Comme vous avez pu le voir, le titre de cette chronique est aguicheur à souhait. On aime le sensationnel et c’est ce qui attire le plus le trafic sur le net. Ça et les cours de maquillage sur Instagram en live depuis Dubaï. Mais moi mon truc, c’est de parler de ce qui s’est passé hier sur les bourses mondiales et comme personne ne veut de moi dans « les Marseillais font de la finance à Wall Street », je me contente de ça. Bref. Tout ça pour dire qu’hier Wall Street a clôturé « SA PIRE » séance de l’année. C’est comme ça que les médias financiers ont aimé qualifier la chose. Fondamentalement, c’est vrai, mais dans la vraie vie, après 19 jours en 2023, il n’y a pas de quoi en faire un fromage.

L’Audio du 19 janvier 2023

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Cheese !!!

Mais nous on aime, on aime faire des fromages à la première occasion et il est vrai que quand tu commences à rédiger un article qui s’intitule « On va tous CREVER » ou encore : « LA PIRE SÉANCE DE L’ANNÉE », c’est quand même plus rock n’roll que : « Tout va bien à Wall Street et ce matin les oiseaux chantent ». Et puis on sait qu’avec un titre comme ça, en général tu captes plus l’attention du lecteur et il y a des chances qu’il commence par lire ton article plutôt que celui qui parle du fait que le gardien de l’équipe de Suisse va être transféré au Bayern de Munich.

Tout ça pour vous dire qu’hier, le marché s’est fait secouer à New York. Un petit secouage gentil sans grande conséquences. Mis à part le fait que la résistance du S&P500 a tenu et que la tendance baissière est toujours « Alive and Kicking » comme disait le groupe Simple Minds. Avant de décortiquer l’avalanche de mauvaises nouvelles annoncées hier à Wall Street, retenons quand même que le CAC40 – la vedette de ce début d’année 2023 – a encore terminé en hausse pour la sixième fois consécutive – quand même. Alors oui, c’est une hausse de 0.09% et il n’y pas non plus de quoi rappeler le gouvernement français à Paris alors qu’ils sont allés se planquer en Espagne pendant la grève du siècle prévue ce jeudi à Paris, mais notons tout de même que ça montait quand même une bricole et que Bernard était encore un peu plus riche hier soir. Il faut dire que l’Europe a pu se targuer du fait que les chiffres de l’inflation démontraient que le PIC était bien derrière nous et que ça irait mieux demain. Même si à 9.2%, il n’y pas non plus de quoi se rouler dans le caviar en s’arrosant de champagne.

Coup de frein aux States

Mais peu importe, hier on savait se montrer satisfait de peu de chose et trouver les points positifs dans un truc qui spontanément aurait pu ne pas l’être. On notera d’ailleurs que le TRÈS charismatique Chancellier Allemand dont personne ne se souvient du nom, a déclaré qu’il se pourrait qu’éventuellement, mais c’est pas encore 100% certain, l’Allemagne puisse éviter la récession en 2023. Et puis après, on a eu une avalanche de chiffres économiques aux States, des banquiers centraux qui causaient sous Xanax et une prise de conscience comme quoi les miracles ça arrive surtout à Hollywood et encore plus quand c’est dans les épisodes de Marvel et que tu peux faire plus ou moins ce que tu veux en sachant que le multiverse a été inventé…

Hier soir nous avons donc appris – en vrac – que :

– Le PPI était plus faible que le mois dernier, ce qui prouve que l’inflation est en baisse.

– Que les ventes de détail démontraient que ça n’était pas simple et que le consommateur avait commencé à ralentir en se méfiant de ce qui pourrait se passer dans les mois à venir

– On s’est également souvenu que lorsque les ventes de détail ralentissent, techniquement, ça fait mal au PIB et que quand le PIB ralentit, il y a des chances que l’on entre en récession – enfin, si les autorités gouvernementales américaines approuvent la définition de la récession – ce qui est loin d’être certain.

– Que les données du « petit livre beige » pouvaient laisser supposer que l’économie était soit :

1) En train de se contracter
2) En train de ne pas se contracter

Ce qui, vous l’avouerez nous avance sacrément dans notre job de prédicateur financier.

