La disruption est un processus permanent dont toute stratégie d'investissement doit tenir compte pour réussir. Andrew Gillan, responsable des actions Asie hors Japon chez Janus Henderson Investors, discute des perspectives offertes par les grands bouleversements asiatiques.

«L’unique constante, c’est le changement»

Les bouleversements radicaux constituent un processus permanent qui ne connaît aucune frontière géographique ni sectorielle. Depuis longtemps, l’Asie est au cœur de ce mouvement de transformation, mais la différence aujourd’hui est le rythme soutenu des bouleversements, mais aussi l’échelle et la profondeur avec laquelle ils nous affectent. Les évolutions technologiques, politiques et réglementaires, combinées à un nombre croissant de consommateurs désireux d’adopter les dernières technologies poussent l’Asie à l’avant-garde de la disruption.

La technologie est souvent le premier thème qui vient à l’esprit lorsque l’on évoque la disruption. L’Asie est une plaque tournante de ces évolutions; les sociétés de technologie de l’information représentent en effet 26% de l’indice MSCI Asia Pacific ex-Japan.

Les avancées technologiques donnent à de nouvelles entreprises les moyens de défier les sociétés et les secteurs déjà en place à un rythme totalement inédit. L’adoption rapide et croissante des services en ligne et mobiles en est un aspect clé. En Chine, plus de la moitié de la population utilise l’Internet, un smartphone et les services web sur mobile. Les consommateurs chinois ont en outre su tirer rapidement parti des progrès dans les paiements numériques. Avec 37% d’utilisateurs de systèmes de paiements mobiles – contre seulement 15% aux États-Unis – le pays est bien parti pour devenir une société sans monnaie physique.

Importance du bouleversement technologique asiatique
Source : EPFR Global, Citi Research, au 12 avril 2018

Ce basculement des préférences des consommateurs converge en outre avec la tendance en pleine expansion du « cloud », qui a ouvert la voie en permettant aux entreprises d’accéder à leur base de consommateurs à tout moment, de partout et à des coûts très bas. Nul ne peut désormais ignorer le géant de l’Internet chinois Tencent, parfait exemple de cette situation nouvelle. La société peut aujourd’hui se targuer de plus d’un milliard d’utilisateurs actifs par mois dans son écosystème de réseaux sociaux, de messagerie et de jeux, et elle est la preuve des avantages issus d’une connexion sans heurt avec les clients.

Lorsque l’on s’intéresse aux bouleversements radicaux au niveau d’une entreprise ou d’un secteur, il est facile de ne voir que les nouveaux acteurs qui ont réussi. Il convient toutefois de souligner que, depuis le début du siècle, certains des meilleurs investissements dans la région sont venus d’acteurs déjà établis qui ont su conserver ou accroître leur avantage concurrentiel.

À cet égard, la société taïwanaise TSMC – leader mondial dans la fonderie de semi-conducteurs – est un cas d’école. Véritable catalyseur de la disruption et du progrès technologique, la société a développé une relation bénéfique mutuelle avec ses clients, tout en partageant les fruits de ses avancées technologiques et en fournissant des rendements intéressants et réguliers à ses actionnaires. Pour y parvenir, la société a dû évoluer rapidement pour s’ouvrir et s’adapter aux évolutions des appareils qui utilisaient sa technologie.

Au sein des principaux marchés émergents de la région, les investissements dans les acteurs déjà établis du secteur des services financiers se sont avérés extrêmement fructueux. Les banques privées indiennes et les grandes banques indonésiennes profitent actuellement des premiers stades du développement économique de leurs pays. Ces banques seront évidemment confrontées à une concurrence accrue à l’avenir, mais elles pourront conserver leur parcours de croissance si elles continuent à puiser dans une base de clients encore sous-exploitée, source de demande sous-jacente d’hypothèques et d’autres produits financiers. Bien que ces facteurs démographiques favorables puissent doper les revenus, il sera toutefois essentiel pour ces entreprises de garder la tête froide dans la gestion du risque.

La principale plateforme d’avancées technologiques est indéniablement le solide avantage macroéconomique de l’Asie par rapport à certaines des plus anciennes économies développées. La situation démographique et le profil de consommation de la région sont de formidables opportunités pour les sociétés implantées en Asie. Le taux de croissance du PIB asiatique est largement plus élevé que le taux de croissance mondial, et cette situation va durer encore plusieurs dizaines d’années. La région peut également compter sur une classe moyenne en plein essor qui a très envie de consommer, comme le montre la croissance exponentielle des dépenses des ménages depuis dix ans (voir le graphique ci-dessous).

L’avantage macroéconomique de l’Asie
Croissance cumulée des dépenses des ménages (indice 2000 = 100)
Source : données sur les comptes nationaux de la Banque mondiale, au 31 décembre 2017

Malgré ces facteurs porteurs, l’Asie reste sous-évaluée par les investisseurs et, nous en sommes convaincus, sous-représentée dans les indices internationaux. Pour toutes ces raisons, nous pensons que l’Asie a le potentiel de bouleverser en profondeur les modalités traditionnelles d’allocation du capital et pour devenir une classe d’actifs plus solidement établie à tous égards. Ainsi, les investisseurs se tourneront toujours plus vers un investissement spécifique dans la région plutôt que d’accroître leur exposition sur les marchés émergents mondiaux. Historiquement, la volatilité a été – et restera très probablement – plus élevée que sur les marchés développés, mais le niveau de rendement a récompensé les investisseurs de long terme.

Cette année, une étape majeure a été franchie vers l’augmentation du poids de l’Asie dans les allocations d’investissements dans le monde avec l’inclusion du marché des actions A chinoises1 dans les principaux indices. Il faut aussi rappeler, cependant, que le grand volume des émissions d’actions a également soutenu le renforcement de la Chine dans les principaux indices, bien plus que la surperformance continue par rapport au reste de la région.

D’autres évolutions politiques et réglementaires ont également joué un rôle dans les changements radicaux que la région a connus. Les récentes tensions entre les États-Unis et la Chine au sujet de la flambée des droits de douane ont ainsi mis en lumière la façon dont les politiques gouvernementales ou des événements majeurs peuvent également avoir des effets disruptifs sur le sentiment des marchés comme sur les fondamentaux des entreprises.

L’idée traditionnelle selon laquelle les sociétés asiatiques sont compétitives grâce aux bas salaires est dépassée. Les innovations produits et des modèles économiques gagnants centrés sur les clients offrent de formidables opportunités d’investissement. Certes, le vol de propriété intellectuelle a fait les gros titres à plusieurs reprises ces derniers mois, mais quand il s’agit d’innover vraiment et d’apporter les meilleures solutions à leurs clients partout dans le monde, ce sont souvent les sociétés asiatiques qui mènent la danse.

 


1. Les actions A chinoises sont des titres cotés sur les bourses de Shenzhen et Shanghai


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