La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

Le vieil adage boursier ne s’est pas démenti. Après les frappes aériennes, les marchés d’actifs risqués ont repris de l’air, les actions européennes repassant même dans le vert sur l’année (dividendes réinvestis). Après coup, il semble facile de voir que les puissances occidentales n’ont aucun intérêt à accentuer les tensions, au vu de leur peu d’objectif stratégique (après les bombardements, les US ont d’ailleurs signalé leur intention de se retirer de Syrie), d’où le passage du marché en mode risk-on.

L’ampleur du rebond des actions s’explique aussi par le niveau de la correction qui l’avait précédé. Si l’on combine la baisse des cours de février avec la solidité des résultats attendus, la baisse des taux et la faible volatilité des primes de risque sur l’année passée, le choc de valorisation sur le début de l’année apparait très élevé, équivalent à un passage en régime de crise.

Mais on pourrait citer également un autre adage de portée générale: un train peut en cacher un autre. En effet, le sujet central nous semble être aujourd’hui le possible resserrement des conditions financières annonciateur de la fin du cycle. Or, après la diversion causée par les tweets de Donald Trump et le trou d’air des indicateurs avancés au T1, on voit les taux longs remonter rapidement, ainsi que les cours du pétrole et les anticipations de hausses de taux de la Fed. La courbe des taux aux US poursuit toujours son lent mouvement d’inversion. Dans ce contexte, la dynamique des actifs risqués va résulter, selon une logique de cycle classique, d’un côté du niveau de la conjoncture, qui déterminera profitabilité et solvabilité, et, de l’autre, du resserrement des conditions financières, de la réaction des prix et des politiques monétaires qui vont l’accompagner.

Brexit: revers pour Theresa May

Alors que Theresa May l’avait exclue de ses objectifs, la chambre des Lords s’est positionnée en faveur d’une union douanière, en imposant au gouvernement de présenter, six mois avant la sortie de l’UE, un rapport sur les progrès réalisés dans sa négociation. Le sujet est crucial, car, d’une part, l’union douanière éliminerait les conséquences négatives du Brexit en termes de marchés de biens et règlerait également le problème de l’Irlande du Nord mais, d’autre part, elle limiterait les possibilités de nouer des accords à l’extérieur de la zone et cantonnerait le UK dans une position de membre de second rang de l’UE. Au global, ce vote accroît les chances d’un Brexit assez «soft», qui demeure donc l’issue la plus probable aujourd’hui.

Conjoncture en zone euro: l’heure de vérité?

La baisse des indicateurs avancés et des hard data au T1 reste mystérieuse, au regard de la vigueur de l’activité dans le reste du monde. Plusieurs explications peuvent être avancées. La hausse de l’euro a probablement pesé sur le sentiment mais elle n’a pas eu d’effet notable sur les ordres à l’exportation. La réduction des effets du QE pourrait également être avancée. Cependant, les conditions financières restent très favorables et la croissance des prêts bancaires est au plus haut depuis la crise de l’euro. L’écart entre l’activité au T4 et le faible potentiel de l’économie pourrait justifier la baisse et, enfin, des effets exogènes, comme les conditions météo pourraient avoir créé des perturbations. La publication prochaine des PMI pour la zone euro sera certainement très suivie car elle permettra de trancher entre un bruit transitoire ou un phénomène plus profond.