Cette nuit, il y a eu le Superbowl. Pour ceux qui n’étaient pas debout, les Chiefs de Kansas City ont gagné le match et pour ceux qui ne connaissent pas la « théorie du Superbowl » qu’on nous ressort chaque année, la victoire des Chiefs n’est pas une bonne nouvelle, puisque statistiquement, quand c’est une équipe de l’American Conference qui gagne, les indices finissent l’année en baisse. La théorie en question fonctionne 72% du temps. Ce qui laisse encore un peu d’espoir. Mais pour être franc, « théorie du Superbowl » ou pas, c’est surtout demain que la semaine va commencer « pour de vrai » avec la publication du CPI aux USA. Enfin, s’ils ont fini d’abattre des OVNI d’ici-là.

L’Audio du 13 février 2023

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Une semaine pourrie et des doutes plein la tête

La semaine qui vient de se terminer aura donc été la « pire semaine de l’année ». Bon. En même temps, il en reste 46 pour faire pire avant que nous soyons le 31 décembre. On ne va donc pas trop se prendre la tête avec « cette pire semaine-là ». Mais il faut dire, quoi qu’il en soit, que l’on pourra au moins se souvenir que ce début février aura amené le doute dans la tête des investisseurs. Alors que jusqu’au FOMC Meeting du début du mois, nous avions l’impression que plus rien ne pouvait nous arriver et que la hausse et le Bull Market étaient revenus parmi nous, voici que, depuis quelques jours, la crainte de l’inflation et les doutes qui vont avec, sont revenus.

Alors soit, ce qu’a dit Monsieur Powell la semaine dernière nous aura « un peu rassuré » et le fait que le « processus de désinflation » ait commencé, étaient plutôt constructifs. Mais pour être franc après avoir été sur la route du Bull Market toute la sainte journée, on a quand même senti le doute s’immiscer. En début de semaine dernière, nous avions eu droit au club des Bears qui étaient venus nous dire que l’on allait tous y passer et que le rallye de début d’année était TERMINÉ, qu’il était temps de se mettre en PLS en attendant que les choses se décantent au niveau de l’économie. Prédictions et conseils qui avaient balayés du revers de la main lorsque Powell s’était montré « relativement confiant » avec son « processus de désinflation ».

Les taux plus haut ?

Et puis, au fur et à mesure que la semaine avançait, il y avait deux ou trois choses de plus qui commençaient à gratter et à déranger un peu partout. Un peu comme ces pulls en laine qui étaient tricotés par nos grands-mères et que l’on était obligé de porter pour aller à l’école, même si c’était moche et que l’on avait l’air ridicule. Les premières choses qui ont commencé à déranger c’est le fait que bien des stratèges commençaient à protéger leurs investissements en pariant sur la hausse des taux à venir. On a entendu parler d’investissements massifs sur des options pour jouer les taux directeurs à 5.5% ou même à 7% pour certains.

On s’est aussi gentiment rendu compte que certaines matières premières repartaient à la hausse. On ne mentionnera même pas le baril de pétrole qui caracolait encore autour de 80$ ce week-end, parce que plus personne ne regarde le prix de l’essence et plus personne n’est surpris par le fait que c’est nettement plus cher qu’il y a un an et qu’on trouve ça normal. Mais on notera que le jus d’orange a commencé à exploser et que même si ça n’est pas la composante principale du CPI, ça n’est pas forcément une bonne nouvelle, surtout quand on connait la performance de la douzaine d’œufs depuis une année, on peut commencer à se dire qu’il n’est peut-être pas complètement idiot de sauter le petit-déjeuner. Heureusement, le porc est au plus bas depuis 2 ans, ça compense un peu.

Et puis, en fin de semaine, Monsieur El-Erian, économiste et stratégiste de renom, ex-patron de la recherche et de la stratégie chez PIMCO et qui est connu pour ne pas faire de show-off, tout en étant plutôt conservateur dans sa façon de s’exprimer. Eh bien Monsieur El-Erian est venu nous dire qu’il y avait quand 75% de chance que les chiffres du CPI qui sortiront ce mardi, pourraient démontrer que l’inflation ne baisse plus. Ou pire, qu’elle remonte.

Hésitations et confirmation demain

Alors, lorsque l’on analyse les graphiques des indices principaux, on se dit que ça n’est pas encore la fin et qu’il y a encore de l’espoir. Les tendances haussières développées depuis le début de l’année ne sont pas encore remises en cause. Sauf peut-être sur le SMI qui est en train de casser les bas du canal, mais ça n’est pas l’indice suisse qui va faire basculer le monde, ça serait tout de même une première. En revanche, comme nous aurons aussi la publication du CPI en Suisse ce matin, on va pouvoir se poser des questions sur les tâches et devoirs de la BNS et si, pendant un instant, ils vont devoir se concentrer sur autre chose que la performance de leurs portefeuilles.

