Nous explorons la question de savoir si la reprise en Chine stimulera le reste du monde en accélérant la croissance ou si elle entraînera une nouvelle flambée d’inflation.

Par David Rees, Économiste senior spécialiste des marchés émergents

 

David Rees
David Rees

Les perspectives de l’économie chinoise se sont nettement améliorées suite à l’abandon par le gouvernement de sa politique zéro Covid en fin d’année dernière. Les premières données à haute fréquence et les enquêtes PMI de janvier indiquent un fort rebond de l’activité dans le secteur des services. En revanche, l’impact positif sur le secteur manufacturier a été limité par la faiblesse de la demande extérieure, tandis que les transactions immobilières sont restées atones après une légère amélioration.

La reprise en Chine sera tirée par le secteur des services

Cela devrait donner le ton à la forme de la reprise. De fait, le secteur des services est celui qui a été particulièrement pénalisé par la politique zéro Covid ces deux dernières années en raison des restrictions imposées aux déplacements. Des «dépenses de rattrapage» en services ont été observées dans la plupart des pays qui se sont détournés des mesures visant à contenir la propagation du virus, et la Chine devrait connaître cette même libération de la demande refoulée des consommateurs.

Toutefois, une différence majeure par rapport aux autres pays – certainement par rapport aux grands marchés développés – est que les ménages chinois ne semblent pas disposer d’énormes réserves d’épargne dans lesquelles puiser pour financer une période prolongée de consommation galopante. Le taux d’épargne en Chine a légèrement augmenté, mais le soutien budgétaire s’est concentré sur l’accroissement de l’offre au niveau de l’économie plutôt que sur des transferts directs vers les ménages, comme observé aux États-Unis par exemple.

La reprise «tonique» risque de s’estomper en 2024

Nos prévisions de base pour la Chine tablent désormais sur trois trimestres consécutifs de croissance supérieure à la tendance à partir du premier trimestre 2023, tirée par les services. Ce scénario devrait doper la croissance du PIB de 5%, selon notre prévision antérieure, à environ 6,2% en 2023. Toutefois, cette reprise «tonique» est susceptible de s’estomper à mesure de l’épuisement de la libération de la demande refoulée, de l’assèchement de l’épargne et du caractère moins favorable des forces cycliques. Nous pensons que la croissance du PIB ralentira à 4,5% en 2024.

Répercussions limitées sur les autres économies

Les retombées positives sur les autres économies pourraient être assez limitées.

– Les petites économies asiatiques devraient en bénéficier:

Le retour des touristes chinois dopera d’autres régions d’Asie, mais ce phénomène est susceptible de concerner de petits pays asiatiques qui ne représentent qu’une fraction du PIB mondial.

202.03.10.Tourisme chinois

– Les exportateurs européens pourraient ne pas en tirer parti autant qu’auparavant:

L’Europe devrait normalement bénéficier d’une reprise du cycle économique chinois, l’accélération de la croissance stimulant l’investissement des industriels en réponse à la demande accrue de biens. Toutefois, nous pensons que la reprise sera tirée par le secteur des services et non par le secteur manufacturier.

En outre, la vigueur antérieure de l’investissement et la faiblesse de la demande extérieure signifient que la reprise est peu susceptible d’induire un nouveau cycle d’investissement industriel de nature à capter les importations en provenance d’Europe et du reste du monde. Enfin, bien que la politique zéro Covid ait probablement retardé les investissements directs étrangers (IDE), il n’est pas certain que les multinationales accroissent leurs investissements en Chine au moment même où les pressions géopolitiques incitent à la diversification des chaînes d’approvisionnement.

– Les exportateurs d’énergie pourraient voir des retombées positives:

Les exportateurs de matières premières pourraient bénéficier d’un certain soutien en cas de hausse des prix, mais le scénario pourrait être différent cette fois-ci. Alors que les reprises passées tirées par la construction ont dopé les prix des métaux industriels, profitant aux pays exportateurs d’Amérique latine et d’Afrique, une reprise tirée par le secteur des services pourrait être plus favorable à l’énergie. Cela pourrait raviver l’inflation mondiale, mettant sous pression les revenus réels et laissant moins de marge de manœuvre aux banques centrales pour abaisser leurs taux d’intérêt en 2024. Certains pays émergents prospéreraient dans un contexte de hausse des prix du pétrole, mais la plupart d’entre eux sont confrontés à une période de croissance molle, dans un contexte de hausse des taux d’intérêt et d’atonie de la demande extérieure.

La réouverture en Chine ne profitera pas énormément à l’économie mondiale

Si l’abandon de la politique zéro Covid a indéniablement dopé les perspectives de la Chine cette année, le reste du monde pourrait ne pas réellement en bénéficier, voire pas du tout. En effet, bien que nous ayons également revu à la hausse nos prévisions de croissance aux États-Unis et dans la zone euro cette année, ces rehaussements sont dus à des facteurs domestiques plutôt qu’à un coup de pouce de la Chine.

 


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