Bon début de semaine un peu partout dans le monde, merci à la Deutsche Bank DE NE PAS ÊTRE partie en faillite, même si certaines rumeurs font état du fait que la Bundesbank aurait pu emprunter en masse aux « autres » banques centrales histoire d’avoir du pognon sous la main (juste au cas où). Ce ne sont que de rumeurs et il faut surtout noter que depuis 3 jours, aucune banque n’a fait faillite et c’est un exploit tellement énorme pour l’industrie que cela vaut la peine d’être signalé et de ne monter rien que pour ça. Il faut dire que ça continue de bouger dans le secteur et que le mot « rationalité » n’est pas le premier qui me vient à la bouche.

L’Audio du 28 mars 2023

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Tout va bien, vous pouvez ressortir de chez vous et racheter des banques

Aussi fou que cela puisse paraître, ce lundi aura donc été placé sous le signe des banques et des « prises de profits sur la technologie » – parce que tu comprends, la tech elle est quand même beaucoup montée depuis le début de l’année et dans trois jours c’est la fin du trimestre. Pour le reste, c’est donc les banques qui ont ramassé toutes les attentions. Il faut dire qu’il y avait de quoi puisque ça bougeait du côté de SVB qui vient de vendre ses actifs à la First Citizens Bank. Alors je vous rassure tout de suite, celle-là non plus vous ne la connaissez pas, mais pourtant, sans elle, hier la journée n’aurait pas été la même.

La Banque basée en Caroline du Nord a donc racheté ce qui restait du cadavre de la SVB et récupéré 17 de ses succursales. Le prix qu’ils ont payé pour les actifs est indécent tellement c’est pas cher et c’est pour ça que le titre a explosé hier. Rebondissant de 75% depuis les plus bas de ces dernières semaines et la clôture d’hier soir. Je ne suis pas analyste sur le secteur bancaire – et tant mieux parce que statistiquement c’est quand même le groupe d’analyste le plus faux de l’histoire puisqu’en général, la totalité de leurs prévisions sont tellement à côté de la plaque qu’ils sont même souvent en dehors de la cuisine – ce qui veut dire, en résumé qu’il est pratiquement impossible d’évaluer la valeur ou même le bilan d’une banque, puisque souvent la banque elle-même ne sait pas trop ce que ça représente, mais ce qu’il faut savoir c’est qu’un titre peut prendre 75% parce que tu rachètes un cadavre. Je ne suis pas tout à fait convaincu du fait que c’est le deal de l’année. D’ailleurs, l’UBS avait rebondit massivement en rachetant les reste du Crédit Suisse au prix de la casse, avant de se RE-péter la figure comme si ça ne coûtait rien les 24 heures suivantes.

Graphique de la First Citizens – Source : Tradingview.com

Fini ou pas fini

Une chose est certaine, je ne sais pas si le sketch que le secteur bancaire est en train de nous offrir depuis deux semaines est complètement terminé, mais je suis en revanche pratiquement certain que nous sommes en plein Muppet Show et que l’on peut encore nous en faire deux-trois qui sont pas mal dans les jours à venir. En tous les cas, hier les intervenants « revenaient se positionner sur les banques qui avaient beaucoup perdu » et les médias financiers prenaient ça pour un signe de « retour à la normale ». Alors personnellement je ne sais pas si nous sommes en train de revenir à la normale, mais je suis en revanche absolument certain que je ne remettrai jamais dix balles dans le secteur.

Toujours est-il qu’hier on a redonné goût à la vie au secteur bancaire parce qu’il y avait aussi des rumeurs comme quoi la FED serait en train de préparer encore des mesures supplémentaires pour soutenir les banques et que c’était « encourageant ». Je trouve ça absolument génial, l’industrie des banques est un secteur à part de l’économie. Un secteur où tu peux faire les pires conneries et montrer une arrogance nettement au-dessus de la moyenne et dès que tu fais une stupidité absolument magistrale, les autorités se jettent à ton chevet comme si tu étais la victime innocente qu’il fallait absolument sauver. Si les gouvernements et les banques centrales se préoccupait autant de la faim dans le monde que des problèmes de cash du système bancaire, cela ferait longtemps que le problème ne serait plus la faim, mais l’obésité.

