Chaque semaine, Charles-Henry Monchau, CIO de la banque Syz, et Valérie Noël, Head of Trading présentent 7 graphiques qui caractérisent des évènements majeurs qui se sont déroulés durant la semaine écoulée.

Graphique 1: Nouvelle semaine de hausse pour les actions américaines

Charles-Henry MoncheauMalgré des résultats décevants de la part de grandes sociétés technologiques américaines, les principaux indices actions aux Etats-Unis ont connu une 2ème semaine de hausse consécutive. L’indice S&P 500 a gagné près de 4% la semaine dernière . A noter une dichotomie importante entre l’indice Dow Jones et celui du Nasdaq. Ainsi, le Dow Jones a gagné 5,7% sur la semaine et est en hausse sur 4 semaines consécutives (+14%), son plus gros gain sur 4 semaines depuis avril 2020. Le Nasdaq progresse quant à lui de 2,2% sur la semaine et n’a progressé « que » de 5% sur le mois, en raison de la faiblesse des résultats et des prévisions des grandes capitalisations du secteur de la technologie (cf. point suivant).

2022.10.31.Index
Divergence de performance entre l’indice Dow Jones et le Nasdaq

Graphique 2: La double peine pour les grands titres technologiques

Pendant les années d’assouplissement quantitatif (QE), les GAFAs ont surperformé les marchés, atteignant des pondérations très élevées dans les indices (cf. point 4). Une domination qui s’est encore amplifiée pendant les années COVID, leurs modèles d’affaires “profitant” pleinement des confinements à travers le monde et du télétravail. Mais ces titres font désormais face à une double-peine: avec la réouverture de l’économie et la hausse de certains coûts de fonctionnement (salaire, frais de livraison, etc), la croissance du chiffre d’affaires et des bénéfices connaît un net ralentissement. Pour Facebook (Meta) et Netflix, il s’agit du taux de croissance des revenus le plus faible de l’histoire de l’entreprise. Le chiffre d’affaires de Meta/Facebook s’affiche en recul de 4,5% sur un an glissant, la pire performance de son histoire. Le titre a reculé de 25% la semaine dernière; sa capitalisation boursière est en baisse de 75% depuis le sommet de septembre 2021. Elle est passée de 1,1 trillion de dollars à 269 milliards sur la période.

Parallèlement au ralentissement de la croissance, la baisse des liquidités et le retour en force des titres du style “value” pénalisent les multiples d’évaluation des GAFAs . Depuis 2021, la réduction de la taille combinée des bilans des banques centrales (-$3,3 trillion) est en mettre en paralléle avec la baisse de la capitalisation boursière des mega-capitalisations technologiques américaines (-$4,1 trillion). En cas de réduction supplémentaire des bilans des banques centrales, la compression des multiples pourrait se prolonger.

2022.10.31.Bilan Banques centrales
Bilans des banques centrales vs. capitalisation boursière des mega-capitalisations technologiques américaines
Source: BofA

Graphique 3: Une perte d’hégémonie des “big 5” ?

Les différentes périodes de l’histoire ont été marquées par la domination de quelques grandes valeurs. Comme le montre le graphique ci-dessous, le Top 5 de l’indice S&P 500 a été constitué de titres appartenant à des secteurs différents: énergie, finance, télécoms, technologie, etc. qui ont tour à tour constitué ce top 5. Avec les GAFAs, le poids du top 5 n’a jamais été aussi important. En effet, la pondération a atteint 23% en 2021. Les GAFAs ont commencé à perdre une partie de leur domination en 2022 même si leur poids dans l’indice représente encore 17% du S&P 500.

2022.10.31.Top 5
Le poids du Top 5 de l’indice S&P 500
Source: Bianco Research

Graphique 4: Apple résiste beaucoup mieux que les autres GAFAs

Le seul géant de la technologie à sortir relativement indemne de cette semaine est Apple qui, bien qu’ayant annoncé une progression des ventes d’iPhone 14 plus lente que prévue, a publié des résultats très solides. L’action Apple a terminé en hausse de 7,6% vendredi, sa meilleure journée depuis 2020. L’action atteint un niveau record par rapport à l’indice Nasdaq 100.

2022.10.31.GAFA
Capitalisation boursière des GAFAs
Source: Chartr

Graphique 5: Les valeurs énérgétiques prennent le pas sur la technologie

La performance relative de l’énergie par rapport au secteur technologique se caractérise par de longues périodes de sur ou sous-performance. Avec l’éclatement de la bulle internet, le secteur de l’énergie avait surperformé la technologie jusqu’à la grande crise financière. Entre 2009 et 2020, la surperformance de la technologie a été particulièrement marquée. Mais depuis 2021, la tendance a commencé à s’inverser. Les résultats des entreprises montrent également une domination du secteur technologique. Exxon Mobil vient de publier son meilleur bénéfice en 152 ans…

2022.10.31.SP500
S&P 500 equal weight Energy / S&P Info Tech cap-weighted
Source: Jeff Weniger

Graphique 6: L’effondrement des valeurs chinoises

Les actions des sociétés chinoises cotées aux États-Unis ont fortement chuté lundi, suite au congrès du parti communiste chinois qui a vu le Président Yi Jinping accéder à un 3ème mandat et renforcer encore davantage son emprise sur le pouvoir. Lundi, l’ETF China Internet (KWEB) a atteint son plus bas niveau historique, en baisse de 81% par rapport à son sommet de février. Les ventes indiscriminées de la part des investisseurs ressemblaient à une capitulation.

2022.10.31.China Internet ETF
Kraneshares CSI China Internet ETF (KWEB)
Source: Charlie Bilello

Chart 7: Léger changement de ton de la part des banques centrales

Comme prévu, la banque centrale européenne a relevé les taux directeurs de 75 points de base. Une autre hausse de 50 ou 75 points de base est attendue avant la fin de l’année. La surprise est venu de la prudence du discours de la présidente Christine Lagarde, qui a parlé du risque de ralentissement de l’économie et mentionné que les hausses de taux seront décidées « réunion après réunion » (c’est-à-dire en fonction des données macroéconomiques). Lors de la dernière réunion de la BCE, elle avait dit s’attendre à des hausses de taux pendant plusieurs réunions. Il semble que les risques aient été orientés vers les risques de baisse de l’économie plutôt que vers les risques de hausse de l’inflation. La BCE n’a d’ailleurs pas mentionné de date pour le début du Quantitative Tightening. Comme l’eurozone est déjà au bord de la récession, ces inquiétudes font du sens.

Si l’intention était de stabiliser les marchés obligataires, cela a plutôt bien fonctionné. Le rendement du bund à 10 ans a chuté de plus de 20 points de base (sous les 2%) et les spreads avec le BTP italien se sont resserrés.

La BCE n’est pas la seule banque centrale a avoir infléchi son discours ou le cours de son action de politique monétaire. La semaine dernière, la Banque du Canada a augmenté ses taux moins que prévu (50bps contre 75bps). La banque centrale du Brésil a suspendu son mouvement de hausse de taux et la Banque centrale du Mexique a mis un coup d’arrêt au cycle de resserrement monétaire.

Comme le montre le graphique ci-dessous, la plupart des banques centrales poursuivent une politique monétaire restrictive. Mais comme souvent, c’est la dérivé seconde qui importe pour les marchés.

2022.10.31.Politique monétaire
Politique monétaire des principales banques centrales
Source: Charlie Bilello

 

Très bonne semaine à toutes et à tous