Christian Zeitler, Head of Central Europe, explique le modèle de Legg Mason et les ambitions suisses du gérant d'actifs.

Christian Zeitler, Legg Mason est l’une des plus grandes sociétés d’investissement américaines. En quoi consiste sa proposition plus exactement?

Christian Zeitler
Head Central Europe, Legg Mason

Legg Mason est en effet l’un des leaders mondiaux de la gestion d’actifs. Nous avons été fondés en 1899 à Baltimore et, à fin mars 2018, nous gérions 754 milliards de dollars avec des encours répartis dan une vaste gamme de fonds de placement.

Nous offrons à nos clients des stratégies de placement à long terme, qui sont gérées activement. Nous avons réuni pour ce faire un ensemble de gestionnaires qui fonctionne selon un modèle multi-boutique. Cet ensemble se compose de neuf filiales spécialisées dans les actions, les obligations, les stratégies alternatives ainsi que les stratégies de liquidité.

Nos boutiques sont devenues des leaders dans chacun de leurs domaines car elles poursuivent des approches d’investissement originales pour identifier les meilleures opportunités.

 

Comment fonctionne votre modèle multi-boutique?

Notre modèle multi-boutique réunit neuf spécialistes dans leurs classes d’actifs respectives. Au cours des dernières années, nous avons acquis plusieurs sociétés et les avons maintenues en tant que filiales indépendantes. Leur expertise en matière d’investissement est ainsi restée intacte. De nombreuses stratégies de produits existent ainsi depuis de nombreuses années et elles sont maintenant poursuivies sur la plateforme mondiale Legg Mason.

Chaque boutique a sa propre expertise dans son domaine et prend ses décisions d’investissement de manière indépendante et autonome à 100%.

Avec ce modèle, nous permettons aux investisseurs privés et institutionnels sur les six continents de bénéficier de la pensée indépendante des gestionnaires qui animent nos neuf filiales spécialisées. La force de Legg Mason réside dans son réseau de distribution mondial, qui sert de plateforme pour toutes nos boutiques. Avant que ces sociétés de fonds ne rejoignent notre famille, elles n’étaient généralement pas en mesure d’offrir leurs solutions en dehors de leur marché local, souvent par le biais d’un seul canal de distribution tel que les clients institutionnels. Au-delà du réseau de distribution, nous couvrons bien sûr toute la chaîne de valeur.

Depuis la Suisse, nous travaillons en étroite collaboration avec les bureaux internationaux de Legg Mason, mais aussi avec nos filiales dans le monde entier. D’une part, nous proposons des stratégies standard sous la forme de fonds de placement. D’autre part, nous nous concentrons sur des solutions sur mesure pour nos clients plus institutionnels. Nous pouvons donc répondre aux besoins locaux dans chaque pays à tout moment.

 

Est-ce que cela signifie que chaque boutique a sa propre approche d’investissement?

Exactement. Chaque boutique a sa propre expertise dans son domaine et prend ses décisions d’investissement de manière indépendante et autonome à 100%. Je pense notamment à la société australienne Rare Infrastructure dans le segment des infrastructures cotées, à Clarion Partners sur le segment immobilier américain et à Western Asset qui se concentre sur les marchés mondiaux obligataires. Chaque équipe travaille indépendamment avec sa propre vision, son propre CIO et sa propre philosophie d’investissement afin de fournir à tous les clients des solutions d’investissement éprouvés.

En Suisse, lorsqu’il est question d’investissements, il y a un fort esprit patriotique mais la place financière nous connaît et nous entretenons des relations étroites dans tous les segments de clientèle.

Quels sont vos objectifs en Suisse?

Nous avons un bureau à Genève depuis 2011 et à Zurich depuis 2015. Cette année, nous avons élargi notre équipe de vente avec le recrutement de Thomas Eckert, en provenance de Julius Baer. Il soutient notre équipe de vente de Zurich, composée de six personnes, en tant que directeur du développement commercial. Dans ce poste nouvellement créé, Thomas Eckert renforcera davantage encore les relations commerciales avec les banques, les compagnies d’assurance et les family offices. Le travail de développement mené pendant de nombreuses années porte ses fruits. La place financière nous connaît et nous entretenons des relations étroites dans tous les segments de clientèle, qu’il s’agisse de fonds de pension, de banques, de family offices, de gestionnaires de fortune indépendants ou de compagnies d’assurance. En Suisse, lorsqu’il est question d’investissements, il y a un fort esprit patriotique. Nous espérons pouvoir l’adoucir grâce à notre expertise globale sur toutes les classes d’actifs. Nous pouvons offrir pour tous les segments des solutions individuelles et liquides tout comme des solutions moins liquides.