Bref, on est soulagé

Tout ça pour dire qu’hier on est monté parce qu’on était soulagé et que l’on s’autorise à rêver à une fin de crise des banques et qu’en plus « bonus » ou cerise sur le gâteau, cette crise bancaire nous aura au moins permis de régler son compte à l’inflation – puisqu’à ce sujet que ça soit clair entre nous : TOUT LE MONDE S’EN FOUT, le problème est réglé et la question est plus de savoir à quel moment la FED va baisser les taux pour lutter contre la récession que l’on va se prendre au second semestre. D’ailleurs les derniers sondages font état d’une quasi-certitude de voir la FED ne rien faire lors de son prochain meeting agendé seulement au mois de mai, puisqu’au mois d’avril il y a trop de vacances et qu’on a besoin de repos après avoir bossé comme des dingues depuis le 15 janvier, si l’on fait abstraction des vacances de février.

Tout ça pour dire que la séance d’hier aura été placée sous le signe d’un certain soulagement, même si l’on n’exclut pas un retour de manivelle dans les jours qui viennent. Non, parce qu’il ne faut pas se leurrer. Je ne sais pas si la FED sait ce qu’elle fait, mais on va lui laisser le bénéfice du doute. Donc si la FED décide mettre au point de nouvelles mesures pour « aider » les banques, ça ne veut pas dire que l’on est en train de fusionner le pays des Bisounours avec Disneyland. Ça veut quand même dire qu’il y a encore un peu de merde à cacher sous le tapis et que ça serait quand même mieux que ça ne remonte pas trop vite en surface. À cause de l’odeur.

On en a gros avec les gros

Bref, hier on est monté. Et ce matin les journaux étaient relativement satisfaits de la chose. Sur les graphiques, c’est pas tout à fait la même chose et ça donne l’impression que l’on est remonté en surface prendre un peu d’air, mais qu’il faut encore redescendre une fois sous l’eau pour voir si l’on n’a rien oublié. Le S&P500 ressemble tout particulièrement à une pente savonneuse qui devient de plus en plus glissante parce que le bouchon de la bouteille de savon vient de sauter et d’en mettre partout. Et puis surtout, on a tendance à oublier que depuis le début de l’année, Microsoft et Apple ont rebondi de 27% chacun et que, pendant ce même lapse de temps, le S&P500 a repris 4.4%. Aujourd’hui, les deux géants américains représentent 25% du S&P500… Autant vous dire qu’il y a comme un déséquilibre. Là encore, je ne suis pas expert, mais je n’ai pas l’impression que tout ça va bien se terminer.

Hier, un des top shots d’Apple a vendu pour 30 millions de dollars de ses actions personnelles. Espérons simplement que les « prises de profits sur la tech » ne dureront pas trop longtemps, sinon le S&P500 va rapidement réintégrer son canal descendant. Heureusement que le système bancaire a guéri de son COVID en deux semaines, sinon j’aurais peur.

L’Asie

Ce matin l’Asie est dans le vert, on sent comme un vent de soulagement par rapport à la fin de la « CRISE DES BANQUES ». Ou peut-être je devrais-je dire : une brise de soulagement puisque Tokyo est en hausse de 0.07%, que la Chine monte de 0.06% et que le Hang Seng avance de 0.7% – c’est pas non plus des journées d’euphorie où il faut venir avec des bonbonnes d’oxygène au bureau tellement ça monte vite. Le pétrole repart à la hausse parce qu’apparemment les experts ont peur que l’installation des armes nucléaires tactiques russes qui vont être installées en Biélorussie pourrait – à terme – poser des problèmes pour l’approvisionnement de pétrole en en Europe. Il est vrai que si l’on a une guerre nucléaire dans la région, je pense que la préoccupation première sera de savoir si la station-service du coin de la rue est correctement approvisionnée. Toujours est-il que le baril, lui il s’en fout, il remonte au-dessus des 70$ comme si c’était Poutine qui avait donné l’ordre d’acheter et s’établit à 72.80$.

