Je suis toujours fasciné par la rapidité avec laquelle nous sommes capables de changer la structure de nos investissements sur base d’une seule et unique donnée économique. Une donnée économique qui est calculée par les mêmes gars qui calculent les chiffres de l’emploi tous les mois et qui passent les deux mois suivants à les modifier parce qu’ils avaient « oublié des trucs ». Cette fois c’est le CPI qui nous a changé la vie. Alors non, il n’est pas encore à 2% comme on l’attend depuis bientôt 3 ans, mais il était tellement bon hier, qu’en l’espace de quelques minutes, les algos ont tourné la veste, changé de stratégie et anticipé une baisse des taux en septembre à 90%.
L’Audio du 12 juillet 2024
Télécharger le podcast
Un chiffre, une donnée, la voie verte jusqu’en septembre
La séance d’hier PEUT et doit se résumer sur une seule chose : le CPI. Oui, vous savez, ce chiffre que l’on avait considéré comme « peu représentatif » parce que mal calculé et peu crédible il y a moins de trois mois en arrière. Et bien hier, ce même CPI est devenu (ou redevenu) soudainement le chiffre de référence qui peut changer une vie. Enfin, peut-être pas une vie, mais qui peut – en tous les cas – changer la vision que nous avions de l’investissement que nous avons mis en place depuis le début du mois de novembre, quand Powell avait fait sa danse de la victoire pour nous prévenir qu’ils avaient mis l’inflation à terre et qu’ils allaient pouvoir commencer à penser à envisager d’éventuellement peut-être, pratiquer une politique des taux un peu plus accommodante.
Je n’ai pas besoin de vous rappeler que depuis le premier novembre, nous mangeons inflation, nous buvons inflation, nous vivons inflation et nous dormons inflation. Même un enfant de 8 ans sait ce que c’est et est capable de vous expliquer en deux mots à quoi ça a trait, tellement on nous bassine avec ça dans ABSOLUMENT tous les médias et à chaque instant de la journée. Hier, le CPI était attendu à 3.1% et il est sorti à 3%. Comme disait Steve Jobs ; « ceci est une révolution ». Le pétrole a pris 12% durant le mois de juin, le prix de la nourriture n’arrête pas de monter, tout comme les loyers, mais il semblerait quand même que le calcul final nous exprime que sur les 12 derniers mois, les prix de la consommation ne sont en hausse « QUE » de 3%. Il reste encore 1% à parcourir pour atteindre l’objectif de la FED et à la vitesse ou ça baisse, on en a encore pour 6 à 9 mois avant d’y être, mais cette baisse substantielle permet donc à la FED de PRESQUE OFFICIELLEMENT annoncer une baisse des taux pour le mois de septembre.
La probabilité (presque) parfaite
La probabilité de voir une baisse des taux dans 3 mois – selon les experts qui sont sondés toutes les 25 minutes – est dorénavant de 90%. Presque le même taux de probabilité que nous avions en mars de voir la première baisse des taux qui serait suivie de 5 autres d’ici fin 2024. Mais cessons de dire du mal et de nous moquer, à partir de maintenant, concentrons-nous sur les conséquences de l’évidence de la baisse des taux qui arrive qui nous a frappé en pleine figure hier à 14h30.
Dès la publication DU ROI DES CHIFFRES (oui parce que depuis hier C’EST LE CHIFFRE LE PLUS IMPORTANT DU MONDE, même si la FED préfère quand même le PCE), les intervenants européens sont partis en mode BULL MARKET. Les indices européens terminaient tous en hausse de presque 1%, même la Suisse s’échappait de la zone des 12’000 et terminait au plus haut depuis le 7 juin – c’est d’ailleurs un magnifique DOUBLE-TOP sur le SMI qui est en train de se construire, on a intérêt à continuer de monter aujourd’hui, sinon ça va faire peur – et puis en France, je crois que c’est la première fois depuis les élections européennes que l’on n’a pas parlé politique et que l’économie et la finance prenait le dessus sur les états d’âmes des magiciens de la politique française. Et puis, pendant que les Européens étaient convaincus que la baisse des taux américains prévue en septembre s’adressait uniquement à eux, les Américains se sont posé deux secondes, ont lancé leurs modèles algorithmiques couplés à de l’Intelligence Artificielle et à un bouquin d’astrologie et ils ont pris une toute autre direction.
