La récession se fait plus menaçante et la Chine est dans une période de faible croissance, avec un secteur immobilier en souffrance. Les problèmes chinois, confinements Covid et immobilier, pèsent sur la demande en métaux industriels. Depuis le début des confinements sévères en Chine et à Shanghai en particulier, en mars 2022, les prix des métaux industriels ont fortement corrigé avec -35% pour l’aluminium, -48% pour le nickel, -21% pour le zinc et -17% pour le cuivre.
Vendredi dernier, les prix pétroliers ont chuté: le mouvement généralisé des politiques monétaires restrictives, pour combattre l’inflation, fait craindre une récession et une destruction de la demande.
Dans les produits agricoles, le cours du blé a progressé de 35%, le produit le plus affecté par la guerre, alors que les autres produits ont connu une hausse plus modérée comme le maïs avec +20%, le soja +8% et le riz +6%.
Le robinet de gaz russe pour l’Europe se coupe progressivement. La Russie veut punir l’Europe pour les sanctions qu’elle subit et la mort de Nord Stream 2. La Russie a déjà stoppé ses exportations de gaz vers la Pologne, la Bulgarie, les Pays-Bas, le Danemark et la Finlande. La Russie exige le paiement en roubles, ce que refusent les pays européens. La semaine dernière, Engie, ENI, Uniper, OMV ont annoncé des volumes reçus en recul de 25% à 60%. La France a annoncé vendredi soir qu’elle ne recevait plus de gaz russe depuis le mercredi 15 juin. La Russie veut forcer les Européens à puiser dans leurs réserves avant l’hiver. Les données de Gas Infrastructure Europe signalent que les stocks de gaz ont reculé la semaine dernière pour la première fois depuis mi-avril, poussant les prix à la hausse. La France et l’Allemagne indiquent que leurs réserves sont à 56%. Cette réduction des exportations russes coïncide avec un accident dans un terminal d’exportation de gaz naturel liquéfié de Freeport LNG au Texas, une autre source cruciale d’approvisionnement européen de gaz; l’Europe a fortement augmenté ses importations de LNG, principalement venant des États-Unis; ses terminaux sont proches de leur maximum technique, mais l’installation de nouvelles capacités s’accélère.
En Europe, on doit donc s’attendre à des rationnements dans la consommation de pétrole et de gaz, donc une baisse de la demande et des prix pour finir. Il y a 2 mois, l’Agence internationale de l’énergie avait préconisé 10 recommandations pour économiser le pétrole et le gaz, et reconstituer les stocks pour l’hiver prochain.
L’arrêt des exportations russes de gaz va accélérer la transition énergétique en Europe et modifier totalement le marché mondial de l’énergie. A court terme, il renforce le risque de récession sévère en Europe.
L’agence de rating Moody’s signale que le risque global sur la dette asiatique a augmenté, venant en particulier des promoteurs immobiliers chinois. La part de la dette la plus spéculative B3- et plus bas a touché un record de 30,5% en mai, comparé à 27.3% durant la crise financière (mai 2009). Il y a un an, 3 promoteurs immobiliers étaient inclus dans ce segment contre 24 aujourd’hui. Il n’est pas clair si cet indicateur indique qu’une crise financière est imminente, mais il est certain que l’immobilier chinois n’est pas au mieux et que les perspectives sur les métaux industriels sont donc plutôt mauvaises. On rappellera que le poids de la demande chinoise destiné à l’immobilier dans la demande globale était, avant la pandémie, de 30% pour le zinc, 25% pour le cuivre, 25% pour l’acier/fer et 20% pour l’aluminium. Toutefois, la demande de métaux industriels pour la transition énergétique pourrait compenser (difficile à dire combien) la baisse de la demande chinoise.
Dans l’agriculture, l’ONU s’inquiète d’une crise alimentaire en raison des disruptions dans la chaîne d’approvisionnement dues principalement à la guerre en Ukraine, d’une hausse des coûts de l’énergie, d’un protectionnisme alimentaire pour prévenir des crises sociales, de la hausse des prix des engrais, affectant le rendement des cultures, et de l’alimentation pour les animaux (vaches, moutons, …) et des impacts du dérèglement climatique (chaleur, inondations). Selon le FAO (ONU), le riz pourrait être le prochain produit agricole à voir son prix augmenter; sa production se trouve en grande partie en Asie. Après le blé et le sucre, l’Inde pourrait réduire ses exportations de riz pour assurer sa sécurité alimentaire.
En conclusion, la dynamique haussière de l’indice global des matières premières est moins forte en raison des anticipations de la destruction de la demande venant d’une récession. En Europe, le rationnement possible de l’énergie soulagera les prix et accroît le risque de récession. Les métaux industriels souffrent de la situation économique chinoise. Les prix agricoles pourraient être le seul segment à avoir des prix qui continuent de monter.