Le meilleur résumé de ce qui se passe dans le monde de la finance actuellement, m’est tombé dessus ce matin. Comme une évidence. Pour le moment : ON NE VA NULLE PART et ce marché ne fait AUCUN sens. Et d’ailleurs, il n’en fera aucun tant qu’on n’y verra pas plus clair au niveau de l’inflation et des deux-trois autres trucs qui nous prennent la tête depuis des mois accessoirement. Je n’ai pas envie de le penser, mais j’ai peur que ça dure encore un moment. Hier nous avons ENCORE UNE FOIS ouvert en hausse pour finir en baisse et encore une fois, les moindres espoirs ont été douchés par la FED. Il va quand même falloir que l’on comprenne un jour ou l’autre, qu’ils ne sont plus nos amis.

L’Audio du 21 octobre 2022

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Comme un air de déjà vu

Si l’on doit revenir sur la séance d’hier, on pourra dire que c’est encore et encore le même scénario. On essaie de se raccrocher au fait qu’il y a de l’espoir et que les marchés ont été et seront encore capables de « tenir les supports » et puis on se prend un discours et des chiffres économiques qui nous disent que : la hausse des taux, c’est pas fini, que l’économie ne faiblit pas malgré les attaques massives de la FED et que cette dernière ne changera pas de point de vue si ce CPI baisse de 0.1% par mois pendant les 36 prochains mois. Et à la fin, on finit dans le rouge sans grande conviction. Nous sommes dans un marché qui ère qui sans but. Techniquement dans un bear market, pratiquement sur des niveaux de supports qui pourraient nous offrir une bonne base pour un rebond, mais psychologiquement fatigués et sans grande motivation ni vision à plus de 24 heures.

Ça commence même à devenir épuisant tellement on ne sait plus quoi se raconter. Alors oui, on peut parler des chiffres trimestriels qui nous occupent un peu nos journées, mais en même temps, il suffit que l’on ne parle pas de Tesla ou d’Elon Musk pour que l’on s’ennuie profondément. Bon, la bonne nouvelle c’est que les journées où l’on ne parle pas de Musk, ni de Tesla, sur une période de 12 mois, on peut les compter sur les doigts d’une main. Hier Tesla s’est pris 7% dans les dents et les analystes sont « confiants » parce que les déclarations sur un éventuel « share-buy-back » de la part d’Elon Musk sont un signe comme quoi la société pense qu’elle est sous-évaluée. Oui, elle est soit sous-évaluée, soit ils ont la grosse tête et sont arrogants comme jamais. C’est aussi une possibilité. Et puis comme Musk ne supporte pas que l’on parle de lui UNE SEULE FOIS par jour, il y aurait aussi laissé entendre qu’il allait virer 75% du staff de Twitter une fois qu’il aurait racheté le réseau social. Sympa. C’est probablement sa contribution à un ralentissement économique pour essayer de faire baisser l’inflation. Bon. J’arrête là sur Musk et Tesla, parce qu’on m’a dit que je ne devais pas dire du mal sur un entrepreneur exceptionnel.

La FED continue de mettre les freins

D’un point de vue économique, nous avons eu droit aux Jobless Claims hier. Le chiffre était en baisse et en-dessous des attentes. En gros, l’emploi va bien aux USA et on n’a vraiment pas envie d’entendre ça, puisque chaque bonne nouvelle économique fournira encore de l’eau au moulin de la FED qui veut continuer à monter les taux. À la limite, demain on nous annonce officiellement que les USA sont en récession, je crois que ça serait la meilleure nouvelle pour déclencher un rallye de plus de 48 heures. D’ailleurs, hier soir, le patron de la FED de Philadelphie est également venu parler pour en rajouter une couche. Il a déclaré que le combat contre l’inflation n’est pas terminé et qu’il voyait des taux « bien au-dessus » de 4% pour la fin de l’année. Reste à déterminer ce que veut dire BIEN AU-DESSUS. Toujours est-il que l’on n’est pas complètement débile et comme on sait qu’en novembre la FED va monter les taux de 0.75% et qu’ensuite il ne restera plus qu’une réunion avant Noël, il n’y pas besoin de bosser pour la NASA afin de calculer que les FED funds devraient être autour de 4.25% si la FED monte les taux de 0.5% en décembre ou alors ils vont nous faire encore DEUX HAUSSES de 0.75% à la suite.

