Tout semble concourir pour que les ménages français bénéficient en 2019 d’une progression de leur pouvoir d’achat comme ils n’en ont pas connu depuis dix ans.

Par Bruno Cavalier, Chef Economiste

 

Les créations d’emploi progressent, fût-ce modestement, le chômage baisse et les entreprises signalent que les perspectives d’embauche ne sont pas altérées après la crise des « gilets jaunes ». L’inflation est en train de corriger sa poussée transitoire de l’an dernier. Les mesures budgétaires du « plan Macron » sont une belle (mais coûteuse) cerise sur ce gâteau. Pour l’instant, les ménages épargnent. Plus avant dans l’année, ils devraient dépenser.

L’éruption de crise sociale qui a touché la France fin 2018 est née, dit-on, en réaction contre l’envolée du prix du carburant, imputée (de manière exagérée) à la hausse des taxes environnementales. Plus largement, cette crise exprimait l’angoisse d’une partie de la société jugeant que son pouvoir d’achat était rogné, par la poussée d’inflation d’un côté, par les hausses d’impôt de l’autre, dans un contexte de stagnation de l’emploi et des salaires. Ces différents facteurs déterminent les dépenses des ménages et donc conditionnent largement la croissance du PIB. Quelles sont leurs perspectives?

France : pouvoir d’achat du revenu disponible

Le revenu des ménages dépend principalement des revenus d’activité, autrement dit des conditions du marché du travail. La tendance est favorable et les dernières données sur le chômage confirment ce point. Par ailleurs, la loi d’urgence économique et sociale (« plan Macron ») adoptée fin décembre prévoit environ 10Md€ de soutien direct, avec une mise en oeuvre quasi-immédiate. Les prestations sociales, qui représentent 36% du revenu disponible brut (RDB) des ménages, vont gagner plus de 1% t/t au T1 2019. Il faut aussi rappeler que ce revenu avait bénéficié au T4 2018 – au beau milieu de la crise des « gilets jaunes » – de diverses mesures préalablement votées (réduction de 1.9% t/t des impôts et cotisations sociales). Au total, le RDB progressait de 3.3% sur un an à la fin 2018. Il va accélérer à 4% sur un an au T1 2019. Si on retranche une inflation qui, après un sursaut en 2018, est retombée au voisinage de 1% début 2019, le pouvoir d’achat des ménages est en train de connaître sa plus forte accélération depuis la fin de la crise financière (graphe). Selon la Banque de France, l’impact s’élèverait à +0.7 point sur l’ensemble de l’année 2019.

France : taux d’épargne des ménages

La question ouverte est le temps de réaction des dépenses de consommation. Il n’est jamais instantané. Face aux chocs sur le pouvoir d’achat, il est usuel de constater un lissage des dépenses. Le taux d’épargne sert de variable d’ajustement. Au S2 2018, il a fortement monté, et va poursuivre sa hausse au T1, au plus haut depuis 2012 (graphe). Cela offre des marges de soutien de la consommation plus avant en 2019.

 

Sources : INSEE, BdF, Oddo BHF Securities