La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

Cette semaine sera celle de la dernière chance pour l’accord négocié entre Theresa May et l’UE. Le projet, qui n’avait reçu depuis son premier rejet que des modifications cosmétiques, a été encore sèchement refusé par les Communes la semaine dernière. Elles ont également rejeté l’hypothèse d’un hard Brexit dans «tous les cas de figure», privant ainsi le premier ministre d’un instrument coercitif pour les votes à venir.

La série de défaites de Mme May ne doit pas faire oublier la règle qui régit les négociations (et que l’on a souvent vu à l’oeuvre dans les grands dossiers qui ont agité l’Europe): tout se joue à la dernière minute, et en l’occurrence cette semaine. Contrainte par les événements, Mme May a mis en oeuvre la stratégie qu’un de ses conseillers avait fortuitement dévoilée, à savoir de faire pression sur les Brexiteers et sur le DUP en brandissant le spectre d’une longue extension de l’article 50. Celle-ci, destinée à rebâtir un consensus sur le type d’accord voulu, pourrait voir émerger, si ce n’est une annulation pure et simple via un nouveau référendum, au moins une version du Brexit dans laquelle le UK resterait très lié à l’UE (union douanière, participation à l’EEE …).

Les récentes déclarations de Donald Tusk, qui plaide pour un délai long, rendent crédible ce scénario. L’image désastreuse que les atermoiements du parlement ont donnée au public anglais pèsera également dans le choix final de certains députés. Une victoire de Mme May cette semaine n’est donc pas exclue au seul motif de ses échecs précédents. En cas de nouvelle défaite et d’extension longue, la position du gouvernement sera très inconfortable et la crédibilité des institutions représentatives tellement affaiblie qu’un retour aux urnes semble probable, soit pour un référendum, soit pour des élections générales dans lesquelles les partis annonceront clairement leur intention sur le dossier du Brexit. Cette dernière hypothèse pourrait tenter Mme May car les derniers sondages indiquent un recul assez net du Labour, du aux prises de positions controversées de M. Corbyn.

Italie: attention au semestre européen

Les discussions entre les Etats de l’UE et la Commission vont reprendre dès le mois prochain, suivant le calendrier imposé par le semestre européen. Chaque Etat devra remettre un document détaillant ses plans budgétaires à moyen terme et ses choix de politique économique, dans l’objectif de se conformer au pacte de stabilité. La Commission peut, à cette occasion, comme à celle de la remise des projets budgétaires en octobre, placer un pays en procédure de déficit excessif. Le cas de l’Italie apparait délicat: le gouvernement avait déjà dû revoir ses plans budgétaires à l’automne, sous la pression de la Commission, puis des marchés. Or, la dégradation sensible des perspectives économiques (la croissance devrait être nulle, voire négative cette année), va peser mécaniquement sur les équilibres budgétaires et raviver les tensions, alors que les spreads italiens se sont considérablement réduits depuis la mini-crise de l’année dernière.

La Chine fait un pas vers les US

Les autorités chinoises ont promulgué une loi visant un traitement équitable des compagnies étrangères, sauf dans certains secteurs stratégiques. La loi prévoit également des sanctions pour les firmes chinoises ne respectant pas la propriété intellectuelle étrangère. Il s’agit clairement d’un geste fait dans le cadre des discussions commerciales en cours mais le texte, qui doit entrer en vigueur début 2020, a reçu un accueil réservé, en raison de sa formulation trop vague. Les firmes ayant créé des joint-ventures avec des sociétés chinoises pourraient être forcées, dans ce nouveau régime, de redéfinir leurs relations contractuelles.