Chaque semaine, Charles-Henry Monchau, CIO de la banque Syz, et Valérie Noël, Head of Trading présentent 7 graphiques qui caractérisent des évènements majeurs qui se sont déroulés durant la semaine écoulée.
Graphique 1: Un 3ème trimestre interminable
3ème trimestre. Sur les marchés d’actions, l’Eurostoxx 50 (-4.8%), le S&P 500 (-4.9%) et le Dow Jones (-6.4%) sont tous dans le rouge. Le Nikkei 225 (-2.1%) et le Nasdaq 100 (-4.1%) résistent légèrement mieux. Le marché obligataire continue d’être fortement corrélé avec les marchés actions. Les obligations du trésor américain à 10 ans reculent de -5.7%. L’immense majorité des devises affichent des reculs importants contre le dollar. Les matières premières ont abandonné une grande partie de leurs gains du 1er semestre: l’or corrige de 7.7%, le cuivre de -8.7% et le pétrole de 24.6%. Le plus fort recul est enregistré par le bois (-33.3%), ce qui pourrait constituer un mauvais présage pour les ventes de nouveaux objets immobiliers aux Etats-Unis. Parmi les actifs en territoire positif, citons le gaz naturel (+25.9%), le palladium (+13.2%), l’indice VIX (+9.6%) ou l’indice du dollar américain (+7.3%).
Graphique 2: La baisse vertigineuse des obligations américaines à échéances longues
Le marché obligataire mondial subit actuellement la pire baisse jamais enregistrée. Alors que le crash obligataire s’est propagé à l’ensemble des marchés mondiaux et qualité d’émetteurs, c’est la partie longue de la courbe des rendements du trésor américain qui affiche le recul le plus spectaculaire depuis les plus hauts de 2020 (-37.3%).
Graphique 3: Les portefeuilles « balancés » en baisse pour un 3ème trimestre consécutif
Un portefeuille « équilibré » actions/obligations (marchés américains) enregistre une nouvelle baisse importante au 3ème trimestre. Il s’agit d’un 3ème trimestre consécutif de baisse.
Depuis les plus hauts de 2021, la baisse cumulée des marchés actions et obligations aux Etats-Unis est de 57.8 trillions de dollars. Il s’agit de la plus forte destruction de richesse jamais enregistrée.
Graphique 4: Un retournement du marché au mois d’octobre?
Le mois d’octobre est historiquement celui de la fin de la baisse et du début de retournement des marchés. Il s’agit du mois qui démarre la période la plus porteuse pour les actifs risqués, càd celle du dernier trimestre. L’étude des cycles montre d’ailleurs que cette saisonnalité positive est particulièrement marquée lors des années d’élections de mi-mandat – ce qui sera le cas cette année. Attention toutefois: cette moyenne n’est pas statistiquement significative.
Graphique 5: Un dollar fort ou une Europe faible?
Alors que l’indice du dollar ne cesse de s’apprécier, une analyse détaillée montre un différentiel de performance important entre deux catégories de pays: ceux du G10 et les pays émergents (hors Chine et Russie). On constate que contrairement à d’autres périodes de crises, les pays émergents résistent beaucoup mieux que les pays développés. La faute à l’euro et à la livre, ce qui laisse penser que ce sont les monnaies européennes qui sont faibles plutôt que le dollar qui est fort.
Graphique 6: La folle semaine des obligations souveraines britanniques
Le Royaume-Uni traverse une crise financière d’une rare intensité. La semaine dernière, la livre sterling a atteint son plus bas niveau historique contre dollar, en se rapprochant fortement de la parité alors que les obligations souveraines ont vu leurs rendements atteindre leur plus haut niveau depuis 2008. La crise est d’une telle ampleur que les membres de la Banque d’Angleterre ont travaillé toute la nuit de mardi à mercredi afin de sauvegarder le système de fonds de pension du Royaume-Uni. En effet, l’effondrement des obligations «Gilts» a engendré de gigantesques appels de marge auprès de fonds de pension britannique, déclenchant des ventes forcées de Gilt, alimentant encore davantage la baisse. Mercredi matin, la Banque d’Angleterre a dû se résoudre à annoncer la suspension provisoire du «Quantitative Tigthening» et la mise en place d’un programme d’achat d’obligations souveraines afin de juguler la hausse des rendements. Suite à cette annonce, les rendements des obligations britanniques à 30 ans, qui avaient auparavant atteint leur plus haut niveau depuis 20 ans (>5 %), ont baissé de 0.75% pour atteindre 4,3 %, ce qui représente la plus forte baisse quotidienne des rendements jamais enregistrée.
Graphique 7: Les britanniques vont-ils se réfugier dans le bitcoin?
Le volume des échanges de la paire GBP/BTC sur les bourses Bitstamp et Bitfinex, qui s’élève habituellement à 70 millions de dollars par jour, a atteint la somme colossale de 881 millions de dollars le 26 septembre (jour de crise pour le sterling), soit une augmentation de plus de 1’150 %.
Très bonne semaine à toutes et à tous!