En gros, hier, le marché n’a pas trop apprécié le fait que la FED se montre encore une fois Hawkish et le rendement du 10 ans est encore monté plus haut, puisqu’il se trouve actuellement à 4.26% et que la dernière fois que l’on était à ce niveau, c’était à l’aube de la crise des subprimes, en 2007. Je ne veux pas et je ne vais pas tirer de parallèles, mais ça tombe bien parce que le marché immobilier a également publié des chiffres hier qui sentent quand même un tout petit peu le pâté. On parle d’une baisse plus marquée sur l’Ouest et la Californie serait en baisse de 10%, le volume des transactions globales est au plus bas depuis 2012 – si l’on fait abstraction de la phase COVID – et les taux hypothécaires à 30 ans frisent le hold-up avec des taux à 6.94% hier. Les experts pensent qu’il faut même se préparer à des taux à plus de 10%. Ce qui va sûrement aider le marché à se reprendre.

Entre inflation et Récession, notre cœur balance

On se retrouve donc dans un monde bien pourri. L’inflation est galopante, les crises sont partout. Et je ne parle même pas des guerres et des guerres potentielles. L’économie va (encore) trop bien et le marché est presque en train de prier pour une récession afin que la FED arrête de monter les taux. La réflexion que nous avons en ce moment – pour autant qu’il y en ait une – et l’état de notre mental, sont tellement pourris que l’on ne sait vraiment plus qui croire, quoi croire et à quoi se raccrocher. La volatilité reste élevée, les marchés sont incapables de tenir une direction plus de 25 minutes et les Anglais sont incapables de garder un gouvernement à peu près stable plus de six semaines.

Hier la Dame en plastique qui faisait office de Premier Ministre en Angleterre a donc donné son sac et tout est à refaire. Les marchés sont « plus ou moins » contents qu’elle se casse, mais reste maintenant à voir ce que l’on va nous mettre à la place, sachant qu’un éventuel retour de Boris Johnson n’est pas à exclure, même si, pour le moment les « experts » pense que ça sera plutôt Rishi Sunak, qui était le Challenger de Truss à l’époque. Toujours est-il que l’on se passerait bien de ce genre d’instabilité et ce, même si l’on sait très bien que ce sont tous des clowns. Il faut bien reconnaître que l’on préfère quand même quand ce sont les mêmes clowns sur une plus longue durée que 6 semaines. Comme disait un « twittos » ce matin : « Mon fils a déjà connu deux monarques, trois Ministres des finances et deux Premier Ministres et il n’a que quatre mois ».

Et maintenant quoi ?

Nous voici donc au milieu de nulle part avec aucune direction claire à pouvoir suivre. Il est fascinant que même si un membre de la FED nous dit TOUS LES JOURS QU’ILS VONT CONTINUER À MONTER LES TAUX, dès qu’ils ne disent rien pendant 24 heures, on a l’impression que l’on commence à croire qu’ils vont changer leur fusil d’épaule. Même si rien ne change. Le truc c’est que la semaine prochaine, il y aura la « black period » pour les membres de la FED. Pendant une semaine avant le FOMC Meeting, ils n’auront plus le droit de parler. Le marché risque donc de croire qu’ils sont en train d’envisager le pivot et de tourner DOVISH et puis le 2 novembre en sortant des deux jours de meeting, Powell va nous REDIRE qu’il va bouffer de la colombe à tous les repas tant que l’inflation n’est pas à 2% et on va s’en reprendre une monstrueuse sous prétexte que la FED EST HAWKISH et qu’ils ne sont plus nos amis.

