Interview de Marc Pinto, gérant de portefeuille et en charge de la stratégie Opportunistic Growth. Il co-gère le Janus Henderson Blanced Fund.

Marc Pinto

Quel bilan tirez-vous de l’année 2018 ?

L’année 2018 était partie pour être un bon cru pour les actions américaines mais, dans la dernière ligne droite, elle a été minée par les signaux macroéconomiques mitigés, l’incertitude politique et la crainte d’une posture orthodoxe de la part de la Réserve fédérale américaine s’agissant du relèvement de ses taux d’intérêt. Parfois, cela peut servir de justification à une prise de bénéfices à court terme mais de nombreux investisseurs se montrent un peu plus prudents en ce début d’année 2019.

D’après nous, la bonne santé de l’économie et l’amélioration du moral des ménages et des entreprises devraient favoriser une progression du marché actions américain en 2019, même s’il y a des risques. Les ménages continuent de consommer, avec une prédilection pour les voyages, les loisirs et d’autres activités « expérientielles ». La consommation représente une part significative de l’économie américaine. Par conséquent, « quand le consommateur va, tout va ».

D’après nous, la situation des entreprises est bonne elle aussi. Nous observons de solides gains de productivité et d’efficacité dans leurs opérations, comme en témoigne la progression de leurs marges bénéficiaires (cf. graphique 1) et de leurs flux de trésorerie. L’optimisme général des chefs d’entreprises devrait alimenter une poursuite des investissements et des opérations de fusion-acquisition. Globalement, le tableau est prometteur pour les actions américaines, même si nous avons conscience de l’existence de divers risques baissiers.

Quels sont les secteurs et les thèmes que vous suivez sur les marchés actions ?

Nous privilégions les entreprises davantage axées sur les États-Unis afin d’atténuer l’exposition aux entreprises susceptibles d’être affectées par les tensions commerciales et le ralentissement de la croissance mondiale. Nous mettons toujours l’accent sur les entreprises qui dégagent de substantiels flux de trésorerie disponible et sur celles qui réalisent des investissements productifs susceptibles d’accroître leur valeur au fil du temps.

Nous cherchons à tirer parti de l’essor remarquable du tourisme à l’échelle mondiale et de l’envie de vivre de nouvelles expériences. La tendance au développement de la connectivité (Internet des objets) devrait également créer des opportunités, en particulier pour les fabricants de semi-conducteurs et d’équipements pour les semi-conducteurs.

La révolution numérique est également un thème important sur les marchés en ce moment. Nous avons pris des positions sur des « trublions », ces entreprises qui se servent de la technologie pour améliorer leur efficacité et leurs marges. Les valeurs traditionnelles des secteurs de l’industrie et des transports devraient continuer à en profiter car elles procèdent à des améliorations technologiques pour se développer et accroître leur efficacité. Nous décelons de très belles opportunités dans le domaine des paiements, que ce soit les cartes de crédit ou les moyens de paiement non traditionnels (autres que les espèces ou les chèques). La croissance dans ce domaine sera sans doute nettement supérieure à celle de l’économie dans son ensemble.

Cependant, les éléments perturbateurs présentent également un risque. La santé et les services financiers sont de grands secteurs qui semblent à l’aube d’une révolution et la capacité des entreprises à combattre les cyberattaques est de plus en plus inquiétante. Nous sommes extrêmement prudents à l’égard du secteur de la distribution qui, globalement, n’a pas toujours réussi aux investisseurs. Cela dit, même dans ce domaine, il existe des entreprises qui ont trouvé un bon équilibre entre le commerce électronique et la vente au détail traditionnelle, facilitant ainsi l’expérience shopping des clients. Les bonnes enseignes ne se contentent pas d’ouvrir un site Internet : elles intègrent leurs magasins physiques existants et leur plate-forme de commerce électronique.

Quels sont les principaux enjeux pour la gestion obligataire ?

Le retournement du cycle du crédit n’intervient pas du jour au lendemain : il survient par étapes et l’année 2018 nous a confortés dans l’idée que nous avançons dans le cycle. Le cycle actuel est peut-être singulier par sa longévité mais les fissures caractéristiques d’une fin de cycle sont en train d’apparaître : endettement élevé, conditions financières plus restrictives et resserrement de la liquidité. Toutefois, il convient de souligner que nous n’entrevoyons rien qui puisse précipiter la fin de cycle à brève échéance. La décélération de la croissance mondiale nous a donné une raison de marquer une pause et il convient de la surveiller. Néanmoins, la croissance économique aux États-Unis reste soutenue, en dépit de son ralentissement. Compte tenu de la conjoncture économique et des fondamentaux assez bons des entreprises, une performance positive nous semble envisageable pour les obligations d’entreprises en 2019. Toutefois, nous surveillons de près les statistiques économiques américaines, en particulier les chiffres de l’inflation, ainsi que les déclarations de la Réserve fédérale américaine.

Quelle est la meilleure stratégie pour optimiser la performance d’un portefeuille équilibré ?

Notre stratégie multi-actifs nous permet d’ajuster notre exposition aux actions et aux obligations afin de tenir compte des opportunités et des risques que nous décelons dans chacune de ces classes d’actifs. Quant à savoir ce dont les investisseurs auront besoin à l’avenir pour atteindre leurs objectifs (qu’il s’agisse de leur retraite ou de mettre de l’argent de côté pour financer les études de leurs enfants ou des dépenses de santé), nous pensons que les actions seront le meilleur placement dans l’ensemble. Néanmoins, nous continuons de nous servir de la poche obligataire du portefeuille comme d’un bouclier lorsque nous pensons que les marchés actions sont confrontés à des risques.

Quel est le meilleur moyen de gérer la volatilité en 2019 ?

Nous sommes toujours soucieux des risques et le quatrième trimestre 2018 a montré à quel point cela est important pour les investisseurs en actions. À l’avenir, l’accentuation des différends commerciaux pourrait avoir un impact significatif sur les grandes capitalisations américaines, ainsi que sur le moral des ménages et des entreprises. Des droits de douane élevés auraient un impact inflationniste aux États-Unis et la hausse du coût des importations pourrait peser sur les marges bénéficiaires, ce qui limiterait la compétitivité des exportateurs américains sur les marchés mondiaux. En revanche, si le gouvernement laisse des marchés fonctionner librement ou obtient quelques concessions de la part de la Chine, cela pourrait être une très bonne chose. La Réserve fédérale américaine constitue elle aussi un risque. Nous surveillons l’évolution de sa politique monétaire dans le cas où elle déciderait de la resserrer dans des proportions excessives, au risque d’enrayer l’économie américaine.

Compte tenu de l’impact potentiel de ces incertitudes, notre stratégie équilibrée présente un positionnement plus défensif en ce début d’année 2019 qu’en 2018. Notre approche consistera notamment à dimensionner nos positions de façon prudente et à être suffisamment rigoureux pour prendre nos bénéfices sur les valeurs les plus sensibles à la conjoncture économique. Nous surveillerons en permanence l’exposition de notre portefeuille aux entreprises vulnérables aux tensions commerciales, en particulier dans le secteur industriel. En cas de détérioration de la conjoncture, nous chercherons à réduire encore notre exposition au secteur industriel tout en accordant plus d’importance à des entreprises plus défensives issues du secteur des biens de consommation de base affichant de solides fondamentaux.

 


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