La rotation de Magnificent Seven
L’autre direction c’était tout simplement de tirer à boulets rouge sur le secteur des « Magnificent SEVEN ». Nous nous étions appuyés sur eux pour faire monter le marché de 30% depuis novembre, mais maintenant que nous avions la quasi-certitude de voir baisser les taux en septembre, il fallait prendre les profits et trouver LE SECTEUR qui allait VRAIMENT profiter de la baisse à venir. L’intelligence Artificielle et celle des traders n’a pas mis longtemps à répondre à cette question : il fallait acheter des Small Caps. Oui, car qui mieux que les Small Caps pour profiter d’une baisse des taux à venir ? Résultat : les « LESS » Magnificent Seven se sont fait démonter comme si Apple ne vendait plus un smartphone, que Microsoft ne vendait plus une fenêtre et que Google avait été supplanté par Bing dans les smartphones qu’Apple ne vendait plus.
Et puis dans la foulée, l’indice Russell 2000 – l’indice des Small Caps US – prenait 4% pour fêter ça. Si l’on creuse un peu le sujet, on notera que l’on s’autorise à penser que la hausse du Russell est plus due au fait que les Hedge Funds couvrent les shorts sur le secteur et prennent les profits sur les Big Names. Ce qui veut dire également que la stratégie de « jouer » la baisse des taux à venir est en train de se terminer. Je serais presque tenté de dire qu’hier, le marché s’est comporté comme si la baisse des taux avait été annoncée et qu’il fallait commencer à penser à autre chose. Une chose est certaine, c’est que tous ceux qui avaient un doute sont en train de revoir leur copie et les révisions sur le « quand c’est qu’on baisse les taux », vont arriver régulièrement ces prochains jours. Cette nuit, JP Morgan a déjà commencé à réviser leurs attentes, on est désormais pour une baisse en septembre et pas en novembre. Quand on pense que leur CEO continue de prévenir que les taux vont monter bien plus haut, l’analyste qui a modifié la date n’a pas dû super-bien dormir.
Les banquiers centraux à 50/50
La nouvelle de la baisse de l’inflation était donc exceptionnellement fabuleuse et tout le monde il était content. Bon, le Nasdaq termine quand même en baisse de près de 2% et le S&P reculait de 0.88%. Forcément, quand tu as Apple, Amazon, Microsoft, Google, Meta, Nvidia et Tesla qui se prennent respectivement 2.32%, 2.37%, 2.48%, 2.78%, 4.11%, 5.57% et 8.50% dans les dents, tu ne peux pas non plus espérer voire monter le Nasdaq ou le S&P500. La baisse des 7 compères représente quand même 600 milliards de market cap volatilisée. Mais la nouvelle était tout de même prise de manière différente du côté des banquiers centraux.
On sait tous que Powell nous a dit et répété que : « La Fed a besoin de plus de données avant de commencer à réduire ses taux » – et ceci pas plus tard qu’il y a 48 heures et il semblerait que c’est encore valable, puisque hier soir plusieurs banquiers centraux ont parlé pour répéter la même phrase.
« La Fed a besoin de plus de données avant de commencer à réduire ses taux »
« La Fed a besoin de plus de données avant de commencer à réduire ses taux »
« La Fed a besoin de plus de données avant de commencer à réduire ses taux »
« La Fed a besoin de plus de données avant de commencer à réduire ses taux »
C’est en train de devenir la devise de la FED semble-t-il. Même s’il faut tout de même signaler qu’il y a quand même presque un banquier central sur deux qui est en train de diverger de la devise de Powell et qui commence à dire qu’on a quand même toutes les planètes qui sont alignées pour baisser les taux. Bref, les taux vont donc finir par VRAIMENT baisser, ça n’était pas une légende urbaine, les experts en finance sont contents, les Small Caps aussi, mais ça rigole un peu moins chez les Magnificent Seven, même s’il faut quand même reconnaître qu’ils se sont bien goinfrés jusque-là. Chacun son tour. Maintenant nous allons pouvoir nous concentrer sur le PPI de cette après-midi, histoire d’anticiper le CPI du moins prochain et ensuite ; barre à droite toute et on est parti pour la saison des chiffres trimestriels qui commence VRAIMENT avec les bancaires qui débarquent tout à l’heure.. JP Morgan en tête de liste.
