La note macro de Nicolas Blanc, Responsable de l’Allocation chez Ellipsis AM.

Comme s’il était écrit pour une série, le dossier du Brexit apporte chaque semaine un lot de rebondissements, tout en laissant incertaine l’issue finale. Ainsi Mme May a dû retirer son projet de l’agenda parlementaire, devant l’ampleur de l’échec qui l’attendait. Elle a ensuite survécu à un vote de défiance au sein de son parti, qui a permis de mesurer l’ampleur de l’opposition à son projet: si l’on ajoute le DUP aux Tories ayant voté contre elle, ce sont 126 députés, là où sa majorité n’est que de 2 députés et que les ralliements de l’opposition seront très limités.

En catastrophe, Mme May s’est invitée à un sommet européen, espérant arracher des concessions, en vain. Plusieurs possibilités peuvent être envisagées pour les épisodes suivants :
• un geste significatif de l’UE, peu probable au vu des dernières déclarations des dirigeants européens.

• une résignation des députés Tories, son projet leur apparaissant préférable à un référendum ou à une solution «norvégienne» (voir point suivant)

• Mme May pourrait rallier des élus du Labour en proposant un accord resserré (mais leur nombre semble aujourd’hui insuffisant).

Face à un rejet final du projet aux Communes, Mme May se retrouvera face au choix cornélien du hard ou no Brexit. Le plus probable nous semble qu’elle sollicite alors un vote populaire pour trancher, soit par une élection générale, soit par référendum (même si elle s’en défend aujourd’hui), puisque le jugement de la CJUE permettrait au UK de retirer sa notification. Pour ce qui intéresse les marchés, il nous semble que le scénario du hard Brexit n’est pas à exclure mais que sa probabilité demeure faible.

La BCE en porte-à-faux

La fin du programme d’achat de la BCE ce mois-ci apparait en décalage au regard des évolutions récentes des marchés et de la conjoncture. Mario Draghi a donc égrainé quelques considérations plus accommodantes, sans toutefois céder au pessimisme économique ambiant. Il a pris acte du ralentissement en cours et diminué ses prévisions de croissance pour 2018 et 2019, ainsi que l’inflation attendue en 2019. Il a précisé que les réinvestissements se poursuivraient bien après la première hausse des taux, toujours prévue après l’été 2019.

En revanche, il n’a pas annoncé l’offre de nouveaux TLTRO et il a réitéré sa vision d’une inflation encore contenue par la compression des marges des entreprises mais dont la reprise devrait inévitablement se manifester. A une question sur l’écart entre la guidance de la BCE et les anticipations de marché (qui ne voient pas de hausse en 2019), il a fait valoir que des anticipations dovish des marchés soutenaient les conditions financières et finalement concourraient à la réalisation de son scénario optimiste…

Budget: l’Italie et la France en sens inverse

Après une période d’hostilité marquée, l’Italie a choisi la conciliation, en révisant ses projections budgétaires à 2,0%, de manière à éviter une procédure de déficit excessif. Même si les détails importent (hypothèses économiques, poids des cessions dans le financement, …), l’UE a déjà reconnu le sérieux de la proposition et la probabilité d’un accord final semble élevée. La dégradation des conditions financières intérieures et le ralentissement de la croissance ont certainement joué dans l’assouplissement de la position italienne.

A l’inverse, les mesures annoncées par Emmanuel Macron en réponse aux manifestations vont dégrader l’objectif de déficit de 2,8% à probablement 3,5% en 2019, au-delà des limites du PSC. La commission devrait toutefois reconnaitre un effet transitoire lié au CICE et pendre acte d’un effet favorable des mesures sur la croissance.