On revit les mêmes histoires encore et encore et nous sommes incapables de comprendre que ça prend du temps de freiner l’inflation et que tant que l’on n’aura pas des VRAIS SIGNES comme quoi ça marche, la FED NE SERA PLUS COPINE AVEC NOUS !!!! Et quand on parle de VRAIS SIGNES ; on ne parle pas de 0.1% de baisse du CPI par mois. Bref. En attendant, on surveille les tweets d’Elon Musk, on évalue les chiffres du trimestre, on se marre sur ceux de SNAP, on espère que le prochain Premier Ministre Anglais ne sera pas le descendant de Benny Hill et on se dit que, finalement c’était quand même mieux quand le Premier Ministre c’était Hugh Grant dans Love Actually.

L’Asie, l’or, les news et le Bitcoin qui est mort

Ce matin, les futures ne foutent rien. Le dollar est à 0.9770 contre euro et ne fait pas mine de changer de direction et c’est encore plus impressionnant contre le Yen, puisque le billet vert est à 150, c’est-à-dire au plus haut depuis 1990… ça nous rajeunit pas. Enfin, surtout moi. Les marchés asiatiques sont presque inchangés, tout comme le pétrole qui tourne toujours autour des 85$, l’or qui se traîne à 1630$ et le Bitcoin qui semble figé à 19’100$ comme si le challenge actuel était de ne plus bouger jusqu’à Noël et de ne PAS ALLER à 100’000$.

Pour le reste, on se concentre donc sur les chiffres du trimestre où il y a à boire et à manger. On va commencer par le plus drôle de tous, puisque SNAP a publié des chiffres de merde. Encore. Ils se plaignent du ralentissement de la pub, leurs revenus sont en croissance de seulement 6% et, pour couronner le tout, ils refusent de donner la moindre guidance pour les trois prochains mois. En gros ; SNAP n’est plus un titre de croissance, on voit mal comment ils vont s’en sortir et en attendant ils entraînent tous les titres liés aux réseaux sociaux dans le pâté, puisqu’après la clôture, SNAP perdait 25%, Meta baissait de 4% et Google de 3%. Pour l’instant, le graphique de SNAP ressemble à celui du Crédit Suisse, reste plus qu’à qu’ils vendent leur division investment banking.

Autrement, il y a donc eu de très bons chiffres chez AT&T, ça faisait longtemps qu’on n’avait plus entendu ça. Même chose chez LAM Research. Lam qui fabrique des machines pour fabriquer des semiconducteurs a fait des commentaires positifs et constructifs pour l’avenir. Ça fait chaud au cœur pour le secteur qui en a bien besoin. On notera aussi que l’inflation est au plus haut au Japon, mais comme le plus haut c’est à 3%, on ne va pas paniquer non plus. Et puis pour le reste, tout le monde est en train de jouer au tiercé pour savoir quel cheval remportera la course du Premier Ministre Britannique. Heureusement, c’est vendredi et ce soir on pourra parler d’autre chose que du monde merveilleux de la finance.

Chiffres du jour

Côté macro, il n’y aura rien aujourd’hui. En revanche, côté micro, il y aura les chiffres de Verizon, Schlumberger et American Express. Rien qui devrait changer la face du monde. Pourrions-nous avoir un vendredi tranquille ? Allez savoir. Dans le doute, moi je pars en week-end dans deux heures, ça sera plus simple.

Passez une excellente journée, un très bon week-end et revenez en forme, parce que même si c’est les vacances pour la plupart d’entre vous, ça risque d’être show-time sur les marchés à voir ce qui nous attend ! Entre grosse bertha’s qui publient et la BCE qui va nous faire sa sortie mensuelle, j’ai l’impression que l’on n’a pas fini de cheminer sur la route vers NULLE PART !!!

À lundi.

Thomas Veillet
Investir.ch

« La droite vend des promesses et ne les tient pas, la gauche vend de l’espoir et le brise. »

Coluche