Pourquoi l'innovation en matière de santé ne doit pas toujours être liée aux high techs. Explications de Andy Acker, cogérant de la Global Life Sciences Strategy.
Nous nous penchons souvent sur les innovations en matière de santé. Des progrès remarquables, tels que la thérapie génique, suscitent un grand intérêt. Il peut toutefois parfois y avoir des avancées dans des domaines plus ordinaires, et ce dans certains cas avec l’aide des investisseurs. Ce fut récemment le cas avec le traitement d’une infection pulmonaire sévère portant le nom de mycobactériose non tuberculeuse (MNT).
La MNT est une infection bactérienne d’origine hydrique pouvant provoquer une toux chronique, de la fatigue, des douleurs dans la poitrine ainsi que d’autres symptômes. Les microbes à l’origine de l’infection peuvent être difficiles à éradiquer et les recommandations actuelles requièrent la prise de trois antibiotiques différents pendant un an ou plus, et ce même si le traitement est souvent peu toléré et n’est guère efficace. Un autre antibiotique est parfois ajouté au traitement : l’Amikacin. Toutefois, injecté par voie intraveineuse, l’Amikacin peut provoquer des effets secondaires, tels qu’une perte d’audition et un dysfonctionnement rénal.
Un nouveau médicament en cours de développement, l’ALIS (Amikacin liposome inhalation suspension) peut y remédier. Grâce à cette nouvelle thérapie, les patients prennent toujours de l’Amikacin mais plus par voie intraveineuse (IV*) : l’ALIS administre l’antibiotique au moyen d’un nébuliseur. Celui-ci crée une brume qui, grâce à la respiration, arrive directement dans les poumons, ce qui permet de réduire l’exposition nocive du reste du corps au médicament. En outre, l’antibiotique en soi est conditionné sous forme de bulle moléculaire que l’on appelle un liposome, ce qui permet un transport et une pénétration aisés dans le tissu pulmonaire où résident les bactéries.
Bien pensé
L’ALIS représente donc une nouvelle façon d’administrer plus efficacement un ancien médicament et les résultats semblent prometteurs. Lors des essais cliniques de phase 3, Insmed, la société qui développe l’ALIS, a indiqué que le traitement basé sur l’ALIS conjugué aux normes de soins avaient permis d’éliminer la MNT chez trois fois plus de patients que les normes de soins seules.
Notons également que nous avons aidé Insmed à optimiser la conception de son essai de phase 3, une première pour l’équipe Global Life Sciences. En 2014, la société préparait son étude et visait à tester 100 patients, soit un nombre identique à l’essai de la phase 2, bouclée avec succès. Néanmoins, nos modèles statistiques propriétaires qui tentent de prédire la probabilité de succès des essais cliniques, ont indiqué qu’un essai de plus grande envergure augmenterait les chances de réussite. Nous avons discuté de cette analyse avec la société, ce qui a conduit Insmed à décider de modifier son essai pour faire participer plus de 300 patients. En septembre 2017, Insmed a communiqué des résultats encourageants lors de l’étude de phase 3, à la suite de quoi le cours de l’action a plus que doublé du jour au lendemain.
Identifier les 10%
En dépit des nombreuses avancées dans les biotechnologies, 90 % des médicaments qui entament des essais cliniques humains ne sont jamais commercialisés. Nous cherchons à déterminer quels seront les médicaments qui finiront dans les 10% de réussite. Comme le démontre l’ALIS, votre horizon doit être large et vous devez vous focaliser sur ce qui est important, à savoir identifier les sociétés grandement susceptibles de répondre à un problème médical non traité. La MNT a été diagnostiquée chez plus de 200.000 personnes à travers le monde, un nombre qui ne cesse de croître. L’efficacité de l’ALIS nous amène à penser qu’Insmed demandera son homologation auprès de la Food and Drug Administration au cours du premier semestre 2018 et que les demandes d’homologation au Japon et dans d’autres pays devraient suivre.
Au final, l’ALIS pourrait transformer un ancien antibiotique en un médicament incontournable, et tout ça grâce à une nouvelle formulation et à des essais cliniques bien réfléchis. Il s’agit là d’une victoire potentielle, tant pour les patients que pour les investisseurs.
(*) IV = mode d’administration par voie intraveineuse permettant d’administrer directement les substances dans une veine
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