Dans la foulée de cette avalanche de chiffres économiques, on notera aussi que deux membres de la FED étaient de sortie et le moins que l’on puisse dire, c’est que leurs discours ne sont pas allés dans le sens que l’on aurait aimé, puisqu’autant Madame Meister que Monsieur Bullard se sont prononcés en faveur de la continuité du processus de hausse des taux… Et ça, je vous l’avoue… On aurait pu nettement s’en passer.

Et c’est comme ça que nous avons eu la PIRE SÉANCE de l’année

La suite, vous la connaissez. Dans la finance nous sommes assez binaires. C’est soit on est super optimiste et on pense que c’est BULL MARKET FOREVER ou alors on tombe dans l’angoisse et la dépression et on vend tout. Hier c’était clairement la seconde version. Il faut dire que depuis quelques temps, nous avions presque commencé à croire que la récession ne passerait pas par nous et que la FED avait trouvé le remède pour faire ralentir l’économie et disparaître l’inflation tout en douceur et que l’on parviendrait à éviter la case récession.

Sauf que les chiffres publiés hier, additionnés au fait que la Banque Centrale Américaine – de par la voix de ses membres – ne semble en aucun cas intéressée à passer dans le camp des « DOVISHS », a laissé clairement entendre que la théorie du « soft landing », c’était pas encore gagné… Du coup, on s’est souvenu qu’il y avait des résistances sur le graphique du S&P500, on a commencé à se dire que le retour en Bull Market serait plus compliqué que prévu et que ça serait pas mal de prendre les profits après ce début d’année en fanfare. Et c’est à cet instant très précis que l’on a commencé à se dire que « se faire la PIRE SÉANCE de l’année », pourrait être une bonne idée en termes de marketing médiatique. Tout ça pour vous dire que le Dow Jones a perdu 600 points et que même si ça ne fait pas grand-chose en pourcentage, ça fait toujours son effet. Que le S&P500 a reculé de 1.56%, laissant la résistance des 4’000 points loin derrière lui et que le Nasdaq restait celui qui baissait le moins, même si Microsoft a encore annoncé 10’000 licenciements et une provision de 1.2 milliards pour payer les bonus de départ.

En résumé, hier l’Europe a fait de la résistance en s’accrochant à des chimères et les USA ont vécu leur pire séance de l’année sur les 11 que nous avons vécu jusque-là. Ça fout les jetons, non ???

L’Asie ce matin

Ce matin, à l’autre bout du monde, le Japon retournait au Sud avec une baisse de 1.5% et la peur que « la récession arrive » à cause de ce qui s’est passé à Wall Street. Et la Chine et Hong Kong ne font virtuellement pas grand-chose en attendant de voir si l’on bascule vraiment dans le camp de la panique. Pour l’instant, ça n’est pas le cas parce que les futures ne sont que légèrement en baisse. Il va falloir regarder l’ouverture de l’Europe afin de voir si l’on craque ou si l’on continue à creuser en faveur de la hausse permanente des indices du Vieux Continent. Pour l’instant, c’est trop tôt pour le dire mais on ne peut pas exclure que l’Europe se fasse sa pire séance de l’année à elle en ce jeudi 19 janvier 2023.

Le pétrole avait commencé l’ascension des 81$ hier, mais comme la récession n’est plus complètement exclue du plan de marche depuis les commentaires de la veille, on a commencé à douter et le baril est de retour SOUS la résistance psychologique des 80$. Ce matin le baril se traite à 78.55$ et l’or est à 1911$. Pendant que l’on se demande si le retour de l’appétit au risque que l’on nous vend depuis le premier janvier est bien de retour, le Bitcoin s’accroche encore aux rideaux et se traite toujours proche des 21’000$. À 20’817$ à 5 h55 du matin pour être précis. Et puis, puisque l’on parle des cryptos et du Bitcoin, on notera la dernière déclaration à l’emporte-pièce de mon ami Nouriel Roubini. Le célèbre économiste qui avait vu la crise des Subprimes arriver, mais qui n’a plus rien vu depuis, a déclaré que le monde de la Crypto était composé de 90% d’escrocs et que la plupart des projets liés à ce monde n’étaient que des « pyramides de Ponzi » et que, Sam Bankman-Fried n’était qu’un escroc parmi tant d’autres, mais que lui s’est fait choper. En conclusion, Roubini recommande de rester définitivement loin, mais ALORS TRÈS LOIN des Cryptos… IL s’est sûrement fait plein d’amis en 24 heures et, comme pour fêter la chose, Gemini – l’exchange crypto qui était en difficulté depuis des semaines – vient d’annoncer son dépôt de bilan. Un de plus.

