflé comme moi quand on me demande d’aller faire du saut à l’élastique et after close Robinhood reperdait plus de 5% parce qu’on se dit quand même qu’il n’y a pas de fumée sans feu.

Autrement, on notera que la Russie semble être en défaut de paiement sur sa dette à l’étranger. Vladimir a l’argent pour payer, mais comme on ne le laisse plus utiliser le système bancaire international, ça n’est pas simple. Pendant ce temps, l’Europe est de plus en plus dans une merde noire niveau énergie et tout mettre sur le dos de Poutine ne suffit plus. On se réjouit de voir comment ça va se passer cet hiver, mais une chose est certaine : il va falloir faire un stock de bois et de fourrures polaires. Mais heureusement, les Français et les Allemands relancent leurs centrales à charbon pour compenser. Ça doit faire super-plaisir à Greta. Niveau écologie, le G7 est donc au top, mais il continue à bosser pour sanctionner la Russie sur à peu près tout. Et ça a vraiment l’air de bien fonctionner.

Côté banques centrales, je le disais en début de chronique, la BCE se réunit pendant trois jours au Portugal et ils ont même invité Powell pour qu’il leur explique la relation entre hausse des taux et inflation. Vu que la BCE ne maîtrise (pour l’instant) que l’aspect de l’inflation. En Ukraine, les Russes sont en train de viser les civils en tirant sur un centre commercial hier. Le G7 est furieux et sont en train de mettre de nouvelles forces en alerte, pendant que Zelensky demande encore plus d’armes.

Chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres du jour, nous aurons le climat de consommation en Allemagne, la confiance du consommateur en France, les prix de l’immobilier aux USA, le Redbook, ainsi que la Confiance du Consommateur. Lagarde parlera. Je crois même qu’il faut s’attendre a qu’elle parle beaucoup ces prochains jours et les futurs sont en baisse de 0.2% à 9h de la cloche à Wall Street.

En ce qui me concerne, je vous souhaite une très bonne journée. Que votre café soit bon, que votre petit-déjeuner soit motivant et que cette journée corresponde à vos attentes. Moi je vous retrouve demain, histoire de voir si nous avons choisi un camp.

Thomas Veillet
Investir.ch

“If you set your goals ridiculously high and it’s a failure, you will fail above everyone else’s success.” -James Cameron