En 2010, l’âge le plus commun pour un Américain était 50 ans et la cohorte des baby-boomers dominait la population active. En 2020, l’âge le plus commun sera 29 ans. Les enfants nés à la fin du siècle dernier arrivent sur le marché du travail. Durant la prochaine décennie, la population entre 30 et 50 ans connaitra sa plus forte croissance depuis les années 1990. Sauf accident cyclique, l’emploi suivra. Cette dynamique devrait être positive pour l’investissement des ménages et le secteur immobilier en particulier. Elle devrait aussi pousser à la hausse les salaires, mais aussi la productivité, contenant ainsi les hausses de prix.

Focus US par Bruno Cavalier, Chef Economiste et Fabien Bossy, Economiste

 

En 2010, sur les 75 millions d’Américains nés pendant le baby-boom, 55 millions étaient dans la force de travail (emploi ou chômage). Début 2020, ce chiffre est tombé à 33 millions, moins de la moitié. Le nombre de départs en retraite va maintenant cesser d’accélérer. Dans le même temps, la génération des années 1990 va arriver pleinement sur le marché du travail. Or celle-ci est nombreuse grâce à un mini baby-boom à l’époque. D’après les prévisions du Bureau du Census, entre 2020 et 2030 le nombre des 15 à 29 ans diminuera légèrement mais le nombre des 50 à 64 ans diminuera significativement. Pour la première fois depuis la fin du siècle dernier, ce sont les 30 / 49 ans, qui connaitront la plus forte croissance (tableau).

US : croissance de la population par tranche d’âge

US : part des 30-49 ans qui disent ne pas vouloir d’emploi

Cette croissance pourrait être boostée par l’excellent état du marché du travail. Depuis l’an 2000 et jusqu’en 2015, le pourcentage de personnes déclarant ne pas désirer un travail était sur une pente ascendante. Il est possible que cela reflétait des préférences réelles. Mais la tendance baissière qui s’est amorcée depuis suggère que les conditions d’emploi ont aussi eu une influence (graphe).

L’amélioration visible ces dernières années laisse espérer une source supplémentaire d’offre de travail. Si c’était le cas, le niveau «naturel» du rythme mensuel des créations d’emploi serait supérieur à +100.000 (vs moins de +50.000 à taux de participation constant), soit un niveau qui n’est que peu inférieur au rythme actuel des créations d’emploi.

Les évaluations de l’impact macro de ces tendances restent débattues mais il paraît certain que l’effet sera positif pour l’investissement des ménages et le secteur immobilier en particulier. En théorie, cette hausse de l’offre de travail sera aussi plutôt positive pour les salaires et la productivité. Un papier de la BRI montrait un effet négatif sur l’inflation des 30-50 ans mais positif des moins de 30 ans et des 60-80 ans1. Cela pointe à un effet neutre sur les prix.

A suivre cette semaine

La primaire démocrate dans le Nevada a eu lieu samedi 22 et a été remportée par Bernie Sanders. Toutefois, la tendance à suivre dans les sondages nationaux est la montée de Michael Bloomberg qui fait maintenant jeu égal avec Biden. Bloomberg ne rentrera officiellement dans la course que lors du Super Tuesday (le 3 mars). S’il continue de monter dans les sondages, les résultats du Nevada et de la Caroline du Sud cette semaine ne refléteront que très partiellement l’état réel de la course.

De nouveaux indices du climat des affaires dans l’industrie en février seront publiés : celui de la Fed de Richmond (le 25) et le PMI Chicago (le 28). Ce dernier ayant chuté à rebours de tous les autres indicateurs en janvier, un rebond est probable. Les commandes de biens durables (le 27) permettront aussi de faire un point sur l’état de l’activité industrielle. Elles devraient continuer de pointer à une stabilité de l’activité.

Du côté des ménages, les dépenses de consommation en janvier sont attendues en progression (le 28) mais les ventes au détail décevantes ne permettent pas d’espérer une nette accélération au début du T1. Mais l’indice de la confiance des ménages du Conference Board devrait lui aussi rester à un haut niveau (le 25), ce qui rassurera sur la tendance sous-jacente.

Enfin, les données sur l’immobilier résidentiel devraient rester sur une très bonne tendance : prix des maisons (le 25), ventes de maisons neuves (le 26) et promesses de ventes (le 27).

 

Sources : Thomson Reuters, Bloomberg, Oddo BHF Securities


1. Voir Juselius & Takats (2018), “The enduring link between demography and inflation”, BIS Working Papers