Nous sommes en train d’entamer la dernière semaine complète de novembre. Jusque-là, rien de spécial. Cependant ça veut aussi dire que c’est Thanksgiving jeudi et qu’en général, quand les Américains mangent la dinde, ça veut aussi dire que la semaine est coupée en deux. Il y a la première partie (du lundi au mercredi) où l’on fait croire qu’on est vraiment à fond dans le monde de l’investissement. Et la seconde partie, à partir de mercredi à midi où on enfile le pull tricoté avec la tête de renne dessus et le nez qui clignote et on se fout totalement de ce qui se passe sur les marchés jusqu’à lundi prochain et notre huitième verre d’Alka-Selzer.

L’Audio du 21 novembre 2022

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Inflation – Récession

Il nous reste donc 3 jours avant le week-end. Alors oui, je sais, les marchés européens seront ouverts, l’Asie sera ouverte et il est probable que la guerre en Ukraine ne fasse pas non plus de week-end prolongé et surtout, maintenant que Trump a à nouveau accès à Twitter, on ne sait pas ce qui peut se passer. Mais pour être franc, on sait tous que quand New-York est fermé, autant se casser en week-end parce qu’il ne se passe pas grand-chose ailleurs. Néanmoins, d’ici-là, on va quand même se poser des questions et faire « genre » on est à fond dans la thématique de l’avenir de l’économie et on donne vraiment dans une réflexion profonde sur l’avenir.

Et cette semaine semble commencer sur un thème assez passionnant. Celui de l’inflation. Oui, parce que depuis que l’inflation est sous contrôle, depuis les chiffres du CPI d’il y a 10 jours – chiffres qui ont fait péter le marché de 10% à la hausse – et les chiffres du PPI de la semaine dernière qui ont empêché le marché de prendre les profits – on sait que l’inflation est pratiquement vaincue et que l’on peut passer à autre chose. Enfin, on croit qu’elle est pratiquement vaincue. On y croit jusqu’à la prochaine fois que l’on aura un doute.

La passion de l’inflation

D’ailleurs, il est extrêmement intéressant de noter que lors de la publication du CPI, on s’est tous fait le calcul de base qui disait que si sur un mois, on passe de 8.1% à 7.7%, ça veut dire que l’inflation va baisser de 0.4% par mois (pour autant que ça soit linéaire, mais c’est plus simple pour les calculs et ça demande moins de réflexion – surtout que la réflexion, en ce moment, à Wall Street, c’est pas trop leur truc). Donc si l’on part du principe que l’inflation va baisser de 0.4% par mois, dans 14 mois, on devrait être 5.6% plus bas, ce qui laisserait supposer que l’on sera à 2.1% d’inflation et que la FED aura gagné. Alors oui, je sais que mon calcul et ma façon de voir les choses est ridicule et complètement stupide, mais en même temps ; c’est pas moi qui ai commencé.

En résumé, dans nos têtes de financiers prévisionnaires et extrêmement pointus dans notre manière de réfléchir, on s’est dit que le problème était réglé et qu’il suffisait d’attendre janvier 2024 pour voir l’inflation de retour aux 2% désirés par nos autorités financières bien-aimées. SAUF QUE… Oui, sauf que ce week-end, je suis tombé sur une étude publiée par un société de recherche financières fondamentale basée aux USA et que personne ne connaît, qui laissait entendre que statistiquement ET historiquement – alors bon, je dis statistiquement ET historiquement, parce que quand tu dis « statistiquement » ça fait matheux qui n’est jamais sorti de son bureau et historiquement, ça ajoute un peu de mystère et ça veut aussi dire que tu n’as pas trop une mémoire de poisson rouge et que tu te souviens comment c’était Wall Street AVANT qu’ils inventent le trading algorythmique.

DONC … Si l’on base sur la statistique et l’historique, si l’inflation MONTE AU-DESSUS des 8%, pour revenir au niveau de 2% qui fait rêver la FED, il faut compter entre 6 et 20 ans avec un objectif médian de 10 ans !!! Bon. Alors d’abord on se calme et on arrête de se taper la tête contre les murs, parce que c’est AUSSI écrit en petits caractères qu’il y a 20% de chances que ça soit réglé en moins d’un an. En même temps, quand on voit comment fonctionne le monde actuellement, ça paraît difficile à croire que l’on puisse réaliser un miracle pareil. Ou alors dans une série Netflix.

En conclusion, il y a 10 jours on s’est offert un rebond de 10% parce que l’inflation est sous contrôle et qu’en 2023, la FED va devenir DOVISH et que si ça se trouve, elle va même baisser les taux et que le Bull Market va revenir et que ça sera facile de faire du trading. Alors imaginez si l’inflation ne baisse pas aussi vite que prévu et si la FED reste « Hawkish » jusqu’en 2032… Et qu’en plus on nous sort la thématique de la récession comme c’est en train d’arriver à la vitesse GRAND V.

Les gourous et la récession

Oui, parce qu’en plus de l’inflation qui est plus ou moins sous contrôle et qui est à peu près transitoire selon les calculs que l’on a fait avec un boulier il y a un peu moins de deux semaines, il faudra tout de même noter que de plus en plus de personnes influentes sont en train de nous mettre en garde contre l’arrivée imminente de la récession. Ils sont tous en train de se mettre en PLS et nous annoncent que ça va faire très très mal. Tout cela en se souvenant que c’est des mecs qui ont des milliards sur leur compte en banque, ils ne devraient pourtant pas être trop inquiets, parce que ça va bien se passer pour eux… Et pourtant, c’est pas l’impression que ça donne.