Il y a donc encore de l’espoir, mais pour conserver l’envie d’aller plus haut, il va tout de même falloir que les chiffres du CPI américain – cette fois – ne confirment pas la théorie de Monsieur El-Erian citée plus haut. Non, parce qu’il est vrai que si, soudainement on se rend compte que l’inflation pourrait ne plus baisser, la semaine et le reste du mois pourraient être remis en question. Et là, je suis certain que l’on va nous ressortir la victoire des Chiefs de Kansas City comme élément négatif « supplémentaire » pour jouer la baisse. Oui, parce qu’en fait, le problème que nous avons par rapport à l’inflation ; c’est qu’à l’heure actuelle nous n’avons qu’une seule attente : qu’elle baisse. En Europe, certains membres de la BCE se sont même exprimés la semaine dernière pour dire que « l’inflation n’était plus un problème ». MAIS EN FAIT, et si l’inflation restait en 6% et 7% pendant des mois. Elle ferait quoi la FED ???

Tout ça pour vous dire que la semaine va commencer demain à 14h30 et qu’à ce moment-là, on pourra peut-être commencer à voir un peu plus loin que les 24 prochaines heures. Et encore, c’est même pas sûr.

En Asie

La plupart des marchés boursiers asiatiques sont en baisse ce matin, les intervenants se repliant totalement sur eux-mêmes dans l’attente de plus de détails sur l’inflation aux États-Unis. Par contre, les actions chinoises étaient en hausse, « les investisseurs continuant à parier sur une reprise induite par la réouverture de la Chine ». Comme c’est original. Le Nikkei est en baisse de 1% en attendant plus de nouvelles sur le prochain patron de la Bank of Japan. Pour le reste, le baril est à 78.80$, l’or est à 1868$ et le Bitcoin est coincé à 21’800$.

Dans les nouvelles du jour, on a l’impression d’être un lundi matin de congé avec la moitié du monde qui est resté au lit. Je sais bien que c’est le mois de février et que la plupart des gens sont plus préoccupés par leurs vacances de ski qu’autre chose, mais c’est vraiment très mince ce matin. On apprend tout de même que le patron de Goldman Sachs regrette de ne pas avoir licencié du personnel plus tôt. On le plaint, ça ne doit pas être facile d’en arriver à ce genre de regret – surtout quand on arrive à faire la une du FT avec ça. Pendant que ça couine dans les hautes sphères de Goldman, on notera aussi que Moody’s – qui est toujours au top au niveau de l’anticipation – vient de couper les perspectives du groupe Adani en Inde. L’analyste qui a fait cette annonce de génie, explique que la baisse rapide des différentes sociétés du groupe « les oblige à abaisser leurs attentes ». Je me demande si c’est facile de vivre normalement quand on a de telles compétences de visionnaire.

Des nouvelles et des chiffres

Autrement, il n’y a pas des kilos de grosses nouvelles, on va donc se passer la pommade dans le dos tout en parlant de l’inflation de demain et des chiffres trimestriels qui sortiront encore cette semaine. En fin de matinée, nous aurons les prévisions économiques de la commission européenne – si vous voulez encore une fois assister à une présentation visionnaire qui va nous expliquer tout ce qui va se passer ces 12 prochains mois avec des jolis dessins et un beau PowerPoint, ne ratez pas ça. Ça sera d’ailleurs probablement le truc le plus intéressant de la journée. C’est dire où nous en sommes. Pour le reste, ça devrait être tranquille puisque la plupart des médias sont en train de s’exciter sur les « objets volants non-identifiés » que l’US Air Force s’obstine à abattre toutes les cinq minutes. C’est vrai que ça occupe et ça permet de remplir des pages de journaux quand il n’y a rien à dire.

Pour le moment les futures sont en baisse de 0.4% et on ne va pas se mentir, il n’y a pas de raison de se précipiter au bureau, je crois que ça pourra attendre demain. Et puis si vous ne savez pas quoi faire de votre journée, le Barron’s a publié un article assez complet ce week-end et ça explique comment il faut faire pour construire un portefeuille sur l’Intelligence Artificielle et prendre sa retraite le mois prochain. Non, je plaisante pour l’histoire de la retraite, mais disons qu’encore une fois, l’intelligence artificielle est au centre des préoccupations de tout le monde… sans exception.

Et puis, n’oubliez pas, ce soir Marco et moi serons présent en direct de chez Swissquote pour un état des marchés financiers et quelques idées pour 2023 – un Webinaire gratuit – vous pouvez vous inscrire sur le lien suivant https://fr.swissquote.com/education/webinars/2023-bull-ou-pas-bull-telle-est-la-question-2023-02-13 

On se réjouit de vous y voir, ça commence à 18h00 !!!

Pour le reste, je vous souhaite une excellente journée et restez concentrés pour être en forme demain après-midi. Très bon lundi à tous.

Thomas Veillet
Investir.ch

“La justice, c’est comme la Sainte Vierge, si on la voit pas de temps en temps, le doute s’installe.”

Michel Audiard