Selon Nick Maroutsos, cogérant de la Stratégie Absolute Return Income, l'année 2018 pourrait être plus volatile, les marchés obligataires devant composer avec l'évolution des mesures prises par les banques centrales et les risques politiques.

Nick Maroutsos

Quels enseignements avez-vous tirés de 2017 ?

Cette année nous a appris que les gérants obligataires doivent plus que jamais prendre en compte l’environnement macroéconomique et géopolitique. A l’instar de la vigueur du dollar, les rendements obligataires mondiaux ont permis d’estimer la confiance des marchés envers les projets économiques de l’administration Trump. Nous retenons également de 2017 la rupture de la relation historique entre l’emploi et l’inflation. Aux Etats-Unis, la situation est proche du plein emploi et le marché du travail est robuste, comme en témoignent les chiffres sur le nombre de salariés, la raréfaction des postes vacants et les taux de démission. Cependant, l’inflation est toujours contenue, la croissance salariale restant poussive en raison du faible pouvoir de négociation.

Quels sont les principaux thèmes qui façonneront les marchés dans lesquels vous investissez en 2018 ? Quel impact sur le positionnement du portefeuille ?

La volatilité risque de s’accroître l’année prochaine, et nous surveillons ce thème de près. Ainsi, la position en duration devrait être un élément clé dans la gestion des portefeuilles obligataires en 2018. Selon nous, la voie la plus prudente est celle d’une minimisation du risque de duration (taux d’intérêt).

Les valorisations de nombreuses classes d’actifs indiquent que l’un des thèmes privilégiés par le marché est la réforme procroissance anticipée aux Etats-Unis. Nous faisons preuve de davantage de prudence. A nos yeux, les projets de l’administration Trump seront à nouveau reportés, les bévues internes et différentes controverses entraînant une volatilité persistante à court terme.

La Banque centrale européenne devrait continuer de se débattre avec l’efficacité de son programme d’assouplissement quantitatif. La croissance et l’inflation en Europe devraient rester faibles en regard des normes historiques, sur fond de rigueurs structurelles sur les marchés du travail et des produits, plus particulièrement dans les régions de la périphérie.

Où se trouvent actuellement les risques au sein de votre classe d’actifs, et où se cachent les opportunités les plus intéressantes ?

Malgré la croissance atone, l’inflation faible et la politique monétaire accommodante, les opportunités nous semblent limitées dans l’obligataire en raison des rendements bas, voire négatifs, et des risques associés aux investissements à plus haut rendement. Selon nous, il existe par ailleurs un risque important que Washington ne parvienne toujours pas à mettre en place une réforme procroissance et que toute loi qui est effectivement votée soit insuffisante pour créer un environnement propice à une croissance durable sur le long terme.

Nous ne devrions toujours pas prendre de positions sur l’Europe en raison de l’incertitude entourant le Brexit, de la faiblesse des rendements et de la maigre rentabilité des entreprises. Nous sommes particulièrement inquiets s’agissant du secteur bancaire européen qui, par le passé, n’est pas réellement parvenu à lever de nouveaux capitaux ou à réduire les créances.

Nos faveurs vont toujours aux taux australiens par rapport à ceux du reste du monde, les obligations du pays ayant notamment sous-performé leurs homologues américaines au troisième trimestre. La banque centrale d’Australie (Reserve Bank of Australia, RBA) devrait selon nous conserver le statu quo pendant une grande partie de l’année 2018.

Nous privilégions en outre les émetteurs asiatiques d’importance systémique et dotés d’une note élevée, tels que les entités gouvernementales actives dans l’énergie, les télécommunications et le secteur bancaire, ainsi que les banques américaines « trop importantes pour faire faillite » (« too big to fail »), dont les obligations devraient être soutenues par un environnement réglementaire de plus en plus robuste centré sur une prise de risque moindre et des exigences de fonds propres accrues.

Les opinions exprimées dans le présent document sont celles du gérant au moment de sa rédaction et ne sauraient être interprétées comme un conseil en investissement.