L’or revient un peu à 1978$, parce que – forcément – la crise des banques se résorbe et le Bitcoin, quant à lui, il n’a pas trop apprécié l’attaque frontale des autorités américaines qui s’en prennent à Binance leur reprochant à peu près toutes les tares possibles et imaginables. La CFTC reproche à Binance le fait que le management soit une one-man show, qu’ils font tout pour aider les clients à frauder ou à dissimuler leur nationalité (surtout les Américains – forcément, comme toujours, « si les paradis fiscaux existent, c’est que les enfers fiscaux existent » – heureusement, il reste le Delaware à Biden). On leur reproche également de ne communiquer avec les clients qu’avec des « chats » qui ne gardent rien en mémoire et d’avoir un seul client que pèse 12% de leurs volumes. Et si l’on cherche un peu dans l’acte d’accusation, je suis certain que le COVID, c’est eux. Que la guerre en Ukraine, c’est eux. Que le cancer dans le monde c’est encore eux. Et qu’ils ont probablement inventé la télé-réalité et les influenceurs, ce qui mériterait clairement la peine capitale. Du coup, le Bitcoin se traite à 27’000$.

Nouvelles du jour

Côté nouvelles du jour, on retiendra l’explosion de Novartis après les bons résultats annoncés sur son médicament contre le cancer du sein, le Kisquali empêchant les récidives de ce type de cancer. 7.7% de hausse hier en Suisse, c’est assez rare pour être signalé chez Novartis. Il y a aussi pléthore de stratèges qui disent que l’on va s’en prendre une dans les semaines qui viennent, que la crise n’est pas terminée. On notera entre autres les stratèges de Morgan Stanley et de JP Morgan qui recommandent tous les deux de se mettre en PLS au fond de la cave en attendant un signal de leur part pour revenir.

Et puis il y a aussi Jeremy Siegel – professeur à la Wharton School et invité à la télé tous les trois jours. Siegel, il est tellement souvent à la télé pour donner son avis qu’on dirait Christian Lüscher à la RTS. CNBC hésite à lui filer un badge et une loge à l’année. Siegel a donc dit que la FED ne comprenait rien et que monter les taux lors du dernier FOMC meeting était complètement con et que dorénavant, la récession était inévitable. Sans oublier que, selon lui, la FED ne pourra pas gérer la baisse de l’inflation et la crise des banques en MÊME TEMPS. Et il a terminé en disant qu’il ne savait pas si la FED comprenait ses propres chiffres. Pas sûr qu’il soit invité à la Christmas Party de la FED cette année. Autrement, au chapitre « bonne nouvelle », la Banque Mondiale a déclaré que la croissance mondiale de ces 10 prochaines années allait baisser autour des 2% et qu’il n’y avait rien à attendre de l’économie mondiale pour les 10 ans à venir. Ensuite, ils sont retournés chez eux pour se fouetter aves orties.

Les chiffres du jour

Pour ce qui est des chiffres du jour, il y en a un wagon. Il y aura le Redbook, les prix de l’immobilier, la confiance du consommateur et une avalanche de banquiers centraux – dont Madame Lagarde qui ne manqueront pas de venir nous dire que les banques sont solides, qu’elles ont plein de capitaux disponibles et que leurs bilans sont tip-top. Mais qu’au cas où, ils peuvent quand même donner un coup de main si ça suffisait pas.

Pour le moment, les futures sont en hausse de 0.15%, la Deutsche Bank est toujours en vie et les banques régionales aux USA ; c’est trop cool. Pourvu que ça dure ! En ce qui me concerne, je vous souhaite une excellente journée et que la force des banques centrales soit avec vous !

Thomas Veillet
Investir.ch

« The vast majority of our imports come from outside the country. »

— George W. Bush, 1946-, American President