La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

La Fed a maintenu ses taux inchangés lors du FOMC cette semaine, ce qui était attendu car la réunion ne comportait pas de conférence de presse. Son compte-rendu a pris acte du ralentissement enregistré au premier trimestre mais note également l’amélioration continue du marché de l’emploi et la vigueur de l’investissement productif.

Après la hausse récente du core PCE, la mesure préférée de la Fed, à 1,9%, la banque centrale anticipe désormais une inflation conforme à ses objectifs (les précédents communiqués faisaient toujours mention d’une inflation sous les 2%). On notera que cet objectif a été qualifié pour la première fois de symétrique, ce qui indique que la Fed est bien disposée à laisser l’inflation dépasser les 2%, dans l’optique, déjà développée par Janet Yellen, qu’une dose de surchauffe pourrait avoir des effets bénéfiques sur l’économie, en stimulant l’investissement productif.

Cette indication confère un caractère encore modéré au cycle de resserrement en cours. De fait, si leur hausse récente est indéniable, les taux réels restent faibles aux US, de l’ordre de 0,5% sur l’ensemble de la courbe, c’est-à-dire inférieurs à la croissance réelle, alors que le chômage est au plus bas, que les capacités excédentaires semblent très limitées et qu’une relance budgétaire massive se profile. En l’absence de hausse importante de l’inflation, la Fed devrait monter quatre fois ses taux cette année et maintenir le rythme graduel de réduction de son bilan.

Début des discussions sino-américaines

Une délégation américaine a débuté la délicate négociation commerciale voulue par le président américain. Elle devrait d’abord clarifier les objectifs de ce dernier, qui semblent concentrés sur le secteur des hautes technologies et sur le montant global du déficit commercial.

Sur le premier sujet, la Chine est accusée de subventionner son secteur des semi-conducteurs et de piller les US de ses propriétés intellectuelles par des rachats d’entreprises ou des transferts forcés lors de coentreprises. La Chine pourrait accepter d’ouvrir plus ses entreprises aux investissements étrangers mais n’abandonnera certainement pas ses objectifs d’indépendance dans ce domaine stratégique.

Sur le second sujet, on rappelle souvent que le déficit résulte de l’organisation industrielle et que vouloir le réduire pourrait en fait couter cher aux entreprises américaines. S&P a d’ailleurs alerté le marché sur l’impact négatif que les manoeuvres protectionnistes pourrait avoir sur les secteurs industriels, énergétiques et financiers aux US et indiqué que 65% des sociétés américaines subissaient des hausses de leur probabilité de défaut contre 58% des sociétés chinoises. Si le marché a appris à ne pas accorder trop d’importance aux tweets présidentiels, les risques de turbulences n’ont pour autant pas disparu.

Eurozone: ralentissement confirmé

La publication du PIB pour le T1, à +0,4%, a confirmé le ralentissement prédit par les indicateurs avancés et les chiffres d’inflation d’avril, +1,2% pour l’indice général et +0,7% pour l’indice core, modèrent les espoirs d’un rebond rapide de la conjoncture. Il se pourrait donc que le pic d’activité ait été atteint fin 2007 et entame une phase de «soft landing» (les indicateurs avancés se sont stabilisés ce mois-ci). L’attentisme de la BCE, la semaine dernière, apparait donc bien justifié.