L’Asie, Biden qui s’emmêle les pinceaux et les Robotaxis qui vont être en retard
Ce matin le Japon a bien compris la leçon des Américains : ON PREND LES PROFITS. Le Nikkei est en baisse de 2.3% pour fêter la baisse des taux à venir, la renaissance des small caps et la baisse des Big7. En revanche, Hong Kong est en hausse de 2% parce que là-bas, il n’y a pas de bénéfices à prendre. La Chine, elle, elle recule de 0.2%, mais c’est la Chine et elle a sa vie propre. Pour ce qui est du pétrole il est à 82.91$ et refuse de baisser, l’or repasse au-dessus des 2’400$ – il se traite à 2’414$ pour être précis et il se réveille quand il n’y a plus d’inflation à combattre. Le Bitcoin est à 57’000$ et il faut encore signaler qu’avec les chiffres du CPI, le rendement du 10 ans US, est passé de 4.5% le 1er juillet à 4.21% à l’heure actuelle.
Pour le reste des nouvelles, on reparle bien sûr de Biden, même si l’influence sur les bourses est nulle. C’est un peu comme à l’époque de George W. Bush, on ne savait jamais quelle connerie il allait nous sortir et ça occupait du monde. Biden c’est pareil. Hier il a donné sa grande conférence de presse pour montrer qu’il était au top de sa forme et qu’il avait plus la niaque que George Clooney. Et en l’espace de 2 heures, il a confondu Kamala Harris et Donald Trump en parlant du « Vice-President Trump » et il a fait l’introduction de Zelensky à la conférence de l’OTAN en disant : « je vous prie d’accueillir le Président Poutine ». La probabilité que Biden renonce est passée à près de 70%. C’est aussi fiable que les prévisions sur les taux, nous sommes donc tranquilles. On peut encore prendre 10 secondes pour parler des Robotaxis de Musk. Hier Bloomberg a annoncé que selon des sources anonymes, l’arrivée des Robotaxis serait pour octobre et non août comme annoncé chez Tesla. Ça n’est pas forcément très grave vu que ça fait 5 ans que Musk nous balade avec ça, mais comme le rebond de ces 10 derniers jours était quand même basé là-dessus, le marché n’a pas trop aimé la rumeur d’où la baisse de 8.5% hier sur Tesla qui avait droit à la double-peine – les prises de profits et les Robotaxis. Par contre, l’annonce a fait exploser UBER et Lyft qui seront les premières victimes de Musk.
La journée qui nous attend
Pour ce vendredi, nous aurons donc droit au PPI US, mais aussi au CPI en France et en Espagne et puis également la confiance du consommateur selon l’Université du Michigan. Côté chiffres du trimestre, on notera qu’hier Pepsi a publié des chiffres en-dessous des attentes, mais renversait quand même la vapeur durant la séance et puis Delta a raté les attentes et se montrait prudent pour l’avenir. Le titre décrochait de 4%. Reste donc à voir ce que JP Morgan, Wells Fargo, Citi et New York Mellon Bank ont à nous offrir avant l’ouverture américaine. Actuellement, les futures sont en hausse de 0.06%.
Passez une excellente journée, un très très bon week-end et nous on se revoit lundi matin à la même heure et au même endroit, comme d’habitude depuis 18 ans et demi ! À lundi !
Thomas Veillet
Investir.ch
“In trading you have to be defensive and aggressive at the same time. If you are not aggressive, you are not going to make any money, and if you are not defensive, you are not going to keep it.” Ray Dalio