Chaque semaine, Charles-Henry Monchau, CIO de la banque Syz, et Valérie Noël, Head of Trading présentent 7 graphiques qui caractérisent des évènements majeurs qui se sont déroulés durant la semaine écoulée.

Graphique 1: Nouvelle baisse du taux d‘inflation aux Etats-Unis

Charles-Henry MoncheauLes chiffres de l’inflation continuent d’évoluer dans la bonne direction. Le «headline CPI» pour le mois de novembre s’est avéré être inférieur aux attentes du consensus, avec une progression séquentielle de +0,1% et une progression sur un an glissant de 7,1%, soit le plus faible taux depuis décembre 2021. Le taux d’inflation hors énergie et alimentation est également plus faible que prévu avec une hausse séquentielle de 0,2% (contre 0,3% attendu) et une progression sur un an glissant de 6,0% (vs. 6,1%). Ce recul du taux d’inflation s’explique principalement par les postes suivants: coûts de l’énergie, soins médicaux et les voitures d’occasion. Mais la bonne nouvelle est que cette baisse est généralisée. À l’exception du logement (qui est décalé dans le temps par rapport aux loyers et aux prix de l’immobilier), toutes les principales composantes du panier de prix ont affiché une augmentation en glissement annuel plus faible en novembre que lors du mois d’octobre.

2022.12.19.US PCI
Indice des prix aux Etats-Unis (en jaune) et indice des prix « core » (en blanc)
Source : Bloomberg

Graphique 2: Des chiffres macroéconomiques à nouveau décevants aux Etats-Unis

L’indice de surprise macroéconomique américain est de nouveau dans le rouge, ce qui démontre que les chiffres publiés sont dans l’ensemble inférieurs aux attentes du consensus. Parmi les statistiques publiées la semaine dernière et démontrant que l’économie américaine est sur le point de ralentir de manière importante, signalons notamment l’indice composite des directeurs d’achat de S&P Global pour le mois de décembre. Celui-ci est en baisse de 1,8 point à 44,6, soit l’un des plus mauvais chiffres depuis 2009. Autre indicateur avancé : celui de l’indice de Philadelphie pour le mois de décembre qui est sorti à est -13,8 contre -10 attendu. Les nouvelles commandes ont continué à se contracter, les prix ont baissé (mais sont toujours en expansion), les délais de livraison ont chuté, la semaine de travail moyenne est maintenant fermement en contraction et l’emploi a chuté à son plus bas niveau depuis juin 2020. On note également un recul de la production industrielle en novembre: -0,2% en séquentiel (contre 0% attendu) et -0,6% sur un an glissant (contre -0,2% attendu). Dernière surprise notable de la semaine: celle des ventes au détail, qui ont chuté de 0,6 % en novembre, alors qu’une petite progression était attendue par le consensus.

2022.12.19.US PMI
Indice des directeurs d’achats S&P Global aux Etats-Unis
Source : S&P Global, BEA

Graphique 3: La Réserve Fédérale américaine augmente les taux de 50 points de base

Lors de sa réunion du mois de décembre, La Fed a augmenté les taux de directeur de 50 points de base (comme prévu). Le rythme de hausse est donc en train de décélérer. La banque centrale américaine a porté son taux directeur à 4,5 %, le plus élevé depuis 2007. D’après les prévisions médianes de la Fed, les taux devraient terminer l’année prochaine à 5,1 % (soit 50 points de base au-dessus de la médiane précédente qui était de 4,6%). Les fameux «dots» de la Fed prévoient des taux à 4,1 % en 2024 – un niveau qui est lui aussi plus élevé que celui indiqué précédemment. Avant la décision, les marchés s’attendaient à ce que les taux atteignent 4,8% en mai. Le message de la Fed quant à la politique monétaire qui sera menée ces prochains mois est donc dans l’ensemble plutôt restrictif.