 

L’industrie suisse des fonds d’investissement est réputée pour sa stabilité et elle affiche par ailleurs en croissance continue. Quand vous regardez plus en profondeur, quelle perception en avez-vous?

L’industrie financière est également en constante évolution. La coopération entre les gérants d’actifs purs et les banques continue de se développer, en particulier en ce moment pour des raisons liées aux changements réglementaires. En notre qualité de précurseur, nous voulons proposer des infrastructures modernes et des solutions au niveau du service qui simplifient le travail quotidien de nos clients et génèrent une valeur ajoutée en termes de contenu. A titre d’exemple, nous discutons actuellement d’une coopération plus approfondie avec certains de nos clients qui bénéficient d’un accès direct à notre savoir-faire sous forme de vidéos, de contenus et d’expertises grâce à une nouvelle application que nous avons récemment mise en place.

Les comportements ne changent pas du jour au lendemain, et la gestion d’actifs est encore un domaine où le relationnel prime et où la confiance s’avère une nécessité absolue.

Vous avez réalisé une étude sur la relation entre les clients des banques suisses et les nouvelles technologies financières. Qu’en ressort-il?

Les comportements ne changent pas du jour au lendemain, et la gestion d’actifs est encore un domaine où le relationnel prime et où la confiance s’avère une nécessité absolue. De nombreux Suisses critiquent encore aujourd’hui l’utilisation de Robo-Advisors. Selon notre dernière enquête Legg Mason Global Investment Survey, 72 % des investisseurs privés suisses interrogés estiment que le contact personnel avec les clients est important et ne peut être remplacé par la technologie. La grande majorité d’entre eux trouvent les outils ou applications en ligne intéressants et agréables parce qu’ils augmentent l’efficacité. Mais elle veut toujours entendre l’opinion d’un expert. Cette attitude se retrouve dans tous les groupes d’âge. Cela s’applique également à environ deux tiers des Millennials, le groupe des 18-35 ans.

 

Pendant longtemps, les marchés boursiers ont été dominés par la politique monétaire ultra accommodante des banques centrales. Cette période touchant à sa fin, comment voyez-vous l’évolution de votre gamme?

Cette année, certains événements monétaires et géopolitiques ont entraîné une plus grande volatilité des marchés obligataires et boursiers. Dans cet environnement, de nombreux investisseurs ont eu tendance à temporiser et à considérer d’autres risques tels que les guerres commerciales, les incertitudes concernant les hausses de taux d’intérêt aux États-Unis et les anticipations d’inflation, les doutes sur la croissance mondiale et les conflits au Moyen-Orient. Ces facteurs les ont déstabilisés et forcés à l’attentisme.

C’est pourquoi les portefeuilles obligataires globaux avec une approche flexible sont en demande du côté du Fixed Income. Ces offres ont également connu des difficultés à court terme. Mais nous sommes convaincus que nos experts naviguent bien à travers ces stratégies en ces temps difficiles. Les investissements alternatifs sont également de plus en plus au centre de l’attention. La dette privée, les stratégies de co-investissement ou certains styles de hedge funds ont bénéficié d’une demande accrue. En outre, les marchés émergents sont analysés de manière plus sélective parce que leur développement n’est pas homogène.

 

Si vous regardez les flux de capitaux, quelles tendances voyez-vous se dessiner?

L’une des grandes tendances qui se dégage a trait au secteur de l’équipement, en ce qui concerne les investissements thématiques. Ce sont des sujets qui intéressent les investisseurs puisqu’ils les vivent au quotidien. Pensez à la recherche sur le cancer, à la robotisation ou à la durabilité. Nous vieillissons, nous avons besoin de meilleures perspectives pour une vie davantage orientée sur le service et nous lisons quotidiennement les progrès réalisés dans le secteur de la technologie et la façon dont ils peuvent bouleverser notre quotidien!