Nouvelles du jour

Dans les nouvelles du jour, on retrouve Roubini qui est en grande forme ces derniers jours. L’économiste vient encore d’écrire une nouvelle chronique pour résumer sa vision du monde et je peux vous dire que j’ai fait l’effort de la lire ce matin et depuis 45 minutes, je suis en train de fouiller l’armoire à pharmacie pour trouver un fond de Xanax ou autre chose qui y ressemblerait. Roubini revient sur le fait que l’on refuse de voir la vérité en face, mais que ce qui se passe sur la planète au niveau géopolitique, macro-économique, micro-économique, météorologique et social, ne laisse rien présager de bon et que, si vous avez l’occasion : barrez-vous de la planète terre. Reste juste à trouver une destination, ce qui, je le reconnais, risque de ne pas être simple. En gros, selon lui : on va tous mourir, mais plus vite que prévu.

Maintenant que je vous ai bien cassé le moral et que vous êtes dans le même état d’esprit qu’au début du film « 2012 » et que vous vous rendez-compte que vous n’avez pas réservé votre place sur l’arche de Noé, il faudra tout de même noter que de l’autre côté de l’échiquier il y a Monsieur Lee de chez Fundstrat qui s’attend à une performance annuelle de 20% sur le S&P500, parce que la FED va tourner DOVISH, que l’inflation va se casser la gueule et que les taux vont baisser avant la fin de l’année. Comme quoi, tout espoir n’est pas perdu. Peut-être que la vérité se trouve quelque part entre Roubini et Tom Lee, mais c’est quoi le milieu entre 20% de performance en 2023 et la fin du monde ???? Mis à part ça, il y a encore le plus gros gérant de fonds du monde, le patron du fonds souverain norvégien qui pense que nous faisons face à des années de rendements très bas sur les marchés. C’est pas une bonne nouvelle, mais c’est pas non plus la montée des eaux et la disparition de la Californie dans l’Océan Pacifique. Et puis, pour terminer on retiendra que l’histoire des documents classifiés qui étaient en balade chez Biden sont en train de pousser les Démocrates à se demander si c’est une bonne idée que le grabataire de la Maison Blanche se représente aux élections – dans l’hypothèse où il est encore « techniquement » en vie.

Pour conclure ce chapitre « nouvelles du jour », on notera que Powell a été testé positif au COVID. Comme quoi il peut parfois être positif sur quelque chose.

Chiffre du jour

Côté chiffres du jour, on continuera avec le PPI en Suisse, les permis de construire, le Philly FED et les inventaires pétroliers aux USA. Il y aura – bien sûr – plein de meetings à Davos, mais tout le monde s’en tape. Par contre, il y aura Madame Brainard, numéro deux de la FED qui est censée parler. On ne sait jamais, ça peut faire quelques secousses dans le monde des prévisions sur l’avenir économique mondial. Et puis, n’oublions pas les publications de Procter et Gamble avant l’ouverture américaine ainsi que Neftlix, ce soir après la clôture.

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.2% et la séance d’hier soir nous aura amené doutes et interrogations. Les prochaines séances pourraient être un peu plus « pimentées ». D’ici-là, passez une excellente journée et profitez de la neige. Nous on se retrouve demain, ici-même !

Très bonne journée !

Thomas Veillet
Investir.ch

« I’ve learned that people will forget what you said, people will forget what you did, but people will never forget how you made them feel. » -Maya Angelou