2022.12.19.FED plot
Les prévisions de la Fed concernant le niveau des taux pour les mois à venir (médiane en vert) versus attentes du marché (en blanc)
Source : Bloomberg

Graphique 4: La banque centrale européenne (BCE) monte également les taux

La Réserve Fédérale américaine n’était pas la seule à se réunir la semaine dernière. Comme attendu, la Banque d’Angleterre a relevé son taux directeur de 50 points de base pour le porter à 3,5%, soit le taux le plus élevé depuis octobre 2008. Tout comme la Fed, la Banque d’Angleterre ralentit le rythme de ses hausses alors que le taux d’inflation s’est légèrement infléchi.

La Banque Nationale Suisse (BNS) a également augmenté ses taux d’intérêt de 50 points de base afin de contrer la  » poursuite de la propagation de l’inflation « . Les responsables de la BNS ont porté le taux de référence à 1%. La Banque centrale prévoit une inflation de 2,4% en 2023 puis de 1,8% en 2024. Ces prévisions sont donc légèrement supérieures aux précédentes (+2,3% et +1,7% pour 2023 et 2024 respectivement).

Enfin, la banque centrale européenne (BCE) a aussi décidé de ralentir son rythme de resserrement monétaire avec une augmentation des taux de 50 points de base (en ligne avec les attentes du consensus). Le taux principal de refinancement est désormais de 2,5%, soit le plus élevé depuis 2009. La BCE a déclaré que le «Quantitative Tightening» (QT) débutera au mois de mars 2023 à un rythme mesuré et prévisible. La BCE indique que le portefeuille constitué au fil des ans via le Programme d’achats d’actifs (APP) diminuera de 15 milliards d’euros par mois en moyenne au deuxième trimestre de l’année prochaine.

2022.12.19.BCE politique de taux
Taux directeur de la BCE (en jaune) et taille du bilan de la banque centrale (en blanc)
Source : Bloomberg

Graphique 5: Une nouvelle semaine de baisse du S&P 500 qui repasse sous les moyennes mobiles à 200, 100 et 50 jours

L’intensification des craintes concernant la hausse des taux d’intérêt et celles d’un fort ralentissement de la croissance économique ont poussé l’indice S&P 500 à la baisse pour une deuxième semaine consécutive. Le principal indice du marché américain se traite désormais à des niveaux qui n’avaient plus été vus depuis début novembre. Presque tous les secteurs de l’indice sont en recul sur la semaine, à l’exception des actions du secteur de l’énergie, qui ont été soutenues par un rebond des prix du pétrole. L’expiration d’environ 4’000 milliards de dollars de contrats d’options vendredi a entraîné une hausse supplémentaire de la volatilité.

On note que le niveau du S&P 500 est repassé en dessous des moyennes mobiles à 200, 100 et 50 jours.

2022.12.19.SP500
Indice S&P 500 versus moyennes mobiles à 200, 100 et 50 jours
Source : Bloomberg

Graphique 6: Le titre Tesla continue sa chute

L’action Tesla a perdu environ 10% à Wall Street cette semaine alors qu’Elon Musk continue de vendre les titres du constructeur de véhicules électriques. L’autorité américaine des marchés financiers a annoncé que les ventes se sont élevées cette fois-ci à près de 3,6 milliards de dollars. Depuis l’acquisition de Twitter, Elon Musk doit financer la restructuration du réseau social. Tesla est en baisse de plus de 60% depuis les plus hauts de novembre 2021. Il s’agit de la baisse la plus importante de son histoire.

2022.12.19.Tesla
Les plus fortes baisses historiques de Tesla
Source : Charlie Bilello

Graphique 7: Les banques centrales ont accumulé des quantités d’or records en 2022

Il s’agit probablement de l’un des développements les plus importants de la macroéconomie mondiale. L’or est en passe de devenir l’actif préféré des banques centrales, ces dernières cherchant à améliorer la qualité de leurs réserves internationales.

2022.12.19.Banques centrales
L’or en pourcentage des réserves de change des banques centrales (graphique du haut) et achat d’or sur 5 ans glissants (graphique du bas)
Source: Crescat Capital, Tavi Costa, Bloomberg

 

Très bonne semaine à toutes et à tous