Nowcasters et vues macro de l’équipe en charge de l'allocation dynamique des stratégies multi-assets d'Unigestion.

Guilhem Savry, Jérôme Teiletche, Jeremy Gatto, Florian Ielpo, Olivier Marciot

La saison des annonces de bénéfices offre aux investisseurs une perspective unique sur l’économie mondiale, permettant aux investisseurs de faire le point, entre indicateurs économiques – utiles mais parfois trompeurs – et réalité de la rue.

Le diagnostic est sans appel: la situation actuelle est celle d’une demande en bonne santé depuis le deuxième trimestre de 2018. Cependant, si ces résultats constituaient une bonne nouvelle à quelques éléments prêts, les tensions liées à la guerre commerciale ont refait surface alors que les réunions des banques centrales occupaient à nouveau une part du devant de la scène.

Graphique 1: Nowcaster de croissance
Source: Bloomberg, Unigestion.

La surperformance des valeurs cycliques aux États-Unis et en Europe est particulièrement remarquable. Pris dans leur ensemble, ces résultats confirment la stabilisation entamée par notre Nowcaster de croissance mondiale (voir graphique 1) vers la fin du deuxième trimestre, suggérant que les économies développées ont ralenti depuis le début de l’année, mais continuent de croître au-dessus de leur potentiel.

Les marges agrégées restent élevées, même si de nombreuses entreprises ont signalé un coût de la masse salariale croissant pesant sur celles-ci. Si la croissance des salaires diminue le résultat net, elle renforce également la demande: la difficulté ici réside dans la balance entre effets micro et macro-économiques. De plus, comme la croissance des salaires a été faible pendant de nombreuses années, ces coûts ne devraient pas dérailler la rentabilité des entreprises pour quelques points de pourcentage supplémentaires. Les estimations de croissance du bénéfice pour 2018 semblent également alléchantes: environ 60% des entreprises américaines orientent leurs estimations de BPA à terme à la hausse. Là encore, peu de raison d’être réellement inquiet.

Malgré cet environnement apparemment favorable pour les actifs tirant parti de la croissance, en particulier pour les actions des marchés développés, nous préférons une exposition sélective plutôt qu’une exposition globale aux marchés. La semaine dernière nous a donné deux bonnes raisons de brider notre enthousiasme.

Graphique 2: Nowcaster d’inflation
Source: Bloomberg, Unigestion

Premièrement, les banques centrales ont réaffirmé leur volonté de normalisation de leur politique monétaire. La Réserve fédérale américaine a maintenu ses taux, mais continue de préparer le marché à deux hausses de taux cette année. Comme prévu, la Banque d’Angleterre a relevé le taux bancaire officiel de 25 points de base à 0,75%. Même la Banque du Japon a dû adopter une position plus flexible sur les rendements à 10 ans de la courbe japonaise. Même si nous ne pensons pas que les taux directeurs aient atteint un niveau contraignant pour l’activité économique mondiale, nous sommes toujours préoccupés par les chocs de corrélation à court terme – ennemi numéro 1 de la diversification – comme nous l’avons constaté la semaine passée. Ce risque se trouve renforcé par le fait que notre nowcaster d’inflation continue de pointer vers un potentiel de surprises inflationnistes accru (voir graphique 2).

Deuxièmement, la semaine dernière a rappelé au marché que la guerre commerciale n’était pas terminée, malgré les récentes nouvelles positives autour des relations entre les États-Unis et l’UE. L’administration Trump cherche maintenant à augmenter les droits de douane sur les importations chinoises de 200 milliards USD, amenant le taux initial de 10% à 25%, tandis que la Chine a annoncé vendredi des tarifs de représailles supplémentaires de 60 milliards de Dollar. Sans surprise, les indices MSCI EM et Hang Seng ont surperformé l’indice MSCI World de respectivement 1,7% et 4% la semaine dernière. Le secteur automobile européen a néanmoins continué de sous-performer l’indice EuroStoxx, la Maison Blanche continuant à envisager des taxes à l’importation sur les voitures et les pièces automobiles européennes.

Graphique 3: Nowcaster de stress de marché
Source: Bloomberg, Unigestion

A ce stade du cycle, toute notre attention est donc dévolue au fait de participer à la poursuite du cycle de croissance tout en protégeant des deux risques qui nous semblent importants: les épisodes court mais douloureux de montée de stress de marché (voir graphique 3) et les potentiels chocs de corrélation. La stabilisation combinée de la dynamique macroéconomique et du stress de marché nous rend toujours constructifs vis-à-vis des actions développées, notre principale surpondération tactique.

Nous pensons que le rebond des indicateurs macro-économiques au second semestre 2018 devrait à nouveau donner un élan positif et encourager les investisseurs de détail et les investisseurs institutionnels à reprendre leurs achats d’actions.