La semaine dernière Jeff Bezos était venu nous dire que ça allait faire très mal et que ça serait une bonne idée de ne pas acheter un nouvel écran géant pour mettre dans le salon. Venant de la part d’un mec qui se fait construire un yacht pour assister son autre yacht, ça réchauffe le cœur… Mais il n’est pas tout seul, il y a aussi Elon Musk qui pense que ça va être compliqué – mais lui, il devait parler de sa gestion du personnel chez Twitter – et puis il y aussi le CEO de Citadel, Ken Griffin, qui pense qu’on ne n’y échappera pas. Puis Jeff Gundlach, l’empereur de l’obligataire, Charlie Munger, le bras droit et gauche de Warren Buffet, puis il y aussi Carl Icahn, Jamie Dimon, le CEO de Goldman Sachs, David Solomon, Leon Cooperman, hedge fund manager chez Omega, Greg Jensen, CIO chez Bridgewater et Nouriel Roubini… Bon, Roubini ça compte pas, parce que lui il parie sur une récession depuis qu’il est né. Mais par contre, il y a Rogoff, économiste à Harvard, qui lui pense que ça ne sera pas une « gentille récession » du tout.

Finalement le seul qui pense que l’on n’ira pas en Récession, c’est Joe Biden, mais comme il pense qu’il est encore gouverneur du Delaware et que nous sommes en pleine guerre du Vietnam, je ne suis pas certain que ça soit représentatif.

En Asie

Voilà. Pour commencer la semaine, nous allons nous réchauffer les plats de la semaine dernière et voir si on arrive à tenir jusqu’à mercredi avec ça. Pour le moment en Asie on est aussi en train de se réchauffer les plats de la veille, mais comme là c’est du potage à la chauve-souris et du pâté de pangolin, c’est un peu plus tendu à nouveau. En effet, déjà que l’on n’était pas à l’aise avec la clôture hebdomadaire de Wall Street et le fait que le rendement obligataire du 10 ans remontait en direction des 4% – voici que John Lee, le patron de Hong Kong est revenu d’un meeting international en Thaïlande avec le COVID. Ça plus le fait que les restrictions anti-COVID et les confinements reprennent de plus belle – y compris à Shanghai, on est moyennement content d’entendre ça. Ça qui ne correspond absolument pas aux articles du Wall Street Journal et de Bloomberg qui parlaient de sources bien informées qui prédisait un relâchement des mesures anti-COVID.

Oui, moi j’ai pas oublié qu’ils nous raconté que des conneries et qu’ils ont fait bouger le marché avec des « fake news ». Comme quoi il n’y pas que des histoires bidon sur Twitter et sur Facebook, les médias classiques s’y mettent aussi. La bonne nouvelle, c’est que visiblement au Qatar, pour la Coupe du Monde, il n’y a aucun risque de COVID, de contamination, ni de tests obligatoires d’ailleurs. Il y en a qui sont vraiment plus égaux que les autres. Bref, pour le moment, Hong Kong est en baisse de 2.4%, la Chine recule de 1% et le Japon ne fait rien. Le pétrole est à 79$, parce que la Chine se re-re-re-re-confine et le Bitcoin frise les 16’000$ parce que la confiance s’étiole suite à l’affaire FTX. Il n’y a d’ailleurs pas un jour qui passe sans que l’on vienne nous en raconter une bonne sur ce qui se passait dans la boîte à SBF. Au dernières nouvelles, le nouveau CEO de FTX a déclaré que FTX devait 3.1 milliards à 5 clients. Bonne chance pour revoir leur argent étant donné qu’il n’y a plus rien dans les caisses…

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on retiendra que Disney vient de virer son CEO et le remplace par l’ancien CEO. Bob Iger est donc de retour et il devrait avoir la lourde tâche de sauver Mickey et Minnie encore une fois. Autrement on parle aussi de l’hémorragie qui continue chez Twitter alors que les « anciens » ne veulent pas travailler avec Musk qui passe de plus en plus pour un tyran sur les réseaux. Musk qui continue également de laisser supposer qu’éventuellement peut-être il se pourrait qu’un jour de 2023, Tesla annonce un rachat d’actions de 10 milliards de dollars. Et que tout le monde continue de trouver ça normal.

Autrement, il y a des tirs d’artillerie sur la centrale nucléaire de Zaporijjia, l’ONU met en garde les belligérants comme quoi c’est mal. Les États-Unis mettent en garde le monde entier en disant que l’invasion Russe est l’avant-goût d’une « tyrannie mondiale ». Et le Barron’s s’inquiète des ventes de détails pour la période de Thanksgiving et pensent que ça pourrait être une mauvaise surprise pour le reste de l’année. Bref. Mercredi soir c’est dinde pour tout le monde et on parlera d’autre chose pendant quelques jours.

Les chiffres du jour

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.3%, et nous aurons droit au PPI en Allemagne et au Chicago Fed National Activity. Ni l’un, ni l’autre devrait nous changer la vie. Et puis ce soir, il y aura les chiffres de Zoom et de Dell.

D’ici-là, il me reste à vous souhaiter une très belle journée et un excellent début d’une courte semaine !!!

À demain !

Thomas Veillet
Investir.ch

« People who succeed have momentum. The more they succeed, the more they want to succeed and the more they find a way to succeed. Similarly, when someone is failing, the tendency is to get on a downward spiral that can even become a self-fulfilling prophecy. » -Tony Robbins